FRANZ FERDINAND - FRANZ FERDINAND (2004)


Tout simplement ?

C’est tout leur mérite et peut-être la raison de leur succès autant phénoménal qu’imprévisible, que d’avoir remis la simplicité au cœur de la musique. Quatre jeunes Scottish qui se la pètent pas (enfin, pas encore, Kapranos est vite devenue un leader dictatorial), qui font une musique entraînante, simple et sans prétention, à des lieues de leurs pompiers ancêtres écossais Simple Minds ou Waterboys …

Franz Ferdinand : transparents ?
Une musique qui renoue avec les fondamentaux : du rythme, de la mélodie … et que dansent les filles, cette curieuse engeance trop souvent oubliée par les machos du rock. Les Franz Ferdinand ont la lucidité de ne pas s’étendre outre mesure sur leurs influences évidentes, Gang of Four et Talking Heads pour la musique, Kraftwerk pour au moins l’aspect visuel du Cd … Les Franz Ferdinand, très intelligemment, mettront la couverture sur le prêchi-prêcha marxiste des premiers, le côté fumeuse prise de tête des seconds, et la métronomie répétitive des derniers. Ils ne garderont que l’essentiel, ces rythmes gentiment énervés et sautillants, ces mélodies faciles mais évidentes, ces refrains à reprendre en chœur.

Et de ces petites bombinettes trépidantes, ce disque, leur premier, en est rempli (« Take me out », « Darts of pleasure », « The dark of the Matinée », …). Autant de titres qui serviront de locomotives, entraînant le reste d’un l’album, au demeurant excellent, vers des chiffres de vente qui ont fait bien des jaloux, et les têtes d’affiche des festivals européens … Ceux qui achètent encore des Cds verront que ce « Franz Ferdinand » est sorti sur le label Domino, qui faisait une entrée tonitruante dans le business, avant de signer plus tard les très vendeurs Arctic Monkeys, les très « cultes » Robert Wyatt, Stephen Malkmus, Elliott Smith, ou encore une des dernières hype du moment, Anna Calvi …

Des mêmes sur ce blog :
You Could Have It So Much Better
Right Thoughts, Right Words, Right Action





PETER GABRIEL - PETER GABRIEL I (1977)


Faux départ

Scoop : Peter Gabriel a eu des cheveux
Premier disque solo de Peter Gabriel après son départ de Genesis, où il se sentait bridé et à l'étroit. D’entrée c’est pas très bon avec le pompeux et théâtral « Moribund the Burgmeister » qui rappelle … Genesis. Et ainsi, au fil des plages, c’est plus de la moitié du Cd qui est de la sorte, enchaînant les morceaux pompiers et grandiloquents, si bien que l’on peut se demander pourquoi quitter un groupe pour faire en solo à peu près la même chose ?

Palme du morceau foiré : « Down the Dolce Vita », sorte de hard-disco-funk genre « I was made for lovin’ you » des clowns de Kiss. Dans l’autre plateau de la balance, car Peter Gabriel n’est pas le premier venu et le temps le montrera, deux morceaux merveilleux : « Solsbury Hill » et ses sautillantes sonorités celtiques, et le très beau « Here comes the flood ».

Débuts solo en demi-teinte et pas franchement enthousiasmants.

Du même sur ce blog :






BILLY BRAGG & WILCO - MERMAID AVENUE (1998)


Woody Guthrie still alive ...

Il y a des disques qui ont une histoire. Celle de « Mermaid Avenue » est étonnante.

A l’origine du projet, on trouve Billy Bragg, le Besancenot du folk anglais et créateur dans les années 80 du Red Wedge, courant musical et politisé (contre les exactions en tous genres du gouvernement Thatcher). Un Billy Bragg à la carrière sympathique mais à la célébrité confinée par essence à l’Angleterre.

Un jour qu’il se produisait dans un festival folk aux Etats-Unis, il reprend une chanson de Woody Guthrie. Dans le public, la fille de Guthrie, qui le contacte et lui montre des textes se son père jamais mis en musique.

Bragg s’attelle au travail et a l’idée d’appeler à la rescousse Wilco, groupe de country-rock méconnu, auteur d’un « Being there » salué par la critique et boudé par le public, et dirigé par Jeff Tweedy et Jay Bennett.

Le résultat sera ce « Mermaid Avenue », du nom de la rue où vivait Woody Guthrie à Brooklyn.

C'est pas bien de piquer les chemises à Neil Young ...
Et alors qu’avec un tel projet et Billy Bragg dans le coup, on était en droit de s’attendre à un de ses machins habituels (des folks acoustiques revêches et bruts dans l’esprit de ce faisait Guthrie), l’apport des Wilco va donner un des meilleurs disques de country-rock depuis les débuts du genre fin 60’s – début 70’s, un de ces disques intemporels dans la lignée de ceux de Gene Clark ou Gram Parsons.

Le 1er titre, un honky-tonk avec chœurs genre chansons de marins montre que tout est possible dans ces adaptations. « California Stars » suit sur un mid-tempo éclairé par de lumineuses parties de slide. « Way over … » fait tellement penser à du Gram Parsons qu’on s’attendrait à voir arriver le contre-chant d’Emmylou Harris. En fait, c’est celui de Natalie Merchant (10 000 Maniacs) que l’on retrouve ensuite seule au chant sur le merveilleux « Birds and Ships ».

« Hoodoo Voodoo » est construit comme un morceau de REM dans les 80’s, un exercice de style troublant et parfaitement réussi. « At my Window » renvoie à l’axe Byrds  - Petty, avant qu’arrive, au mitan du Cd le plus roots (juste Bragg et une guitare acoustique) et le plus court des titres, une déclaration d’amour à Ingrid Bergman (l’irradiante actrice de « Casablanca ») dont Guthrie était secrètement amoureux.

Un bluegrass sautillant ensuite (« Christ for President »), « I guess I planted » lui sonne comme un inédit du 1er Traveling Wilburys, « One by One » est du Dylan période « Blood on the Tracks », « Eisler on the go » ressemble à une de ces ballades post-nebraskaïennes comme Springsteen en tartine sur ses albums depuis trente ans.

« Hesitating Beauty » est lui juste un country-rock de base, le seul titre anecdotique du Cd. Un court morceau pianoté à la Randy Newman introduit le final épique, « The Unwelcome guest » grandiose ballade dévastée avec slide larmoyante, piano et harmonica traînards.

« Mermaid Avenue » : 15 titres et pas un seul à jeter. J’en connais pas beaucoup des Cds comme ça.

Il y a eu une suite « Mermaid Avenue 2 », comme toutes les suites, moins réussie.

Billy Bragg a continué à faire du Billy Bragg.
Wilco ont sorti l’année d’après un « Summerteeth » excellent et qui a commencé à vraiment faire parler d’eux. Avant en 2002, après un imbroglio ubuesque avec leur maison de disques un « Yankee Hotel Foxtrot » d’anthologie, accessoirement un des deux-trois meilleurs disques des années 2000.


MAHAVISHNU ORCHESTRA - THE INNER MOUNTING FLAME (1971)



D'abord une grande aventure humaine

Avant d’être du jazz-rock, Mahavishnu Orchestra, c’est la réunion de cinq personnalités hors du commun …

John MacLaughlin en est le leader. Après une enfance difficile, il plonge très tôt dans la drogue et à la puberté devient accro au PCP (Page Centrale de Playboy), se livrant toutes les nuits sous les draps à des pratiques onanistes effrénées, expériences qui lui seront profitables lorsque plus tard il astiquera le manche de sa guitare à des vitesses jamais approchées. Un guitar hero …

Jan Hammer, citoyen de la riante République Populaire Tchèque, aura lui l’adolescence difficile de ceux grandis de l’autre côté du Rideau de Fer. Comme tous les jeunes des pays de l’Est, il se destinera d’abord à une carrière dans le cinéma porno, mais le rachitisme des ses attributs virils le feront échouer à tous les castings, dans lesquels il ne réussira qu’à gagner le peu glorieux sobriquet de « Pine d’Acarien ». Vexé et déçu, il abandonnera dès lors le hard pour se consacrer au jazz …

Billy Cobham, tout petit, rêvait d’être architecte d’avant-garde, et était passionné par tous les jeux de construction de type Lego. Il n’aura de cesse, lorsque par hasard devenu batteur, d’empiler selon des échafaudages par lui seul maîtrisés et défiant toutes les lois de l’équilibre et du bon sens, des kyrielles de doubles grosses caisses, fûts et cymbales diverses sur lesquels il cognait de façon inconsidérée …

Morituri te salutant
Comme si cela ne suffisait pas, le Mahavishnu Orchestra devait se composer de deux batteurs et Rick Laird était pressenti pour prendre place sur l’autre tabouret. Las, des hémorroïdes aussi douloureuses que chroniques lui interdirent à son grand dam la position assise, et il se résolut à opter pour la guitare basse, dont la pratique convenait mieux au soulagement de son postérieur douloureux.

Le matériel des quatre, surtout la batterie de Cobham, fort encombrante, laissait peu de place dans le combi Volkswagen du groupe, qui hésita longtemps à se doter d’un autre musicien, ceux présents envisageant tour à tour un harmoniciste et un joueur d’ukulélé. Sur un de ces coups de tête qui font s’écrire les plus belles pages de la légende du jazz-rock, ils choisirent un violoniste et Ivry Gitlis et André Rieu n’étant pas libres,c’est finalement Jerry Goodman, un brave type, qui fut retenu.

Restait pour les cinq hommes à choisir un nom de scène. Grands amateurs de cinéma en noir et blanc et de westerns, ils souhaitèrent un nom à consonance indienne. « The Sitting Bull Orchestra » fut un moment envisagé, avant que l’unanimité se fasse sur Mahavishnu Orchestra, d’après le nom d’un des Trois Lanciers du Bengale, le classique d’Henry Hathaway …

S’apercevant un peu tard qu’aucun d’entre eux ne savait chanter, ils décidèrent de se contenter de morceaux instrumentaux. Leurs tenues de scène surprirent le public, qui pourtant en ce début des années 70, en voyait de toutes les couleurs. Les musiciens du Mahavishnu Orchestra se présentaient à leurs concerts serrés dans des polos jaunes à rayures noires (ou le contraire), et se livraient  à de curieuses chorégraphies scéniques rappelant le vol des insectes. La raison est fort simple, les cinq hommes étaient fans de Maya l’Abeille, dessin animé auquel la pièce centrale de ce Cd (« The Dance of Maya ») est bien évidemment dédiée. En hommage à un autre grand musicien, le créateur de « Kind of Blue », ils adoptèrent tous la coiffure de leur idole Miles, la fameuse coupe Davis …

Tout était dès lors en place pour que la légende s’écrive …


Ben non, c'est pas les Mahavishnu Machin ... Faut pas abuser quand même ...

REPLACEMENTS - LET IT BE (1984)


 Plutôt Stones que Beatles

Ce Cd n’a rien à voir avec l’œuvre homonyme des Beatles en fin de carrière. On ne trouve pas ici de mièvres ballades enrobées de pesants violons spectoriens, mais onze morceaux courts, vifs et énergiques. Pour commencer, il y a le superbe « I will dare », power-pop énervée qui inaugure un ensemble de chansons remarquablement homogène.

On a ici affaire à un disque comme on n’en fait (pratiquement) plus aujourd’hui, addition de rocks remuants avec pour calmer le jeu, les habituelles balades bien troussées de rigueur : « Androgynous », « Unsatisfied » (clin d’œil aux Stones ?)

Ce groupe de Minneapolis (ville de Prince et Hüsker Dü), est dominé par la personnalité de Paul Westerberg, compositeur, guitariste et chanteur de la bande, songwriter qui mêle habilement compositions « à l’ancienne » boostées par l’énergie punk. Malheureusement, que ce soit avec les Replacements ou en solo, il ne trouvera pas le succès qu’il méritait pourtant.





ABC - THE LEXICON OF LOVE (1982)


Les seuls à sauver ?
L’Angleterre du début des années 80 voit s’installer sur le devant de la scène une nuée de groupes rassemblés sous l’étiquette « Nouveaux Romantiques ». Si tous étaient nouveaux, on cherche encore le côté romantique de la plupart, et des horreurs comme Visage, Spandau Ballet, Human League, … squattaient le haut des charts.
ABC : brillants ?

Les seuls vraiment classe du lot, c’était ABC. Et pas seulement parce qu’ils s’habillaient chic (costards lamés, ce genre de fringues …), au lieu de vider les penderies de leurs grands-parents comme la concurrence.
Martin Fry, le maniaque leader maximo du groupe, était un croisement assez réussi entre Bryan Ferry et David Bowie (également vocalement) et savait écrire des chansons. Avec un soupçon de soul funky (modèle évident : « Young americans » l’album de Bowie) et un talent mélodique certain (« Avalon » de Roxy Music, les albums solo de Ferry)
« Poison arrow » et « The look of Love » ne laissent pas indifférents et ont eu en leur temps un succès mérité. Boostés par des arrangements et une production clinquants (section de cuivres, quelques cordes), œuvre de Trevor Horn qui commençait à échafauder avec ABC les cathédrales sonores qui en feront un des maîtres du son des années 80 (le succès énorme de Frankie Goes to Hollywood).
« The Lexicon of Love » est un Cd élégant et distingué.
Pour les fans et les complétistes, existe en version DeLuxe.

PENGUIN CAFE ORCHESTRA - MUSIC FROM THE PENGUIN CAFE (1976)


Classique et punk ?

Penguin Café Orchestra, avec son nom zarbi et ses pochettes surréalistes a de quoi intriguer, voire inquiéter de prime abord. Projet-concept emmené par Simon Jeffes, musicien venant du classique avec tout le background qui va avec. Un type qui se retrouve au milieu des années 70 en rupture avec les codes rigidifiés du classique, et consterné par la vacuité prétentieuse de ceux qui s’en inspirent dans le rock, à savoir les besogneux du prog …

Penguin Cafe Orchestra veut autant proposer une forme musicale que se moquer des existantes. Adoubé par Brian Eno (référence lourde à supporter tant l’ex Roxy Music est capable du meilleur comme du pire), qui signe Jeffes sur son label Obscura, le groupe publie en 1976 ce premier disque.

Qui tient autant de la musique de chambre, que du baroque ou de la pop. Piano, clavecin, cordes, dominent tous les titres. Mais plutôt que de se livrer à une démonstration virtuose, Jeffes place la simplicité au centre de sa musique. Des mélodies très belles, d’une évidence désarmante, montrent que le gars sait composer. Par principe résolument loin de tout effet ou considération commerciale, ce disque est infiniment accessible.

Assez déconcertant cependant si on l’écoute en faisant abstraction du contexte de sa réalisation. Essentiellement instrumental, tendant quelquefois vers l’expérimental pur et dur (« Pigtail » et sa guitare folle), ne fonctionnant pas toujours au premier degré (le seul court titre chanté l’est faux, on suppose volontairement), ce « Music … » s’articule autour d’une longue pièce centrale « The sound of someone … », à la force mélodique qui a dû rendre jaloux Vangelis et faire pleurer de dépit Jarre ou Wakeman …

Ce grand coup de pied dans tout un tas de fourmilières musicales s’apparente d’évidence à ce qu’allaient faire à la même époque les punks, avec des arguments de base diamétralement opposés. Les uns revendiquant leur non-technique pour s’exprimer, les autres se servant d’une technique très au-dessus de la moyenne pour dénoncer les tenants d’un certain conformisme musical …

Le reproche que l’on peut faire à Jeffes et son Penguin Cafe Orchestra, c’est de parfois ressembler d’assez près à ce dont il tient à se démarquer. Le « groupe » existera avec une audience très confidentielle jusqu’à la mort de Jeffes au début des années 2000. Groupe culte par excellence …



SIXTIES ARCHIVES - LOUISIANA PUNK (1983)


Garagistes du bayou
Dans la série de disques du label Eva consacrés à la scène garage U.S. des mid-sixties, escale en Louisiane, où comme partout ailleurs, les jeunes américains prennent en pleine poire la British Invasion, achètent des instruments, montent des groupes et essayent la plupart du temps d’imiter les Anglais. Avec des résultats variables … Faut dire que les compilations sur ce thème et cette période, il y en a déjà beaucoup, et d’excellentes (Nuggets, Peebles). Et quel qu’ait été le foisonnement créatif underground, les quelques-uns qui auraient mérité une reconnaissance de plus grande ampleur sont connus depuis longtemps. Inutile de chercher dans ce Cd le colossal groupe culte oublié par tous dont l’écoute va vous changer la vie … aucune légende en devenir, juste des bandes de potes qui jouent du rock …

Tenaces ...les Bad Roads en 2008
Les mieux représentés du lot avec trois titres, les Bad Roads, n’ont pas l’air très imaginatifs. « Too bad », certes intéressant, ne fait que recycler une mélodie des Yardbirds (celle de « Mr, you’re a batter man than I » en l’occurrence), « Blue girl » fait beaucoup penser au « Who do you love » de Willie Dixon et Bo Diddley, et leur reprise du « Til the end of the day » des Kinks est pas terrible, mais au moins, ils auront chanté un bon titre dans leur vie …

Les Bad Roads représentent une tendance du mouvement, celle des copieurs des Anglais … Ron Gray & The Countdowns, un titre excellent, les One Way Street (un bon « Tears in my eyes »), les cinéphiles ( ? ) Gaunga Dyns, les peu imaginatifs Satans procèdent de la même démarche …

L’autre tendance majeure, c’est celle des possesseurs de Farfisa, les Persian Market, Playgue, Surrealistic Pillar (bonne joke en référence à un fameux disque de l’Airplane), Moon-Dawgs …

Quelques uns, enfin, et ce sont les plus intéressants, tentent de fuir les stéréotypes, en affichant des références peu souvent de mise. Les Bad Boys livrent un bon rythm’n’blues très Stax, les douze cordes acoustiques d’Al Michael & The Medallions font penser aux Byrds…

Et puis il y a vers la fin un titre fabuleux, la reprise du « Smokestack lightning » de Lightnin’ Hopkins. On dirait exactement (le son, la rythmique, la voix, tout en fait) du Creedence repris par le Gun Club (« Run through the jungle »). L’auteur de ce miracle sonore prémonitoire s’appelle Joe DeGrinda, il est retourné aux oubliettes, mais là, l’espace de trois minutes, il a tutoyé les étoiles …

Ce « Louisiana punk », à l’origine un 33T sorti au début des années 80, est réédité depuis peu en « vinyl replica », soit un Cd dans une pochette cartonnée identique à l’originale, ce qui permet de profiter du visuel le plus repoussant (scanné sur un planche de Rahan ?) ayant jamais servi à enrober un disque. Niveau sonore incroyablement bas, notes de pochette illisibles sans microscope, même pas les dates d’enregistrement (tout entre 1965 et 1968 je dirais, mais c’est quand même le genre de détails qui compte pour les rares personnes que cet objet peut intéresser). Il est peut-être plus judicieux de rechercher d’occase les rééditions Cd du début des 90’s qui comprenaient des titres bonus …

DAVE EDMUNDS - THE BEST OF (1981)



 Artisan doué

Dans les encyclopédies du rock, peu de pages sont consacrées à Dave Edmunds. Il faut dire que dans l’Angleterre des années 70, dominée par la musique progressive (Yes, Genesis, …) ,le glam-rock (T-Rex, Bowie, …), le hard-rock (Purple, Led Zep, …), puis le punk (Clash, Pistols, …), cet oiseau-là avec son compère-gémeau Nick Lowe que ce soit en solo ou au sein de leur groupe commun Rockpile faisait du rock’n’roll.

Sous influence pionniers américains de la chose et country, ce guitariste-producteur de talent, signé sur le label des Led Zeppelin Swan Song, livrait vers la fin des années 70, des disques plein de musique roots sincère et attachante.

Dave Edmunds reprend sur ce Cd des morceaux de ses idoles américaines , mais aussi du Costello (« Girls talk »), ainsi que quelques compos personnelles co-écrites avec Nick Lowe. Figure également un morceau avec les Stray Cats (« The race is on ») dont il venait de produire le premier disque, et un dernier titre (« The creature from the black lagoon ») qui a dû plaire aux Cramps (voir leur « The creature from the black leather lagoon » sur leur Cd « Stay sick »)

Il n’y a rien sur ce Cd qui ait flirté de près ou de loin avec les sommets des hit-parades, mais un disque de rock’n’roll simple, vif et sympathique. De quoi faire le bonheur de ceux qui préfèrent la musique au décorum de cirque qui l’entoure trop souvent.



JOHNNY CASH - THE GREATEST YEARS 1958 - 1986 (1988)


Pour une première approche ...

Johnny Cash live au pénitencier de  San Quentin
Cette compilation, parmi la multitude de celles consacrées à l’Homme en Noir, est un bon résumé de la carrière d’un des plus grands musiciens américains du XX ème siècle, même s’il a connu quelques passages à vide, englué dans des problèmes de dope et une attitude réactionnaire, laquelle, si elle comblait son public de base, pouvait légitement laisser dubitatif. L’immensité de l’œuvre de Johnny Cash fait que Cd sera au final trouvé incomplet, chacun pouvant noter des « oublis » qui auraient leur place sur ce best-of.

Le début de la carrière chez Sun (avec le monumental « I walk the line ») n’est pas là (question de droits ?), mais les années 60 sont bien représentées, notamment les live en milieu carcéral (San Quentin, Folsom). Le dernier morceau (« Highway Patrolman » de Bruce Springsteen), à la beauté crépusculaire et dépouillée, est révélateur de la fin de la carrière de Cash avec le producteur Rick Rubin, qui aux yeux de beaucoup, sera le sommet artistique de son œuvre.

Du même sur ce blog :
American IV The Man Comes Around


NICK DRAKE - BRYTER LAYTER (1970)


Rayon de soleil

Dans la discographie rachitique de Nick Drake (trois disques, tous indispensables, celui-ci est le second), « Bryter Layter » est le plus enjoué. Enfin, enjoué selon les critères à Nick Drake, on est quand même assez loin de la Compagnie Créole.

Par rapport à « Five leaves left », le tempo s’accélère, les instruments sont plus nombreux (la rythmique de Fairport Convention, John Cale aux claviers, le disciple number one Richard Thompson à la gratte électrique, des cuivres, des cordes, …), même si la confection sonore reste la même (Joe Boyd à la production, Robert Kirby aux miraculeux arrangements de cordes).

On ne sait trop pourquoi ce changement notable par rapport à l’épure minimale du premier disque a eu lieu (en tout cas moi j’en sais rien ; si quelqu’un a des infos, je suis preneur …), mais dès le premier titre (un court instrumental guilleret et cuivré originalement baptisé « Introduction »), le ton est donné. « Bryter Layter » sera un disque plus léger, moins oppressant que son prédécesseur. Et cette atmosphère vaporeuse, aérienne, portée par des mélodies qui du coup paraissent encore plus parfaites et la voix brumeuse de Drake va perdurer tout du long du disque, même si quelques titres (les plus sobres) rappellent évidemment « Five leaves left »…

« Bryter Layter » est pour moi le disque le plus beau et le plus immédiatement accessible de Drake, avec mentions particulières pour des titres comme « One of these things first » (mélodie fragile à la limite de la rupture soulignée par les claviers de Cale) et le magnifique « Poor boy », avec ses chœurs féminins (P.P. Arnold est dans le coup) et son sax free-jazz …

Cd "Akuma No Uta" de Boris
Cette éclaircie dans la tête et la musique de l’amoureux transi de Françoise Hardy (elle aime à raconter qu’il passait des heures assis sans bouger et sans un mot à la regarder et l’écouter dans le studio londonien où elle enregistrait) ne durera pas et son ultime « Pink moon » sera beaucoup plus sombre …

A noter que la pochette de « Bryter Layter » (Nick Drake à côté de ses pompes) a été reprise (pastichée ?) par les nippons bruyants de Boris.



JERRY LEE LEWIS - ROCKIN' UP A STORM (1992)


Rock'n'roll ...

Premier volet d’une compilation en 3 Cds, comprenant également « Rockin’ the classics » (axé sur des reprises), et « Rocking the country » (comme son nom l’indique, répertoire de plouc music).

Essentiellement consacré aux titres créés par le Killer chez Sun. Du classique, du lourd (« Great balls of fire », « Whole Lotta shakin’ goin’ on », « High school confidential », « Breathless »…), ses classiques les plus connus et les plus remuants (d’où le titre de la compilation) sont là. Quelques reprises, (« Ubangi stomp », « What I’d said »), quelques titres plus obscurs, en tout 22 pépites de la meilleure période de Jerry Lee Lewis.

Ce « Rockin’ up the storm » à peu près introuvable aujourd’hui faisait partie d’une gigantesque fournée de rééditions Cd du début des années 1990 du catalogue Sun (hormis Elvis, question de droits) des artistes majeurs du label de Sam Philips.

Du même sur ce blog :



THE MOODY BLUES - DAYS OF FUTURE PASSED (1967)


Pour Nights in white satin ...

Qu’en serait-il advenu de ce second disque (tout le monde a oublié le premier) des Moody Blues s’il ne contenait pas le fabuleux « Nights in White Satin » ?

Vraisemblablement un de ces disques « cultes » inaudibles que quelques maniaques fans de prog-rock s’arracheraient à coup d’enchères surréalistes sur eBay.

Moody Blues 1967
Car « Days … » n’est rien d’autre dans son concept qu’une de ces sottises musicales comme en ont produit quelques uns dans les 60’s, où, sous l’effet de divers puissants psychotropes et de mégalomanie galopante, des musiciens pop se prenaient pour de grands compositeurs « classiques ». C’est écrit sur la pochette, ce disque est la collaboration du groupe et du London Festival Orchestra (?). Autour d’ambiances censées évoquer le déroulement d’une journée, il aligne pendant plus de trente minutes mélodies simplistes genre comptine enfantine enrobées de moult cordes et violons.

C’est bien connu, quand le rocker s’attaque à la « Grande Musique », le résultat est soit très moyen (« Tommy » des Who, quelques trucs du Floyd, « Boulez conducts Zappa », …), soit ridicule (Deep Purple « Concerto for group and orchestra », Joe Jackson « Will power », McCartney « Liverpool oratorio », …). Sans même parler des guignols du prog-rock, les pires de tous.

« Days of Future Passed » est un Cd à avoir. Mais juste pour écouter « Nights in White Satin » en boucle.


CHICAGO - CHICAGO IX - GREATEST HITS (1975)



Le meilleur et le pire
Chicago, cette fanfare hippie aujourd’hui oubliée, a connu ses meilleurs moments à ses débuts, fin 60’s début 70’s. Formation pléthorique, encore plus nombreux que les Sept Nains, et au moins aussi opiniâtres au travail, avec la perpétuelle marotte de numéroter ses disques en chiffres romains … Aux dernières nouvelles, le groupe ou ce qu’il en reste aurait embauché Peter Wolf ( !? ) du J. Geils Band et récemment publié un Chicago XXXII ( !! ).
Ce IX paru en 1975 est leur première compilation, et se situe (forcément) entre le VIII, sorte de tribute-album à ceux qui les ont influencés, et le X, qui symbolise la prise de pouvoir par le bassiste Peter Cetera et une orientation définitive vers du rock FM lent et hyper-commercial (les scies « If you leave now » ou plus tard « Hard to say I’m sorry », ce genre …)
Le groupe a débuté dans un style voisin d’une autre famille nombreuse, Blood Sweat & Tears, précurseurs d’une certaine idée de fusion alors fort en vogue, en mélangeant sonorités venues du rock, de la pop, du jazz, de la soul, du rythm’n’blues, du funk … Chicago, où tout le monde composait, avec une prédominance exercée par le claviériste Peter Lamm et le tromboniste James Pankow, aura dans ses débuts laissé une œuvre hétéroclite, passant d’une plage à l’autre de la fulgurance rock à la redondance cuivrée …
Cette compilation en témoigne, en faisant voisiner titres d’anthologie du groupe (« 25 or 6 to 4 » gros hit, les excellents « Does anybody really … », « Feelin’ stronger every day », ou le phénoménal « Beginnings »), et puis d’autres choses beaucoup plus anecdotiques, soul et rythm’n’blues blanchis, gâtés par des arrangements de fanfare cuivrée jazzy (« I’ve been searching so long », « Call on me » funky mou à la Earth, Wind & Fire ), ou des ballades qui commencent à devenir pataudes (« Wishing you where here », comme du Wings en petite forme).
On peut aussi regretter qu’il n’y ait pas plus de titres de leur premier et meilleur disque (le bleu et noir « Chicago Transit Authority », le seul à ne pas avoir de numéro), et qu’à l’exception de « 25 or 6 to 4 », on n’entende pas trop sur cette compilation leur fabuleux guitariste Terry Kath, un des rares « héritiers » crédibles de Hendrix, beaucoup plus intéressant que les habituels nominés de l’époque à ce poste (Trower, Marino, California, …), et qu’on n’aura d’ailleurs guère l’occasion d’entendre par la suite, puisqu’il s’auto-révolverisera à la roulette russe quelques années plus tard …

Des mêmes sur ce blog :





BJÖRK - MEDULLA (2004)



Voyage au bout de l'inuit
Björk a sans conteste été l’artiste féminine majeure des années 90 (c’était pas difficile, y’avait pas trop de concurrence), grâce à son triplé « Debut » - « Post » - « Homogenic ». Sa pop explosée, mêlée à toutes les tendances électroniques, ses étranges tenues vestimentaires bariolées, l’hyper charisme soigneusement mis en scène du personnage, ont laissé peu de gens indifférents, et tous les bobos prompts à s’enticher du dernier cataplasme branchouille se sont extasiés devant cette Kate Bush pour malentendants…
Avoir du talent est une chose, s’en servir à bon escient en est une autre. Les choix artistiques de Björk depuis la fin des années 90, montrent une artiste en perte de vitesse. Ce « Medulla » en est l’exemple.
Des morceaux a capella, un accompagnement musical très réduit (quelques boucles rythmiques, quelques lignes de synthé). Le concept est intéressant, se servir de la voix (la Castafjörd ?) comme d’un instrument de musique (voix lead, chœurs, human beat box, …), mais a déjà été entendu à longueur d’interviews de chanteurs. Et de toute façon poussé au zénith par des gens comme Liza Fraser dans les Cocteau Twins.
Alors il est certes facile de crier au génie de ce « Medulla », s’extasier de la précision des arrangements, des chants traditionnels islandais ou inuits. Mais ne subsiste rapidement qu’un sentiment de répétition tout au long du Cd et une impression que ces 45 minutes s’éternisent.

De la même sur ce blog :
Post



CHUBBY CHECKER - 20 CLASSIC TRACKS (1994)



Surboum dans les maisons de retraite
Il faut être né avant 1945 pour avoir connu ça : la déferlante twist qui a envahi la France en 1961-1962, se transformant vite en vague yé-yé.
A l’origine de ce mouvement, une chanson, « The Twist » par Hank Ballard & the Midnighters aux USA. Un quasi-bide. Reprise quelques semaines plus tard par un certain  Ernest Evans sous le pseudo de Chubby Checker, elle va devenir un gigantesque succès mondial, porté par une danse du même nom.
Chubby Checker n’ira pas chercher plus loin un plan de carrière, répétant jusqu’à l’écœurement des copies conformes de son hit. En France, plus que partout dans le monde, tous s’y mettront (Hallyday, Mitchell, Rivers, …), adaptant, traduisant, reprenant note à note les morceaux de Checker.
Lequel, même s’il continue encore sa carrière de roi du twist (il a vendu des dizaines de millions d’albums), n’aura artistiquement été qu’une parenthèse dans l’histoire musicale américaine, entre les pionniers du rock’n’roll et l’invasion des Beatles.
La musique de Chubby Checker n’a plus aujourd’hui qu’un intérêt très mineur. Cette compilation n’y apporte rien de plus, desservie par un packaging sommaire, un son asthmatique et une égalisation approximative des titres. Quant aux morceaux présents, il n’est même pas sûr qu’il s’agisse des versions originales, Chubby Checker les ayant réenregistrés plusieurs fois.
Pour (vieux) nostalgiques seulement.