Qu'en aurait pensé Carmine ?
Ou Mozart …
Phoenix, c’est un des très rares machins musicaux français exportables. Des gens qui vendent de la rondelle argentée (ou du streaming) all around the world. Qui sous leur seul nom, sont capables de remplir le Madison Square Garden (les premiers, avant le tour de piste final d’Aznavour) …
Phoenix, c’est un beau gosse qui chante, trois
moches derrière, dont deux à lunettes (exactement comme Blur, musicalement la
comparaison s’arrête là). Le beau gosse, Thomas Mars (un pseudo, ça claque
mieux que Thomas Pablo Croquet, son état-civil officiel), est en plus le mari et
le père des deux enfants de la très people Sofia Coppola, fille de Francis Ford
et petite-fille du Carmine du même nom …
Phoenix, c’est la connexion versaillaise de ce qu’on
a appelé la French Touch, avec Air et Daft Punk, des types qui se connaissent
depuis le collège. Phoenix, c’est les plus accessibles, grand-public, du lot
(même si les deux autres, c’est pas férocement expérimental). Phoenix, c’est du
pop-rock pour ados, farci de machines, de programmations, de boucles, de
synthés. Ils sont quatre (chant, deux guitares, basse) plus deux en studio et
sur scène (un batteur, un clavier), plus leur producteur Philippe Zdar (du duo
electro Cassius) devenu à l’époque de ce « Wolfgang … » à peu près le
cinquième membre « officiel » du groupe.
« Wolfgang … » comme tous leurs disques, compte dix titres. Bien souvent, ça sonne comme les Strokes du début (les mid-tempo enlevés et sautillants de leur premier album), mais comme tous les sons sont repassés par des bécanes électroniques, c’est du Strokes désincarné, déshumanisé. Définitivement pas ma tasse de thé.
Ce « Wolfgang … » je l’ai acheté d’occase (pour
le prix d’un demi-pression, port compris) dans une version comprenant le Cd
plus un Dvd. Avantage (?) du Dvd, on peut l’écouter en 5.1 (y’a une version
vidéo, enfin un gros plan sur le disque qui tourne sur une platine), on a droit
à une autre version avec paroles en version karaoké. Ce qui est intéressant
(enfin, intéressant, je me comprends), ce sont les trois autres versions du
disque. Une présentant Phoenix « at work », une avec les commentaires
de Phoenix et une avec ceux de Zdar à mesure que défile la musique.
La première, sur les moins de quarante minutes que dure « Wolfgang … », nous montre le groupe écouter le mix des morceaux, battre la mesure, jouer de la air guitar, essayer des trucs à un doigt aux claviers, commenter le poussage de boutons sur la table de mixage … ouais, super, mais ils jouent quand ? On les voit jamais jammer, répéter. Ils sont comme Chuck Berry ou Robert Johnson, ils veulent pas révéler les secrets de leur jeu ? Ah et on les voit boire des canettes de soda, parce que jamais une bouteille d’alcool ou un paquet de clopes dans le décor. Les Phoenix en studio, c’est pas exactement les Stones à Nellcote, si vous voyez ce que je veux dire. Ils sont amish ou quoi, ces types ?
Concernant les commentaires du groupe et ceux de
Zdar, ce sont ces derniers les plus intéressants, il s’implique un peu à
décortiquer les titres et leurs enchaînements de séquences. Par contre, les Phoenix,
manifestement, ils ont pas grand-chose à dire (ou ne veulent pas dire
grand-chose) sur leur disque. Mais quelques réflexions incitent à se gratter l’occiput
d’un doigt dubitatif. Je cite. A propos de « Litzomania » (principal
single, en tout cas titre le plus connu) : « Les Beatles transposés
dans la musique classique », rien que ça (pourquoi pas mieux que « Norvegian
wood », tant qu’on y est), également « (titre) beau et élégant »
(hum …). A propos de « 1901 » (l’autre gros single) : « inspirée
par « 1999 » de Prince » (vraiment ? y’a davantage d’idées dans
le seul titre de Prince que dans tout « Wolfgang … »). Lequel « Wolfgang
… » serait une « quête mystique » (non, les gars, juste de la variét’
dansante). Plus belle pour la fin : « Countdown » est inspirée
par le Bryan Ferry de « Avalon » et de « Smoke gets in your eyes »,
sauf que cette dernière est déjà une reprise d’un traditionnel popularisé par
les Platters, faudrait réviser vos classiques, les enfants … Les commentaires
de Zdar sont moins prétentieux, il cite juste une fois Neil Young (?) et
Prince, une autre fois une partie de banjo « à la Délivrance », le
film, et un pont de (fausse ?) batterie « à la AC/DC » (en fait un
pompage de la rythmique de « Thunderstruck » sur « Girlfriend »).
Au final, si on s’en tient juste à la musique, il en
reste quoi, de ce « Wolfgang … » ? Des singles très « pensés »,
efficaces et commerciaux (« Litzomania », « 1901 »), des
titres surchargés d’arrangements synthétiques (ça passe mieux sur l’instrumental « Love
like a sunset Pt I »). Dans le lot, je sauve « Rome » (sauf la
voix de Mars, toujours trafiquée dans les aigus, c’est un gimmick qui finit par
être pénible) et sa jolie intro.
Retour à Carmine (Coppola), le grand-père de Sofia (Coppola)
et compositeur de musique de films pour Francis Ford (Coppola). Qu’est-ce qu’il
en aurait pensé du disque du mari de sa petite-fille ? Je vais pas
faire parler les morts, mais enfin, j’ai ma petite idée …
Quant à moi, ce que j’en pense, c’est vous qui avez
aussi une petite idée …
"Phoenix, c’est un beau gosse qui chante, trois moches derrière", ce qui est souvent le cas, sauf chez les Beatles, ils étaient deux à chanter et Harrison n'était pas si laid. Bon, Phoenix, à part que je savais pour Versailles et Coppola, c'est le genre de truc qui ne m'intéresse pas du tout. Mais raconté par toi, le documentaire à l'air vachement bien !
RépondreSupprimerOn peut faire mieux que trois moches et un beau gosse ... Citation de REM je crois, mais ça pourrait être de beaucoup d'autres : "on est le groupe le plus laid du monde" ...
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