Même s’il s’agit d’un premier disque, la matrice des
Insecure Men, la paire Saul Adamczewski (guitariste) et Lias Saoudi (chanteur) commence à être bien
connue de ceux qui prennent la peine de lire les notes de pochette … ben ouais,
y’a pas de notes de pochette quand on écoute Deezer ou un mp3, z’avez qu’à les
acheter les skeuds, ça peut vous rendre sinon intelligents, du moins un peu
plus cultivés, et je dis pas ça pour faire gagner de la thune aux maisons de
disques, rien à foutre …
Romans Hopcraft et Adamczewski, du boulot pour les dentistes ... |
Bon, Adamczewski et Saoudi, c’est les deux zozos plus ou
moins leaders des very surestimés Fat White Family, mais aussi ceux que l’on
retrouve sur le projet (sans lendemain ?) Moonlandingz, rondelle sortie
l’année dernière et dont je dis le plus grand bien quelque part sur ce blog,
z’avez qu’à chercher, j’ai la flemme de foutre un lien … Même si pour les
Insecure Men dont il est question ici, la paire décisive c’est Adamczewski
(‘tain, il pouvait pas s’appeler Page ou Beck ou Young, comme tout le monde …)
et un pote à lui Ben Romans Hopcraft, entourés de toute une raya de dépenaillés
électriques (treize !! d’après les notes, encore elles, de pochette) parmi
lesquels figure Sean Lennon (oui, le fils de son père) qui produit la rondelle.
Et ça ressemble à quoi, le bruit que font les Insecure
Men ? Pas facile à décrire, y’a plein de choses a priori hétéroclites et
disparates qui agissent sur le cerveau telles les proverbiales madeleines du
Marcel en ce qui concerne l’habillage sonore. Point commun à tous les titres,
ils sont écrits et produits à l’ancienne, avec une intro, une mélodie, des
couplets, un refrain qui arrive pile poil quand on l’attend, des breaks
bienvenus et malins, toute cette sorte de chose qui sont autant d’énigmes
insolubles pour … plein de gens qui sortent des disques aujourd’hui.
La dominante c’est une ambiance cool, peinarde (pour la
musique, les textes semblant un peu plus, heu … clivants, comme souvent chez
cette bande d’énergumènes, mais qui cependant semblent sur ce coup-ci avoir mis
quand même pas mal de flotte dans leur piquette nationaliste rance un peu trop
voyante chez la Fat White Family). Les rares embardées électriques, comme
« Mekong glitter » (effectivement glitter avec ses riffs martiaux qui
soulignent la mélodie pop, et sa trame rythmique siamoise de celle de « We
will rock you » de Queen), sautent immédiatement à l’oreille. Alors qu’à
l’opposé le talking blues sur fond de piano bar jazzy de « Ulster »
donne envie de piquer un petit roupillon tellement ce genre de machins
soporifiques a été commis des milliards de fois par des types plus doués (le
Tom Waits des débuts s’il ne fallait en citer qu’un), alors qu’il suffit de pas
grand-chose dans un registre très similaire pour que ça fonctionne (« Cliff
has left the building »).
Insecure Men live (et pas Jamiroquai) |
C’est quand ils s’adonnent à une pop à synthés voyants
sans être vulgaires (exercice délicat) que les Insecure Men sont les meilleurs.
Ça tombe bien, c’est l’essentiel du disque, et dans un genre pourtant plutôt
rebattu depuis plus de trente piges, ils réussissent à capter l’attention. Que ce
soit dans la langueur de l’inaugurale
ballade « Subaru nights », dans la terminale « Whitney Houston
& I » (hommage tellement narquois qu’on ne sait plus si c’est de l’art
ou du cochon) qui donne envie de se servir une autre bière juste pour le
plaisir de chialer dedans, le groupe évolue dans un genre qu’il maîtrise à la
perfection. On pense à l’esprit des Stranglers de « Feline » assez
souvent, parfois à celui des Cars (« Teenage toy ») tant les ficelles
sont grosses (mais bien utilisées d’une façon quasi chirurgicale), les chœurs féminins
(en plus d’être treize, il y a sur quelques titres une chorale féminine) et le
sax de « All women love me » renvoient à Roxy Music ou au Bryan Ferry
en solo des 80’s (ce qui on en conviendra est blanc bonnet et bonnet blanc). Même
si le rythme s’énerve (« I don’t wanna dance ») avec un chant
maniéré, la merveille de la mélodie et les arrangements subtils font passer la
sauce, les cuivres sont parfois de sortie (« The saddest men … ») et
alors on dirait un inédit du 3ème Velvet en version rythmn’n’blues.
Même s’il y a des fois où ça coince (« Heathrow »
fait penser aux pénibles titres du Clash tartinés par Mick Jones sur « Sandinista ! »),
les Insecure Men ont sorti un disque qui s’il ne révolutionnera certes pas le
binaire électrique, est plutôt plus réussi que la plupart des rondelles
contemporaines. A preuve le titre bonus rajouté sur la version Cd (« Buried
in the bleak ») qui ne fait pas comme c’est bien trop souvent le cas remplissage
miséreux ou blague en roue libre qu’on rajoute parce qu’il reste de la place sur la rondelle argentée …
A noter que les Insecure Men sont signés par le label Fat
Possum, que l’on connaissait plus comme maison de retraite de bluesmen de
seconde zone que comme repaire de revivalistes 80’s…
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