Last American band …
Parce que le combat cessera faute de combattants … A
l’attention de ceux qui avaient pris l’option « musiques du monde »
ou « musiques électroniques » ou toute autre forme de soupe sonore,
rappel des faits …
Wilco |
Il existe des gens, dans un autre continent, qui
depuis des décennies, enregistrent des disques en puisant leurs sources dans
des genres aussi désuets mais vivaces que la country, le blues, le rock’n’roll,
leurs croisements et dérivés. Un jour, dans les 80’s, un type a eu l’idée
d’appeler ça « americana ». Particularité du machin : depuis les
inventeurs du genre, en gros Dylan et le Band, les noms en haut de l’affiche ont
été ceux de types accompagnés par un groupe. On citera donc en se signant et en
levant les yeux au ciel (euh, non, pas à ce point ...) Neil
Young & Crazy Horse, Bob Seger & The Silver Bullet Band, Bruce
Springsteen & The E. Street Band, Tom Petty & The Heartbreakers,
Christine & The Queens ...
Ils en sont où aujourd’hui, tous ces gens ? Les
leaders sont morts ou peu s’en manque, et dans leurs orchestres, ça a aussi
rempli les cimetières. Et les grabataires survivants, ils s’appuient sur leur
légende et un certain savoir-faire (comme auraient dit les Mink DeVille qui ont
leur place dans la liste du dessus) pour remplir quelques arenas et sortir tous
les trois ans des rondelles plus ou moins écoutables (le Boss version
symphonique, qui a envie d’écouter ça quand t’as passé des heures et des heures
à essayer de comprendre de quoi parlaient les chansons de
« Nebraska », non mais franchement, …). Ne reste donc que Wilco.
Ouais, je sais, c’est pas compliqué, la plupart des types de Wilco étaient tout
juste nés quand les autres sortaient leurs premiers disques.
Jeff Tweedy |
Même s’ils ont depuis longtemps une approche parfois
étrange du genre, liée à la personnalité de celui sans qui Wilco ne serait pas,
le sieur Jeff Tweedy. D’une nature oscillant entre neurasthénie et dépression, grand
amateur de bouteilles et de poudres blanches, son comportement parfois
erratique (c’est lui qui compose, « suggère » la production, les
autres dans le groupe étant libres (?) d’apporter leur touche personnelle aux
titres) a même fait fleurir un temps par quelques déficients auditifs un
parallèle avec Radiohead (bâillements …). Tweedy a pourtant des cadors
(certains vont et viennent, parfois ne reviennent pas, leur nombre varie)
derrière lui, et a (trop ?) souvent tendance à les sous-utiliser. Et c’est
pas cette rondelle qui va faire changer d’avis les tenants de cette théorie …
Au bout de quelques secondes de « Ode to Joy »
(hymne à la joie, tu parles, le titre est à prendre au moins au millième degré)
y’a un truc qui saute aux oreilles : le son de batterie. Très (mais
vraiment très) en avant, mais très mat, comme si on l’avait enregistrée en
plaçant le micro dans une baignoire. L’exact contraire-négatif d’un autre fameux
son de batterie, celui du « Born in the USA » de … (que ceux qui
savent pas retournent écouter Magic System).
J’aime bien Wilco, et j’avoue que j’ai été très décontenancé
à la première écoute. Il émane des premiers titres un minimalisme plombant au
niveau sonore (cette batterie étrange et métronomique, quasi robotique, qui
écrase tout, juste quelques sons d’autres instruments derrière) que vient
renforcer le chant monocorde de Tweedy très loureedien. « Ode to Joy »
est construit suivant un crescendo ou une progression. Petit à petit les titres
bénéficient de mélodies plus chaloupées, Tweedy chantonne voire chante
carrément, les arrangements de claviers et synthés accrochent l’oreille, les
guitares commencent à rugir. Un disque qui commence dépressif total et qui
finit par être sinon jovial, du moins juste (mo)rose. Avant de se terminer très
dépouillé et down tempo, contrepoint-miroir du début, à l’image d’une boucle
infinie.
Après quelques écoutes, il apparaît que « Ode
to Joy » est un tout (on touche surtout pas au bouton « random »
pendant la lecture), et est à prendre ou à rejeter en bloc. Je suis preneur.
Parce que Tweedy est un type qui sait composer (y’a de la mélodie, certes pas
aguicheuse, mais bien présente), sait écrire des textes (ça semble plus
sophistiqué que, au hasard, Bob Seger). Et puis derrière, les Wilco sont tous
capables avec trois bouts de ficelle et un espace d’intervention souvent réduit
au minimum, de faire des merveilles instrumentales …
Pièces choisies : les inauguraux « Bright
leaves » et « Before us », mélodies à faire pleurer feu Tom
Petty, ambiance pluvieuse et mortifère, « Everyone hides » première
éclaircie avec guitare rageuse, « We were lucky » (rien à voir avec
Pharell Williams, mais beaucoup avec le Neil Young moissonneur, et des arrangements
comme plus personne n’en ose depuis quarante ans), « Love is everywhere »
(comme du Dylan des 70’s en état de grâce, ce qui lui est arrivé quelquefois),
ou « Hold me anyway » que l’on peut qualifier d’exubérant dans le contexte
…
Néanmoins, il me surprendrait fort que Tweedy batte
les records de « Thriller » avec cette rondelle … Pour public averti …
Des mêmes sur ce blog :
The Whole
Love
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