Prédestinés ?
Tout était dans leur nom … jusqu’au désastre final.
On a beau arriver bardé de références musicales plus qu’attirantes (les Clash,
les Cramps, le Gun Club, excusez du peu … mais aussi, aïe, le gothique bas de
gamme des atroces Sisters of Mercy, ce genre, plutôt que Siouxsie ou Bauhaus
…), donner tout ce qu’on peut sur scène et sur disque, ça ne suffit plus. Les
Eighties Matchbox raccrochent les guitares, le rock’n’roll ne nourrit plus son
homme, et comme il faut aussi songer à remplir le frigo …
Un parcours symptomatique des années 2000, pendant
lesquelles on n’a jamais vu autant de gens sortir de disques … qui ne se vendent plus. Eighties Matchbox
ont tenu autant que possible, sans faire la moindre concession. Même si on sent
dans ce dernier disque que le ressort est cassé.
A qui le tour ? |
Il y a quand même de bonnes choses (« Love
turns to hate », très rock rentre-dedans, « Monsieur Cutts »,
excellent foutoir metal-grungy, un « Man for all seasons » descendu
pied au plancher), des bonnes idées quelques fois mal exploitées (« I hate
the blues » et son ambiance « Paint it black »,
« Homemade », couplets très clashiens que vient gâcher un refrain
gothique crispé).
Mais aussi des trucs qui ne m’accrochent pas du
tout, tous ces titres empêtrés dans des climats gothiques, des poses
théâtrales, toutes ces choses qui ont fait le quart d’heure de gloire des
horribles Horrors. Et surtout rien qui rappelle ces pépites de rock furieux et
énergiques comme le fut en son temps « Chicken » sur « Horse of
the Dog ». Rien non plus qui soit au niveau des réussites dans ces 80’s
qu’ils adorent, de groupes revendiquant les mêmes influences comme les
clashiens London Cowboys, le psychobilly des Meteors ou le rock’n roll gothique
des Lords of the New Church …
Signe des temps qui vont vraiment mal, ce Cd a mis
plus de six mois pour traverser la Manche, et seulement une fois la dissolution
du groupe officialisée. Les fans, pas beaucoup (Clash, Cramps et Gun Club,
s’ils ont marqué les esprits, c’est sûrement pas en terme de ventes), devront
se contenter de ce testament en demi-teinte.
Il surgira bien de quelque garage quelques teigneux
prêts à reprendre le flambeau, car comme le dit le vieux Young
« rock’n’roll will never die », mais les choses apparaissent
singulièrement compliquées pour ce genre d’exercice. Eighties Matchbox B-Line
Disaster ont tenu dix ans. Combien de temps tiendront leurs successeurs ?