THE STROKES - IS THIS IT (2001)

Golden boys ...

Les Strokes, dès qu’on a commencé à en parler, ça sentait le coup fourré. Des fils de bonne, voire de très bonnes familles new-yorkaises, les études dans les collèges privés suisses, les gueules d’anges, une jolie minette à chaque bras, une signature illico sur une major. Verdict a priori: boys band …
Les Strokes, dès qu’on a commencé à écouter, ça sentait bon le rock’n’roll. Et putain que ça tombait bien, en ce début des années 2000, d’avoir autre chose à se mettre dans les oreilles que les purges des joueurs de disquettes qui savaient plus quel sous-genre inventer pour se rendre pénibles.
Les Strokes, eux, ils ont rien inventé. Enfin, si, juste un son. Facilement identifiable. Une rythmique rapide et sautillante, des guitares ligne claire, un chanteur à la voix nonchalante et filtrée. Parce que les titres, ils lorgnaient tous vers des choses antiques et parfaitement identifiées. En gros, de la power-pop américaine fin 70’s – début 80’s. Avec tout un tas de recettes déjà entendues chez Blondie, avec qui selon moi les similitudes sont évidentes, mais on peut aussi déceler des choses repérées chez Devo, les B 52’s, ou les oubliés Feelies et Dwight Twilley Band.
The Strokes live 2001
Et ce premier disque, enrobé dans un visuel évoquant (gentiment, leurs gouvernantes leur ont appris les bonnes manières) cuir SM, bondage et érotisme soft, plus de dix ans après, il tient encore la route. Certes l’effet de « nouveauté » lors de sa parution, contre lequel on ne peut rien (le jackpot rock’n’roll est tombé sur eux), mais surtout ce « Is this it » contient leurs meilleures chansons. Trois hits imparables. « Hard to explain », sympa, un peu centriste quand même. « Someday » le plus représentatif de leur son particulier. « Last nite », superbe, avec sa rythmique venant en droite ligne de la Tamla Motown. Et puis le meilleur titre du disque, l’énorme bijou pop « New York City cops ». qui s’est retrouvé blacklisté après le 11 septembre, lors de cette ahurissante chasse aux sorcières et aux symboles de l’après Twin Towers (un titre qui a fait partie de la même charrette de condamnés que le « Aeroplane » des RHCP, et l’intégrale de Anthrax, et des milliers d’autres morceaux ou artistes sans autre forme de procès, réaction quand tu nous tiens …).
Les Strokes, qui n’en demandaient peut-être pas autant, se sont vus promus leaders d’un revival de rock à guitares, alors que moi je les verrai plutôt en chef de file d’une pop énervée en Converse. Conjointement à ce « This is it », les White Stripes allaient sortir « White blood cells » (eux, c’était leur troisième disque), et en Angletrerre les Libertines de Pete Doherty et Carl Bârat allaient se prendre pour les Clash. Il n’en faudra pas plus pour que tous les fainéants théoriciens du rock parlent du « retour du rock » et d’une vague de groupe en « The », alors que ces trois groupes ne s’apprécient guère, et surtout n’ont à peu près rien en commun …