La grosse tête ?
Ce doit être sympa d’être Julien Maisonblanches. Un
papa fondateur de l’agence Elite, du fric plein les poches, un physique à lever
toutes les top models de l’agence paternelle, le chanteur d’un groupe à la
mode, c’est pas vraiment la biographie d’un bluesman du Delta.
Alors forcément, à lui moins qu’un autre, on va rien
pardonner. Faut dire qu’il traîne pas mal de casseroles depuis qu’il s’est fait
un prénom. Un caractère de cochon, et une fâcheuse tendance à vouloir que tout
tourne autour de sa personne qu’il croit auguste. Alors là, en cette fin des
années 2000, il sort un disque solo. Au mauvais moment, parce que tout le monde
en attend un des Strokes, et sous le prétexte vaseux que ses acolytes en ont
aussi sorti. Comme un enfant gâté qui n’en fait qu’a sa tête …
Ce disque est globalement assez vilain, pue l’argent
facile gâché en studio et l’auto complaisance. Il donne l’illusion sur le
premier titre, « Out of the blue », parce qu’on y retrouve des
ingrédients connus, la voix nonchalante, la rythmique sautillante strokienne. Mais
déjà, il y a tous ces synthés qui sonnent faux, qui font toc. Et toutes ces
choses (les chœurs brumeux, les mélopées tristes) qui semblent des
copier-coller venues de chez REM. « Out of the blue » donne la
direction du disque, pratiquement tout est fait avec des machines, en empilant
des couches de synthés datés, renvoyant plus que de raison à des choses
anodines des funestes années 80 (le single « 11th dimension », c’est
le retour des fantomatiques Visage, Human League et Spandau Ballet, et c’est
juste ridicule, refaire ça vingt cinq ans après, où est l’intérêt ?),
piquant sans vergogne les bonnes idées du Beck (le scientologue, pas Jeff) des
débuts qui mélangeait country et electro (« Ludlow St »), plagiant
quasiment des vieux tubes sixties certifiés (« Stand by me » et
« Time is on my side » dans « 4 chords of the
Apocalypse »), …
Si l’on ajoute à cette litanie oubliable, une
ballade sans intérêt (« Glass »), et une autre tout juste à peu près
avenante (« Tourist », rien que le titre très radioheadien, fait penser
à du Thom Yorke enjoué, certes, mais du fuckin’ pénible Thom Yorke quand même),
et quand on aura précisé que ce « Phrazes … » ne contient que huit
titres, le compte des morceaux acceptables sera vite fait.
« Out of the blue » donc, plus « Left
to right », jolie mélodie même si on n’y sent pas vraiment un Casablancas
concerné. Meilleur du lot d’assez loin pour moi, « River of
brakelights », le plus ouvertement electro du lot avec chanteur pour une
fois « dedans », impliqué, morceau réminiscent de ce que faisait le
King Crimson « reformé » des années 80.
L’on sait depuis que ce disque et l’attitude
dilettante de Casablancas ont hypothéqué forcément longtemps la parution du
quatrième Cd des Strokes, et la survie même du groupe qui l’a révélé.
Tout ces caprices de gosse (de) riche pour çà ?
No way …