ALICE COOPER - KILLER (1971)


Dark side ...

Ce disque d’Alice Cooper est celui qui l’a définitivement consacré. Mais rien n’est simple avec Alice Cooper. Qui est le nom du groupe, mais aussi le pseudo schizophrénique de son chanteur Vincent Furnier. Originaire de Detroit comme d’autres cinglés notoires du binaire (Ryder, MC5, Stooges, Nugent, …), passé par l’Arizona avant de s’échouer à Los Angeles … Où Frank Zappa, qui s’y connaît en cinoques, l’a repéré et a permis la signature du groupe sur un label, pour une paire de disques dispensables.
Alice Cooper se retrouve en 1970 chez Warner, et fait paraître « Love it to death », qui génèrera son premier hit « I’m eighteen » et lui vaudra surtout sa rencontre avec le tout jeune producteur Bob Ezrin, qui accompagnera le groupe jusqu’au milieu des années 70 et sera indissociable du son et du succès qu’il rencontrera…
« Killer » avec en photo le boa fétiche de Furnier, n’est pas un Cd facile d’accès, mais c’est pourtant un des deux ou trois incontournables de sa discographie. Seuls les deux premiers titres, qui sortiront avec succès en simple sont relativement basiques. « Under my wheels » est un boogie nucléaire, qui aurait du pousser Canned Heat vers la retraite et faire réfléchir Status Quo avant de s’engager dans la voie du binaire simpliste… « Be my lover » est lui un hard-rock très mélodique, qui jette les bases du glam-rock… le reste du disque est beaucoup plus sophistiqué, multipliant à l’intérieur du même titre changements de rythmes, de mélodies, d’ambiances … La liaison est assurée par la voix du Coop, qui transpire le vice et la méchanceté.
Car ce qui singularise Alice Cooper et qui deviendra la marque de fabrique du groupe, c’est cette recherche obsessionnelle d’ambiances macabres, sordides, fantasmatiquement malsaines, explorant la face sombre et inavouable de l’inconscient… une sorte de version rock’n’roll des films de David Lynch… Chez Alice Cooper, tout n’est que mort violente avec grosses giclées d’hémoglobine.
Ce qui permettra la mise en place du « cirque » Alice Cooper lors de shows mémorables, qui tendront au fil des ans et du succès vers une sorte de Barnum gore et grand-guignol, avec mise en scène de décapitations, pendaisons, et autres joyeusetés morbides. Que ceux qui croient que les comiques de Marylin Manson ont inventé quelque chose se plongent dans les DVD d’Alice Cooper…
Le plus remarquable dans ce « Killer » reste quand même la production d’Ezrin, trouvant pour quasiment chaque titre une audace sonore, un arrangement à priori improbable dans le contexte, mais qui font tout le « charme » particulier du disque… Voir pour cela la longue intro sinueuese de « Halo of  flies » avec sur le titre l’omniprésence de la basse de Dennis Dunaway, puis un gros riff qui annonce ceux du Blue Oyster Cult … ou « Desperado » alternant arpèges de guitare puis gros riffs heavy, « Dead babies » guitares Black Sabbath, puis arrangements discrets de cordes et de cuivres, ou encore l’ultime « Killer », avec grattes lancinantes et menaçantes qui instaurent une ambiance de soundtrack de film de la Hammer et intermède renvoyant à la musique baroque … Du travail d’orfèvre d’Ezrin, que l’atrabilaire Lou Reed recrutera dans la foulée pour son « Berlin » …
Alice Cooper continuera avec le même personnel (tous participent à l’écriture) pour une poignée d’excellents disques dans la même veine, avant que Furnier s’accapare le nom pour une carrière solo (à partir du très bon  « Welcome to my nightmare » en 1975) beaucoup plus inégale basée sur les acquits et le crédit obtenus au début des 70’s…


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