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OZOMATLI - STREET SIGNS (2004)


Fiesta
Ozomatli, c’est le son du Los Angeles des années 2000. Cette bande de métèques d’origines diverses et variées (blacks, blancs, jaunes, beurs, chicanos) trouve sous le soleil de Californie et dans les rythmes générés par la mégalopole la principale inspiration pour sa musique. A base des sons de leur temps, electro-rock et rap. Une fois passés dans leur moulinette, tout ça donne quelque chose de résolument festif et dansant. Un mélange totalement original, à tel point qu’ils sont signés aux States sur un label de jazz, et reçoivent la caution recherchée de la pianiste Eddie Palmieri sur deux titres.
Ce Cd commence par le monumental « Believe », ni plus ni moins que le « Kashmir » du rap. Une rythmique très rock, avec de vrais instruments, les violons arabisants, un mélange de rap, rock et raï. Une bombe pour les dancefloors… Ce qui suit est pas mal non plus, dominé par des rythmes latinos, avec de nombreux titres en espagnol. Parfois on est proche des choses dance et trépidantes de Gloria Estefan période Miami Sound Machine ou des déhanchements de Shakira (« Love & hope »), mais le plus souvent, ce sont des sonorités plus « classiques » de salsa, calypso, merengue … mais chaque fois mixés à d’autres sons exotiques comme le raï, folklore tzigane, world music orientale, … Dans ce genre, les meilleures réussites sont le morceau-titre, « Saturday night », l’ode d’Ozomatli aux boîtes de nuit disco, la salsa de « Nadie te ira » avec Eddie Palmieri …
Comme les Ozomatli connaissent leurs classiques, ils savent que l’on ne peut pas faire de la musique hispanique crédible à L.A. sans avoir la caution de David Hidalgo. L’ancien chef de meute des Lobos est bien présent sur un titre, « Santiago », le plus « classique » du lot et son influence est décelable en maintes occasions. Quelques fois, le résultat est voisin de ce que faisaient par chez nous, des gens comme les Négresses Vertes ou Mano Negra (« Deja me en paz »), ou le Manu Chao solo (« Come me duele »).
Le tout en restant « positif », mais Ozomatli ne sont pas naïfs pour autant et n’oublient pas de poser les bonnes questions (« Who discovered America »), même si contrairement au rap, le « message » n’est pas au premier plan dans leurs textes …
Bon, même si ce disque est globalement excellent, à force de vouloir en faire beaucoup, le groupe en fait quelques fois un peu trop, tombant dans la ballade FM un peu niaiseuse (« Cuando canto »), le remix qui parasite le morceau (« Ya viene el sol »), et a la mauvaise idée de mettre une version live de « Believe » en bonus qui n’arrive pas à la cheville de celle en studio …

CHRISTINA AGUILERA - STRIPPED (2002)


Indéfendable ?

La première fois que j’ai entendu Christina Aguilera, c’était quand elle chantait « Live with me » dans le film « Shine a light » de Scorsese consacré aux Rolling Stones. Autant dire que les starlettes MTV de la variét’ américaine, c’est pas mon rayon. Et si le vieux priapique lippu Jagger était allé la chercher, il devait bien y avoir une raison, peut-être même était-elle capable de chanter.
Alors, manière de vérifier, j'ai acheté un de ses skeuds, que les gens compétents (?) donnent comme son meilleur. Et effectivement, elle sait chanter, et plutôt bien même, à l’aise quel que soit le tempo, capable d’aller chercher des notes graves bien soul. Niveau musique, c’est plus ou moins intéressant, plutôt moins que plus quand même, à dominante de ballades assez dépouillées, loin des pathétiques kouglofs concoctés par tous les Pharell, Neptunes et autres Kanye West, responsables de tant de Tchernobyl musicaux. Au générique interminable de ce « Stripped », on note l’omniprésence à l’écriture de Linda Perry, qui connaît les recettes pour écrire des titres visant le haut des charts …
Bon, je me mets là, je souris, et je fais quoi après ? 
Bon, évidemment, j’ai bonne mine là, le type qui rate pas une occasion de dézinguer Radiohead, et qui là essaye de refiler Aguilera. Aguilera, c’est quand même Super Pouffiasse, le parfait exemple de ce qu’est capable de refourguer une industrie musicale en agitant des hochets plus ou moins sexy et rebelles, deux choses éminemment bankables, voir par ici où certains croient que Renaud est un rebelle. Alors que c’est juste un pauvre con. Et qu’il est pas sexy… Remarquez, on peut aussi remplacer Renaud par Saez, Cantat, Joey Starr, ça marche aussi ...
Ce « Stripped » est paraît-il un disque de rupture. Avec son image de petite fille modèle, maintenant, hey, Christina est grande, elle pose topless photoshoppé, ce qui à l’heure du porno en streaming sur le Net, n’a du réussir à faire froncer les sourcils qu’à quelques Mère-la-Vertu genre Sarah Palin ou Tipper Gore. Jouant sur les mots, la mignonne dévoile ses états d’âme, qui tiennent plus du récit de l’enfance malheureuse d’une Mireille Mathieu en Avignon dans le fauteuil de Drucker que de l’introspection psychanalytique sur un divan d’analyste …
« Stripped » est un disque long (quasiment 80 minutes). Bien long, trop long. S’y retrouvent donc un bon tiers de titres affreux et inutiles, dont une paire de pseudo-raps, l’un d’entrée avec la mini rappeuse exhibo Lil Kim, l’autre avec Redman (c’est qui celui-ci ?). Au niveau largement dispensable, la dance hispanisante « Infatuation » chassant sur les mêmes terres que la croupe ondulante de Shakira, un duo avec Alicia Keys (Alicia qui ?), la ballade surchargée ou de remplissage (« The voice other », « Loving me 4 me »,…)
Reste quand même une grosse poignée de titres qui se laissent écouter, escapades assez dignes vers du rock FM (« Fighter »), démarquage réussi du latino de Gloria Estefan (« Make over »), le gospelisant titre final « Keep on singin’ my song ». Et surtout, un domaine où Christina Aguilera excelle, la ballade aux réminiscences 60’s – 70’s (la parfaite « Beautiful », « Cuz », « Soar », « I’m OK ») titres bien interprétés, arrangements sobres et de bon goût …
« Stripped » n’est pas un disque qui fera oublier les merveilles d’Aretha Franklin ou Dusty Springfield, mais qui parvient tout de même à surnager de la mélasse variéteuse formatée des chaînes à clips …
Mais pourquoi les Stones l’ont invitée ? Oseront-ils Adele pour leur prochaine tournée ?

JANET JACKSON - RHYTHM NATION 1814 (1989)


Fouquet's sonore

Je me souviens … c’était avant que l’Internet tout-puissant et à la portée de tous soit là pour véhiculer l’information (ou répandre les rumeurs les plus débiles, au choix). Et donc en ces temps lointains, ce qui faisait le buzz, c’était la presse trash. Il s’était trouvé quelque torchon où quelque paparazzi se targuant de musicologie avait révélé ce scoop : Janet Jackson ne faisait pas de disques. Les disques de Janet Jackson n’étaient rien de plus que des disques de son frangin dont la voix était pitchée. La preuve ? Prince avait déjà fait le coup sur son album « Sign the times » avec son pseudo-« double » Camille …
Une pervenche ? Meuh non, Janet Jackson ...
Certains, à l’imagination sans limites, s’engouffrèrent même plus loin dans la brèche, affirmant que Janet Jackson n’existait point, et que ses apparitions physiques n’étaient que celles de son  Michael de frère, grimé tel un Tony Curtis dans « Certains l’aiment chaud »… Bon, on se calme, là, Janet Jackson existe bel et bien, malheureusement pour nos oreilles, et ce n’est pas un avatar féminin du Fred Astaire grisâtre des années 80.
A contrario, d’autres, dans de sérieuses revues musicales ayant pignon sur rue, trouvaient que la cadette des enfants de Joe était l’élément le plus doué de la famille … Euh, faut pas déconner non plus … Tout au plus peut-on lui accorder qu’elle avait gentiment rué dans les brancards, quittant le lourd giron familial pour passer chez l’« ennemi », du côté de Minneapolis, dans la galaxie Princière, plus précisément les studios de Jimmy Jam et Terry Lewis. Avec lesquels elle avait obtenu un gros succès, le disque « Control », sympathique machin dansant et funky, mais dont on peut se demander si sans son très bankable patronyme à elle, il se serait vendu à autant de millions d’exemplaires.
Et donc, selon le sacro-saint prétexte du « on ne change pas une équipe qui gagne », re belote avec ce « Rhythm Nation 1814 » (pourquoi 1814 ? je n’en sais foutre rien et je m’en tape …), la Janet, Jam et Lewis poursuivent leur collaboration. Et là, on devine le budget de prod à peu près illimité. Ce disque est pénible, interminable étalage d’effets sonores qui partent dans tous les sens, de titres où s’entrechoquent des empilages de synthés, boucles, de chœurs, d’arrangements bien trop clinquants pour être honnêtes. On a du pognon, du temps à perdre en studio, on vous en fout plein les oreilles, on va chercher des trucs dans la techno, le rap, le rock, la soul, le funk, on te vous mélange tout çà grossièrement … et on scrute après les courbes de vente et les retours sur investissement. Un disque qui pue le fric et une certaine forme de mépris de l’auditeur …
Qu’y a t-il pour sauver ce kouglof sonore ? A mon humble avis, pas grand-chose. La Janet n’est pas ce qu’il est convenu d’appeler une voix, son piaillement tout dans les aigus finit vite par gonfler grave, il n’y a aucune direction musicale, on pioche des gimmicks, des sons dans l’air du temps, on tente ce crossover multi-genres qui a si bien réussi à frérot Michael, des morceaux dansants mais d’une pauvreté mélodique qui frise l’indigence, un rock à guitares (« Black cat ») grossièrement hard FM, une triplette de ballades sans conviction jetées à la fin du disque …
Résultat des courses : huit morceaux sortis en single, quatorze millions de disques vendus dans l’année … La routine, quoi …



OF MONTREAL - SKELETAL LAMPING (2008)


Epuisant ...

Il y a quelque chose d’agaçant chez quelques uns, cette tendance, dont les surfaits Arcade Fire ou Sufjan Stevens semblent être les prototypes, à vouloir faire de leurs disques une démonstration permanente, instaurer un rapport de force à grands coups d’esbroufe avec l’auditeur, du genre ; « Hey, t’as vu tout ce que je suis capable de faire, comment je te maîtrise tous ces genres, et tout ce talent que j’ai … ».
Ils ont déjà les plumes ... envoyez le goudron ...
Et pourtant, Kevin Barnes, longtemps loup solitaire dans son projet Of Montreal, est un type qui revient de loin, qui aurait dû retenir la leçon de ses années de galère, quand il bricolait à la diable ses titres basiques dans son home studio. Lumpenprolétaire du rock indie US, il sortait des albums que personne ne remarquait à une cadence infernale. Et puis, en 2007, un buzz conséquent a entouré la parution de « Hissing Fauna, are you the destroyer ? » et l’a sorti de l’anonymat. Un bon disque, voire plus, au petit succès mérité, plein de disco-funk dans l’air du temps, une grosse fixette pour le Prince des années 80-90, et l’apparition à la fin du Cd de son double, son Ziggy Stardust à lui, George Fruit (pas très glamour comme pseudo, mais bon, …)
Fruit-Barnes est à l’ouvrage pour la suite, ce « Skeletal lamping », avec sa voix de fausset gonflée à l’hélium, et ce disque voit l’apparition tout ce qu’il y a de plus officielle de quelques potes de Barnes, qui composent le line-up de Of Montreal, devenu un vrai groupe, fanfare à tout faire au service de l’imagination débordante de son Lider Maximo.
Qui, comme tant d’autres, a du prendre en pleine poire les « Revolver », « Sgt Pepper’s » et « Pet sounds ». Et s’est cru capable de faire pareil. Mais n’est pas les Beatles ou Brian Wilson qui veut. Des idées, Barnes en a. Beaucoup. Trop même. On change de rythme, de mélodie, de tempo, d’arrangements en permanence, sous des tonnes de synthés, de cuivres, de cordes, de chœurs. Génial sur un titre, pénible au bout de dix minutes, insupportable sur la durée, d’autant que tous les morceaux sont enchaînés, on croule, on est enseveli et on finit par être écœuré par ce patchwork sonore. Comme si Of Montreal avait essayé d’aligner quinze « Good vibrations » … sans en réussir un seul.
Allez, les gars et les filles, on se calme, on simplifie tout ça, parce que là, franchement, c’est imbuvable votre truc …


Des mêmes sur ce blog :
Hissing Fauna, Are You The Destroyer ?

PET SHOP BOYS - VERY (1993)


Too much ?

En fait, c’est surtout ça qui me plaît chez ces Boys-là … ce côté absolument ringard et kitsch, cette apparente nullité assumée … cette (fausse, bien entendu) impression que ces deux types n’ont pas bougé d’un iota depuis leurs débuts, qu’ils refont le même disque depuis la nuit des temps… le genre de choses qu’on ne pourrait pas reprocher (éclats de rire) … aux Cramps ou à Canned Heat …

Les deux types, absolument indéfendables selon l’Evangile de Saint Johnny Thunders, savent cependant trouver des mélodies simples, simplettes et simplistes, qui devraient retenir l’attention de tout fan des Beatles et de Paul McCartney normalement constitué, enjolivées de textes au énième degré qui sont loin d’être aussi niais que ce que l’on pourrait croire de prime abord.

Pet Shop Boys live : les cubistes du disco ?
Les Pet Shop Boys ont trouvé une formule et s’y tiennent. Leurs disques, de loin, sonnent rigoureusement tous de la même façon, électro-pop synthétique et dansante copyright début des années 80. Même si avec leurs dizaines de millions de disques vendus, ils pourraient se payer les meilleurs sessionmen et les orchestres symphoniques, Tennant et Lowe continuent de donner dans le tout synthétique cheap. Cheap seulement en apparence, les dernières bécanes numériques qu’ils s’efforcent de faire sonner comme de vieux synthés analogiques sont là et bien là, les couches sonores sont innombrables, et les emprunts ou clins d’œil aux dernières « tendances » électroniques sont présentes (« Theatre », « Yesterday when I was mad »).

Leur truc de base, aux Pet Shop Boys, c’est donc la danse-disco des années 80 qui les a vu naître artistiquement, et enchaîner, mais pas à des fréquences de bagnards, des disques invariablement parsemés de singles qui se vendent par camions. Ces deux zigotos ont, mine de rien, toujours plusieurs mélodies imparables en réserve, et en inondent leurs galettes. Qu’est-ce que vous pouvez trouver à redire à des choses comme « Can you forgive her ? », « Liberation » ou « Yesterday, when I was mad » ? Rien, y’a rien à dire. Ce sont des choses qui se retiennent à la première écoute, même si les arrangements et les mélodies à tiroir de « Yesterday … » ont du laisser songeurs tous ceux qui s’escriment à l’écriture, leur montrant la différence entre une  chansonnette sympa et un morceau bien écrit…

Et puis, parce que les Pet Shop Boys savent flirter avec toutes les limites, même celles du ridicule, mais sans y sombrer toutefois, ils font un sort au « Go West », hymne disco-pedzouille des funestes Village People, rendant ce titre écoutable et encore plus dansant que l’original. Et comme rien n’est neutre chez les Pet Shop Boys, c’est évidemment un moyen pour eux de mettre, comme souvent dans leurs disques, la cause homosexuelle en avant, comme ils l’avaient fait quelques années auparavant, lorsqu’ils avaient fait chanter une Dusty Springfield en plein coming-out sur leur « What have I done to deserve this ? ».

De plus, contrairement à leurs collègues only synthés (tous ceux qui ont eu à endurer live les sinistres Portishead, Massive Attack et consorts comprendront), les Pet Shop Boys donnent des concerts absolument déments par le kitsch déployé, à faire passer Elvis à Las Vegas (tiens, et « Always on my mind », c’est pas géant comme reprise ?) pour un concile de franciscains, et inscrivant le duo anglais dans la droite lignée de gens comme les Sparks ou Queen…


BIG AUDIO DYNAMITE - TIGHTEN UP, VOL. 88 (1988)


 Pas très détonants 

La suite, mais pas encore la fin, des aventures de Mick Jones et de son « collectif » B.A.D.. Après la réconciliation avec Joe Strummer qui avait donné le bon « N° 10, Upping Street », l’ex-Clash se retrouve pour ce Cd à nouveau orphelin de son ancien complice et cela s’entend.

Réunion d'anciens combattants : Big Audio Dynamite en 2011 ...Putain, ils ont morflé ...
Le « gros son » du Cd est vite lassant, et assez paradoxalement, ce sont les morceaux qui remémorent le plus les Clash (« Other 99 », « Mr. Walker said »), qui sont les moins bons. En effet, la voix et la construction des morceaux rappellent le prestigieux groupe, mais les arrangements électroniques souvent lourdingues ne passent pas. Au rayon des échecs, signalons aussi un « Applecart », qui sonne comme du Pet Shop Boys endormi, un « 2000 shoes », funky balloche à 2 euros, un pitoyable « Battle of all the saints », …

Seuls des morceaux comme « Esquerita », hommage au pionnier noir du rock’n’roll inspirateur le Little Richard réussissent la difficile synthèse entre rock’n’roll et électronique qui semblait être le but recherché du disque.

Après les deux premiers disques prometteurs, celui-ci raté et une longue maladie de Mick Jones, le chapitre B.A.D. allait être clos. Une nouvelle mouture du groupe toujours avec Jones mais d’autres musiciens allait tenter de relancer sans guère plus de succès la machine.

Un seul être vous manque …


SLY & THE FAMILY STONE - THE WOODSTOCK EXPERIENCE (2009)


L'arnaque indispensable

N’eût été le décès de l’ancien beau-fils de Presley, le gros coup de l’été 2009 aurait été la commémoration des 40 ans de Woodstock. Le genre de projet minutieusement préparé par Sony pour rajouter un peu de toile aux parachutes dorés de ses actionnaires. « Take the money and run » comme disait Steve Miller …

5 doubles Cds comprenant les rééditions d’un disque studio de l’époque, plus l’intégralité de la performance de l’artiste à Woodstock. Sont concernés les signatures maison Joplin, Airplane, Johnny Winter, Santana, Sly & The Family Stone. Et si ce genre de machins vous plaît, le coffret avec l’ensemble des 10 Cds.

Woodstock, ce barbecue géant de hippies… Dont on connaît le son (les triple 33 T, les doubles Cds, et tous les titres qui traînent sur des compilations, coffrets, bootlegs, …) et l’image (le film de Wadleigh). Avec quand même quelques moments qui ont marqué leur époque et les générations futures.

Hendrix à l’aube du quatrième jour, devant trente mille rescapés hébétés, qui lacère l’hymne américain à grands coups de Stratocaster. Santana qui se fend d’un « Soul Sacrifice » aussi chaud que le soleil exceptionnellement présent cet après-midi là. Le plombier Joe Cocker, les yeux exorbités, qui invente la air guitar sur « With a little help from my friends ». Alvin Lee qui se fend d’un hallucinant solo sur « I’m going home ».

Comment vouliez-vous qu'ils passent inaperçus ?
Et Sly et sa Famille qui propulsent à grands coups de « I want to take you higher » leur soul-funk psychédélique dans un ailleurs cosmique.

Sly & The Family Stone, justement. Essentiellement un groupe de Noirs. Et des Noirs, à Woodstock, il n’y en avait pas beaucoup, sur scène, et encore moins dans le public, d’après le film. Et j’étais curieux de voir si le show de la Family était du niveau de ce que tout le monde connaissait.

Et bien oui. En cinquante minutes de folie furieuse, Sly et son groupe envoient une grande leçon de musique totale, une scansion rythmée hallucinante et hallucinée. Il me semble que les témoignages live de Sly & The Family Stone ne sont pas très nombreux, et donc cette prestation est indispensable.

Ce soir-là, le sieur Sylvester Stewart et sa famille ont tutoyé les étoiles. Le buzz sera tel que Miles Davis  lui-même poursuivra Sly de ses avances, le suppliant de travailler avec lui. Lequel Sly, trop souvent (toujours ?) « high », n’en aura rien à foutre et jettera même Davis des studios quand il sera lassé de le voir dans ses pattes. Le jazzman, de dépit, se lancera à corps perdu avec McLaughlin et consorts dans ce que l’on appelera jazz-rock, et que quelques malentendants persistent à trouver génial. L’autre Maître de la black music, James Brown, ruminera dans son coin avant de trouver la réponse à Sly qui aligne en ce début des 70’s 45 T et 33 T majestueux. James Brown se sentira tout à coup terriblement vieux et dépassé, il jouera son va-tout dans un sublime coup de poker, virant ses antiques JB’s pour embaucher une troupe funky d’ou émergeront les tignasses afro de Bootsy et Catfish Collins. Une des premières séances de ce groupe donnera la moitié du faux live mais vrai chef-d’oeuvre « Sex Machine ».

Mais il y a quand même quelques détails que le chaland potentiel doit savoir.

Le disque studio du package Sly & The Family Stone, c’est « Stand ! », au demeurant excellent. Mais pas de bol,  je l’avais en 33 T et racheté en Cd. Je me retrouve donc avec un joli petit frisbee au logo Woodstock et à l’estampille Sony Music dont je n’ai que faire.

Autre détail, le son du concert est remastérisé. Ce qui veut dire que l’on entend beaucoup moins l’énorme souffle de mammouth de la sono qui faisait disparaître la moitié de la musique. Revers de la médaille, les bandes ont été « retravaillées ». Si Sly Stone ne s’en tire pas trop mal, le résultat pour d’autres est pour le moins curieux, avec notamment l’Airplane, le plus mélodique des groupes psychédéliques qui sonne comme … Steppenwolf. Au vu de la qualité du coffret Rhino « 3 Days of Peace & Music », on peut dire que les ingés de Sony ont sorti avec ces bandes un boulot de  gougnafiers.


Mais comme je suis de bonne humeur, je vous mets pour le même prix mon avis sur les quatre autres.

L’Airplane renforcé de Nicky Hopkins au piano, sonne comme un groupe de hard, avec Grace Slick et Balin qui hurlent, et balance une interminable version (plus de vingt minutes) de leur emblématique mais fort ennuyeux « Woodenships ». Disque studio : « Volunteers ». A réserver au conseil d’administration du fan-club.





Santana est grandiose, tout est du niveau de « Soul Sacrifice ». Disque studio « Santana » son 1er 33T avec la tête de lion sur la pochette. Mais tout le concert existait déjà officiellement (coffret « Legacy » il me semble).







 
Johnny Winter fait ce qu’il a toujours fait et refera ad vitam eternam, son numéro de juke-box avec longs solo de guitare un peu partout se terminant par (quoi d’autre) « Johnny B Goode ». Doit bien exister 300 live de l’albinos texan aussi bons ou meilleurs que celui-là. Disque studio « Johnny Winter » de 1969 avec la pochette noire (lui par contre excellent).





 
Reste le cas Janis Joplin. Elle s’était opposée à ce que sa prestation apparaisse sur le triple 33 T de 1970. Et là on comprend pourquoi. Ce n’est pas elle qui est en cause, elle est même très correcte au chant, même si d'après les témoignages des "rescapés", elle était pourtant "ailleurs". Mais le groupe (le Kozmic Blues Band) est pitoyable avec mention  spéciale à une section de cuivres imbécile passant du free-jazz à la soul et au rythm’n’blues à l’intérieur du même morceau et couvrant tout le reste de son affreux raffût. A fuir absolument. Disque studio « Kozmic Blues ».




Comment ça, j’ai pas trop causé du live de Sly & The Family Stone. Je vous ai dit quelque part qu’il était excellent et indispensable. Et je persiste et signe.

Du même sur ce blog :
There's A Riot Going On



FRANZ FERDINAND - FRANZ FERDINAND (2004)


Tout simplement ?

C’est tout leur mérite et peut-être la raison de leur succès autant phénoménal qu’imprévisible, que d’avoir remis la simplicité au cœur de la musique. Quatre jeunes Scottish qui se la pètent pas (enfin, pas encore, Kapranos est vite devenue un leader dictatorial), qui font une musique entraînante, simple et sans prétention, à des lieues de leurs pompiers ancêtres écossais Simple Minds ou Waterboys …

Franz Ferdinand : transparents ?
Une musique qui renoue avec les fondamentaux : du rythme, de la mélodie … et que dansent les filles, cette curieuse engeance trop souvent oubliée par les machos du rock. Les Franz Ferdinand ont la lucidité de ne pas s’étendre outre mesure sur leurs influences évidentes, Gang of Four et Talking Heads pour la musique, Kraftwerk pour au moins l’aspect visuel du Cd … Les Franz Ferdinand, très intelligemment, mettront la couverture sur le prêchi-prêcha marxiste des premiers, le côté fumeuse prise de tête des seconds, et la métronomie répétitive des derniers. Ils ne garderont que l’essentiel, ces rythmes gentiment énervés et sautillants, ces mélodies faciles mais évidentes, ces refrains à reprendre en chœur.

Et de ces petites bombinettes trépidantes, ce disque, leur premier, en est rempli (« Take me out », « Darts of pleasure », « The dark of the Matinée », …). Autant de titres qui serviront de locomotives, entraînant le reste d’un l’album, au demeurant excellent, vers des chiffres de vente qui ont fait bien des jaloux, et les têtes d’affiche des festivals européens … Ceux qui achètent encore des Cds verront que ce « Franz Ferdinand » est sorti sur le label Domino, qui faisait une entrée tonitruante dans le business, avant de signer plus tard les très vendeurs Arctic Monkeys, les très « cultes » Robert Wyatt, Stephen Malkmus, Elliott Smith, ou encore une des dernières hype du moment, Anna Calvi …

Des mêmes sur ce blog :
You Could Have It So Much Better
Right Thoughts, Right Words, Right Action





WOMACK & WOMACK - CONSCIENCE (1988)



Sweet Soul Music

Ne pas juger ce disque à sa pochette, où l’on voit un couple et leur fifille poser béatement comme si c’était pour la couv’ d’une version funky de Paris-Match, tels de vulgaires Hallyday présentant le dernier gosse qu’ils viennent d’achet … pardon d’adopter à toutes les mémères à chien-chien des beaux quartiers.
Bien que des couvertures de magazine, à l’époque de ce « Conscience », Womack & Womack en ont fait, ce disque ayant obtenu un bon succès. Il faut dire que leurs auteurs ont un sacré pedigree. Lui, c’est Cecil Womack, d’une fratrie de musiciens noirs dont son aîné Bobby est le plus connu. Elle, c’est sa femme, Linda, fille de Sam Cooke, un des plus grands soulman que l’Amérique ait produits. Ce qui crée quelques liens familiaux compliqués, Linda Womack se retrouvant en même temps belle-sœur et belle-fille de Bobby Womack, qui avait épousé sa mère après l’assassinat de Sam Cooke.

Mais foin de ces considérations généalogiques … « Conscience », au vu de ses auteurs, ne peut être un disque quelconque. Les deux époux ont concocté une pâtisserie sonore comme la musique noire oubliait d’en faire en cette fin des années 80. A base de choses aussi désuètes en ces temps-là que soul, funk, rythm’n’blues. Joué dans les règles antédiluviennes de l’art, des gens (dont la moitié s’appellent Womack) et des vrais instruments. Mais comme les deux tourtereaux sont de leur temps, ils ont intégré avec un sens de la mesure infini et un bon goût jamais démenti des sonorités modernes, synthétiques, qui font de ce « Conscience » un disque bien ancré dans son époque, et non un exercice de style en forme de madeleine proustienne renvoyant à des temps immémoriaux. Un disque qui plus de vingt après n’a toujours pas pris une ride …
« Conscience » est un disque où tout n’est que retenue, luxe, calme et volupté. Des arrangements soyeux (c’est Chris Blackwell, le patron d’Island qui produit), au service de mid-tempos swingants, funky, de langoureuses ballades soul, avec une justesse de ton toujours présente. Et puis, quand on s’appelle Womack ou Cooke, on sait ce que chanter veut dire. Le plus généralement, les deux se partagent les parties vocales de tous les titres, sauf sur « I am love », bluette pop miraculeuse au délicat groove funky couché sur un tapis de percussions électroniques et qui revient à la seule Linda.
Et ce disque tout en caresses sonores rencontrera (au moment où explose à la face de la planète le rap militant et revendicatif des Public Enemy) un bon succès a priori improbable tant il semblait éloigné de tout effet de mode. Deux titres iront même squatter les premières places des charts un peu partout dans le monde, les fantastiques « Celebrate the world » et surtout « Teardrops » et son groove imparable qui renvoie Earth, Wind & Fire, Kool & The Gang et autres bruyantes sornettes à leurs chères études.
Bizarrement un succès sans trop de suites, le couple ayant plutôt préféré se consacrer à la vie de famille qu’à la musique …


MICHAEL JACKSON - THRILLER (1982)



50 millions de fans ne peuvent se tromper
Pour parodier un titre d’album d’Elvis Presley, les millions d’acheteurs de « Thriller » ne peuvent pas avoir tout faux. Ce disque est un monument, à l’aune duquel se mesurent depuis presque trente ans le succès populaire et commercial d’un artiste.
Pour commencer, oublions le délabré mental qui a défrayé la chronique « faits divers » des années 90 et 2000, avant une fin de parcours malheureuse, mais pathétique et sur-médiatisée. Quand paraît  « Thriller » en cette fin de 1982, Michael Jackson est un jeune black déjà star avec son groupe familial les Jackson 5, et un album solo (« Off the wall ») à succès. Rien cependant à côté de la frénésie planétaire qui va entourer « Thriller ». Absolument tous les morceaux de l’album sortiront en 45 tours et finiront tous au sommet des hit-parades mondiaux. Jamais auparavant et plus jamais depuis un artiste noir ne réussira ce cross-over multiracial et multigénérationel comme l’a fait Michael Jackson.
On trouve de tout (pour plaire) sur « Thriller » : de la pop, de la soul, du rythm’n’blues, du rock, du funk, du disco …, toutes les bases pour faire de la variété certes, mais de la variété de qualité. Le casting du Cd est impressionnant et exceptionnel : tous les rois de l’écriture et de la musique FM américaine ont été convoqués : Toto au grand complet en tête, plus quelques guest comme Eddie Van Halen ou Paul McCartney. La production est assurée par un vieux de la vieille venu du jazz, Quincy Jones.
Le résultat mérite toutes les louanges généralement décernées (un seul morceau pas terrible, le duo avec McCartney).
Un Cd indépassable et indispensable.



BLACK KIDS - PARTIE TRAUMATIC (2008)





The Black Kids are alright

Par Sainte Donna Summer, mais d’où sortent-ils ceux-là ? De Jacksonville, de l’ensoleillée Floride, la Californie des retraités … Certes … Mais comment ces jeunots qui doivent avoir vingt ans, ont-ils eu l’idée de faire un disque pareil ? On les voit sur la pochette, juste le haut du crâne qui dépasse, certainement mater la bobine éberluée des gens qui ont écouté leur premier Cd, en gamins facétieux heureux de la bonne blague qu’ils viennent de commettre …
Parce que là, en 2008, les Black Kids nous ont sorti un truc de disco, y’a pas d’autre mot. Bon, c’est pas les premiers depuis 1975 à faire le coup du revival boule à facettes. Quelques anglais coincés du croupion s’y étaient essayé dans les années 80, on avait appelé ça de l’electro-pop et puis on a oublié. Dalida aussi, elle on l’a pas  oubliée, mais c’était pas terrible non plus. Sinon, plus récemment, quelques titres des Wombats ou des Scissor Sisters, de MGMT, ou des plus antiques Pet Shop Boys, mais ils mettaient pas que ça dans leurs disques. Qui a dit Mika ? Bon, ça suffit, tu sors …
Les Black Kids eux y vont à fond, avec un entrain, un sens de la bonne humeur, et un mépris du ridicule qui forcent l’admiration. Ce disque est un truc de fou, une bouffée d’oxygène et de bonne humeur … En clair, on n’est pas chez Radiohead ou Leonard Cohen, ou chez un autre de leurs semblables adepte de la ritournelle neurasthénique …
On est dans l’esprit beaucoup plus proche des B52’s des débuts, avec la même façon désinvolte et espiègle d’appréhender la musique, avec ici comme chez les Atheniens, deux filles qui font des chœurs totalement out of control par-dessus les rythmiques speedées du groupe, et des arrangements que même Queen n’aurait pas osés. Le mauvais goût de grande classe, le hachis menu de tous les codes de respectabilité musicale… Fun fun fun et fuck off tout le reste …
Des titres comme « Listen to your body tonight » font passer toutes les bimbos r'n'b siliconées et leurs rengaines pour de vilaines fées Carabosse préparant quelque philtre maléfique … « I wanna be your limousine » est aussi génialement crétin que le « I’m in love with my car » de …. Queen (vous voyez, on y revient) avec un type qui se lance dans un solo de gratte à faire tomber la perruque de Brian May. Les deux titres du début (« Hit the heartbreaker » et « Partie traumatic ») dévastent le dancefloor, comme une version punk de ABBA, « Look at me » conclut ce Cd par un disco-rap, ayant de faux airs du « Wot »  de Captain Sensible, le simplet bassiste des Damned. Entre, pas grand-chose à jeter, à la limite le morceau le moins efficace c’est celui que les Black Kids avaient chois comme single, « Hurricane Jane ».
Cette joyeuse troupe bariolée (des blancs, des blacks, des filles) est un vrai rayon de soleil musical, du tabasco rythmé qui vous saute à la figure, et ce « Partie traumatic » se doit d’être le disque de chevet de tous ceux qui un jour ou l’autre se sont pris pour Tony Manero … 


Black Kids - I'm Not Gonna Teach Your Boyfriend How To Dance With You