« Independence
Day » est un des plus gros cartons commerciaux des années 90. Logiquement,
serait-on tenté de dire, tant le film accumule toutes les grosses ficelles (et
aussi un budget conséquent) qui font se précipiter les cochons de payants dans
les salles obscures. Un réalisateur ne lésinant pas sur les effets spéciaux,
Roland Emmerich (« Universal soldier », « Stargate »), une
trame de film catastrophe, des histoires d’amour à deux balles qui foutent la
larme à l’œil, des scènes comiques, des explosions de partout à la pointe de la
technologie, des aliens bien méchants, des héros charismatiques, des clins
d’œil à d’autres films à succès, n’en jetez plus …
Bill Pullman il va sauver le Monde ... |
Forcément, à
force de vouloir faire trop bien, on en fait juste trop. « Independence
Day » donne l’impression de quelques scènes fortes enchaînées. Et entre
des pulvérisations de maquettes vraiment spectaculaires (même plus de vingt ans
après), on a dû rajouter une histoire. Inutile donc de préciser que le scénario
ne brille pas spécialement par sa finesse. Ni par sa crédibilité, bien qu’on
évolue dans l’univers sciencefictionnesque. Imaginez, le Monde, que dis-je le
Monde, l’Humanité entière (enfin, ce qu’il en reste à ce moment du film) est
sauvée grâce à une opération d’aviation avec en chef d’escadrille le Président
des Etats-Unis himself. Ça en a fait tiquer quelques-uns, bien avant qu’un
corniaud à perruque orange ne profère ses « Make America great
again » …
Et quelques
autres aussi pour d’autres raisons. Parce qu’il y a des fois où le Emmerich (et
ses scénaristes) se sont pas trop foulés. Entre extraits de films cultes
vintage (« Le jour où la Terre s’arrêta ») du génial touche-à-tout
Robert Wise, décalques de scènes de « Rencontres du 3ème
type » (la séquence de « communication » des hélicos de « bienvenue »)
ou de « La planète des Singes » (la Statue de la Liberté couchée sur
le sable), répliques piquées à des films cultes (le « Nobody’s
perfect » qui concluait « Certains l’aiment chaud » lors de la
prière dans la Zone 51), plans de vaisseaux spatiaux en mouvement déjà vus chez
Kubrick ou Ridley Scott, …, on peut pas vraiment dire qu’on nage dans l’inédit
total…
La fin de la Maison Blanche ... |
La plupart
des acteurs têtes d’affiche cabotinent à qui mieux-mieux. Notamment Will Smith (ancien ?
rappeur reconverti ici en pilote d’avion de chasse et de navette
extraterrestre) et Jeff Goldblum (petit employé dans la maintenance de signaux
satellite se transformant en Géo Trouvetou qui implémente un virus dans le
vaisseau-mère des aliens).
Le film est
quasiment un scénario cornélien. Tout se passe en trois journées, du 2 au 4 Juillet,
le 4 Juillet étant est-il bon de le rappeler aux fans de Christian Clavier, le
jour de la Fête Nationale (Independence Day) des Etats-Unis. Paradoxalement, ce
film à la gloire du pays de Lady Gaga, a rencontré tout un tas de problèmes
avec l’Etat Fédéral. Qui surtout n’a pas apprécié que toute une partie de l’histoire
se déroule dans la fameuse Zone 51. La Zone 51 (ho, le fan de Clavier, branche
tes neurones, c’est pour toi) est un peu la tarte à la crème de tous les
tenants de la théorie du Complot et serait l’endroit gardé secret où sont
étudiés les extraterrestres (celui de Roswell notamment), leurs vaisseaux et
leurs technologies, venus s’échouer ou se crasher sur le sol yankee … les mêmes
« autorités » n’ayant paraît-il également que peu apprécié que le
Président des USA (Bill Pullman dans le film) prenne à moment donné la décision
d’utiliser l’arme nucléaire sur le sol de son propre pays (eh, les mecs, si
vous avez filé le code à Trump, attendez-vous à tout …). Résultat des courses :
interdiction à l’équipe de filmer dans la Maison-Blanche et même de s’en
approcher. Des maquettes et les décors du film « Nixon » ont permis
de contourner cela.
Bon, ce qui a
fait surtout se précipiter l’humanité dans les salles, c’est un ton léger,
badin, humoristique malgré les millions (milliards ?) de morts du scénario
(le film est classé tout publics). Force est de reconnaître qu’il y a quelques
bonnes vannes habilement amenées (certaines au millième degré, tel le savant fou
responsable de la Zone 51, maquillé pour ressembler trait pour trait au
responsable des effets spéciaux de « Stargate », le précédent film d’Emmerich)
quelques mimiques drolatiques du casting (mentions particulières au vétéran
Robert Loggia, en chef d’Etat-major qui se livre à une imitation convaincante
de tous les tics de John Wayne ; à Randy Quaid, pilote vétéran du Vietnam
bourré durant tout le film).
Will Smith & Jeff Goldblum : l'étoffe des héros |
Mais surtout,
ce qui a fait le succès de « Indepedence Day », ce sont les effets
spéciaux pyrotechniques. Parenthèse : ne surtout pas écouter dans les
bonus du Blu-Ray les technicos qui commentent le film en ne parlant, des fois
avec vingt minutes d’avance, que de la façon dont ils s’y sont pris pour
réaliser leurs trucages. Après 45 minutes de présentation des personnages et de
mise en place anxiogène des gigantesques vaisseaux spatiaux, arrivent des
séquences de destruction massive et totale des villes américaines (New York,
Los Angeles, Washington) quasiment toutes « faites main ». De la même
façon, les multiples séquences de combats aériens entre les chasseurs F18
ricains et les soucoupes violentes des aliens ont été réalisés sans le concours
de l’armée et de l’aviation (voir plus haut) avec en tout et pour tout trois
maquettes en bois grandeur nature …
Allez,
rassurez-vous, tout est bien qui finit bien, tout le casting ou à peu près s’en
tire, et s’il y en a quelques-uns qui crèvent (la femme du Président, Randy
Quaid), c’est de façon hyper-héroïque. Comme je l’ai dit quelque part plus
haut, « Independence Day » est un film tout public. Avec les qualités
et les défauts d’un film tout public …