« Matrix »,
moi ça me dépasse. Enfin, surtout son succès. La référence de la fin du siècle
dernier en matière de culture geek. Un vaste gloubi-boulga où se mêlent science-fiction
angoissante forcément angoissante (avec des pompages éhontés de « Alien »
et « Terminator »), histoires pour petits nenfants (les mangas, Alice
au pays des Merveilles, la Belle au Bois Dormant, …), bastons taekwandesques pour
attirer les fans endeuillés de Bruce Lee, bouillasse techno et/ou hardcore en
fond sonore, j’en passe et des trucs plus pénibles encore.
C A Moss, Andy & Larry Wachowski |
« Matrix »,
c’est lors de sa parution l’œuvre d’une vie des pas encore sœurs Wachowski (et
comptez pas sur moi pour en rajouter une couche sur l’histoire des deux mecs
qui se sont fait implémenter une matrice). Qui mettent cinq ans pour accoucher
du bestiau. A grands renforts d’effets numériques et spéciaux en tout genre à
la pointe de la modernité, d’un scénario abracadabrant mais suffisamment malin
pour nourrir en même temps QI négatifs et réflexions métaphysiques (la vie est-elle
un songe, la virtualité peut-elle agir sur la réalité, vous avez trois heures
et une boîte de Doliprane pour répondre). Et aussi d’un casting qu’on jurerait
issu des premiers prix d’une comice agricole, multipliant profils bovins
inexpressifs. Et qu’on me dise pas que c’est le jeu des acteurs, Reeves (pas l’astrophysicien,
le Keanu), Fishburne et la Moss sont au taquet, au maximum de leurs
possibilités …
Pour appréhender
« Matrix », faut retomber en enfance, débrancher le cerveau, et
regarder les images. Et là, ça peut fonctionner. Tu suis le lapin blanc, tu
passes à travers le miroir, tu arrives dans un autre monde, tu deviens un
mutant (ou un vrai humain, allez savoir) qui file des torgnoles plus vite que
son ombre, tu évites les balles, tu bousilles de l’androïde indestructible... Tu
peux même mourir virtuellement et ressusciter réellement (à moins que ce soit
le contraire), pour finir, après avoir sauvé l’humanité (qui a disparu), par t’envoler
tel Superman qui aurait troqué son survêt moulant rouge et bleu contre un long
manteau de cuir noir, vers de nouvelles aventures … Elles est pas belle, ta nouvelle
vraie vie ?
Les gentils |
Reste que « Matrix »,
c’est même pas si mauvais que ça au final… Comparé à des « Hulk », « Captain
America », et les suites interminables des super-héros Marvel (à quand le
25ème Batman et le 72ème Spiderman ?). Même si comme
de bien entendu, on connaît la fin dès le début. Neo / Reeves, c’est comme
Macron, c’est l’Elu. Celui qui mine de rien, va sauver la galaxie. Avec la Moss
(pas la Kate, la Carrie Ann) dans le rôle de Brigitte, et Laurence Poissoncouille
dans celui d’Edouard Philippe. Y’a même le traître qui va les abandonner au
cours de la mission (non, pas Hulot, Joe Pantoliano), passer du côté obscur de
la farce et faire copain-copain avec les hybrides fringués à la Blues Brothers –
Reservoir Dogs – Men in Black – Laurent Delahousse, mais bien fait pour lui, il
se fera dégommer par un type qu’il vient pourtant de tuer … Vous avez rien
compris, c’est pas grave, vous allez quand même lire jusqu’au bout. C’est comme
ça, « Matrix », y’a rien à comprendre, c’est bête comme chou, mais tu
regardes jusqu’à la fin …
Le méchant |
Le seul truc
qui sauve le film, c’est le rythme. Ça commence très fort, et ça accélère
toujours (contrairement à la série des « Speed » qui avait « révélé »
le beau gosse ombrageux Reeves). Les Wachowski y sont pas allés avec le dos de
la cuillère (vous savez, la fameuse cuillère, celle que le gosse fringué en
dalaï lama explique à Neo qui rend visite à l’Oracle qui fait des cookies,
comment il faut faire pour la tordre rien qu’en la regardant), les frangins ont
utilisé des kilomètres carrés de rideaux verts devant lesquels, filmés par des
caméras hyper high tech disposées concentriquement et qui prennent des photos pour
donner les fameux effets de ralenti accéléré chers à John Woo, s’agitent des
acteurs suspendus à des câbles façon trapézistes chez les Gruss, … et que il va
vite falloir que je mette un point quelque part pour finir cette phrase ...
La Warner a mis
un gros paquet de pognon devant le museau des Wachowski, assorti d’un contrat
bien ficelé (là, les mecs, ils sont bien dans le réel, l’espèce sonnante et
trébuchante), anticipant un gros succès populaire, et toute une litanie de déclinaisons,
dont deux épisodes supplémentaires si le premier volet de ce qui était conçu
comme une trilogie fonctionnait … Jackpot. On compte plus les millions de dollars
de cash rien que sur l’exploitation du film en salles, sans parler de la multitude
d’éditions VHS, Dvd, Blu-Ray, les produits dérivés (BD, bouquins, jeu vidéo, …).
Côté business, on n’est pas dans la matrice, mais bien dans le monde réel …
Welcome to the machine & have a
cigar ?