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PINK FLOYD - THE PIPER AT THE GATES OF DAWN (1967)

Psychédélisme Version 1.0
Il y a quatre groupes différents qui s’appellent Pink Floyd. Le premier, celui de Syd Barrett, dont au sujet duquel il va être question quelque part plus bas. Le second, celui avec Gilmour à la pace de Barrett, adoré par tous les progueux. Le troisième, celui sous la coupe de Waters, adoré par les progueux et les hi-fi maniacs, « Dark side of the Moon » assurant la transition. Quatrième et on l’espère dernière formule du groupe, la configuration dite «  de tribunal » sans Waters. Cette dernière sans le moindre intérêt, à boire et à manger dans les deux précédentes. Et la meilleure pour commencer.
Syd Barrett
Pas la plus populaire, la courte période Barrett, en terme de ventes. Mais la plus folle, la plus innovante, la plus mythique aussi. Tout ça à cause de Barrett, évidemment. Le lutin psychédélique trop vite cramé par le LSD, la tête pensante, chercheuse (et trouveuse) de sa bande potes d’étudiants en beaux-arts. D’entrée, le groupe est différent de ceux de l’époque, en majorité composés de prolos londoniens. Le Floyd vient de la province chic (Cambridge), ses membres de la petite bourgeoisie.
Pink Floyd délaissera vite l’influence majeure de l’époque, le British blues boom, qui lui a valu son nom de baptême, hommage à deux bluesmen déjà (et encore plus aujourd’hui) oubliés, Pink Anderson et Floyd Council. Le Floyd est le groupe de Barrett, qui très vite va s’intéresser de près à une musique et un way of life venus de San Francisco, et que l’histoire rangera sous l’étiquette de psychédélisme. En gros, une libération de toutes les barrières mentales et sociales, et une drogue de synthèse (alors en vente libre), le LSD, comme vecteur. Le monde hippy est en route …
Et la plupart des disques qui ont compté dans ces deux années 66 et 67, fortement influencés par cette culture, sont tout peinturlurés de ce fameux psychédélisme. Et « The piper … » du Floyd est pour moi le meilleur de tous. C’était pas gagné d’avance, les Californiens semblaient avoir une longueur d’avance, et chez les Rosbifs, tout le monde s’y mettait (même Clapton, le jésuite du blues roots), y compris les très grosses têtes d’affiche Stones et Beatles. Le tri dans toute cette production psychédélique est assez facile. Les pionniers du Grateful Dead ne valaient que live, leurs disques de l’époque sont des pensums avachis, les Doors étaient trop blues, l’Airplane trop pop et trop tiraillé entre trop de leaders, Joplin braillait avec des baltringues comme backing band, semblant se contenter de son titre de Reine des Hippies, … Stones et surtout Beatles n’ont fait qu’essayer le LSD et sont restés discographiquement bien raisonnables, les 13th Floor Elevators sont arrivés trop tôt, Sly Stone, trop occupé à se poudrer le nez, trop tard. Il n’en restait plus que quatre susceptibles de sortir le disque-référence. Quatre groupes emmenés par des leaders à l’évidence totalement ailleurs, qui avaient un peu trop forcé (dans une époque pourtant peu avare en camés notoires) sur les buvards et les space cakes. Brian Wilson et ses Beach Boys, Arthur Lee et son Love, Hendrix et son Experience et l’outsider Barrett avec son Floyd. Outsider parce que vomi du néant, placé sur le devant de la scène londonienne où le groupe s’était expatrié, donnant des concerts-performances sur fond de projections mouvantes lumineuses, sortant 45T  et 33T en rafales. En trois mois, les deux singles, l’objet sonore non identifié « Arnold Layne » et la comptine spatiale « Emily play », et leur premier Lp, ce « Piper … ». A côté duquel « Pet sounds », « Forever changes » ou  « Are you experienced ? » étaient des oeuvres de gens « établis », déjà célèbres (les Boys) ou influents (Lee, Hendrix) depuis longtemps (longtemps étant synonyme de quelques mois, il y a des époques où tout va beaucoup plus vite).
Mason, Barrett, Waters, Wright, Pink Floyd 1967
« The piper … » est pour moi le disque le plus novateur de son temps. Parce qu’il n’extrapole pas à partir de choses déjà connues, plus ou moins entendues, il crée de toutes pièces ses propres territoires sonores. Avant l’été 67, on n’a jamais rien entendu de semblable à « Astronomy domine » ou « Interstellar overdrive ». Des wagons de disques publiés par des multitudes de groupes dérivent de ces deux titres. Tout le space rock, le krautrock, et le funeste prog sont en germe dans ces deux titres. Et en ces années où le mixage stéréo prend le pas sur l’antique mais efficace mono, tous ces effets spatiaux, ces sons qui passent de droite à gauche, s’assourdissent ou deviennent hurlants, ces claviers tournoyants, serviront de référence à des myriades de producteurs et de maniaques sonores (si le premier Floyd n’est pas la matrice de choses qui en paraissent  a priori très éloignées comme le shoegazing en général et My Bloody Valentine en particulier, je veux bien passer le reste de mes jours à écouter en boucle les Boards of Canada). Le son des premiers Floyd est attribué à l’oublié Norman Smith. Soit. Mais les anecdotes d’un Syd Barrett, totalement sous substances, montant et descendant à vitesse supersonique tous les boutons de la console apparemment au hasard, sont légion, et il ne fait guère de doute que c’est lui, intuitivement, qui est responsable de ce bouillonnement sonore alors inédit, Smith n’ayant fait que nettoyer ou rationaliser le résultat de ce joyeux foutoir bruyant.
Pink Floyd live 1967
Barrett et les autres (ne pas oublier les autres, le drumming de Mason est totalement atypique, en perpétuelle déconstruction, la basse de Waters est très en avant, ronde et menaçante à la fois, et Wright au toucher venu du classique évite dans l’immense majorité des cas les archi-entendus Hammond et Farfisa) ne s’arrêtent pas au rock planant. Il est curieux de constater que tous les garage bands les plus radicaux mettront souvent dans leur répertoire le démoniaque « Lucifer Sam » et son riff de guitare d’anthologie. Barrett assure le chant et la guitare, a composé seul la quasi-totalité de l’album, Waters ne signant que « Take up thy stethoscope … », paradoxalement le titre le plus à l’Ouest, le plus barré du disque, et le groupe au complet n’est crédité que sur « Interstellar … » issu de jams sur scène. Barrett réussit à lier on ne sait trop comment des choses aussi éloignées et disparates que du rock down tempo comme « Matilda mother » avec des comptines (« The gnome »), faire cohabiter des sons qui fleurent bon l’encens et le séjour à l’ashram (« Matilda … » encore) avec des fanfares très Sergent Poivre (« Bike »). Ce dernier aspect sonore trouvant peut-être son explication dans le fait que Floyd et Beatles enregistraient en même temps aux studios Abbey Road. Et des gimmicks, notamment les bruits enregistrés et réinjectés sur les bandes qui seront une des marques de fabrique des disques du Floyd suivants, sont déjà présents (les horloges sur « Flaming », les mécaniques rouillées et les sonnettes de vélo sur « Bike »).
Le succès de « The piper … » sera tout relatif auprès du public, Pink Floyd a eu d’emblée l’étiquette de groupe branché, arty, élitiste. Et même en 67, année faste pour cerveaux en capilotade, Barrett et son oeuvre restaient assez insaisissables. La lente macération de ce disque dans les esprits et une large reconnaissance ne viendront que plus tard.
Le coup de génie de Barrett restera sans suite. Tout le problème des drogues, tu peux pas savoir l’effet qu’elles te feront avant d’en prendre. Barrett n’était pas Lemmy ou Keith Richards, il finira totalement électrocuté au LSD, et c’est un copain à lui, le guitariste Gilmour qui le remplacera au sein du Floyd … On connaît la suite.

« Piper … » est le disque d’un homme et d’une époque. Curieusement, il a beaucoup mieux vieilli que d’autres jalons sonores de cette époque. La dernière version mise sur le marché en 2011 à l’occasion de la énième remastérisation de la disco du Floyd propose en trois Cds la version stéréo, la version mono, les singles « Arnold … » et « Emily … », ainsi que quelques versions alternatives. Sur l’ensemble, la version stéréo (celle qui était sortie à l’origine) est à privilégier, même si logiquement les titres les plus rock comme « Lucifer Sam » sont plus directs en mono …

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MINK DEVILLE - RETURN TO MAGENTA (1978)

De la suite dans les idées ...
« Return to Magenta » est le second disque de Mink DeVille. Et un challenge. Succéder au parfait « Cabretta », qui avait reçu des louanges quasi unanimes, sans cependant se vendre par camions (ce qui sera un handicap récurent et finalement fatal pour le groupe, lâché au bout de trois disques par son label Capitol).
Aujourd’hui, « Return to Magenta » est un des disques oubliés de Mink DeVille. Un peu coincé entre « Cabretta » et « Le Chat Bleu », les disques majeurs du groupe dans les 70’s. Mais un disque qu’il faudrait peut-être songer à réévaluer.
Même si … comment dire. « Return to Magenta » est écrasé par son début. L’enchaînement des trois, voire des quatre premiers titres est fantastique. Et tout le restant en souffre, le cœur du disque est en comparaison bien en dedans, et malgré un final intéressant, il en reste une impression de montagnes russes qualitatives.
Mink DeVille le groupe fin 70's
Alors, par ordre d’apparition dans les oreilles, « Guardian angel », entre soul, doo-wop et rhythm’n’blues, porté par la superbe voix (et pour l’occasion dans le registre où elle est la meilleure) de Willy DeVille, c’est juste parfait. Le groupe, honteusement sous-estimé parce qu’on l’a trop souvent confondu et assimilé à son emblématique leader fait également un sans-faute. Bon, faut dire qu’il y a Jack Nitzsche aux manettes, et quand comme lui on a commencé à pousser des boutons sous les ordres de Phil Spector, si on est pas trop con, on arrive à mettre des instruments en place. Il y a quelque chose de spectorien dans ce disque. Rien qui ressemble au Wall of Sound, mais un choix de mettre tout le son au centre, qui allait à contre-courant de toutes les modes de l’époque, ces effets et ces arrangements passant d’un canal à l’autre. « Return to Magenta » est un disque stéréo qui sonne comme un disque mono, le seul format sonore valable selon Spector, et nul doute que Nitzche a retenu cette leçon-là aussi …
« Soul twist », ce serait plutôt du rhythm’n’blues avec ses riffs de cuivres millimétrés, là aussi c’est à tous les niveaux du travail d’orfèvre. « A Train Lady », c’est la ballade soul millésimée, le genre de titres que Willy DeVille aimera mettre en scène en live, tout en poses christiques d’amoureux transi, et ça complète sans la moindre fausse note le tiercé introductif de ce disque.
Ensuite, une reprise de Moon Martin, autre très grand mésestimé de l’époque, et dont Willy DeVille a le premier su reconnaître le talent (il avait déjà repris un des ses titres, le fantastique « Cadillac walk » sur « Cabretta »). Ici, il relit le pétaradant « Rolene » et le groupe sert un boogie’n’roll brûlant.
Willy DeVille
Et puis, … la boulette, le truc qu’il fallait pas faire, le titre reggae (« Desperate days »), on dirait du Jimmy Cliff période hyper-commerciale, et ça va à peu près aussi bien à Mink-Willy DeVille, que la présentation d’une émission littéraire à Franck Ribéry … On sait (enfin ceux que ça intéresse, pas des foules considérables quand même) Willy fortement attiré par les rythmes caraïbes, mais là, c’est juste que c’est totalement raté, daté et ringard … Et on a encore ce funeste titre dans les oreilles quand arrive la roucoulade, jolie mais tellement prévisible, jusque dans ses notes d’harmonica de « Just for friends », et l’impression que le niveau est en train de descendre de quelques crans s’installe. C’est malheureusement confirmé par la suite, le Diddley beat bluesy un peu pataud de « Steady drivin’ man », et le dernier titre, un court rock’n’roll punky (« Confidence to kill ») est à mon sens un autre hors-sujet, Willy DeVille, qui était un habitué du CGGB à ses débuts n’a plus besoin de prouver quoi que soit, il fait là un espèce de punk-rock avec lequel sa musique n’a rien à voir.
Heureusement, le remuant « Easy slider » et la ballade hispanisante « I broke that promise », toutes les deux réussies, avaient presque sauvé auparavant cette seconde partie du disque.
Evidemment, on peut être déçu de quelques morceaux à la ramasse ou un peu faibles, mais l’histoire montrera qu’il en est ainsi de tous les disques majeurs de Willy-Mink. Il ne fera (hormis pour moi « Coup de grâce », mais les « vrais » fans du bonhomme n’aiment pas ce disque « commercial ») aucun disque parfait, mais toujours, même quand il semblait au fond du trou, il trouvera le moyen sur chacune de ses rondelles d’aller tutoyer les anges.

Ici, il y arrive la moitié du temps. Un disque à réévaluer, je vous dis, et pas un follow-up inconsistant de « Cabretta », comme on le présente trop souvent …

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Le Chat Bleu


BOB DYLAN - SUBTERRANEAN HOMESICK BLUES (1965)

Deux Dylan pour le prix d'un ...
« Subterranean … », il s’appelait à sa sortie « Bringing it all back home ». Pour une raison qui m’échappe et dont je me fous, les deux titres sont indifféremment employés. Le contenu est dans les deux cas rigoureusement identique, les onze même morceaux.
« Subterranean … », c’est un des disques les plus importants, les plus cruciaux des années 60. Aussi un des plus importants et cruciaux de Dylan. « Subterranean … » marque un changement radical dans la façon d’utiliser le support du 33 T. Jusque-là, ces grosses rondelles de vinyle ne servaient qu’à refourguer des titres vite bâclés, organisés autour d’autres déjà parus sous forme de 45T ou de Ep 4 titres. Le succès du 33 T dépendant très fortement de celui acquis précédemment par les morceaux déjà parus. Le 33 T n’était pas envisagé comme une œuvre en soi, mais comme une juxtaposition de titres.

Musicalement, « Subterranean … » est conceptuel. Une face électrique et une face acoustique. Les titres électriques sont déterminants dans la carrière de Dylan. Mais également pour beaucoup d’autres. On entend dans « Subterranean … » un type qui est considéré comme un maître d’un genre (le folk « à textes » avec juste guitare en bois et harmonica), utiliser de la musique venue d’ailleurs (du rock au sens large). Personne, parmi les stars déjà établies (Beatles et Stones au hasard) ne s’était hasardé à çà. Quand on tient le succès avec une formule, on la perpétue, on n’expérimente pas. Dylan s’en foutait un peu de tout ça, malgré sa réputation en béton, il ne vendait guère, ses titres obtenant beaucoup plus de succès quand ils étaient chantés par d’autres. Dernier exemple en date, des fans californiens du Zim, réunis sous le patronyme de Byrds, venaient de claquer un numéro un national avec la reprise d’un titre de lui pas encore paru sous son nom, « Mr Tambourine Man ». Juste en insistant sur le côté mélodique et en incluant des instruments électriques. L’histoire (ou la légende) prétend que c’est l’écoute de la version des Byrds qui aurait poussé Dylan à virer électrique.
1ère de photo de Dylan avec une guitare électrique : 17 Juillet 1965 Newport ?
Des requins plus ou moins anonymes sont embauchés, on se met tous dans le studio, on joue ensemble, « 1,2,3,4 » et c’est parti. On sent que « Subterranean … » est enregistré dans l’urgence, que tout n’est pas maîtrisé. Sur « Bob Dylan’s 115th dream », un énorme fou rire saisit Dylan après un false start comme on dit dans les notes de pochette, ça a été conservé. Dylan ne maîtrise guère le fait de jouer avec un « groupe de rock », il doit lui sembler que tant de vacarme va le faire passer au second plan, alors il hurle littéralement ses textes. Sur le plan strictement musical, il n’y a rien de révolutionnaire en soi, ça mouline gentiment, d’une façon quasi austère (les deux boogies du disque, « Outlaw blues » et « On the road again » - rien à voir avec le titre homonyme de Canned Heat quoi que … - feraient justement passer l’intégrale de Canned Heat pour un manifeste de rock progressif). Cependant, le disque sera assez mal perçu, Dylan sera accusé d’avoir « trahi » la cause du folk pur et dur dont il était le héraut. Dans le meilleur des cas, cette première face de disque électrique sera considérée comme une parenthèse mal venue (les quatre titres acoustiques auraient pu se retrouver tel quels sur n’importe lequel de ses 33T précédents). La suite de l’aventure sera sans équivoque. Dylan va embaucher un jeune guitariste de rock virtuose, Mike Bloomfield, enregistrer un disque quelques semaines plus tard, uniquement électrique, « Highway 61 revisited », et se lancer dans une tournée tous potards sur onze avec une bande de graisseux venus du rock’n’roll tendance garage, les Hawks, anciens accompagnateurs de Dale Hawkins (l’auteur de « Suzie Q »), qui deviendront The Band. Dylan monte dans le train de l’histoire en marche et accélère la locomotive …
Si « Subterranean … » ne peut être considéré comme le meilleur disque de Dylan, surtout à cause d’un backing band sous-mixé et qui sonne baloche, c’est malgré tout pour moi son plus important, celui qui fait exploser toutes les lignes et les chapelles musicales de l’époque. Si l’on enlève les deux boogies déjà cités, restent neuf morceaux qui sont absolument tous des classiques de Dylan (le morceau-titre, « She belongs to me, « Maggie’s farm », « Love minus zero », « Bob Dylan’s 115th dream » pour la face électrique, plus les quatre acoustiques « Mr Tambourine Man », « Gates of Eden », « It’s alright, Ma », « It’s all over now, Baby Blue »). Autant dire qu’avec les musiciens de « Highway … » ou « Blonde … », il n’aurait rien à envier à ces deux-là …
« Subterranean homesick blues » est le premier classique tout-terrain de Bob Dylan, et malgré la bonne trentaine d’albums qui a suivi, reste pour moi dans le quintet majeur de sa carrière …

A noter pour les amateurs de symboles et fétichistes divers que la pochette est un vaste puzzle regorgeant de détails (la femme en rouge, les mags, les pochettes de disques, …) sur lesquels les fans du Zim se sont abîmé les yeux et creusé les méninges …

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TOM PETTY AND THE HEARTBREAKERS - DAMN THE TORPEDOES (1979)

American Boy ...
Tom Petty et ses Heartbreakers, c’est une des figures principales du bon vieux classic rock ricain, tous ces types qui ont commencé à avoir de gros succès vers la fin des 70’s … surtout chez les Ricains. Ailleurs, le culturiste du New Jersey Springsteen écrase tout. Aux States aussi, mais un peu moins. Il est talonné de près par Petty, Seger, Mellencamp, même s’il reste la figure de proue du genre. Mais les trois autres, quand il avait des coups de moins bien, étaient là pour assurer la relève, Seger vers le milieu des seventies, Mellencamp dans la seconde moitié des eighties, Petty au tournant des années 90. Depuis, tous ces dinosaures « vivotent » sur leurs acquis, se « contentant » à chaque tournée de remplir les arenas de leur pays.
Tom Petty & The Heartbreakers
Petty s’était fait remarquer en 1976, grâce notamment à un titre, « American girl » de son premier album éponyme qui avait cartonné sur l’omnipotente bande FM. Un second disque (« You’re gonna get it ») raté, et très vite le tir est corrigé avec ce « Damn the Torpedoes ». La progression est énorme. Petty et ses Briseurs de Cœurs laissent tomber le « gros son » qui caractérisait le précédent. Le son des Heartbreakers de « Damn … »  est ramassé, homogène, nerveux. Personne ne tire la couverture à soi, n’est surmixé. Hormis un peu la voix de Petty, ce qui n’est pas la meilleure idée du monde, mais c’est à peu près la seule menue réserve que l’on puisse émettre. Allez, si, une autre, qu’on évacue les mauvais points d’entrée, y’a bien le morceau « You tell me » qui semble assurer la transition avec le disque précédent, et qui me paraît le plus faible du skeud, malgré la pige en guest de Donald « Duck » Dunn, le bassiste de Booker T. & the MG’s.
Dunn est d’ailleurs le seul intervenant « extérieur », même si certaines sources font état du batteur de studio Jim Keltner sur un titre. Tout le reste, c’est écrit et joué par Petty et les Heartbreakers. Pour l’écriture, Petty se taille la part du lion, signant seul sept titres et co-signant avec Mike Campbell les deux autres (« Refugee » et « Here comes my girl »). Et même si avec le temps tous ceux qui ont composé les Heartbreakers (pas si nombreux que çà en fait, le groupe qui va entamer sa cinquième décennie d’existence est plutôt du genre stable) sont devenus des musiciens très côtés et très recherchés, pour moi c’est Mike Campbell qui se détache du lot. Ce type, qu’il ne viendrait à l’idée de personne de citer parmi les « grands » guitaristes, est un vrai cador de l’instrument, capable de trouver une idée, un gimmick, un chorus ou un petit solo malins sur chaque titre. Ecoutez-le par exemple sur « Mojo », une des dernières productions du groupe, c’est maintenant lui qui tient la baraque Heartbreakers au bout de ses doigts agiles. Et sur ce « Damn the Torpedoes », il est déjà là et bien là.
Les Heartbreakers, groupe marxiste tendance Groucho ?
Parce que « Damn … » est disque à guitares, un disque de rock, quoi. Pas un hasard si sur la pochette, Petty tient une Rickenbacker. La Ricken, c’est la guitare des élégants, ceux qui préfèrent le son nerveux au gros son. Elle va bien aux Heartbreakers, et aussi à Petty, le dandy du classic rock, qui passe plus de temps devant le miroir à choisir ses fringues qu’à faire des séances de muscu. Niveau look, depuis toujours, il enterre la concurrence. L’alter ego d’un Willy DeVille …
« Damn the Torpedoes » va se hisser vers les cimes des charts, boosté par deux singles. « Refugee » qui ouvre le disque, c’est peut-être le titre le plus emblématique de Petty, qui le résume le mieux. Dans le contexte de la parution (1979), il assure la transition entre le classic rock « pour hommes » (Springsteen, et surtout Seger) des 70’s, et celui beaucoup plus radiophonique des années 80. Il y a tout dans « Refugee », la mélodie, le refrain-hymne, le riff qui colle à l’oreille, l’énergie débridée mais canalisée, … Les radios américaines (parce que les nôtres, à cette époque-là, je vous dis pas, elles étaient même pas FM) réserveront un accueil encore meilleur à « Don’t do me like that », qui ouvrait de façon maline la seconde face du vinyle original, et représentait un versant tendant vers le rhythm’n’blues des Heartbreakers, qui n’aura guère de suites dans leur carrière.
Mais l’essentiel du disque est du même niveau. « Here comes my girl » avec ses couplets parlés rageurs et son refrain explosif pur sucre, est un petit bijou. « Even the losers » est très pop, calibré idéalement pour la bande FM. La troupe sait aussi envoyer le bois, faire hurler les guitares sur le rock de « Shadow of a doubt », et réactualiser le good old rock’n’roll le temps d’un « Century city ». Les Heartbreakers taquinent aussi la power pop avec « What are you doin’ in my life ? », avant de conclure le disque par un country-rock épique (« Louisiana rain »), un peu comme si Gram Parsons jammait avec Springsteen. A noter que pour la première fois de sa carrière, Tom Petty glisse des notes de douze cordes acoustiques, la marque de fabrique de ces Byrds qui l’ont tellement influencé, notamment au début de « Refugee ».
Le succès de ce « Damn the Torpedoes » sera conséquent (aux States), et il peut être considéré comme la première étape de la popularité bientôt immense dont bénéficieront les Heartbreakers. Avec ce disque, Petty commence à devenir grand …

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BUDDY HOLLY AND THE CRICKETS - THE VERY BEST OF (1999)

La meilleure compilation ?
Et évidemment, Universal l’ont pas rééditée depuis sa parution en 1999. Ils préfèrent sortir des machins re-remastérisés qui sonnent comme Metallica plutôt que de remettre celle-ci sur le marché …
Parce que Buddy Holly, qui en tout et pour tout, n’aura enregistré que pendant un an et demi, il n’y a pas de quoi remplir des coffrets de quinze Cds. Même si pendant ce court laps de temps, il a laissé un certain nombre de pépites inusables.
Buddy Holly
Toutes sont présentes ici, que ce soit sous son nom, ou au sein des Crickets … pas dans un ordre chronologique, ce qui au vu de la brièveté de la carrière, n’a cependant pas grande importance.
Buddy Holly, pour faire simple, on va dire qu’on s’en fout un peu aujourd’hui, qu’il fait partie de cette longue litanie d’anciennes gloires quelque peu oubliées. Et pourtant, il connut un succès phénoménal, bien aidé par Elvis parti se faire lobotomiser à l’armée, devint l’idole d’une jeunesse (blanche) américaine, et de pas mal de leurs parents…
Tout en faisant du rock’n’roll ce qu’il y a de plus irréprochable, mais en ayant soin de rechercher une profondeur mélodique restée à cette époque-là sans équivalent. Qui d’autre peut se prévaloir de (ré)concilier fans des Beatles (Lennon était son plus grand admirateur et baptisa ainsi son groupe à cause des Crickets) et des Stones (« Not fade away » était la face A de leur 1er 45T américain) ?
Il faut toujours avoir à portée d’oreille des merveilles d’insouciance pop comme « That’ll be the day », « Peggy Sue », « Rave on », « Look at me », « Everyday », « Wishing » (plus Beatles que ces deux-là, on peut pas), « It’s so easy » et « Maybe baby » (la quintessence du style Buddy Holly), l’incroyable « Fools paradise ». S’il faut être roots, Buddy Holly sait piocher dans le catalogue des classiques (« Blue suede shoes », « Shake, rattle & roll »), faire du rockabilly (« I’m gonna love you too »), du Diddley beat (« la reprise de « Bo Diddley », « Not fade away »). Il peut parfois, même s’il est beaucoup plus limité vocalement, donner dans le pathos romantique orbisonien (« Raining in my heart », « Valley of tears »)…
Buddy Holly & The Crickets
Comme Elvis, Buddy Holly a eu son Colonel Parker. Et son mentor, Norman Pettty, n’était pas un vulgaire escroc hollandais, mais un musicien, arrangeur et producteur, et co-auteur de la plupart des titres de son protégé. La mort dans un crash d’avion de Holly fut vécue comme un traumatisme par toute une génération de jeunes américains (voir la chanson, gros succès en son temps de Don McLean « American  pie » où la funeste date du 3 Février 1959 devient « the day the music died ») …
C’est bien connu, l’Histoire ne repasse jamais les plats, surtout quand la mort est au bout du chemin… mais Buddy Holly, s’il avait vécu, avait tous les atouts pour être au moins aussi grand qu’Elvis …
A perpétuellement redécouvrir …

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Buddy Holly


FRANZ FERDINAND - RIGHT THOUGHTS, RIGHT WORDS, RIGHT ACTION (2013)

Bientôt la rentrée, les premiers de la classe sont déjà là ...
Et ils exhibent fièrement leurs devoirs de vacances. Ben y’a pas de quoi, vous vous êtes pas trop foulés, les gars. Quatre ans et demi après le diversement accueilli « Tonight : Franz Ferdinand », la livraison est un peu chiche, dix titres pour 35 minutes, ça traduit pas vraiment une période de créativité intense. Bon, d’un autre côté, les triples Cds conceptuels, c’est pas non plus leur genre.
Même s’il a du y avoir du brainstorming dans les bureaux de leur (gros) label indé, Domino. Franz Ferdinand sont la vitrine commerciale de l’affaire, et donc faut assurer, résoudre tout un tas d’équations, genre faire pareil pour pas déstabiliser le public traditionnel, mais faire aussi un peu différent pour attirer de nouveaux clients, faire un disque qui se veut populaire, et montrer aussi qu’on est des gens qui comptent, qui ont les moyens, faire dans le cossu distingué, le bourgeois discret …

Les titres qui débutent chaque face (ben voilà, maintenant, à cause de la mode du retour au vinyle, on est obligé de repenser l’enchaînement des titres) sont les plus accrocheurs, les plus prévisibles, ceux qui doivent servir de locomotive pour amener le skeud vers le haut des charts. « Right action » et « Bullet » sont courts, nerveux et mélodiques (tellement d’ailleurs que sur « Right action » on dirait bien qu’il y a des bribes de « Norvegian wood » des Beatles, excusez du peu). Et puis, ils confirment l’arrivée en force des synthés, déjà présents sur « Tonight … ».
Des synthés qui sonnent très années 80 (les types de Franz Ferdinand, il sont tous autour de la quarantaine, ils ont commencé à écouter de la musique dans les 80’s, ça a apparemment laissé des traces), ce qui fait que mine de rien, le concept de départ (faire danser les filles avec du rock à guitares et des rythmiques martiales à la Gang of Four) a pris du plomb dans l’aile. Les Franz Ferdinand suivent une trajectoire à la Coldplay, on ralentit le tempo, et on donne dans le radio friendly centriste. Tout est à peu près dit (et entendu) dès le second titre (« Evil eye ») qui recycle le riff et la construction sonore de « Need you tonight » d’INXS. Et on pense souvent à des choses comme Depeche Mode ou Eurythmics, du consensuel pas trop putassier, mais du consensuel quand même.
En gros le début du disque est plus enlevé, plus « dansant », plus power-pop, plus franchement mélodique. Se paye même le luxe d’afficher un gros chiffon rouge avec un titre comme « Fresh strawberries » pour que soit évidemment évoqués en vrac, Beatles, Lennon, et « Strawberries fields for ever ». C’est bien tenté, avec le coup très Fab Four des harmonies vocales de Kapranos et McCarthy sur le refrain, mais on reste bien loin du modèle à demi-avoué.
Les derniers titres du disque sont plus lents, entretiennent une humeur plus mélancolique, allant jusqu’à taquiner les atmosphères gothiques des Cure et de la cold wave en général (« Treason ! Animals » ou « The universe expended »), le tout perclus d’arrangements chiadés mais bien convenus.
Malgré tout peu d’innovations (les Franz Ferdinand qu’on aime ou pas, ils ont un style, une patte sonore, on est en terrain connu, jusqu’à la pochette où le noir domine sur fond de slogans néo-réalistes soviétiques, la routine, quoi …), et un choix délibéré de se positionner en grand rassembleur musical centriste …

Tout ça finira peut-être à Wembley ou au Stade de France. Evidemment sans moi. Quand je voudrai écouter un bon disque de Franz Ferdinand, je me repasserai leur premier …

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LITTLE BOB STORY - RINGOLEVIO (1987)

Little Boss ...
Bon, comment dire …déjà que les disques de Little Bob, c’est matière assez rare (non pas qu’il en ait pas sorti beaucoup, mais c’est pas le genre de « catalogue » qu’on réédite) et à un prix délirant (généralement d’occase qui plus est), y’a comme chez tous du déchet. Dont ce « Ringolevio ». Sachant tout de même que les déchets de Little Bob (avec ou sans la Story), ça vaut bien les Best of de la plupart.
« Ringolevio », c’est d’abord un bouquin de l’écrivain américain « culte » Emmett Grogan. Bouquin que j’ai pas lu, donc ça m’évitera de m’embourber dans un parallèle avec le disque. Ce que je sais, c’est que Little Bob et sa Story, on peut pas les accuser de faire du rock intello, c’est pas le côté littéraire de leur truc qui passe en priorité. Little Bob, de toutes façons le studio et ses disques il s’en fout un peu, ce qui compte c’est la scène, où là, franchement, y’a rien à dire, depuis presque quarante ans il donne tout, que ce soit devant une centaine de personnes ou … une centaine de personnes. Tout son problème, ce petit bonhomme est connu, apprécié et respecté (c’est pas une curiosité rock’n’rollante exotique à la Johnny), par tout un tas de zicos anglais ou américains qui vendent infiniment plus de disques que lui, tandis que lui, Little Bob, il n’a eu au mieux que des « succès d’estime », et encore je suis gentil.
Little Bob Story 1987
Ce petit bout de rocker haut comme trois boots Anello & Davide, fut et demeure respecté par les scènes pub-rock et punk anglaises, et quand il va enregistrer aux Etats-Unis, jouent sur son disque (« Rendez-vous in Angel City » 1989) des gens comme Steve Hunter (Mott The Hoople), Kenny Margolis (Mink/Willy DeVille), Dave Alvin (Blasters), Charlie Sexton (Bob Dylan Band), Eddie Munoz (Plimsouls), … Pas mal pour un type quasi inconnu en France … Et sur ce « Ringolevio » en intro du premier titre éponyme (qui par ailleurs casse pas des briques), y’a la douce voix de castrat de Lemmy qui éructe un tonitruant « Listen up, sons of bitches, Little Bob is gonna to tell you a story ». Parce que quand Little Bob est en ville, Le Moteur en Chef vient lui serrer la paluche.
« Ringolevio », le dernier disque de l’historique Story a donc été enregistré à Londres. Et inconsciemment ou pas, il sonne comme un baroud d’honneur. Little Bob et sa bande vont laisser de côté cet éminemment sympathique côté crasseux, bordélique, tout aux tripes et au feeling qui caractérisait ses disques pour se « payer » le gros son de l’époque. Celui de la fin des années 80, grosses batteries sophistiquées en avant, riffs hardos, potards sur onze, son FM, … Résultat, c’est bien joué, putain de bien chanté, mais ça va aussi bien à Little Bob qu’une sonnerie « Helter Skelter » sur le portable de Christine Boutin… « Shadow lane », on dirait du Foreigner, « Life goes on », c’est juste bourrin, « Crosses on the hill », on dirait un slow des Scorpions, et la reprise du classique « Hush » ne fera pas partie de celles qui resteront dans les annales. Et mine de rien, on en est déjà à la moitié du skeud.
LBS et le producteur Hervé Deplasse (1er à gauche) 
Heureusement, ça s’arrange dans la seconde moitié, on laisse tomber le côté hard à deux balles pour revenir vers des choses beaucoup plus classic rock, soul, rhythm’n’blues. On n’est pas loin de l’axe Springsteen – Seger avec des titres comme « Sad song » et « Roads of freedom » (ce dernier, on jurerait vraiment du Springsteen d’entre les deux « Born .. »). D’autres fois, ça ressemble aux Cars (sans les tonnes de synthés) le temps d’un « Tell everybody the truth », « Motorcycle song » démarre comme un rock épique, mais dure moins de trois minutes et laisse sur notre faim, et les bonnes idées de « Green back dollar » sont gâchées par ce maudit son hardos FM.
On l’aura compris, « Ringolevio » n’est pas le disque que les livres d’Histoire retiendront comme l’œuvre essentielle de Little Bob (avec ou sans la Story). Il colle à son époque comme un vieux chewing-gum, et malgré cet effort « d’ouverture » n’aura pas plus de succès que ses prédécesseurs.
« Ringolevio » a été réédité avec en bonus les quatre titres d’un EP précédent (« Cover girl »), titres sympathiques très orientés soul-rhythm’n’blues (cuivres, chœurs féminins en plus de la Story), mais qui eux non plus ne font pas partie des choses essentielles à retenir de Little Bob.

Alors plutôt que de chercher cette rondelle ou les autres à des prix plus que prohibitifs, allez le voir en concert (faudra quand même pas trop tarder, il va avoir 70 balais), et là vous allez vous prendre une heure et demie de rock’n’soul  total par un des plus grands shouters blancs de sa génération …

NEIL YOUNG - EVERYBODY KNOWS THIS IS NOWHERE (1969)

Les fondations de la maison Young ...
Et des fondations solides, trois des titres de cet album de 1969 (« Cinnamon girl », « Down by the river » et « Cowgirl in the sand ») feront toujours partie des chevaux de bataille de Neil Young sur scène. Et à propos de chevaux, ce disque est le premier qui voit apparaître son backing band « historique » Crazy Horse, embauché par le Loner après qu’il l’ait vu sur une scène minable d’un pub de New-York.
Il y a dans ce « Everybody … » tout ce que Neil Young développe depuis et qui constitue sa marque de fabrique : par dessus-tout la mélodie d’une grande pureté, mise au service de ballades dénudées, de country-rocks ou de rocks énervés à grosses guitares.

Le Cd commence avec le court « Cinnamon girl » et son riff qui désosse. Le country-rock, on le trouve dans le   morceau-titre, et aussi dans « The losing end » plein de swing et de simplicité. Les ballades (« Round & round », et « Running dry » frissonnante avec son violon au second plan, en hommage aux Rockets avant qu’ils ne soient rebaptisés Crazy Horse) précèdent chaque fois les longs morceaux d’une dizaine de minutes « à guitares » qui clôturaient chaque face du vinyle.
« Down by the river » a une structure de ballade, soutenue par les grattes de Young et de Danny Whitten, plutôt dans un registre de recherche expérimentale sonore, même si elles commencent à tendre vers la saturation. « Cowgirl in the sand » est beaucoup plus rentre-dedans, avec son final en forme de joute épique Young-Whitten. Deux titres très dans la tradition des « jam bands » très en vogue à l’époque, mais plus dans l’ambiance « duel de guitares » que dans celle de la démonstration technique (voir les versions live chez CSN & Y avec Stills à la place de Danny Whitten).
Même s’ils ne font pas tâche et contiennent en filigrane des tics et des idées qui seront développées dans les disques à venir de Young, les quatre titres « restants » sont quand même bien éclipsés par les classiques.
La production est assurée par David Briggs qui deviendra le collaborateur attitré du Canadien pendant toute sa carrière.

Ce disque est paru quelques semaines après le premier sans titre, et juste avant que Neil Young ne s’acoquine avec l’intéressant Stills et les deux boulets Crosby et Nash. Le second concert de CSNY aura lieu dans le cadre intime (entre 300 et 500 000 personnes) du festival de Woodstock et Neil Young mènera pendant quelques mois une double carrière, en solo et au sein du super-groupe baba cool…

Du même sur ce blog :


ENDLESS BOOGIE - LONG ISLAND (2013)


Spinal Tap boogie ?
Non, sérieux, y’a des gens qui font encore ce genre de trucs, là, aujourd’hui ? Ce genre de trucs, c’est (facile à deviner, tout est dit dans le nom du groupe) un boogie rustique à faire passer Canned Heat pour Beyoncé (ou Culture Club, on n’en est plus à çà près …).
Endless Boogie donc. Baptisés ainsi en hommage à un titre de John Lee Hooker. Pour moi un des trois plus grands du blues (pour ceux que ça intéresse, comment ça, personne ? les deux autres sont Robert Johnson et Muddy Waters) et une source d’inspiration dont il peut sortir des merveilles (« L.A. Woman » des Doors). Un Hooker qui a plus ou moins inventé le boogie aussi, certes. Bon, le boogie, c’est pas le truc le plus captivant et original qui soit, mais là, avec Endless Boogie, on touche le fond … ou le sublime, ce qui revient au même.
Les types (quatre ? cinq ? c’est assez fluctuant) de Endless Boogie doivent considérer Status Quo comme des hérétiques (Status Quo, c’est pas difficile, je vous explique, faut être deux guitaristes, les cheveux longs, des jeans pattes d’eph, écarter les jambes à 60-70°, se serrer l’un contre l’autre, secouer la tête d’avant en arrière, mouliner le même accord pendant cinq minutes en répétant ad lib « whatever you want, whatever you want, whatever you want … »). Endless Boogie, j’y mets ma main à couper, leur morceau de référence c’est le « Refried boogie » de Canned Heat. Onze minutes et des brouettes en version studio, quarante en public (sur « Living the blues ») et vingt-huit à Woodstock (rebaptisé pour l’occasion « Woodstock boogie »). Mais le Heat, à côté de Endless Machin, c’est du fuckin’ rock progressif. Endless Boogie, ils sont vomis d’une faille spatio-temporelle, horloges bloquées en 1968. Ça fait foutrement penser aux furieux répétitifs de l’époque, les Iron Butterfly de « In-A-Gadda-Da-Vida », les Vanilla Fudge de « You keep me hangin’ on », les Blue Cheer pour l’ensemble de leur œuvre, tous les ancêtres du hard-rock et du stoner en somme…
Vous avez dit rustiques ?
Endless Boogie, on imagine une bande de rustiques venus d’un coin paumé d’Arizona, Nouveau-Mexique ou Texas et se prenant pour les ZZ Top de leur trou du cul du monde. Sauf qu’ils sont de New York (Long Island ?) qui est bien un des derniers endroits où l’on imaginerait des ploucs, le museau dans le buvard d’acide, jouer leurs machins primitifs. Parce que les Endless Boogie, ils doivent jamais avoir vu un Cd. Ils raisonnent encore en terme de 33T. Sur ce « Long Island », huit titres (entre 6 et 14 minutes), groupés par deux en tranches de 20 minutes pour faire une face de vinyle. J’en vois un qui suit et qui me fait remarquer que donc, « Long Island » est l’équivalent d’un double 33T… c’est bien petit, si les gorets te prennent pas pour un topinambour, t’as de l’avenir.
Ce disque serait excellent si … la pochette était belle. Elle est horrible.
Ce disque serait excellent si … il y avait un bon chanteur. Y’en a bien un qui de temps en temps grogne ou parle. Mais chante jamais. Un éclair de lucidité lui fait apercevoir ses carences et y’a une paire de titres instrumentaux (« Occult banker » et « On cryology »).
Ce disque serait excellent si … y’avait des musiciens techniques qui t’en foutent plein les oreilles. La section rythmique swingue comme un super tanker par calme plat, les fans (t’imagines, un fan de Endless Boogie, moi j’y arrive pas) vous diront qu’elle est sobre mais efficace. Les guitaristes, quand ils partent en solo (ben à peu près tout le temps, qu’est-ce que vous voulez foutre pendant dix minutes sur un titre, à part un solo ?), entre deux notes, t’as le temps d’aller pisser, boire un café et fumer une clope. Autant dire que c’est pas des virtuoses, découvreurs de talents à la recherche du prochain Hendrix, vous êtes pas à la bonne adresse. Les types tartinent des trucs psyché-baveux plein de distorsion sur une rythmique imperturbable. Du boogie de chez boogie quoi. Plutôt niveau maternelle que Sciences Po …
En pleine réflexion : je tire ou je pointe ?
Quand c’est très mal joué (à moins qu’ils aient de l’humour et qu’ils fassent semblant de jouer encore plus mal que ce dont ils sont capables), cette bouillasse sonore s’apparente un peu aux Stooges de « Funhouse » (le premier titre « The savageist »). D’autres fois, on a l’impression qu’ils essayent d’imiter ZZ Top (« Taking out the trash »), voire AC/DC période Bon Scott (pourquoi, y’en a une autre ?) (« General admission »). Toutes ces similitudes fonctionnent jusqu’à ce qu’ils se mettent à « jouer », en gros le temps de l’intro, qui vu la durée des titres, peut durer pas mal …
Soyons fous et optimistes, ce genre de rondelle absurde pourrait plaire aux fans de tous les soporifiques jam bands dont le Sud des USA se délecte, des Allman Brothers à Gov’t et sa Mule. « Long Island », c’est tellement mauvais que ça en devient génial, l’idée fixe stupide qu’on pousse dans ses derniers retranchements, le jeu de mots pourri qu’on place toutes les cinq minutes. Il faut donc l’acheter. En plusieurs exemplaires. Pas pour les écouter, surtout pas malheureux, mais c’est le genre de crétinerie qu’on trouvera originale dans vingt ans, et que des nigauds s’arracheront à coups d’enchères délirantes sur eBay.

Du coup, je le fous pas à la poubelle ce « Long Island ». Je le garde et commence ma carrière de futur rentier rock’n’roll, tendance boogie … Mise à prix : trente euros … Faire offre …

IGGY & THE STOOGES - RAW POWER (1973)

L'alpha et l'omega ...
« Raw power » est le genre de disque qui trône au milieu d’un no-man’s land où bien peu ont osé s’aventurer, et qu’encore moins ont essayé de dépasser. Une borne, une référence, une limite aussi …
« Raw power » n’a pas une histoire banale. Ce n’est pas un disque enregistré par un groupe établi, qui a sorti dix disques avant et en sortira trois douzaines ensuite. « Raw power » a été enregistré par un groupe qui n’existe pas. Ou qui n’existait plus pour être précis. Les Stooges ont sorti au tournant des années 60 deux disques cruciaux, mais aux ventes misérables. L’insuccès et une sérieuse propension à la défonce entérinent de fait la dissolution du groupe de Detroit.
Mr Jones, Mr Pop & Mr Reed, 1972
De son côté, Bowie commence en Angleterre à toucher le jackpot avec « Ziggy Stardust » après des années de vaches maigres et d’essais plus ou moins infructueux de réussir dans la musique. Bowie est un malin, et ce succès « tardif » lui a permis de bien connaître le milieu trouble du show-biz. Dès les premières liasses de livres sterling amassées, il monte sa propre maison d’édition, Main Man Production, et met à sa tête un manager filou (pléonasme) Tony DeFries. Et Bowie qui a toujours renvoyé l’ascenseur vers les gens qu’il appréciait, décide de jouer les ambulanciers pour ses idoles quelque peu en perdition. Bénéficieront de ses services en 72-73 Mott The Hoople, Lou Reed et Iggy Pop, ce dernier chanteur admiré par Bowie (Ziggy-Iggy, y’a un petit quelque chose) de ces Stooges débandés. DeFries, tout en renâclant à cause de la réputation d’ingérable d’Iggy mais sous la pression de Bowie, le signe malgré tout pour un album solo. Iggy s’envole pour Londres, cherche vaguement des musiciens de séance pour son disque, et surtout envisage de claquer tout le fric avancé pour le studio en coke et héro. Pas chien, Iggy entend partager la dope avec ses anciens potes et fait venir en Angleterre les frères Asheton (oubliant le bassiste Dave Alexander, lequel lui en voudra jusqu’à sa mort en 1975). Joyeuses séances de défonce entrecoupées d’essai d’écriture et de jams chaotiques en studio. Petit problème, Iggy seul n’a jamais été foutu d’écrire une chanson audible. Il appelle à la rescousse James Williamson, rencontré pendant la débandade des Stooges. Williamson, en plus d’être d’être un toxico de première bourre est aussi un guitariste killer qui sait écrire des morceaux, Iggy rajoute les paroles, Ron Asheton est prié de passer de la guitare à la basse. Malgré tout, peu de choses concluantes. DeFries s’impatiente, menace, et finalement Iggy lui amène les bandes qu’il a arrangées et produites de ce qu’ils ont enregistré. A l’écoute, DeFries frise l’apoplexie, contacte Bowie en tournée américaine, et lui intime l’ordre de s’occuper de ses « protégés ». Bowie se fait livrer les bandes aux USA, et en une paire de jours entre deux concerts, remixe le disque. Qui sort avec Bowie crédité au mix et Iggy Pop à la production. Et n’a aucun succès.
Les Stooges vont continuer quelques temps, livrés à eux-mêmes, enregistreront un nouveau disque semi-officiel, « Kill City », avant de disparaître de la circulation. Les aventures d’Iggy avec Bowie ou d’Iggy & the Stooges verront d’autres épisodes s’ajouter à la saga, mais c’est une autre histoire …
Iggy & The Stooges 1973
« Raw power » continuera sa carrière de disque culte pendant des lustres sous sa version initiale. Jusqu’à ce qu’Iggy Pop, devenu riche et quelque peu amnésique, se répande en arguties diverses sur « Raw power », selon lui saccagé au mixage par Bowie. Des rééditions suivront (le mix d’Iggy Pop, un coffret des « Complete sessions ») qui ne changeront guère la donne. « Raw power » sous quelque version que ce soit est surtout une tuerie totale. Magma sonore, vomi musical … testeurs de chaîne hi-fi s’abstenir …
Il faut à peine quelques secondes de l’inaugural « Search and destroy » pour mesurer l’impact de la déflagration qui s’annonce. En fait jusqu’à ce que la guitare de Williamson parte en looping incontrôlé et qu’Iggy se mette à chanter … Chanter ? Oui, ou aboyer, glapir, rugir, feuler, râler, … comme on veut, tant sa performance tient plus de l'animalité que de l’humanité. Tout « Raw power » est un orage sonique d’une intensité jamais entendue auparavant. Sans être pour autant un mur de feedback. Il y a trois titres qui ressemblent peu ou prou à des ballades (« Gimme danger », « Penetration », et « I need somebody »). Des ballades passées à la moulinette Stooges, glauques, noirâtres, atomisées, pleines de rage larvée. Des occasions d’entendre Iggy Pop version crooner, comme un Sinatra punk et déglingué (quoi que le Sinatra, côté déglingue, il était pas mal aussi …). Les cinq autres titres, des rocks furieux, déjantés, borderline (« Raw power » le titre, épitomé du rock dur, crasseux, dangereux et agressif, « Shake appeal », ou comment les Stooges envisagent le rockabilly, l’ultime « Death trip », la fin du voyage sur la highway to hell, free-rock dans l’esprit de « Funhouse », voilà c’est fini, démerdez-vous avec çà, Armaggedon times are coming, bruit de bidet final sur le rock à papa, à bobos et à babs des seventies …).
Points communs à tous les titres, un son de poubelle rock’n’roll, avec au premier plan un Iggy qui s’arrache les boyaux pour chanter (plus ou moins juste, mais c’est pas le problème), et des overdubs de guitare folle de Williamson, en perpétuelle sortie de route, toute en larsens et feedback. Au second plan, la basse de Ron Asheton jouée façon Lemmy de Motorhead (c’est-à-dire comme une guitare) et la partie de guitare rythmique ou acoustique de Williamson. Au fond, perdue dans ce brouhaha d’apocalypse, la batterie de Scott Asheton … C’est pas punk, c’est pas metal ou tout ce que vous voudrez, ça ressemble à rien de ce qui ait été fait avant ou après, c’est les Stooges de 73. Point barre.
Si vous n’aimez pas ce Cd, allez en enfer. S’il vous plaît, c’est que vous y êtes déjà.

Des mêmes sur ce blog :
Live, Carcassonne, 27 Juillet 2011

PRIMAL SCREAM - XTRMNTR (2000)

La synthèse ...
Comme celle qui permet de fabriquer des poudres blanches … ou comme la conclusion d’une réflexion, d’un travail. Toxicos, les Primal Scream le sont, et pas qu’un peu dans les nineties. Enfin, Bobby Gillepsie, tant on peut quasiment résumer Primal Scream à sa seule personne. Aventuriers sonores, Primal Scream le fut aussi durant cette décennie. Qu’ils avaient quasiment inaugurée avec « Screamadelica », leur disque qui est rentré dans les livres d’histoire, et auquel on les réduit souvent, tant son succès et son impact ont marqué l’époque.
Perso, je lui reconnais toutes les qualités qu’on lui prête, mais je trouve qu’il vieillit mal (ou vite, ce qui revient au même), comme tous ces disques à la pointe de la tendance lors de leur parution et donc forcément démodés plus tard. En tout cas, ce cocktail de classic rock et de dance music est resté le fil conducteur de Primal Scream durant toute la décennie (après j’en sais rien, j’ai un peu laissé tomber). En gros, des disques qui tentaient de refaire le coup de « Screamadelica », avec plus ou moins de bonheur.
Bobby Gillepsie
Jusqu’à ce « XTRMNTR » (pour Exterminator, au cas où un fan de Maé passerait par là). Autant jouer cartes sur table, « XTRMNTR », je le trouve meilleur que « Screamadelica ». Parce que là, on parle plus de voisinage, de juxtaposition, de cohabitation de genres, c’est vraiment du mélange, de la fusion. Et pas seulement d’obsessions pour les Rolling Stones et les premières rave-parties. Ici, toutes les idoles du classic rock de Gillepsie remontent à la surface, les derniers sons electro-techno-dance-machin aussi, mais aussi des sonorités jusque là peu rencontrées chez Primal Scream.
Alors oui, on croise sur « XTRMNTR » le punk à tendance stoogienne, le Velvet, du free jazz, du krautrock, et plus encore, tout ça passé à la moulinette big beat, le son « électronique » du moment. Et là, Primal Scream déborde et enfonce les Prodigy et autres Chemical Brothers. Pour une raison toute simple, c’est que Gillepsie, du rock il en a fait pendant dix ans au début de sa carrière, et pas en version fleur bleue (il fut rappelons-le, le mauvais batteur des débuts des Jesus & Mary Chain, pas vraiment des tendres, à quelque niveau qu’on envisage le groupe des frangins Reid). Les bigbeateux, ils ont fait que sampler des grosses guitares hardos et déliré là-dessus.
Et « XTRMNTR », ça déchire sa race. Rien que les titres placent la barre très haut, « Kill all hippies » ou « Swastika eyes », ça a de la gueule, au moins autant qu’un douteux « Smack my bitch up ». Gillepsie et son inamovible lieutenant Innes ont réuni du beau monde, les Chemical Bros sont venus faire un remix, Kevin Shields a participé à un hommage à son groupe My Bloody Valentine, Sumner de New Order traîne sur un titre, et des remerciements sont adressés à Jaki Liebezeit, le fantastique batteur de Can et Liam Howlett, figure de proue de Prodigy.
Primal Scream live 2000
Ça démarre par un extrait de film, ensuite arrivent une guitare filtrée, une batterie très Liebezeit-style, se met en place un gros groove robotique, s’installent les gimmicks de synthé, et c’est parti pour « Kill all hippies ». « Accelerator » qui suit porte bien son nom, on monte dans les tours, « Exterminator » est une tuerie, rouleau compresseur sonore bâti sur une rythmique grondante et des guitares dissonantes. « Swastika eyes », petit succès en single, c’est à la base de l’electro-pop des 80’s, mais comme remixée par un savant fou genre Trent Reznor, ça tourbillonne de partout à en donner le vertige.
Le cœur du disque est plus calme, plus apaisé. D’une façon toute relative. Des chants grégoriens introduisent « Pills », puis il y a des scratches de vinyles sur lesquels Gillepsie ( ? ) vient rapper, au milieu d’arrangements tournoyants. Etrange mais pas forcément captivant. Un énorme grondement de basse à la Entwistle (des Who, pour le fan de Maé s’il est toujours là) lance l’instrumental « Blood money » dans lequel s’entrechoquent synthés cristallins, ambiance jazz, solo de batterie, pour un résultat qui sonne comme du jazz-rock sous acide. « Insect royalty » est un peu son pendant en version psyché barrée, comme si Zappa (quand c’est étrange, on cite toujours Zappa) avait gobé de l’ecstasy. Entre les deux, une magnifique ballade perverse « Keep your dreams », très Velvet Underground (les clochettes de « Sunday morning », les intonations à la Nico).
Retour au boucan pour le final. Un hommage à My Bloody Valentine, « MBV Arkestra (If they move, kill ‘em) », dans lequel le fan de « Loveless » risque fort de ne pas retrouver ses repères, il y a juste ces sonorités « liquides » typiques de la bande à Kevin Shields mais noyées si l’on peut dire dans des vapeurs de krautrock et de free-jazz, avant que tout ça s’encastre dans un mur dissonant. Le remix de « Swastika eyes » par les Chemical Brothers est peut-être le seul morceau sans réelle originalité, ça bastonne comme sur les morceaux énervés de « Surrender ». « XTRMNTR » s’achève par une tuerie (le bien nommé « Shoot speed / Kill light », c’est mixé à un volume beaucoup plus fort que tout le reste, ça envoie la purée, c’est répétitif, bête et méchant, donc excellent.
« XTRMNTR » marque à sa façon la fin d’une décennie, d’un siècle, d’un monde. Désormais, tout pouvait changer, être comme avant mais en pire …Pour moi le disque qui est en même temps le plus original et le plus abouti de Primal Scream …