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ADAM AND THE ANTS - KINGS OF THE WILD FRONTIER (1980)

 

King for a day, fool for a lifetime ?

Adam & The Ants n’est pas un groupe … ou si peu. Derrière cette pignolade, un sujet arriviste de Sa Très Gracieuse (?) Majesté. Répertorié à l’état-civil Stuart Goddard, il s’affuble du sobriquet Adam Ant (jeu de mots genre Alladin Sane / A lad insane). Adamant ça veut dire inflexible, intransigeant. Comme dirait Brassens, la suite lui prouva que non.

Pirates des Caraïbes ? Non, Adam & The Ants

Arrivé sur le « marché » trop tard pour faire partie de la première vague punk, il monte un groupe (Adam & The Ants,) qui œuvre dans le style et sort un disque que personne ne remarque. Prêt à tout pour réussir, il colle au train de Malcolm McLaren pour que « l’inventeur » des Sex Pistols le manage. Affaire conclue et marché de dupes. Tel un tamanoir, McLaren aspire les Ants et en fait Bow Wow Wow, backing band d’une (très jeune) nymphette asiatique du nom d’Annabella Lwin, laissant l’Adam seul à son triste sort … Mais le garçon est obstiné, remonte une nouvelle mouture des Ants, court les friperies et les salons de coiffure et de maquillage, et se crée un look d’un mauvais goût tout britannique, à base de peinture sur le museau genre Bowie-Aladdin Sane (who else ?) et de tenues militaires à brandebourgs début XIXème siècle (just like Hendrix).

Ainsi grimé et affublé Adam et ses Fourmis part à la conquête des charts … et l’arriviste arrive à ses fins. Quelques singles (mauvais ou pire) classés, quelques passages télé, quelques papiers et unes des hebdos musicaux, l’affaire est dans le sac et tourne un temps à plein régime. L’Adam prend un melon monumental, s’imagine un prophète musical pour les décennies à venir et après deux albums très bien vendus, vire les Ants pour continuer solo l’aventure. Forcément, dans un pays (l’Angleterre) et une époque (le début des années 80) où une nouvelle mode se dessine tous les trois mois, la mayonnaise tourne vite vinaigre et malgré quelques piteuses tentatives de come-back en solo ou avec des Ants, le sieur Goddard retourne dans le néant dont il n’aurait jamais dû s’extraire, laissant au passage l’image d’un crétin ultra-prétentieux …

« Kings of the wild frontier » est le second disque des Ants, et le premier après l’interlude McLaren. Ne reculant devant aucune sottise, l’Adam élabore un concept : sa musique destinée à émerveiller le monde est inspirée par the real thing, les – on ne rit pas – percussions tribales du Burundi. En fait, dans le meilleur des cas, c’est un ersatz de Diddley beat avec un batteur et un percussionniste limités. Et l’Adam chante comme une casserole, secondé par des chœurs « tribaux » et moults effets de studio.

Adam Ant & Marco Pirroni

Malgré ce, pas de poubelle direct. Non pas qu’il y ait un grand hit qui a traversé les décennies ou même quelque compo point trop mauvaise. Non, l’arme fatale des Ants s’appelle Marco Pirroni et joue de la guitare. Les tâtillons noteront des passages éclairs dans des embryons du Clash ou de Siouxsie & the Banshees, mais c’est dans les Ants qu’il se révèlera. Il sera à l’Adam ce que Steve Stevens sera à Billy Idol, le rouage essentiel qui œuvre dans l’ombre. Pirroni est un des maîtres riffeurs de ce début des années 80, c’est bien simple, moi je n’entends que lui sur ce disque … Il tronçonne des riffs monumentaux sur « Dog eat dog », « Killer in the home », « The magnificent five », pastiche carrément les Shadows avec guitare twang sur « Los rancheros », et s’évertue à sauver les compos (il les co-écrit toutes d’ailleurs) du vide abyssal auquel elles semblaient vouées. Aussi talentueux (et d’un caractère de cochon) que soit le Pirroni, il restera avec le baltringue Adam, le suivra en solo, même si prudemment il lui fera quelques infidélités, se faisant remarquer en tant que session man (sur les deux premiers Sinead O’Connor notamment).

Il faut croire que malgré tout Adam And The Ants a conservé quelques vieux fans, ce disque ayant été souvent réédité, avec force bonus (démos, versions single, alternate mix, …) aussi dispensables que les titres de la version originale …



PREFAB SPROUT - FROM LANGLEY PARK TO MEMPHIS (1988)

 

Le rêve américain ...

Langley Park est un petit bled à côté de Durham, pas très loin de Newcastle, Nord de l’Angleterre. C’est dire si c’est pas vraiment un coin sexy. Les frangins McAloon y sont nés, et c’est là qu’ils y ont fondé un des groupes au nom le plus problématique qui soit, Prefab Sprout (Le Bourgeon Préfabriqué), un patronyme lui aussi pas glamour pour deux sous…

Prefab Sprout, ça fait partie des noms que se refilent en douce quelques conspirateurs, maniaques de chansons pop bien torchées. Ici, dans la riante Gaule, un seul de leurs titres a dû être diffusé trois fois à la radio. Il s’agit de « When loves break down », issu de leur précédente rondelle « Steve McQueen ». Et dans leur pays natal, on peut pas vraiment dire que ce soit des stars. Pour ne rien arranger à leur cas, ce « Steve McQueen » a dû changer de nom pour paraître aux USA, les héritiers de Josh Randall étaient prêts à dégainer les avocats, d’autant plus qu’on y voyait sur la pochette le groupe poser sur une Triumph, la même que dans « La Grande Evasion ». La Steve McQueen Family n’a pas été sympa sur le coup, parce que le disque était une déclaration d’amour à une certaine forme de way of life et de culture américaine. Démarche étonnante de la part de sujets de Sa Gracieuse (?) Majesté, généralement peu enclins à apprécier quoi que soit qui ne vienne pas de chez eux …

Paddy McAloon, Neil Conti, Wendy Smith, Martin McAloon

Pour bien se faire comprendre, les Prefab Sprout allaient remettre le couvert avec les mêmes intentions, envisageant par le disque de se transporter à Memphis, Tennessee. Pourquoi Memphis, patrie de la country et de la soul, alors que tout dans cette rondelle renvoie à la Côte Est (Brooklyn, New-York, le New Jersey) ? Seul Paddy McAloon doit connaître la réponse.

Parce que Prefab Sprout, c’est quasi une affaire familiale autour de lui (on y trouve sa fiancée, la douce et diaphane Wendy Smith à la basse, et son frangin Martin à l’autre guitare). Seul « étranger » au clan McAloon, mais là depuis les débuts, le batteur Neil Conti (qui finira une fois le groupe en stand-by très demandé, on le retrouvera à cogner derrière Mick Jagger, David Bowie, Steve Winwood, Robert Palmer, et une multitude d’autres à peine un peu moins célèbres …). Et puis, et c’est là où le bât me blesse, il y a le cinquième Prefab Sprout, leur producteur Thomas Dolby. Un sorcier des synthés et des studios, qui passe son temps à utiliser les possibilités des consoles high-tech multipistes en ce début des années 80, et est responsable sous son nom de quelques disques dont je ne dirai rien, par pure humanité …

« From Langley … » se situe chronologiquement entre « Steve McQueen » et « Jordan : The comeback » (il y en a un autre avant « Jordan … », qu’il vaut mieux passer sous silence), les deux chefs-d’œuvre du groupe. Il est aussi à mi-chemin des deux sommets au niveau sonore, entre le classicisme pop de « Steve … » et la folie baroque de « Jordan … ».

Tous les centristes de la chanson pop ouvragée vous diront donc que « From Langley … » est le meilleur des trois. Ben non … Entendons-nous bien, ce disque est excellent, mais n’atteint pas la pureté de « Steve … », ni le suicide exubérant qu’est « Jordan … ». La faute au Dolby déjà cité, responsable et coupable d’un indigeste enrobage sonore, très « moderne » peut-être en 88 (et encore …), mais irrémédiablement daté aujourd’hui avec cette énorme batterie trop en avant, ce foisonnement d’arrangements et d’effets sonores en tous genres (les horribles faux cuivres, les gargouillis de synthés, …).


Par contre, rien à dire au niveau des compositions, qui atteignent des niveaux dont seul Costello période « Imperial bedroom » et dans une moindre mesure les Pale Fountains de « Pacific Street » et les High Llamas de « Gideon Gaye » ont su s’approcher dans les 80’s. La plupart des mélodies sont écrites au piano ou au synthé, d’où leur complexité, s’inspirent des grands ancêtres de la pop certes, mais aussi du patrimoine classique européen, et évidemment vu le lièvre couru, des Gershwin, Bernstein, et autres auteurs de Tin Pan Alley ou du Brill Building (beaucoup de titres font penser à des thèmes des comédies musicales de Broadway). L’utilisation des chœurs (le frangin et la copine du Paddy) est aussi à contre-courant de ce qui s’est toujours pratiqué, ils sont ici envisagés plutôt comme répondant à la voix principale (mais pas comme dans le gospel), plutôt que venant en renfort à l’unisson sur les refrains, et sont généralement sous-mixés, leur donnant un côté lointain, vaporeux et irréel.

Assez étrangement, alors que ce disque est l’antithèse de tout ce qui se vend à l’époque en Angleterre et plus encore aux States, ce sera la plus grosse vente de Prefab Sprout de l’autre côté de l’Atlantique (sans bien entendu que ça fasse de l’ombre à Michael Jackson). L’album sera porté par le (petit) succès du single « Cars & Girls », qui comme son titre l’indique et aussi surprenant que ça puisse paraître, est un hommage à Bruce Springsteen. Et pas un hommage ironique, une déclaration de fan sincère (certainement beaucoup plus tout de même aux sujets principaux d’inspiration de ses premières années, les filles et les bagnoles, qu’à leur accompagnement musical). Ce qui confirme l’étrangeté de Paddy McAloon, on ne peut plus Anglais par sa culture et ses compositions, et qui révère les sons et genres les plus typiquement américains (Faron Young, autrement dit le Dylan style sur « Steve … », le Boss ici) qui soient. On a même droit à un titre très rock, très différent de tout le reste, qui ne dépareillerait pas dans le répertoire de Tom Petty (« The golden calf »).


Mais le cœur de « From Langley … », ça reste un hommage à la musique new-yorkaise d’avant le rock, encastrant dans les structures pop les clins d’œil à toutes ces sons qui faisaient se déplacer les foules pour voir des musicals sur Broadway, une certaine forme de divertissement qui n’existait quasiment plus lorsque Paddy McAloon est né. Tous ces « Nightingales » (avec en guest un solo d’harmonica de Stevie Wonder, pas son meilleur cependant), « Enchanted » (où il est question des Capulet et des Montaigu, revisités bien sûr façon « West Side Story »), « I remember that » ou « Manhattan » (dans laquelle est évoqué Sinatra et où il y a au fin fond du mix une partie de guitare acoustique de … Pete Townshend), poursuivent la même idée reste.

Ceux qui ont lu jusque-là sont maintenant autorisés à poser la bonne question : « et le reste de la musique américaine, il en est question ? ». Pas du tout. Le titre « Knock on wood » n’est qu’un leurre (rien à voir avec le titre homonyme de Wilson Pickett) et pas le plus mémorable du disque tout comme la bluette romantique « Nancy … », voire le dernier titre de dream pop (tant au niveau des paroles que de la musique) « The Venus of the soup kitchen ». Et l’inaugural « The king of rock’n’roll » n’est pas un hommage à Elvis, mais un regard ironique sur tous ces types qui n’ont rien compris au truc et qui s’imaginent les rois du rock’n’roll. En fait, un Paddy McAloon qui fantasme sur les Etats-Unis, il n’envisage pas de faire de la Harley dans la Vallée de la Mort, si vous voyez à qui je pense…

Paddy McAloon, il conçoit le rêve américain d’une autre façon …


Des mêmes sur ce blog :

Steve McQueen 



FRANKIE GOES TO HOLLYWOOD - WELCOME TO THE PLEASURE DOME (1984)

 

Born to fun ...

Il y a des rondelles qui, le temps passant, prennent une certaine patine. Pas celle-là …

D’abord parce qu’on se retrouve en présence d’un des sons les plus typés (et pas en bien, on en recausera) des cinquante derniers siècles, et en face d’une de ces rock’n’roll swindles que l’industrie (ou plutôt le commerce) du disque est capable d’engendrer.

« Welcome … » et Frankie Goes To Hollywood sont à replacer dans un contexte, celui de la fin de la première moitié des années 80. Le rock est rayé de la carte. Son dernier emblématique représentant, The Clash, vient de subir une fin pathétique, sur fond d’embrouilles politico-musicales. Bowie avec un disque très quelconque (« Let’s dance ») rencontre un succès considérable, U2 et sa positive attitude pompière (« War ») commencent à faire parler d’eux. Voilà pour les british. De l’autre côté de l’Atlantique, Springsteen et son disque pour stades (« Born in the USA ») va rafler une mise gigantesque (et pas imméritée). Michael Jackson vient de vendre du « Thriller » par dizaines de millions, et les provocs tous azimuts (pour l’époque) de Prince ou Madonna s’apprêtent à faire tinter les tiroir-caisse. Evidemment, des bons groupes, il y en avait, mais relégués au fin fond des statistiques de vente.

Parce qu’en même temps, le « marché » du disque était en pleine effervescence. Un média (MTV) qui déjà commençait à faire et défaire les carrières à coup de matraquage de vidéo-clips s’immisçait partout. Les vinyles se vendaient à coup de millions et un nouveau support audio (le Cd) qui allait forcer des foules à racheter leurs vieux disques sous prétexte de gain qualitatif sonore se voyait prédire une expansion fulgurante … La cash machine tournait à plein régime …
FGTH : tout le monde s'éclate à la queue leu leu ...

Des deux côtés de l’Atlantique, d’obscurs zigotos dont les poubelles de l’histoire sont pleines, sortaient un single qui cartonnait et disparaissaient. Un truc éminemment rentable. Sauf qu’à pousser la logique jusqu’au bout, si on trouvait quelques clampins qui puissent sortir plusieurs morceaux au lieu d’un seul que le bon peuple s’arracherait, ce serait le jackpot assuré (les ventes de singles d’abord, puis le Cd ou le vinyle qui les contient ensuite). Et à ce jeu-là, ce sont les Anglais qui ont gagné and the winner is … Frankie Goes To Hollywood.

Qui au début des années 80 est un vague groupe à la réputation « sulfureuse » (bâillements) de Liverpool, tirant son nom d’une couverture de magazine relatant un déplacement de Sinatra, un groupe autoproclamé porte-drapeau de la gay generation locale (ce qui ne correspondait pas exactement au crooner italo-américain) … dont personne ne veut (savent pas jouer, n’ont pas de répertoire). Par hasard, une bonne fée va se pencher sur leur berceau. Cette bonne fée s’appelle Trevor Horn, il a assuré sa fortune avec les Buggles (la prémonitoire scie « Video kill the radio stars »), il passe sa vie en studio, il vient de monter un label, dont Zang Tuum Tumb (réduit à ZTT) est l’improbable patronyme. Le Horn est dans l’air du temps, à tel point que les ringards prog de Yes l’embauchent à rien de moins que l’écriture et la production. S’ensuivra « Owner of a lonely heart », carton mondial de ces nigauds que l’on croyait disparus à jamais, balayés par la vague punk … Horn est dès lors très demandé, n’est pas pour rien dans le succès des excellents débuts d’ABC (le côté commercial), mais veut signer du « difficile », ce qu’il fera avec Art of Noise et Propaganda (re-bâillements). Dans tout cela, les Frankie seront en quelque sorte sa danseuse …

Trevor Horn : FGTH  à lui seul ?

Même aujourd’hui, presque quarante ans après les faits, la réalité n’est pas vraiment établie. La version la plus favorable au groupe le fait enregistrer « Welcome … » avec quelques aides extérieures créditées dont Steve Howe de Yes, et Anne Dudley de Art Of Noise qui commence là une brillante carrière de compositrice et d’arrangeuse toutes catégories (musique et cinéma). A l’autre extrémité des potins, tout le disque a été écrit par Horn, joué par les types de Yes, seuls quelques vocaux du chanteurs Holly Johnson constituant la participation de FGTH à « son disque ».

Quoi qu’il en soit, le succès dépassera toutes les espérances. Trois singles (et leurs vidéo-clips) jugés scandaleux (le tout savamment mis en scène, mûrement réfléchi, et accompagné d’un plan marketing minutieux) affoleront les charts européens (les Ricains n’ont pas trop suivi, il faut dire que « Welcome … » n’est pas un « produit » fait pour eux).

Plus d’un quart de siècle plus tard, il en reste quoi, de tout ce bazar ?

Les Frankie ont sorti un autre album que personne n’a acheté, entraînant la débandade du « groupe ». Le chanteur Holly Johnson a sorti un disque solo qui s’est également vautré. Des années plus tard le groupe s’est bien évidemment reformé dans l’indifférence générale.

« Welcome … » est un disque m’as-tu-vu, à la production délirante, surchargée et mégalo, reprenant et amplifiant tous les pénibles tics sonores de l’époque (les grosses batteries réverbérées et compressées, les basses slappées, les voix et les chœurs pleins d’écho, les effets stéréo tourbillonnants, …). Double trente-trois tours de 14 titres plus deux intermèdes, l’un sexuel et salace, le dernier pour dire que le disque est fini (!), composé en partie de titres « maison » et d’un gros paquet de reprises. Les singles (sortis sous de multiples versions) sont bien sûr là.

Frankie Goes To War ...

« Relax » le plus successful, et accessoirement le meilleur (le groupe se permettant même de rejeter un clip filmé par Coppola himself) est une efficace scie pseudo-disco présentant pas mal de similitudes avec le « Run like hell » du Floyd encastré dans le Mur. « Two tribes » (après le sexe de « Relax », la guerre), sur un rythme frénétique (comme un brouillon de Prodigy avant l’heure) a fait surtout beaucoup causer à cause de son clip mettant en scène des sosies de Reagan et Tchernenko se foutant sur la gueule dans une arène genre combat de coqs (on est en plein retour de la Guerre Froide et des peurs de guerre nucléaire totale ente USA et URSS). Le troisième gros succès est la ballade grandiloquente « The Power of love » qui ferait passer les pires excès sonores de Queen pour les premiers disques de Leonard Cohen, et qui marquent les premiers pas d’Ann Dudley vers la gloire en y empilant des couches et des couches de cordes. Seule autre compo signée FGTH à mentionner l’insupportable titre éponyme (quasi un quart d’heure au compteur, sorte de resucée de l’assez pénible « Alan’s psychedelic breakfast » du Floyd, dans lequel le Yesman Steve Howe tartine des parties tarabiscotées de guitare acoustique … Tout le reste ne vaut pas tripette …

Pour moi, les seuls titres à vraiment sauver en plus de « Relax » sont à chercher du côté des reprises. « Ferry cross the Mersey » l’archi-rebattu hymne de Liverpool de Gerry & the Pacemakers est ici rebaptisé « Fury » et est traité façon berceuse. Amusant, court mais dispensable. « San José » est une relecture sur un rythme de bossa nova du « Do you know the way to San José » signé Hal David et Burt Bacharach, et un des classiques du répertoire de Dionne Warwick. Bonne version cool.

« War » de Barrett Strong et Norman Whitfield (un des derniers succès de la Motown par Edwin Starr, qui faisait une fois n’est pas coutume allusion à l’actualité, ici la guerre du Vietnam). Les Frankie en livrent une version à rallonge gavée de pénibles percussions tribales. Cette chanson est une des reprises fétiches de Springsteen. Dont je mentionne le nom parce que l’autre reprise de « Welcome … » (et elle a fait jaser dans les chaumières en son temps), c’est rien de moins que l’hymne seventies du Boss « Born to run ». Ben je vais vous dire, si on part du principe que la version originale est indépassable, la reprise est excellente, et la meilleure que j’aie jamais entendue de ce titre. Rythme accéléré (mais tous les breaks y sont), voix en haut des aigus, un peu comme si elle était reprise par les Wampas avec un Didier Wampas qui pour une fois chanterait pas faux … Jubilatoire, quoi qu’en aient pensé les intégristes à l’époque …

Résultat des courses : deux grands morceaux (« Relax », « Born to run »), une petite poignée d’écoutables, une très grosse moitié à jeter … allez, suivant …


RICHARD HAWLEY - STANDING AT THE SKY'S EDGE (2012)

Qu'a fait Hawley ?

Ben ouais, quoi … quand on  a réussi à se faire un (petit) nom dans le music business, qu’on a son (petit) public, quand son patronyme est immédiatement assimilé à une forme d’expression musicale, faut pas chercher à comprendre, faut passer sa vie à refaire le même disque sous peine de retomber dans l’anonymat.
Mais voilà, Richard Hawley n’est pas – au hasard – Chris Isaak. Il aurait pu être ad vitam aeternam un crooner anglais triste, torchant des rondelles dont chacune serait la photocopie de la précédente ou de la suivante, avec comme seul point de différenciation un état de grâce dans la composition qu’on atteint parfois. Ses états de grâce à Hawley s’appelaient « Cole’s corner » qui lui valut le Mercury Prize (sorte de prix Goncourt british du rock-pop-machin) et « Truelove’s gutter » sur lequel sa recette patiemment mise en place touchait au sublime.
En train de raconter une histoire un peu Hawley Hawley ?
« Truelove’s gutter » est le disque précédant ce « Standing … ». Et Hawley qui ne doit être ni sourd ni con a dû se dire qu’il avait placé la barre tellement haut qu’il serait vain de vouloir la dépasser. Et des évènements extérieurs lui ont collé une sorte de rage, contenue, mais la rage quand même. Selon lui, ces idées noires lui seraient venues de la mort d’un ami proche et de l’exercice du pouvoir calamiteux (what else ?) des conservateurs revenus aux affaires en Angleterre. Parce que Hawley est Anglais, peut-être pas autant musicalement que Ray Davies, mais Anglais quand même, est originaire de Sheffield, vieux bastion industriel du Labour Party, à l’activité saccagée par les années Thatcher …
Hawley s’est aussi souvenu qu’il avait été guitariste en tournée et parfois en studio du Pulp de Jarvis Cocker et que ce dernier venait de le rappeler quelques mois plus tôt pour remonter une énième mouture de son groupe. Parce que Hawley, c’est un de ces guitar heroes anglais, reconnus par leur pairs (comme tous ces Chris Spedding, Albert Lee, Richard Thompson, Bert Jansch, liste infinie) mais condamnés à passer leur vie dans l’obscurité qu’ont posé sur leurs successeurs la Sainte Trinité des 60’s des Beck, Clapton et Page. Et Hawley oubliant sa trademark et sa petite notoriété publique, a fait un disque de guitariste. Pas même besoin d’écouter la rondelle, suffit de voir l’intérieur du (maigre) livret rempli de gros plans sur des détails de guitares qu’on suppose prestigieuses et vintage …
La plupart des habitués de la maison Hawley furent déçus par ce « Standing … » de rupture. Ils ont dû l’écouter en travers, cette rondelle. Qui si effectivement n’a que peu à voir avec les précédentes, vaut plus que largement le coup d’oreille. D’abord parce que Hawley n’est pas un guitariste brise burnes reléguant les autres musicos au fond du mix pour placer plein centre de la stéréo un solo que l’on imagine toutes grimaces en avant de douze mille milliards de notes à la seconde. Non, Hawley mixe sa guitare à un volume tout à fait déraisonnable tout le temps, et ne se hasarde que très rarement à des solos égomaniaques (les deux sur le premier titre « She brings the sunlight » étant l’exception qui confirme la règle), qui de toute façon misent tout sur le rendu sonore plutôt que sur l’agilité des doigts le long du manche. En gros, si vous aimez le Neil Young énervé et grand-père du grunge de la fin des 80’s, ce disque est pour vous. Dans un registre de chansons tout à fait différent de celles du canadien …
Je vous avais dit qu'il était guitariste ?
Le domaine de prédilection de Hawley, c’est la ballade down ou mid tempo. Dont il s’éloigne parfois pour faire des machins beaucoup plus rentre dedans. Ainsi « Down in the woods » dont le riff rappelle le « 1969 » des Stooges (pas besoin d’en dire davantage, le seul nom des Stooges vaut plus que de longs discours). Ou « Leave your body behind you », qui avec son gros riff qui dépote et sa voix aérienne ramène au shoegazing (Angleterre, quelques mois vers la fin du XXème siècle, avec My Bloody Valentine et Ride en tête de gondole, mais que sont ces gens devenus ?). On pense aussi de loin aux Jesus & Mary Chain pour ces mélodies pur sucre noyées sous des guitares toutes en reverb, feedback et larsens …
Ce qui nous amène à parler du chanteur Richard Hawley. On sent qu’il chante parce qu’il en faut bien un qui s’y colle et comme c’est son disque, c’est tombé sur lui. Faut être clair, dans le genre ballade triste, il se situe à des années lumière de l’expressivité d’un Roy Orbison, si vous voyez ce que je veux dire … Et quand les titres s’emballent, Hawley n’a pas le coffre pour accompagner la musique. C’est le seul gros reproche qu’on peut faire à cette rondelle, avec la faiblesse relative par rapport au reste du morceau « The wood collier’s grave ».  Parce que il y a dans « Standing … » de la matière. Hawley compose bien, évite le monolithisme donnant parfois dans l’ambiance floydienne (le crescendo de « Don’t stare at the sun » même si son jeu de guitare n’a rien à voir avec celui de Gilmour), l’alternance du quiet / loud sur le même tempo (la somptueuse ballade terminale « Before »), la prière incantatoire rageuse du titre d’ouverture (« She brings the sunlight »), quelques intros (longues et très travaillées chez Hawley) qui évoquent les ambiances sombres des Doors …
Tout à fait « logiquement », malgré de louables efforts de sa nouvelle maison de disques (Parlophone) qui a sorti quatre titres en singles, « Standing … » a été une gamelle commerciale …
Normal par les temps qui courent. C’est un bon disque …


Du même sur ce blog :





DAVID LEAN - LA ROUTE DES INDES (1984)

Sortie de route ?
Même si un film de David Lean, ça reste un film de David Lean, « La Route des Indes » sera son clap de fin. Peut-être parce qu’il en avait ras la casquette des tournages (Lynch a soixante seize ans quand sort « La Route … »), peut-être aussi que les réactions critiques (assez mitigées) sur « La Route … » lui ont fait comprendre que la fin du siècle cinématographique n’était pas pour lui … Un peu de tout ça, vraisemblablement …
Alec Guinness & David Lean
Lean, les films pour lesquels il est le plus connu et reconnu (en gros la triplette « … Kwaï », « Lawrence d’Arabie », «  … Jivago ») sont typiques et d’une époque et d’une certaine forme de cinéma. Une décennie (55-65) marquée par une génération qui trouvait du boulot, avait un peu d’argent dans les poches, et se précipitait en nombre (et en famille) dans les salles de cinéma. Pour y voir des films familiaux à grand spectacle. Et ça, Lean savait faire, torcher de grandes fresques romanesques dans des décors naturels à couper le souffle. Le spectateur en avait pour son pognon, il passait trois heures dans le ciné et en prenait plein les mirettes.
Au début des années 80, le public, ses goûts, et les films qu’il va voir ont changé. La sci-fi à grands renforts d’effets spéciaux triomphe (« Le retour du Jedi », « E.T. », « Blade runner », « Terminator »). Pas vraiment le monde de Lean. Hasard, « La Route des Indes » sort quelques mois après le « Gandhi » d’Attenborough, avec lequel in partage bien des points communs. Et avec lequel il souffre de la comparaison. « Gandhi » était pour son réalisateur le film de sa vie, il avait disposé de moyens colossaux (des centaines de milliers de figurants pour la reconstitution des obsèques). « La Route des Indes », quel que soit le niveau d’implication de Lean, est un film de plus dans sa carrière. Et pour ce qui est des moyens, même si c’est pas un film de fauché, on sent qu’il n’a pas eu une enveloppe illimitée. Les scènes de foule sont filmées en plan serré (avec moins de monde on remplit l’écran) et laissent même apparaître des « trous » (dans la scène de l’arrivée du train au début, il manque du monde en bas à gauche de l’image).
Les décors grandioses : la Lean touch ...
Parce que comme son nom l’indique, « La Route des Indes » se passe en Inde. Vers 1920 dans un comptoir colonial britannique (quand ailleurs dans le pays, Gandhi commence à faire localement parler de lui). Sur fond de domination déconnectée de la réalité des Anglais et en face une prise de conscience que l’Indien mérite mieux que le sort qui lui est réservé. Lean fait se mélanger romance sentimentale et thématique de l’émancipation du peuple Indien.
Côté cœur, on est loin de « …Jivago ». D’ailleurs, une fois le générique final passé, on n’a toujours pas compris de qui Adela était vraiment amoureuse (pas de son fiancé magistrat, c’est évident, peut-être de Fielding, ou passagèrement du Dr Aziz, faites vos jeux …). Côté social, c’est encore plus problématique, on est trop dans la caricature de l’asservissement au début de l’histoire pour que le revirement spectaculaire (Aziz devient hautain et méprisant vis-à-vis des Anglais) des réactions soit crédible.
La Lean touch (suite) : Davis & Ashcroft dans un train ...
Le plus gros reproche, il est à mon sens global. La visite des grottes de Marabar est certes l’articulation de l’histoire et se situe au milieu du film. Mais quid des personnages ? Un de ceux que l’on croyait principaux (Mrs Moore) disparaît, un autre que l’on pensait secondaire (Fielding) devient le personnage central. Etrange, même si le film est l’adaptation (fidèle paraît-il) d’un bouquin réputé (refrain connu) inadaptable à l’écran, ce procédé est curieux. « La Route des Indes » manque pour moi de souffle, de lyrisme, d’une histoire et de personnages forts.
Bon maintenant, si ça passe à la télé, faut pas zapper pour aller regarder « Plus belle la vie », hein… Lean, même en fin de carrière, ça reste un sacré manieur de caméra et un remarquable faiseur d’images. Il est en Inde comme un poisson dans l’eau, parce que l’Inde, c’est le pays du train roi. Et Lean aime le monde du rail, c’est le moins qu’on puisse dire. Depuis son premier gros succès (« Brève rencontre » en … 1945, tout de même), Lean filme des gares, des trains, et en fait un des éléments essentiels de ses films. On a donc droit dans « La Route … » à quelques superbes plans montrant des trains qui semblent minuscules dans des paysages grandioses. Des plans qui n’apportent strictement rien à l’histoire, mais juste pour le plaisir des yeux, c’est déjà beaucoup …
V Benerjee, A Guinness, J Davis
Lean peut aussi s’appuyer sur un casting qui tient la route, avec des personnages crédibles dans leurs rôles. Pas de stéréotypes à la hache pour les rôles principaux, tout ces personnages, au contact de l’Inde ou des situations qu’ils vivent, sonnent vrai, ne surjouent pas. D’autant que le casting est international. Dans le quatuor majeur du film, on trouve deux Anglais, Peggy Ashcroft (Mrs Moore) et James Fox (Fielding), l’Australienne Judy Davis (Adela Quested), et l’Indien Victor Banerjee (Aziz). Tous se mettent au service du film, et évitent d’en faire des brouettes (et à peu près tous se sont affrontés avec plus ou mois de véhémence au dirigisme strict de Lean, les relations en fin de tournage n’étant pas au beau fixe entre le metteur en scène et ses acteurs). Ne pas oublier celui qui est peu l’électron libre du scénario, un méconnaissable Alec Guiness, qui est le Professeur Godbole, un Indien philosophe et lunaire. Guiness, pourtant habitué des plateaux de Lean, que certains critiques ont confondu lors de la sortie du film avec Peter Sellers (malheureusement bien mort à cette époque-là), une méprise qui perdurera (le déguisement de Sellers en prince hindou dans « La Party » y étant certainement pour beaucoup).
Lean montre beaucoup de choses. La cohabitation qui ne pourra que devenir impossible entre une Angleterre victorienne transposée sous les tropiques et une population locale traitée par-dessus la jambe, le psychodrame intime qui concerne les quatre acteurs principaux, le mysticisme et ses lieux étranges de l’Inde… Mais Lean survole tout cela, laissant dans son histoire de nombreux points d’interrogation. Le seul qui se justifie étant de savoir  ce qui s’est passé dans la frotte entre Adela et Aziz. Pour les autres (une fin qui n’en est pas vraiment une, ces revirements d’attitude des personnages majeurs, le procès étrange tant dans son déroulement que dans son verdict de la part d’une institution judiciaire à la botte des Anglais …).
« La Route des Indes » sera le dernier film de Lean. Au vu de ceux des décennies précédentes, on était en droit d’en attendre un peu plus. Lean fait du Lean, c’est bien le moins. Mais en moins bien qu’avant … 


Du même sur ce blog :

SMALL FACES - OGDENS' NUT GONE FLAKE (1968)

Enfumage ?
Bon, c’est une affaire compliquée … Parce qu’on cause là d’un skeud dont l’édition originale d’occase en état mint ou pas loin vaut entre 300 et 400 euros. Cherchez pas à connaître mon adresse pour venir braquer ma turne et me le piquer, j’ai que la réédition Cd de chez Castle Music en 2005, valeur d’occase 3 euros (moins les frais de port, mais je suis pas vendeur, je revends jamais des disques que j’ai un jour achetés).
Faut dire que quand ce disque était paru (début 68) il s’était fait remarquer. Par un packaging hors norme, à une époque où le music business ne regardait pas (trop) à la dépense. Le vinyle était logé dans une boîte métallique représentant (ou parodiant, les avis diffèrent), une antique boîte de tabac anglaise. Très vite, quelque comptable chez Immediate a dû aligner des chiffres et « Ogdens’ … » est ensuite sorti sous une pochette cartonnée classique (et ne parlons pas des rééditions Cd, même si une a repris le boîtier en ferraille, genre « Metal Box » de P.I.L.).
Lane, Marriott, McLagan & Jones, Small Faces 1968
Là où l’affaire se complique encore plus, c’est que « Ogdens’ … » n’est pas une parution anecdotique qui ne vaudrait que pour son packaging d’origine. Le disque, sans rivaliser en unités écoulées avec ceux des Beatles s’est pas mal vendu. Faut dire que les Small Faces, c’est pas rien niveau casting. Steve Marriott, Ronnie Lane, Kenney Jones, Ian McLagan. Si vous avez jamais vu ces noms sur des notes de pochette, c’est soit que vous savez pas lire, soit que vous achetez des disques de Bénabar (ce qui est bien pire que de ne pas savoir lire).
Les Small Faces, c’est plus encore que les Who ou les Kinks des débuts, le groupe mod de référence, celui qui lorgne autant du côté de la soul et du rhythm’n’blues américains que du côté rock’n’roll. Lancé comme un groupe à singles (aux succès commerciaux moyens), les Small Faces sont vite lâchés par leur maison de disques Decca. Un certain Andrew Loog Oldham, qui dispose de quelques moyens (avec l’argent gagné par – ou sur le dos – des Rolling Stones dont il fut manager à leurs débuts) les recrute pour être le fleuron du label qu’il vient de monter, Immediate.
Pour favoriser leur inspiration, il leur offre une croisière, de fait une party ininterrompue sur un bateau. C’est couché sur le pont et passablement aviné que Ronnie Lane (c’est ce que disent les autres, lui a réfuté), contemplant le ciel étoilé et n’apercevant qu’un quartier de lune, a ameuté ses potes pour leur demander ou diable était passé l’autre partie de la Lune. Déclic immédiat de la bande : ah que voilà un puissant fil conducteur d’un album concept … Et non, les Pink Floyd n’étaient pas du voyage, mais certaines mauvaises langues prétendent que cette histoire les aurait aidé à baptiser un de leurs disques à succès des seventies …

Les Small Faces vont pousser jusqu’au bout cette illumination alcoolisée et vont se lancer dans l’écriture de « Ogdens’ … ». Il leur apparaîtra assez vite que la chose va être assez compliquée à mettre en musique, surtout qu’ils rêvent d’acteurs récitant des dialogues, d’orchestrations grandioses et tout le toutim … Prudemment, ils s’en tiendront à une face du vinyle, la seconde. Qui est pas meilleure que « Tommy », mais dure quatre fois moins longtemps, c’est déjà ça … Cette enfilade de six titres est entrecoupée de textes dits par un certain Stanley Unwin, paraît-il très connu en son temps, et qui narre la quête par Happiness Stan (le nom du personnage) de la partie manquante de la Lune …
Un texte paraît-il drôle, à condition d’avoir un plus que bon niveau en anglais. En tout cas la mise en scène (et en sons) d’une galerie de portraits de décalés (ou de dérangés, c’est selon). Parmi lesquels le lunaire Happiness Stan et Mad John (un homme de main de Don Arden, premier manager des Small Faces, avec lequel le groupe semble avoir quelques comptes à régler). Les vignettes musicales issues de cette suite vont du pas très bon au franchement pénible, dans un enrobage sonore plutôt surchargé (piano classique à la Moody Blues pour « Happiness Stan », soul bancale pour « The journey », fanfare-comptine pour « Happy days toy town »). Et quand les titres sont plutôt sobres, ils ressemblent étrangement à des choses plus connues. « Rollin’ over » d’assez loin le meilleur titre de la face, débute par le riff de « Foxy Lady » de Hendrix (d’après le groupe, le Voodoo Chile était fan des Small Faces et ne voyait pas d’inconvénients à ce qu’ils le plagient, une vision peut-être exagérée de la réalité, toujours est-il qu’il n’y a pas eu procédure, Hendrix étant de toute façon assez éloigné des considérations bassement matérielles). A l’inverse, « The hungry intruder » et son folk acoustique énergique ont dû tomber dans l’oreille de Townsend, tant des pans entiers de leur futur « Tommy » en sont voisins.
Pour moi, vous l’aurez compris, cette face lunaire de « Ogdens’ … » constitue un gâchis. Parce que voir un Marriott vocalement appliqué est un non-sens, lui qui a une des plus belles voix soul des sixties anglaises. Sans compter que c’est un excellent guitariste, vif, tranchant, sachant aller à l’essentiel sans être démonstratif. Ronnie Lane, son alter ego dans les compos (même si pour ce disque, McLagan et Jones participent un peu à l’écriture), est un grand auteur et un grand bassiste. Ian McLagan sait se démultiplier sur ses claviers et participera en tant que sessionman aux disques du gotha du rock (Stones, Dylan, Joe Cocker, Rod Stewart, Springsteen, …). Kenney Jones est un quasi clone de Keith Moon (les dérives éthyliques et opiacées en (un peu) moins), à tel point qu’à la mort de Moon, il prendra son tabouret au sein des Who. Et quand ces quatre-là font du rock sans se griller les neurones dans des concepts fumeux, ça dépote. Les Small Faces ont sorti quelques singles mémorables, dont le colossal « All or nothing », une des meilleures chansons des quinze derniers siècles.

Les bonnes chansons de « Ogdens’ … », ils faut donc aller les chercher dans la première partie du disque. « Long agos … » (soul rock) et « Rene » (psyché, jazz et jam finale) sont correctes sans plus. Les quatre restantes sont d’un autre calibre. « Ogdens’ … » le morceau-titre est un instrumental entre soul et space rock et montre qu’on a affaire à de sérieux clients qui jouent compact et savent éviter le solo egomaniaque. « Song of a baker », dans un blind test, tout le monde hurlerait que c’est un grand morceau des Who (l’intro, les riffs, les roulements de toms de Jones). « Afterglow of you love », c’est la perle du skeud. Il faut dépasser l’intro cafouilleuse, se prendre cette mélodie first class dans la poire et s’extasier sur la performance vocale de Marriott. Il reste un titre dans cette face. L’objet de la discorde. Qui s’intitule « Lazy Sunday ». Un pastiche navrant des Kinks, une récréation neuneue à prendre au second degré. Marriott n’en voulait même pas sur le disque. Immediate a choisi de le sortir en single. Marriott est devenu furieux, d’autant plus que la chanson, sans atteindre les sommets des charts, a bien marché, écornant quelque peu la crédibilité du groupe. Résultat des courses : Marriott va quitter le groupe dont il est le leader, les Small Faces vont être remerciés par Immediate. Les trois autres vont continuer, raccourcissant leur nom en Faces.

Pour remplacer l’irremplaçable Marriott, il en faudra deux, un guitariste et un chanteur. Leurs noms : Ron Wood et Rod Stewart … Mais c’est une autre histoire …



ALFRED HITCHCOCK - FRENZY (1972)

London calling ?
A la vue des bonus du film, paru en 1972, dans lesquels on voit un Hitchcock (plus de 70 ans au compteur, strict costard noir, bedaine proéminente), se mettre en scène dans Londres, je ne peux m’empêcher de penser qu’à la même époque la ville dansait sur les rythmes glam (avec l’accoutrement qui allait avec) de T. Rex et Bowie. Raccourci facile, quand paraît « Frenzy », Hitchcock a tout du has been … Non pas musicalement, il a jamais été très rock’n’roll, mais has been tout court.
Le coupable idéal et sa copine
L’apogée de Hitchcock, c’est les années 50 (avec quelques chefs-d’œuvre qui débordent avant ou après). Là, au début des années 70, c’est juste un dinosaure, un vestige d’un autre temps, quasiment d’un autre monde. Non pas que « Frenzy » soit une daube, loin de là, mais c’est juste un film un peu perdu dans son contexte. « Frenzy » se veut parfumé au soufre. Pour la première fois plein cadre, une scène de viol suivie d’un meurtre, quelques fesses, poils pubiens et tétons en gros plans (pas ceux des actrices, ceux de doublures « mannequins »), un ton humoristique très noir au service d’une intrigue sophistiquée (le scénario est dérivé d’un bouquin à succès adapté au théâtre).
« Frenzy » sera un des plus gros succès populaires d’Hitchcock. Soit. Avec deux scènes (seulement deux, on l’a connu plus prolifique de ce côté-là) d’anthologie. Celle qui introduit le film, la Tamise à hauteur du pont de Tower Bridge survolée en hélicoptère, et puis un travelling arrière phénoménal dans une cage d’escalier, un couloir et pour finir la rue.
L'ex qui cherche l'oxygène
Et le reste ? Ben un film à suspense sans suspense (on sait dès le premier tiers du film qui est l’assassin, et qui va ramasser à sa place) qui ne vaut que par ses à-côtés. Offrant une galerie de seconds rôles (casting fait au feeling, Hitchcock « embauchant » la plupart des acteurs sans les avoir mis en situation, juste après une discussion) jubilatoires (la femme du flic et ses recettes de cuisine « branchées », la secrétaire de l’agence matrimoniale). En fait, « Frenzy » est bien mieux si on se désintéresse de l’intrigue.
Hitchcock, après exil et gloire américains, revient à Londres. Et y fait un film so british. « Frenzy » n’est pas transposable. La plupart des scènes ont lieu dans et autour du marché de Covent Garden (retour aux sources à forts relents freudiens, le père d’Hitchcock y tenait un étal de fruits et légumes), et il n’y a pas une scène, pas un plan, qui nous fasse sentir ailleurs qu’à Londres (où ailleurs qu’à Londres, verrait-on un tueur dont l’arme du crime est une cravate ?). Mais en même temps qu’une sorte de déclaration d’amour « patriotique », la vision d’Hitchcock est également caustique. Témoin la première scène parlée du film, dans laquelle on voit un ministre promettre devant une Tamise saumâtre que bientôt on pourra s’y baigner (gag, Chirac fraîchement élu maire de Paris avait dit la même chose de la Seine), avant que l’attention de la foule ne se porte sur un cadavre dénudé y flottant (c’est cette scène qui donne lieu à l’incontournable caméo d’Hitchcock, fugacement à l’image sur deux plans). Il y a dans « Frenzy » tous les clichés d’un Londres très très britannique (le « héros » malchanceux est au départ serveur dans un pub au patron fort en gueule, il renoue avec son ex dans un club cosy, tous les personnages sont guindés juste ce qu’il faut).
Le tueur
« Frenzy », il serait pas d’Hitchcock, on dirait que c’est un film qui se cherche. Hésitant entre romance (le triangle du « héros », son ex, la serveuse), sadisme et voyeurisme bon marché (les crimes de Rusk), humour plus ou moins décalé (le cadavre dans le sac de patates et les contorsions et postures qu’il entraîne, le flic et les petits plats de sa femme). D’ailleurs Hitchcock n’a pas touché à une caméra. Il a porté une attention minutieuse au scénario, a choisi ses acteurs (aucun grand nom au casting, et la plupart avouent dans les bonus du Dvd qu’ils ont été tout surpris de se trouver là) et a supervisé le tournage. Enfin, supervisé, façon de parler. Perpétuellement assis hors champ (avec sa femme toute proche, qui a fait un infarctus ou un truc du genre, mais qui une fois rétablie, est revenue aux côtés de son Alfred), donnant l’impression d’un faux détachement, mais doté d’un sens de la prise de vue stupéfiant, n’hésitant pas à passer des jours sur une scène (celle du viol et du meurtre a pris trois jours, c’est une succession de plans de quelques secondes), ou au contraire laissant ses acteurs improviser attitudes ou dialogues. Chef d’orchestre plutôt que soliste démonstratif …
« Frenzy » est quasiment le dernier tour de piste d’Hitchcock (seul le très dispensable « Complot de famille » suivra). Qui n’a plus rien à prouver et ne prouve plus rien.

En fait le meilleur truc de « Frenzy », c’est sa bande-annonce dans laquelle Hitchcock se met en scène. Oserait-on dire qu’elle est mieux que le film ? Moi j’ose …

Du même sur ce blog :

XTC - ENGLISH SETTLEMENT (1982)

Les Steely Dan de la pop ?
Pour le côté duo de perfectionnistes maniaques … pour le reste, XTC sont aussi Anglais que faire se peut, sont un vrai groupe, n’ont pas vraiment laissé le souvenir de sessions de studio sous des montagnes de coke …
Les XTC sont apparus en même temps que les punks dont le remuant boucan désorganisé a dû les laisser dubitatifs. XTC, c’est tout le contraire des punks, ils ne rêvent que de pop sophistiquée. Le problème de la pop, c’est que par essence, elle se nourrit de succès populaires. De singles, de hits, de titres classés dans les charts. Oh certes des hits, XTC vont en avoir un de balèze, « Making plans for Nigel », issu de leur déjà troisième album. Et les XTC vont s’accrocher, « jouer le jeu », multiplier disques, promos et tournées. « Making plans … », malgré leurs efforts, n’aura pas de suite. Non pas que les XTC n’aient pas été capables d’écrire de bons titres, mais parce qu’aucun ne retrouvera le haut des charts.
XTC 1982
« English settlement » est leur cinquième disque. Celui sur lequel les XTC ont tout donné. Double vinyle, quinze titres, plus de 70 minutes. Le disque du « ça passe ou ça casse ». Ça va casser, mais pour d’étranges et imprévisibles raisons… XTC sont quatre, plus ou moins multi-instrumentistes en studio. Deux seuls écrivent, Colin Moulding et Andy Partridge. Ce dernier commence à prendre une part prépondérante, sur « English settlement », les deux tiers des titres sont de lui. Autrement dit, il a la pression, celle de la maison de disques (Virgin) qui aimerait que le groupe concrétise en terme de succès son potentiel. Et celle qu’il se met tout seul. Maniaque pointilleux en studio, hyper-stressé dès qu’il s’agit de monter sur scène. Andy Partridge va littéralement exploser lors d’un concert à Paris, au Palace, pour la promotion de l’album dont le premier single extrait « Senses working overtime » commence à « frissonner » dans les hit-parades. Partridge, paralysé par le trac, quitte la scène au bout de quelques minutes, fait un malaise, est évacué par le SAMU. La version officielle sera une crise d’hépatite. Toujours est-il que le reste de la tournée est annulé, et plus jamais Partridge et XTC ne se produiront sur scène. Faute de promotion, « English settlement » deviendra un « succès d’estime », dans les faits un quasi bide commercial. Très vite, Virgin lâchera le groupe, qui va errer deux décennies dans un circuit indépendant confidentiel, publiant de loin en loin des disques le plus souvent fantastiques qui passeront inaperçus. XTC deviendra un duo (Moulding – Partridge). Moulding aurait semble t-il jeté l’éponge, en tout cas le dernier disque de XTC date de 2000 …
« English settlement » dans un contexte « normal » aurait-il été le disque de la consécration ? Même pas sûr, ce n’est pas un disque « facile ». Il y a une telle sophistication, un refus de tous les instants de toute forme de simplicité (hormis peut-être « Senses … », le plus évident du lot) qu’on voit mal ce genre de galettes se vendre par millions. « English settlement » s’adresse à la « famille », ceux qui de Buddy Holly à Badfinger, ont disséqué toute la culture pop. Sans pour autant négliger les dernières trouvailles techniques (beaucoup de claviers et synthés) ou les structures rythmiques complexes (Peter Gabriel était à cette époque-là dans la même démarche). Suffisamment doués pour ne pas faire des copier-coller de choses déjà entendues, les XTC innovent à chaque titre. La seule comparaison qui me vienne à l’esprit, c’est le Blur des disques d’après le méga-succès (« Blur », « 13 », « Think Thank ») quand Damon Albarn s’appliquait à détruire méticuleusement cette image de britpop pour minettes dont il ne voulait plus …
Andy Partridge, la tête ailleurs ?
« English settlement » part dans tous les sens tout en restant homogène. Il y a une base commune à tous les titres, la recherche de la mélodie, la construction même sophistiquée en couplet-refrain, un gros son de batterie mis en avant. Ensuite, une ou plusieurs trouvailles, gimmicks, arrangements confèrent à chaque titre son originalité. Les polyrythmies africaines mènent la danse sur le bien nommé « It’s nearly Africa », la guitare classique imprègne « Yacht dance », on distingue des influences celtiques et orientales sur l’introductif « Runaways », des choses chaloupées de la famille reggae sur « Down in the cockpit ». Les singles auraient pu être là ( la fausse pop bubblegum de « Ball and chain », la fabuleuse ritournelle de « Knuckle down »). Bon, faut pas se la jouer non plus, genre je vous cause de la supra-hypra merveille méconnue, il y a dans le lot des morceaux moins réussis. « Melt the guns » ne ravira que les adeptes du King Crimson des 80’s ce qui doit pas faire grand-monde, « Fly on the wall » veut coller au plus près au détestable son tendance du début des 80’s et fait donc aujourd’hui très daté, l’ultime « Snowman » comme du Talking Heads en pilotage automatique me semble le plus faible du disque…

Il n’empêche que « English settlement » qui clôt le premier chapitre de l’histoire de XTC est le meilleur de leurs débuts, et qu’il survole assez facilement la concurrence de l’époque (pas grand-monde de toutes façons, Squeeze, Madness, le tour du proprio pop circa 82 est vite fait …).

Des mêmes sur ce blog :
Apple Venus Volume 1


MORRISSEY - VIVA HATE (1988)

L'héritier ?
Pas laisser les braises refroidir … c’est ce qui devait être le leitmotiv de Steven Patrick Morrissey, dont le nom de famille lui servait de nom de scène en tant que chanteur des Smiths. Les Smiths, par ici, c’est quelque chose de totalement incompréhensible. Un groupe hors-norme en terme de succès entre 1984 et 1988. Un succès colossal mais qui n’a jamais dépassé le cadre de la perfide Albion. Anecdote archi-connue : une bande de fans révoltés par le silence et l’indifférence entourant en France leur groupe favori, se lance dans la publication d’un fanzine étoffé pour chanter ses louanges, et ainsi naîtront Les Inrocks …
Morrissey 1988
La séparation des Smiths en pleine gloire sera pour la jeunesse anglaise  un traumatisme comme celle des Beatles l’avait été pour leurs parents. Le premier à reparaître (six mois après la fin des Smiths) sera leur emblématique chanteur, icône plus ou moins cryptique (bien qu’il ne mâche parfois pas ses mots, voir plus bas) et équivoque (gay ? hétéro ? autre ? le mystère et les supputations iront bon train pendant des années).
Evidemment, la rupture est trop fraîche pour qu’il n’en reste pas des traces un peu partout sur ce « Viva hate ». Dans les paroles, peut-être, mais Morrissey n’a jamais été très « lisible ». Dans la musique aussi, il y a des traits qui ne se gomment pas facilement  (particulièrement flagrant sur les très smithiens « Bangali in platform » et « Late night, Mudlin Street »). Et puis, il y a cette voix, entre détachement et arrogance, brumeuse et claire à la fois, si facilement identifiable …
Pour son « émancipation », Morrissey a choisi une configuration réduite. Il laisse une grande place (des instruments, la co-écriture, et la production, rien que çà …) à Stephen Street, les deux hommes se connaissent, Street a produit les trois derniers disques des Smiths (avant d’être aux manettes de la plupart des galettes de Blur). Une collaboration qui est aussi une façon de marquer la « continuité » de la trademark Smiths. Mais les Smiths, c’était aussi la guitare « ligne claire » de Johnny Marr, et là Morrissey va partir dans une direction sonore très différente, en embauchant Viny Reilly, l’assez strident gratteux des Durutti Column. Assumer l’héritage et marquer sa différence (les bisbilles, les rancœurs et les haines s’avèreront multiples et tenaces entre les anciens Smiths), tel est le challenge de Morrissey.
Stephen Street & Morrissey
En partie réussi, parce que c’est malgré tout dans la continuité. En partie raté pour la même raison. Malgré deux hits (« Suedehead », qui deviendra un des surnoms de Morrissey, son plus connu demeurant quand même Mozz, et le très kinksien « Everyday is like Sunday »), il n’y a pas dans ce « Viva hate » de titres aussi fulgurants que ceux que l’on trouvait chez les Smiths. Les Smiths, difficile de faire plus anglais, et Morrissey en solo est foncièrement dans la même veine. Alors les brouillages de cartes du début du disque laissent une impression mitigée on n’y croit pas trop aux breaks de batterie, aux guitares plaintives et aux ambiances hindouisantes de l’inaugural « Alsatian cousin », pas plus qu’à la rythmique tournoyante et très psyché de « Little mann what now ? » qui a parfois des faux airs du « White rabbit » de l’Airplane.
Par contre, c’est quand Morrissey fait ce qu’on l’on attend de lui, et finalement ce qu’il sait faire le mieux, qu’il est le plus convaincant, toutes ces ballades brumeuses et automnales qui constituent l’ossature du disque et auxquelles son timbre vocal convient parfaitement. Et puis, comme un signe de la direction qu’il va prendre (il va s’acoquiner avec Mick Ronson, oui, oui, celui des Spiders de Bowie, et sortir avec lui une paire de disques de revival glam), un morceau envoie le bois tout en guitares rageuses et up-tempo (« I don’t mind … »). Mais c’est finalement le dernier titre du disque qui fera couler le plus d’encre, le très direct « Margaret on the guillotine ». Rappelons que la funeste Thatcher était encore Premier Ministre en 1988, et que ce titre n’a rien à voir avec le poétique « The Queen is dead » des Smiths. « Margaret … » c’est frontal, brut et sans fioritures sur un fond très dépouillé. Morrissey montre qu’il se souvient de ses origines populaires et que son public, cette jeunesse qui adule le chanteur des Smiths en a aussi pris plein la gueule pendant une décennie. Morrissey paiera cher ce titre, et quelques années plus tard, quand il se perdra dans une syntaxe équivoque (« National Front Disco »), la presse conservatrice le massacrera et brisera quasiment sa carrière …
La pochette de 1988
Il n’empêche que pendant quelques années, Morrissey récupèrera seul une partie de l’ancien succès des Smiths (Marr sera beaucoup plus discret et sa médiatisée collaboration avec Sumner de New Order dans Electronic sera un fiasco artistique et commercial, quand à Rourke et Joyce, ils seront encore plus discrets et oubliés).

Sur la réédition de 1997 (la pochette en haut, l’originale de 1988 est différente) huit morceaux ont été rajoutés en un vaste foutoir (des époques différentes, à dominante de ballades pas toujours transcendantes et malgré une paire de courts titres toutes guitares en avant produits par Ronson) et plutôt que de bonus, on pourrait les qualifier de titres malus …

Du même sur ce blog :