Euh, pas vraiment … Et plus le temps passe, plus le
temps passe, quoi, si vous voyez ce que je veux dire. Aujourd’hui, ce
« St. Elsewhere », on le trouve à 1 centime (moins les frais de port)
d’occase n’importe où sur le web. La loi de l’offre et de la demande, vous me
direz. Certes, mais y’a pas trop de demandeurs dans ce cas. Ou il y en a à
vendre à la pelle de ce « Rue Quelque Part » …
CeeLo green & Danger Mouse : Gnarls Barkley au complet (veston) |
Pourtant Gnarls Barkley, au milieu des années 2000,
c’était le truc dans l’air du temps. La réunion conjonction de deux types dont
on voyait le nom partout, les dénommés Thomas DeCarlo Callaway et Brian Joseph
Burton. Comme leurs vrais blazes étaient pas très sexy, ils avaient eu la bonne
( ? ) idée de se rebaptiser CeeLo Green et Danger Mouse (ce qui était pas
forcément mieux). Les deux officiant avec succès, le premier dans un rap soul
et cuivré, l’autre dans la production de trucs furieusement tendance, chacun
récoltant de son côté de gros paquets de billets verts.
Gnarls Barkley, personne a jamais pris ça au
sérieux, et certainement pas les deux principaux intéressés. Plutôt un truc du
genre, quand on a bossé toute la journée dans un studio d’enregistrement, si on
y revenait juste pour s’amuser ? Aussitôt dit, aussitôt fait. « St.
Elsewhere » sent la récréation, on trouve une mélodie, un gimmick,
quelques samples, Danger Mouse cale tout ça sur ses ordis, et le CeeLo Green
chante ou rappe là-dessus. On se prend pas trop le chou, à quoi ça sert, on est
connus et malins, il se trouvera toujours quelques couillons pour acheter notre
rondelle.
Au bal masqué oh hé oh hé ... |
Coup de bol, les deux compères ont sorti une tuerie,
un single hyper malin, frais et bien foutu, qui a rythmé 2006 et 2007, ça
s’appelle « Crazy », c’est bête comme chou, avec un sample d’une B.O.
de western italien pour attirer l’oreille, et ça a fonctionné. Heureusement,
parce que le reste, c’est soupe à la grimace. On sent les deux types qui
avaient écrit sur un tableau tous les genres musicaux auxquels ils avaient d’accommoder
leur electro rap de base et qui à mesure piochaient dans la liste. Tiens et si
on mettait du gospel (« Go-go gadget gospel »), du rock garage
(« Gone daddy gone »), un zeste de boogie (« The boogie
monster »), de la soul lascive (« Online »), une mélodie pop
(« Smiley faces »), … Dans tout ce bazar, qui fait penser dans
l’esprit et le résultat à Moby (voir le « Natural blues » du chauve
vegan qui n’avait rien de naturel ni de blues), ne surnagent, outre
« Crazy », que deux morceaux qui dépassent tout le reste de la tête
et des épaules, « Just a thought », et « Who cares » bonnes
chansons aux arrangements originaux.
A noter qu’un titre s’appelle
« Transformer » et n’a rien à voir avec Lou Reed, un autre « The
last time » sans rapport avec les Stones. Ah, et pour être exhaustif et
descriptif, rendons grâce à CeeLo Green et Danger Mouse de ne pas s’être
éternisés et vautrés dans un double Cd indécent. « St. Elsewhere »
aligne quatorze titres en moins de quarante minutes, comme quoi, quitte à faire
des plaisanteries plus ou moins douteuses, autant les faire courtes.
Les deux compères ont tenté une suite deux ans plus
tard qui n’a intéressé personne, le Green est revenu à son fonds de commerce rap
habituel, le Danger Mouse a continué de coller son nom sur tout un tas de disques,
devenant ces derniers temps l’officieux troisième Black Keys …