… que mal accompagné ? Andrew (A. pour les
intimes) Savage est le principal chanteur et compositeur des Parquets Courts,
un de ces innombrables groupes new yorkais post-punk influencés par le Velvet,
Sonic Youth, Television, ce genre de choses … Et comme de bien entendu, un
groupe dont le talent n’arrive pas à la cheville de ses modèles, même si faute
de grives on a tendance à nous vendre ces merles comme un mets de choix …
Le Savage à l'état naturel ... |
Groupe prolifique, mais apparemment ça ne suffit pas
au dénommé Andrew Savage. Qui sort donc un disque solo sur son label Dull
Tools, qu’il avait créé pour faire paraître les premiers enregistrements des
Parquet Machins. Une rondelle pour le moment sortie uniquement en vinyle (ou en
mp3, beurk…) et pas pressée à des milliards de copies. Alors, faut-il ressortir
sa vieille platine ou investir dans un tourne-disque pour écouter ce
« Thawing down » ? Ben, oui, éventuellement …
Parce que là, le Savage, il a fait un bon skeud, de
ceux qui me parlent, de ceux auxquels je comprends quelque chose. Bon, un
disque de vieux, si on veut, mais un bon disque de vieux, parce que bien
souvent maintenant, les vieux qui font des disques de vieux pour les vieux, ils
font des mauvais disques de vieux. La pochette, photo noir et blanc (ou plutôt
en cinquante nuances de grey) et l’ambiance sépia qui s’en dégage, donne le la.
Savage nous fait un disque à l’ancienne, raconte des
tranches de vie, pas vraiment gaies d’après ce que j’ai pu entraver, parce que
chez lui comme chez les Rita, les histoires d’amour finissent mal en général.
Dans une instrumentation assez austère, voire minimale, le cadre idéal pour
montrer sa tristesse dans des formats folk ou country. Y’a quand même un bémol
dans ce truc, c’est que sa voix se retrouve très exposée, et on peut pas dire
qu’il joue dans la même cour qu’Otis Redding, if you know what I mean …
Premier de la classe ? |
N’empêche, pour un projet qui tient beaucoup plus de
l’exutoire personnel que de l’ambition commerciale, le résultat est plus que
convaincant. En fait, seul le dernier titre l’éponyme « Thawing
dawn », sorte de patchwork sonore, commencé comme une rengaine du Band,
avant de se perdre dans des changements saugrenus de mélodies, de tempos en
passant de l’acoustique à l’électrique, fait un peu mal aux oreilles. Mais les
neuf qui précèdent, ma foi, y’a pas grand-chose à jeter. Ni à dire, d’ailleurs.
Ils reposent quasiment tous sur une mélodie à la
guitare acoustique, renforcée par de discrets claviers, section rythmique,
quelques notes de sax. On est en univers connu à base de country rocks pépères
(« Eyeballs »), avec de temps en temps une pedal steel qui vient
chialer (« Buffalo calf road woman »), une cavalcade western swing (« Winter
in the South »), des ambiances très Leonard Cohen des débuts, à savoir
épure et mélodie (« Wild, wild, wild horses », le très excellent
« Ladies from Houston »). Parfois Savage donne dans la ballade soul
60’s (« Untitled »), d’autres fois on se dit que si Clapton sortait
pareil morceau on hurlerait au génie retrouvé (« Phantom limbo »).
Un disque parfait pour journées pluvieuses et
brumeuses …