Et évidemment, Universal l’ont pas rééditée depuis
sa parution en 1999. Ils préfèrent sortir des machins re-remastérisés qui
sonnent comme Metallica plutôt que de remettre celle-ci sur le marché …
Parce que Buddy Holly, qui en tout et pour tout,
n’aura enregistré que pendant un an et demi, il n’y a pas de quoi remplir des
coffrets de quinze Cds. Même si pendant ce court laps de temps, il a laissé un
certain nombre de pépites inusables.
Buddy Holly |
Toutes sont présentes ici, que ce soit sous son nom,
ou au sein des Crickets … pas dans un ordre chronologique, ce qui au vu de la
brièveté de la carrière, n’a cependant pas grande importance.
Buddy Holly, pour faire simple, on va dire qu’on
s’en fout un peu aujourd’hui, qu’il fait partie de cette longue litanie
d’anciennes gloires quelque peu oubliées. Et pourtant, il connut un succès
phénoménal, bien aidé par Elvis parti se faire lobotomiser à l’armée, devint
l’idole d’une jeunesse (blanche) américaine, et de pas mal de leurs parents…
Tout en faisant du rock’n’roll ce qu’il y a de plus
irréprochable, mais en ayant soin de rechercher une profondeur mélodique restée
à cette époque-là sans équivalent. Qui d’autre peut se prévaloir de
(ré)concilier fans des Beatles (Lennon était son plus grand admirateur et
baptisa ainsi son groupe à cause des Crickets) et des Stones (« Not fade
away » était la face A de leur 1er 45T américain) ?
Il faut toujours avoir à portée d’oreille des
merveilles d’insouciance pop comme « That’ll be the day »,
« Peggy Sue », « Rave on », « Look at me »,
« Everyday », « Wishing » (plus Beatles que ces deux-là, on
peut pas), « It’s so easy » et « Maybe baby » (la
quintessence du style Buddy Holly), l’incroyable « Fools paradise ».
S’il faut être roots, Buddy Holly sait piocher dans le catalogue des classiques
(« Blue suede shoes », « Shake, rattle & roll »), faire
du rockabilly (« I’m gonna love you too »), du Diddley beat
(« la reprise de « Bo Diddley », « Not fade away »).
Il peut parfois, même s’il est beaucoup plus limité vocalement, donner dans le
pathos romantique orbisonien (« Raining in my heart », « Valley
of tears »)…
Buddy Holly & The Crickets |
Comme Elvis, Buddy Holly a eu son Colonel Parker. Et
son mentor, Norman Pettty, n’était pas un vulgaire escroc hollandais, mais un
musicien, arrangeur et producteur, et co-auteur de la plupart des titres de son
protégé. La mort dans un crash d’avion de Holly fut vécue comme un traumatisme
par toute une génération de jeunes américains (voir la chanson, gros succès en
son temps de Don McLean « American
pie » où la funeste date du 3 Février 1959 devient « the day
the music died ») …
C’est bien connu, l’Histoire ne repasse jamais les
plats, surtout quand la mort est au bout du chemin… mais Buddy Holly, s’il
avait vécu, avait tous les atouts pour être au moins aussi grand qu’Elvis …