Déconstructivisme et pataphysique
Pere Ubu ont souvent été rangés dans le même sac que
les Residents, Devo, voire Suicide… Un sac bien lesté et jeté au fond d’un
puits par le public qui n’a guère suivi les méandres musicaux de ces groupes
atypiques.
Cubistes ? Pere Ubu 1978 |
Quelques paresseux ont décidé de classer Pere Ubu
dans le post-punk. Sauf que … quand ils ont commencé à enregistrer
« Modern dance » en 1976, il n’y avait pas encore la moindre crête
orange à l’horizon, et que quand il est sorti en 1978, rien ne ressemblait à ça
…
Ça, justement, ce sont ces guitares aigrelettes qui
balancent des riffs très Chuck Berry retravaillés par Robert Fripp (King
Crimson) avant de disparaître on ne sait où, une section rythmique qui pousse
très fort mais que les autres s’entêtent souvent à ne pas suivre, des synthés
fantomatiques qui ont beaucoup plus à voir avec le free jazz qu’avec ELP ou
Genesis… Et par-dessus ce vacarme minimaliste, un (très) gros type, David
Thomas, qui s’acharne à poser une voix dans un registre très proche de David
Byrne des Talking Heads sur ce qui finit par ressembler à des funks
cryogénisés.
Tous ces titres en lambeaux, donnant toujours
l’impression d’être prêts à se désintégrer, se dressent tout démantibulés comme
des immeubles éventrés après un bombardement nucléaire (et cette ère nucléaire
est un des thèmes développés dans ce disque) constituent l’œuvre majeure de
Pere Ubu, et ne peuvent pas laisser indifférent. « Modern dance » est
un Cd difficile, tortueux, que tous les gens qui font du post-quelque chose
essayent de copier et d’égaler.
Souvent en vain …