Comme l’autre, le Jaaames … et comme lui quelques
fois, elle a enregistré à ce disque Atlanta, Géorgie … Et … c’est tout, les
similitudes avec le Godfather s’arrêtent là …
Mais par contre, si vous voulez secouer la boîte à
souvenirs, elle se pose un peu là, la Mattiel, puisque c’est son prénom qu’elle
a choisi comme nom de scène. Apparemment, c’est sa première rondelle, y’a pas
de livret et des infos aussi rares que les vols d’autruches au Groenland dans
le digipack. Juste une page Facebook entretenue par quelque geek qui poste des
trucs sans intérêt tous les quarts d’heure. Seule issue possible : tu mets
le freesbee dans le tiroir, t’appuies sur « Play » et tu te démerdes
…
Et au bout d’à peine plus une demi-heure, tu restes
un peu tourneboulé par ce que tu viens d’entendre. Douze titres et rien à jeter
… les grincheux diront que le dernier titre (« Ready to think »),
avec sa voix parlée et ses synthés trop en avant n’est pas génial. OK, je vous
l’accorde, mais on en connaît beaucoup qui s’en contenteraient et bomberaient
le torse s’ils étaient capables de foutre un morceau de ce calibre sur leurs
rondelles.
Parce que les autres … on voit pas très bien parmi
les jeunes « génies » (rires) de la pop-rock-machin-truc, ni
d’ailleurs parmi les plus anciens qui peut espérer ce niveau.
D’abord, Mattiel, c’est une présence vocale mixée
très en avant qui transperce les enceintes. Une shouteuse blanche, toujours à
fond, ou alors encore plus à fond. Dont la façon d’interpréter renvoie assez
fréquemment à Aretha Franklin. Et puis quand elle gueule pas, on pense irrémédiablement
à la rétamée Amy Winehouse, ces feulements soul tout en retenue, en présence,
au feeling … Impressionnant…
Et c’est pas que de la technique vocale, Mattiel.
Y’a de la chanson, derrière tout çà. De la chanson sixties évidemment, la
décennie où l’on a écrite les
meilleures. Mais contrairement à tous ces djeunes qui se focalisent sur une période
et un genre précis (des groupes de heavy psych, il s’en monte trois cent
douzaines par jour, et sortis de leurs gros effets fuzz, que dalle …), la Mattiel
survole toute la décennie, touchant à tout avec un égal bonheur.
Vous voulez de la Tamla Motown genre « Please
Mr Postman » des Marvelettes ? Ecoutez « Baby Brother » et
vous m’en direz des nouvelles, y’a tout, la rythmique chaloupée, les chœurs,
les cuivres … Vous vous souvenez du « San Francisco » de Scott
McKenzie (ou de Jojo H.), alors « Cass Tech » est pour vous. Vous
vous souvenez des blues tribaux aux riffs sales des White Stripes avant qu’ils
virent mariachi (oui, je sais, ils enregistraient pas dans les 60’s mais les
recopiaient eux aussi intelligemment), « Send dit on over » ou
« Fives and tens » sont ce qu’il vous faut. Vous aimez le style Otis
Redding (le plein d’octaves et de décibels sous le capot, mais toujours en
retenue classieuse), jetez les deux oreilles sur « Just a name ».
Non contente de sonner comme les légendes, la
Mattiel se paye aussi le luxe de ridiculiser en un seul titre ceux et celles
qui avant elle s’étaient adonnés au même genre d’exercice. Le premier titre,
« Whites on their eyes », c’est de la PJ Harvey des deux premiers
disques, quand elle enregistrait et chantait toutes tripes en avant … quand le
tempo s’accélère façon dragster, genre punk mélodique d’il y a trente ans,
c’est le fantôme des disparus Supergrass qui s’agite (« Bye bye »).
Cette Mattiel, même si sa voix est beaucoup plus aigue, c’et la Winehouse de
cette fin de décennie (« Not today », « Count your
blessings »). Et on reste bouche bée à l’écoute de « Salty
words », dans le Top Ten des meilleures chansons sixties sorties trop tard
…
Disque de l’année … au moins …