Le coin des grabataires ?
Suffit de voir leurs bobines aux Grandaddy, improbable
mix entre bûcherons canadiens, truckers américains et ZZ Top pour savoir que
l’on n’a pas affaire à un phénomène de mode. Des types bedonnants et hors
d’âge, de grand dadais (trop facile, celle-là) à la ZZTopesque pilosité, issus
de Modesto, Californie.
Grand Manitou du groupe, Jason Lytle … qui a tout d’un
grand, auteur unique de tous les titres de ce « Sumday ». Qui est un
disque américain atypique, puisque c’est un des meilleurs disques anglais de la
décennie. Lytle et ses potes sont fans de pop anglaise, et ça s’entend au
détour de chaque chanson. Un fan qui en plus sait écrire des trucs imparables,
d’une évidence sidérante. Un des grands songwriters américains, à ranger aux
côtés de son contemporain Elliott Smith, rayon surdoués mélodiques. Sauf que là
où l’auto-poignardé faisait plutôt dans l’enrobage austère, les Grandaddy
poussent leurs titres dans une exubérance de sons, d’arrangements, d’harmonies
vocales, retrouvant les alchimiques formules qui faisaient fonctionner les
chansons dans les lointaines sixties.
Mais Grandaddy ne sont pas que des revivalistes béats,
obnubilés par les instruments en bois et les amplis à lampes. Ils montrent
qu’ils s’y entendent à faire tourner toutes les bécanes électroniques dans des
studios modernes. Les machines sont là et bien là, omniprésentes, mais
reléguées au second plan pour offrir un écrin aux chansons.
On pense quelque fois, et même plus que de raison aux
Beatles, « I’m on standby » semble un inédit de « Let it
be » (l’album), « Saddest vacant … » va encore plus loins dans
le côté « Let it be » (le titre) avec son intro au piano, même si
c’est pas le meilleur titre de ce « Sumday ». Pour en terminer avec
le syndrome Fab Four, il convient de citer le fantastique « Stray dog
… », qui utilise les mêmes gimmicks rythmiques déjà entendus sur leur
reprise de « Revolution » pour la B.O. du film « I am
Sam », ou le piano très « Imagine » de « The warming
sun ».
La voix fluette et aiguë de Lytle oblige à citer Neil
Young (sacré mélodiste celui-là aussi), et on pense souvent au country-rock du
Canadien de ses débuts en solo ou de l’époque Buffalo Springfield, flagrant sur
le renversant et inaugural « Now it’s on », sur « Yeah is what
we had » (avec sur ce titre des bribes mélodiques de « Watching the
wheels » de Lennon me semble t-il). Parce que çà, exhiber la madeleine
proustienne sonore, ils savent faire Lytle et ses Grandaddy et que celui qui ne
pense pas à « Mrs Robinson » de Simon & Garfunkel en écoutant
« El Caminos … » prenne rendez-vous chez son ORL …
Bon, il faut quand même avouer, et c’est parfois le
reproche fait à ce disque, que l’immense majorité des titres étant sur le même
tempo et faisant appel aux mêmes recettes, on a l’impression de tourner en rond
sur la même chanson. Si on n’aime pas au bout de quelques mesures, pas la peine
d’insister …
Moi j’ai choisi mon camp, des disques qui font penser à
l’orfèvrerie des Beatles, des Beach Boys, ou des plus oubliés magiciens de la
chose pop qu’ont été Left Banke ou les Zombies, eh bien je suis preneur …
Grandaddy a existé dix ans avant de se dissoudre au
milieu des années 2000, et a laissé une poignée de disques dont ce « Sumday »
constitue le dernier volet d’un triptyque majeur comprenant « Under the
western freeway »« et « The sophtware slump ».
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(On trouve de tout sur YouTube, même un blaireau qui met ses photos de vacances avec Grandaddy en fond sonore ...)