Recyclage of cool, volume 1756896584 …
Bon, là je suis chaud, Earhtling, Basement Machin… et
comme le seul blog de ce pays consacré aux musiques électroniques (oxymore) a
mis la clef sous le paillasson, manière d’aider à la représentation des
minorités visibles (et surtout bruyantes), une ch’tite compile
electro-machin-bidule …
A cette époque-là (le milieu des années 90), il en
pleuvait littéralement des compiles plus ou moins techno, toutes les maisons de
disques, y compris certaines crées pour l’occasion y allant de leur florilège
de machins électroniques, généralement très mauvais. Le label Fourth & Bway
(??) responsable de celle-ci se signale à l’attention des auditeurs potentiels
en évitant les grosses daubes, affichant au générique valeurs sûres et buzz
plus ou moins underground.
Leena Conquest |
La chose est cependant rendue plus ardue par les versions
anglaises et américaines de ces compilations, parfois aux pochettes identiques
et aux contenus différents (ou le contraire), les versions anglaises contenant
généralement plus de titres… bref, un vrai bordel pour s’y retrouver … Les plus
perspicaces auront remarqué que les genres abordés (« The birth of
cool » est le titre d’un disque de Miles Davis) s’inspirent, samplent,
échantillonnent, de la musique venant du jazz, du blues, de la soul, en gros
des musiques noires du paléolithique supérieur (début de la seconde moitié du
XXème siècle). Les érudits diront que ça ressemble étrangement aussi aux
compiles de la série « Jazzmatazz » fomentées par Guru, le rappeur de
Gang Starr…
Donc sur celle-ci, y’a du lourd, du connu, du célèbre et
célébré. Des titres parfois sous forme de versions alternatives, extended,
single-edit, remixed, … tous ces colifichets sonores sans aucun intérêt mais
qui ravissent les amateurs de la chose électronique, nique, nique (ton
portefeuille) …
Pourtant d’entrée y’a de quoi retourner fissa aux Cramps.
Une dénommée Jhelisa mélange house, jazz, soul et rap, l’objet du délit s’appelle
« Friendly pressure » et y’a vraiment pas de quoi se relever la nuit
pour l’écouter. Dans le même genre, Leena Conquest fait beaucoup mieux, allez
savoir pourquoi, « Boundaries » ça s’appelle, et ça avait bien marché
en son temps.
On peut zapper aussi, les ci-devant autrichiens très
chiants Kruder & Dorfmeister, qui, ach, kolossale daube, testent plein de
plug-in sur un machin tribal drum’n’bass totalement dépourvu d’intérêt. Ça
s’appelle « Deep shit » et ça porte bien son nom … Y’a aussi un vieux
funk très seventies de Freak Power, sympathique sans plus, mais un peu
hors-sujet. Hors-sujet aussi, un titre de Tricky, très bon lui, mais totalement
trip-hop et qui n’a rien de cool (d’ailleurs Tricky n’a jamais rien fait de
vraiment cool, c’est un vrai méchant, lui …).
Portishead en pleine crise de fou rire |
Bomb The Bass, avec un titre remixé et le featuring d’un
rappeur jazzy est juste passable … Coldcut
fait avec ses boucles groovy intéressantes beaucoup mieux que ce que le
teuton titre « Eine kleine hed music » laisse présager…
Reste quand même en plus de Leena Conquest, un bon titre
peu connu de Portishead plus « léger » et moins oppressant que ceux
qu’ils livraient à cette époque-là (« Revenge of the number »), un
Beastie Boys de leur meilleure période (« Get it together » extrait
de l’album « Ill communication »), et cocorico, MC Solaar, habitué de
ce genre de compiles (il est aussi sur les Jazzmatazz), avec une version courte
(single ?) de son « Nouveau western » qui sample davantage le
« Bonnie & Clyde » de Gainsbourg que du jazz, mais qui bénéficie
comme presque toujours à ses débuts des textes travaillés de Solaar …
En conclusion, une compile dans la norme de toutes celles
qui regroupent autour d’un genre musical identique des artistes
différents : les « stars » ressortent forcément du lot et les
« inconnus » démontrent pourquoi ils le sont …