Stade de France : enceinte sportive de la région
parisienne, aire de jeu officielle des équipes de France de foot et de rugby. Jeux
de ballons dans lesquels les susnommées équipes sont particulièrement mauvaises,
celle courant après un ballon rond étant par on ne sait quel hasard, championne
du Monde. Ce qui nous vaut d’entendre à tout bout de champ l’insurpassable « Feel
the magic in the air, allez, allez, allez, levez les mains en l’air ». Et
quand ces jeunes gens à QI tout juste positif ne squattent pas la pelouse, on
peut de temps en temps y voir et y entendre d’autres choses.
Les Temples version glam ... |
Les dinosaures du jurassique (Rolling Stones) ou du
crétacé (Springsteen, AC/DC), les bestioles préhistoriques (Cure, Depeche Mode,
U2), les animaux moyenâgeux (Mumuse, Coldplay). Autrement dit des types qui ont
sorti leurs premiers disques depuis plus de vingt ans pour les moins vieux
d’entre eux … et je ne parle pas des locaux, Indochine, ou (allumer le) feu Johnny,
voire … Bigard (putain Bigard …).
Euh, garçon, et les Temples dans tout ça ? Ben, les
Temples, ils ont tout pour jouer au Stade de France … un jour peut-être … faut
pas rêver, ils sont pas sur une major, y’a que Sony, Universal et la Warner qui
y envoient leurs têtes d’affiche … en tout cas, ils ont sorti un disque de pop
rock machin de stadium … J’avais, en des temps immémoriaux, donné un avis ferme,
définitif, etc… sur leur première rondelle. Celle-ci est leur troisième (pas
écouté la seconde). Bon, j’ai pas vu ou entendu avec eux le futur du rock comme
disait l’autre, mais ce « Hot Motion », je le trouve moins problématique
que leur inaugural « Sun Structures ».
En tout cas, les Temples ont sorti là un disque plaisant,
voire pour plaire (au plus grand nombre) … aux jeunes connectés spotifysés,
voire à des vieillards de mon âge, qui, intrigués par l’espèce de Marc Bolan
qui trône au milieu de la pochette, peuvent aller voir si de revival glam il
est question. La réponse est non, pas de glam rock stricto sensu, mais des
chansons un peu putes qui veulent ratisser large auprès d’un public point trop
exigeant, et forcément potentiellement nombreux … D’où le SDF introductif.
... et version jacquard |
« Hot Motion » est un disque bancal, déséquilibré.
Si on l’a en vinyle, on peut à peu près zapper la seconde face, ses ballades
bruyantes (« The Beam »), ou surchargées (« Monuments ») …
ses titres lost in space, comme si les Temples avaient perdu le fil (« It’s
all coming out ») … ses gimmicks du pire disco (pléonasme) italien des
années 80 (« Step down », pourtant une bonne compo) … son titre à
tiroirs, qui débute comme une ânerie folk-bâtons d’encens avant de muer pour
finir en instrumental spatial (« Stop down »).
Par contre, les premiers titres, ben ma foi, pas entendu
un enchaînement de titres aussi réussis depuis le premier MGMT. Cinq titres,
ouais bien sûr un peu honteux tellement ils sont racoleurs, mais d’une évidence
rare. Boostés par un son dernier cri, qui ne cède pas pour une fois aux sirènes
des vois passées au vocoder ou à l’autotune. Parce que, selon toute
vraisemblance, le James Bagshaw (celui qui ressemble à Bolan) sait chanter. Et
composer (un tiers des titres, les trois composent, et fait assez rare dans ce
cas de figure, les titres s’enchaînent au lieu de s’affronter par des approches
différentes, impossible de dire sans lire les notes du livret qui a écrit quoi).
Et produire (là le Bagshaw est seul aux manettes).
« Hot Motion » le morceau avec son intro très
chaloupée et son refrain à la Chris Rea du « Love & Emotion » (et
pas seulement pour des similarités phonétiques), pourrait devenir le « Dance
to Joy Division » (Klaxons) des années 2020 (je me rends compte qu’avec
des références comme ça, mes millions de lecteurs vont se gratter l’occiput, genre
mais putain de quoi et de qui il cause là ?). « You’re either on
something » est la ballade parfaite, racoleuse mais ‘achement bien foutue.
« Holy Horse » sonne comme un inédit des Beatles … ou de Supergrass,
rien à ajouter, c’est somptueux … « The Howl » met en avant un riff
de synthés à la Cars (tiens, à propos des Cars, leur leader Ric Ocasek vient de
claquer y’a pas longtemps, ça n’a évidemment pas fait les unes des JT), une
partie de batterie à la « We will rock you » de Queen ; les
Cars, Queen, du joli à l’oreille avec comme point commun des deux le producteur
Roy Thomas Baker, pas un hasard si les Temples s’en inspirent dans le même
morceau. Et last but not least de ce quintet magique « Context » qui n’est
pas sans rappeler le son du premier MGMT, CQFD et la boucle est bouclée …
Curiosité de la pochette : ce logo en haut à droite
qui renvoie à la signature de Prince sur certains de ces disques. Pas la
moindre idée de ce que ça signifie pour les Temples et si c’est un hommage au
nabot de Minneapolis …
Cinq grands morceaux, six de dispensables, soyons positif
et décrétons le verre aux trois-quarts plein …
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