Grandaddy s’est séparé au milieu des années 2000. Ah bon,
vous saviez pas ? Ben vous devez pas être les seuls.
Comment, vous avez jamais entendu parler de
Grandaddy ? Ben, ça c’est un peu con, vous êtes passés à côté d’un grand
groupe. Qui a fait de grands disques invendus. Voire invendables. Et c’est ça
finalement qui les a conduits à mettre la clé sous la porte, parce que le choix
s’est posé pour les types du groupe : soit continuer de faire de la
musique, soit trouver un job pour faire bouffer Bobonne et les marmots. Le
gâchis habituel quand tu donnes pas dans le mainstream formaté…
Avec un look pareil, c'est pas gagné ... |
Bon, les esprits chagrins argueront aussi que quand tu
cultives un goût aberrant pour les chemises à carreaux (qui portées amples cachent
la bedaine), les casquettes floquées au nom de ton équipe de baseball ou de
basket favorite, et les barbes en broussaille, en fait quand tu te trimbales
avec un look de blaireau total, t’as peu de chance de ratisser large auprès du
public, même du Midwest. Bon, y’en a bien un dans le lot qui s’était un peu mis
à l’abri du besoin, le dénommé Jason Lytle. Parce que c’était lui le songwriter
unique du groupe. En fait de groupe, quasi ses accompagnateurs. Mais aussi ses
potes.
Ce qui explique ce « Last place ». Un disque
conçu pour les fans qui arrêtaient pas de pleurnicher sur la disparition du
groupe. Et comme Lytle avait quelques trucs en réserve, et qu’il voulait les
jouer et enregistrer avec ses potes … « Thanks everyone It was good to be gone » est-il écrit dans
un coin du digipack.
Alors pour ce qui doit être promis-juré le dernier tour
de piste de Grandaddy, pas question de changer quoi que ce soit. On est en
terrain connu, on retrouve tout ce qui a fait Grandaddy. En premier lieu, ces
mélodies à la pureté stupéfiante qui chassent sur les terres du meilleur des
Beatles et des Beach Boys. Ce goût pour les synthés vintages du début des 80’s.
Cette nonchalance vocale et instrumentale (laid pop ?). « Last
place » est un bloc homogène. Ecouté distraitement, il peut paraître
monotone. Les variations sont infinitésimales, un peu plus de ci, un peu moins
de çà …
Tirer des plan sur la comète ... |
Curieusement, les deux titres censés ressortir du lot en tant que singles (« What’s we won’t » et « Evermore ») sont ceux qui mettent
le plus les sons de synthés antédiluviens en avant. De façon quelque peu
exagérée à mon goût mais bon, c’est l’ADN du groupe. Même si ça finit par sonner
comme les Cars sous Lexomil, ce qui n’est ni une insulte ni un reproche. Mais ce
qui saute surtout aux oreilles, c’est le soin méticuleux, voire maniaque apporté
aux gimmicks et arrangements, jamais lourdingues et hors propos (« The boat
is in the barn », « This is the part » et leurs fabuleux arrangements
de cordes). On se régale de ces madeleines proustiennes que sont « Jed the
4th », titre folk psychédélique avec sa boucle centrale à la « A day in
the life ». Ou de « A lost machine », débuté avec une mélodie qui
évoque Pierre Bachelet ( ?! ) avant de virer comme un inédit du Floyd période
« The wall ».
C’est quand Lytle et ses boys s’éloignent de leur ordinaire
qu’on accroche moins, sur le court instrumental synthétique « Oh she shelter :(
» ou le rock bizarroïde et répétitif « Check Injin ».
Ce disque pour les fans devrait les ravir. Les autres passeront
une fois de plus à côté. Tant pis pour eux …
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