EMERSON, LAKE & PALMER - TARKUS (1971)

(H)ELP !
Il paraît, c’est écrit par un gazier en extase dans le livret de la réédition, que ce machin est le disque fondateur du rock progressif, grâce (à cause ?) de son morceau-titre de plus de vingt minutes. Qu’est-ce que vous voulez dire après ça ? Un poubelle direct et on passe au suivant …
Les coupables
Ben non, quand même pas, tant qu’à y être, faut se moquer un peu de ces trois pantins. Qui avaient pas si mal commencé que ça dans la vie. Keith Emerson s’était fait remarquer en jouant de l’orgue Hammond avec des couteaux (si, si) chez les Nice, groupe d’accros au LSD pas loin de la première division du Swingin’ London psychédélique. Greg Lake, c’était le bassiste-chanteur du fabuleux « In the court … » de King Crimson (il était aussi guitariste, mais bon , Robert Fripp n’était pas exactement un partageux). Carl Palmer avait fait ses armes chez le braillard Arthur Brown et son Band, et chez les néo-progueux d’Atomic Rooster. Sous la houlette d’Emerson, les trois vont se réunir genre super-groupe (la tarte à la crème obligatoire des musiciens « techniques » de l’époque), décréter que le rock c’est so ringard et faire autre chose.
Résultat des courses, une litanie de pensums prétentieux dans les seventies (et comme ils sont tous vivants, la menace de la reformation est bien réelle, même s’ils ont pas donné de nouvelles depuis vingt ans), qui fera de ces trois benêts des poids lourds (dans tous les sens du terme) du rock progressif. Certains amateurs ( ? ) du genre prétendent même que ELP, c’est encore plus alambiqué que Yes. Assertion que je réfute totalement, y’a rien de pire que Yes.
Bon, alors ce « Tarkus » ? Déjà, ça commence avec le sus-cité morceau-titre et ses sept « mouvements » (tu parles de mouvement, t’as plutôt envie de piquer un roupillon au milieu de cet enchevêtrement de jazz et classique pompiers entrelardé de rengaines molles). Une face du 33T original. La seconde face, le préposé aux notes de réédition, il en parle tout juste, tout tourneboulé ce mal entendant par l’encombrante suite. Je vais en causer, non pas qu’elle soit captivante, mais parce qu’elle est quand même bien moins moche.
Il est pas beau, le livret intérieur ?
Ça commence plutôt bien (« Jeremy Bender »), sur une base de piano honky tonk (avant de faire son petit Mozart, Emerson avait passé 215 ans au conservatoire, il faut reconnaître qu’il est assez doué dès qu’il y a un engin avec des touches blanches et noires qui lui passe entre les pattes). Las, l’embellie ne dure pas, le titre suivant (« Bitches crystal » ??), sous ses atours jazzy méthode Marcel Zanini, on dirait les embarrassants débuts de Sting en solo, quand il était entouré des requins de studio genre Hakim ou Marsalis. Les deux titres suivants, sortez costards queue-de-pie et hauts-de-forme, Emerson nous emmène salle Pleyel pour une extrapolation risible à partir de machins de Bach. Les fans du lourdaud Jon Lord, période solos live sur « Lazy » ou « Space truckin » ne seront pas dépaysés avec « A time and a place », ça sonne exactement comme du Deep Purple qui jouerait sans Blackmore et Gillan, mais on partait de tellement bas, que dans ce skeud ça relève (un peu) le niveau. Le plus inattendu, c’est le dernier titre. Un rock’n’roll (oui, oui, surprenant, isn’t it ?) à la Jerry Lee Lewis. Destiné à l’ingé-son du disque, Eddie Offord, coupable par la suite d’être le producteur des « albums historiques » (on ne rit pas, suffit de les écouter ces skeuds, c’est vraiment pas drôle) de Yes.

Signalons pour les malentendants qui seraient tentés que « Tarkus » (pourquoi « Tarkus », c’est quoi un « Tarkus », hein, bon remarque on s’en cogne) a été remastérisé en 2007. Sans bonus. Donc pour les remix techno et les versions dub il faudra encore patienter.