LCD Soundsystem (le « groupe » et le disque) est
(comme de bien entendu ?) la chose d’un type tout seul (même si sur scène
il y a un vrai groupe qui joue), le dénommé James Murphy. Un Américain de
trente cinq ans au moment des (mé)faits qui tente désespérément depuis des
lustres de se faire un nom dans le milieu de la musique. Durant sa jeunesse
folle orientée punk hardcore, il est touché par la grâce en entendant Daft Punk
( ??? ) et en allant gober des cachets multicolores dans des raves parties
qui commencent à passer de mode. Comme il cachetonne et grouillotte dans un
studio d’enregistrement, il monte son propre label DFA et commence à sortir des
maxis. Assortis de déclarations plus ou moins stupides entendues depuis 50 ans
… c’est avec les plus grosses ficelles qu’on arrive à enfumer le plus de gens,
c’est bien connu.
James Murphy : airborne to be wild ? |
LCD Soundsystem sera donc l’avatar artistique de Murphy.
Qui déclare en 2005 la mort du rock (bonne blague, depuis des décennies des
puristes font remonter cette mort au départ d’Elvis à l’armée, la fin de
l’innocence, etc …), la mort de la techno (il y bien presque dix ans que les
survets à capuche orange sont passés de mode, et que tous les grands noms de la
chose électronique sont discographiquement aux abonnés absents), et tant qu’à
faire du rap (dont l’âge d’or était au début des 90’s, tu parles d’une
révélation en 2005 …). Ne reculant devant aucune déclaration péremptoire et ne se
sentant aucune limite, Murphy va donc inventer la nouvelle musique du XXIème
siècle. Habile plan com ou crétin persuadé de sa bonne étoile ? Le temps
et l’envie me manquent pour me pencher sur la question …
Ce « LCD Soundsystem » est son premier Cd. Coup
de bol (ou pas), j’ai l’édition avec en plus un Cd supplémentaire compilant ses
singles et maxis sortis auparavant. Soit plus d’une heure et demie de … euh,
musique. Autant être clair d’entrée, les points communs de ces 16 titres sont
l’incapacité de Murphy à composer quelque chose avec un début, un milieu et une
fin, et accessoirement à chanter plus ou moins correctement sur le résultat
obtenu. Aux oubliettes la construction d’une intro, d’un final, et des cordes
vocales aux abonnés absents (du rap atone ou des mélodies chantonnées
linéairement). Murphy a bénéficié d’entrée d’une hype assez conséquente,
peut-être justifiée par la suite (il me semble de mémoire que son second disque
« Sound of silver » est bien meilleur), mais démesurée pour cette
rondelle.
Il y a quelques titres assez bien torchés sans qu’il y
ait lieu de s’extasier outre mesure à leur sujet. L’introductif « Daft
Punk is playing at my house » ou quand ses fantasmes deviennent réalité
sonore. Rien à voir avec les Daft, mais pas mal avec les Chemical Brothers qui
auraient fait chanter un de leurs titres par David Byrne avec sa voix d’épileptique
electrochoqué. Amusant … Surnage aussi de la mélasse « Movement » aux
sons de synthés entièrement pompés sur ceux de Martin Rev dans Suicide (1978
quand même, ça ne nous rajeunit pas), avec un refrain ( ? ) braillé comme les
slogans alterno-punks des 80’s. Pourquoi pas … Le reste de la rondelle
« officielle » combine grosse artillerie électronique (des empilages
démesurés de séquences rythmiques), boucan guitaristique hardos avec grattes
hyper saturées (comme chez Prodigy ou les Chemical dix ans plus tôt, où est la
nouveauté révolutionnaire ?). On se retrouve parfois assez près des
déflagrations des débuts du PIL de Rotten mais des déflagrations linéaires,
convenues, sans l’aspect mon poing dans la gueule et je t’emmerde de
l’ex-Pistols. Sinon la plupart des titres auraient pu être écrits en dix
minutes par des Pet Shop Boys comateux (« Tribulations »), un Prince
des très mauvais jours (« Disco infiltrator »), ou un Arcade Fire en
roue libre (la grandiloquence de « Great release »). Pour un Cd
enrobé d’une pochette incitation à la danse (la boule à facettes disco du
visuel), on est assez loin du but recherché (faire danser les filles …).
LCD Soundsystem live |
Et l’autre cd avec les premiers titres s’interroge le
curieux de passage ? Bof, pas mieux, ou en tout cas pas plus mal … « Losing
my edge » fait dans l’autobiographique et constitue un bon résumé de ce
que fait le Murphy, de gros riffs de guitare sur des séquenceurs qui moulinent,
et l’autre qui nous sort la liste de tous les groupes ou artistes qui l’ont
marqué tout ça pendant dix minutes … Eh oh, t’avais qu’à faire un blog, t’étais
pas obligé de sortir un disque pour nous dire que t’étais fan de Can et de Père
Ubu … Sinon, j’ai repéré quoi, ah si, une intro disco (la boule à facettes dont
au sujet de laquelle je causais plus haut) qui se dilue très vite dans un
empilage de synthés sur " Yeah (pretentious version) " (si, si il s’appelle
comme ça le morceau) ; aussi une guitare vaguement hendrixienne sursaturée (la
marque de fabrique du big beat dix ans plus tôt, bonjour l’innovation) sur une
rythmique robotique et métronomique à la Can, ouais, bof …
Ce qui peut nous amener à une autre loi de Murphy :
quand t’as pas assez de titres valables pour remplir un double Cd, fais juste
un maxi …