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PAUL McCARTNEY - McCARTNEY (1970)

Passer de l'essentiel à l'accessoire ...
10 Avril 1970. Les fans attendent le prochain disque des Beatles en espérant que toutes ces rumeurs de climat délétère à l’intérieur du groupe ne soient justement que des rumeurs, et que le plus grand groupe pop du siècle va revenir avec une tuerie sous forme de 33T pour encore une fois mettre tout le monde d’accord. Il arrivera ce fameux disque (« Let it be »), mais sous forme de testament. Car ce 10 Avril, un communiqué lapidaire envoyé à la presse annonce que Paul McCartney quitte les Beatles. Lennon était déjà parti mais sans l’ébruiter, Harrison n’est plus vraiment là de toute façon, et Ringo … Ringo, comme d’hab, personne lui a demandé son avis, de toute manière il était au bar... Ce communiqué de Macca précise également qu’une semaine plus tard, paraîtra son premier disque solo.
Paul & Linda McCartney 1970
Un disque sans titre, une moche pochette énigmatique, 13 titres écrits, joués, chantés, arrangés et produits par le seul Paulo. Pour le timing, on est dans les normes « Abbey Road » (au moins aux deux tiers l’œuvre de Paul, dont la plus grande partie de la seconde face, avec ses courtes vignettes musicales), les treize titres dépassent un peu la demi-heure, c’est du succinct …
Et ça commence mal, 43 secondes d’aubade à sa Linda de femme. Ah, les femmes des Beatles, qu’on a accusé de tous les maux (le plus souvent à juste titre) et qui n’ont pas été pour rien dans la … euh, débandade du groupe. On l’entend d’ailleurs un peu (et c’est déjà trop) la Linda pousser quelques vagissements (les fans appellent ça des chœurs, les fans sont très tolérants) sur une paire de titres … bâillements…
McCartney qui joue de tout (guitare, basse, batterie, piano et claviers), ça se remarque. Il a beau être doué le Paulo, on se rend vite compte qu’il a certaines limites vite atteintes, et l’ensemble sonne assez souvent simplet (ces solos de guitare où on a le temps d’aller boire un café entre deux notes, à l’époque d’un Alvin Lee triomphant, ça fait désordre …). Techniquement, ce disque est au niveau d’une maquette, y’a des bribes de morceaux, d’idées, et même trois instrumentaux dont l’intérêt est, pour rester poli, limité …
Les vacances de Monsieur Paulo
Le reste, oh, ça dépayse pas vraiment. Cette voix tellement entendue tout du long de la décennie est toujours là, de même que les titres « sucrés », ces ballades la larme à l’œil dont n’ont pas fini de se gausser ses détracteurs. Mais c’est une partie du personnage, toute en douceur sonore et caresse musicale, et ici ce sont des morceaux comme « Junk », « Every night », « Man we was lonely », « Teddy boy ». Et si tout le monde ( ? ) ne connaissait pas les 224 titres des Beatles, certains de cet album solo pourraient sembler sortis de la discographie des Fab Four, parce que ce premier disque n’a rien de révolutionnaire, tout se situe en terrain connu. Tout au plus peut-on remarquer que Macca se laisse aller à taper quelques blues-rock, exercice auparavant le plus souvent dévolu à Lennon.
Tiens, Lennon, justement, il est gentiment taquiné dans un de ces blues-rock (« Oo you »). Mais voilà, même (surtout ?) si on s’appelle McCartney, c’est pas le moment d’égratigner la Statue du Commandeur. Le binoclard va très mal prendre ce titre et répondre méchamment sur son « Imagine » l’année suivante (« How do you sleep ? »). Il y a des gens qui ont l’ego susceptible, même s’ils se prétendent les plus cools de la Terre …
Ce « McCartney » n’est pas bon, bâclé et approximatif, à mille lieues des fulgurances à tous les niveaux de Beatle Paul. Mais même à la ramasse, le Paulo est capable de se fendre d’une ballade soul (pour Linda, of course), assez proche de ce que faisait Winwood avec Traffic, ça s’appelle « Maybe I’m amazed », ça va très logiquement cartonner dans les charts, et ça dépasse de la tête et des épaules tout le reste du disque.

Un disque malgré tout en équilibre instable au bord de la poubelle, très nettement inférieur aux livraisons des « rivaux » George (« All things must pass ») et John (« Plastic Ono Band »). Et Ringo me demande t-on ? Euh … il était au bar …


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THE BEACH BOYS - SUMMER DAYS (AND SUMMER NIGHTS !!) (1965)

... And summer girls ...
Les Beach Boys, c’est une trentaine de disques studio et dix fois plus de compilations. Mais c’est pas très difficile de s’y retrouver dans ce labyrinthe. Les compiles, elles reprennent les hits, car les Beach Boys en ont eu un gros paquet, et c’est assez compliqué de mal tomber. Les albums studio, hormis l’incontournable « Pet sounds », on peut quasiment tous les oublier. D’ailleurs, pour un groupe ayant vendu des dizaines de millions de disques, il a fallu attendre des années (2001 pour être précis) avant que la plupart soient réédités en Cd.
Des premiers communiants ? Non, les Beach Boys 
Si après cette intro à faire fuir le chaland, il reste encore quelqu’un, le skeud dont au sujet de lui que je vais causer « Summer days … », il est paru un an avant « Pet sounds », et fait donc partie de ces 33T qui sortaient à un rythme effréné (deux à trois par an, sans compter les compiles) depuis les débuts du groupe. Un disque fidèle aux canons de l’époque et à l’exploitation tous azimuts qui était faite des groupes bankables. Deux-trois hits, quelques titres corrects, et du remplissage à base de fonds de tiroir. « Summer days … » ne déroge pas à la règle. Ça sent le truc assemblé vite fait, l’ensemble des douze titres dure 26 minutes. Et malgré tout, faut faire le tri.
Le final du disque est calamiteux. Un instrumental (rappelons quand même que ce qui a contribué à la légende des Boys, ce sont leurs harmonies vocales, les meilleures du bon côté ( ? ) du Rideau de Fer), un titre de doo-wop (« I’m bugged at my ol’ man ») qui n’est vraiment pas le genre de prédilection du groupe, et pour finir un court machin a capella totalement sans intérêt.
Le cœur du disque est construit autour d’une thématique plus que prévisible (la plage, l’été, les meufs), toute la philosophie un peu simplette des Beach Boys depuis toujours (maintenant, à 70 balais, ça le fait encore moins pour eux). Et bizarrement, comme un signe prémonitoire de ce que seront les dix premières années du groupe (après, vaut mieux laisser tomber), on trouve tout ce qui a caractérisé le groupe dans les années 60.
Alors forcément, y’a des trucs qui ressemblent à Chuck Berry (toute première source d’inspiration de Brian Wilson), et ils sont placés au début (« The girl from New York City » et « Amusement Parks USA »). Ensuite le travail sur les harmonies vocales, symbolisé à l’époque par tous les girl-groups, qu’ils soient chez Spector ou la Tamla. Le « Then I kissed her » des Crystals de Spector est la reprise qui s’imposait. Ensuite les Beatles, qui ont traumatisé à jamais Brian Wilson. La compétition se met en place avec « Girl don’t tell me » qu’on pourrait prendre pour un inédit des Fab Four. A noter pour l’anecdote que c’est le seul titre du disque entièrement joué par les Beach Boys, sans doute pour présenter le côté « groupe » et imiter au mieux la technique précaire des Beatles des débuts (en principe, ce sont des requins de studio à la manœuvre, en particulier les habitués des sessions de Spector, Hal Blaine, Carol Kaye, Leon Russell et toute la clique …). Au tournant des 60’s, un regain d’inspiration du groupe (et surtout le retour en son sein de Brian Wilson) donneront quelques disques intéressants (le superbe « Surf’s up » notamment) et seront marqués par une certaine tristesse des mélodies. On en a les prémisses sur ce « Summer days … », avec la quelque peu désabusée et traînante « Let him run wild ».
Séance photo avec Al Jardine
Et puis et surtout, les Beach Boys sont dans cette première moitié des 60’s un groupe à singles. Issus de ce disque, deux ont grimpé en haut des charts. « Help me Rhonda », déjà présent dans le précédent album (« Beach Boys today ! ») l’est ici dans sa version « radiophonique ». Pas grand-chose à dire, c’est un Beach Boys classic, qui reprend toutes les formules (le gentil rock’n’roll, les changements de rythme, les chœurs, le refrain en pièce montée) ayant déjà fait leurs preuves. D’un tout autre calibre est « California girls ». Brian Wilson a dit qu’il s’agissait là du meilleur titre qu’il ait écrit. Bon, il est peu cinglé, le Brian, il doit plus se souvenir qu’il a écrit « Good vibrations » … N’empêche, il a pas tout à fait tort, « California girls » est un des meilleurs titres du groupe, et peut-être celui qui le symbolise le mieux à ses débuts. Musicalement, il domine sans peine cet album, et son thème contenu dans le titre (ça vole pas très haut les textes des Beach Boys), il est récurent dans ce disque et lui aussi contenu dans le titre, les « summer days », c’est fait pour draguer, en espérant que ça débouche sur des « summer nights » torrides. Le tout très fleur bleue, dicté par l’époque et l’image romantique que tient à cultiver le groupe.

Le groupe … il serait temps d’en parler. Les Beach Boys sont une affaire familiale (les trois frangins Wilson, le cousin Love, le pote Jardine, et l’autre pote Johnston, dont on sait pas trop s’il en fait vraiment partie). Affaire chapeauté par papa Wilson, qui en bon Thénardier du rock, envoie ses enfants au turbin et prend la monnaie. Ce qui n’empêche pas certaines curiosités « stratégiques ». Pourquoi Jardine (Johnston, il y est jamais) ne figure pas sur la pochette (il est sur des photos de la séance, et « signe » comme les quatre autres, un texte sur la pochette du 33T ?). la réponse est selon moi à chercher dans le fait que les Beach Boys ne sont pas vraiment un « groupe » au sens rock du terme, mais plutôt une trademark au son immédiatement reconnaissable, et les accompagnateurs du plus doué du lot, Brian Wilson, qui signe toute la partie musicale de l’affaire, ne laissant que les paroles à cousin Mike Love … Déjà le germe de tout un tas de rancunes tenaces, qui donneront lieu à partir des 70’s à des pitreries procédurières tout du long de l’interminable saga du groupe …

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KATE BUSH - THE KICK INSIDE (1978)

Seule au monde ...
Kate Bush, c’est impossible à ne pas reconnaître. Ne serait-ce qu’à cause de la voix (quatre octaves, tout en haut des aigus). A cause de la musique aussi, un peu, parce qu’elle œuvre dans un domaine assez original. Et ce dès son premier disque, « The kick inside ».
Kate Bush, c’est un peu l’anti-star du rock’n’roll circus. La fille de bonne famille, des années de danse classique, des cours de piano.  Et elle écrit des chansons. A dix-sept ans, elle en aurait écrit plus de cinquante. Certaines sont mises sur des cassettes que ses parents font circuler auprès d’amis musiciens. L’une de ces cassettes échouera chez David Gilmour, obscur guitariste d’un groupe pas très connu, Pink Floyd … On peut tomber plus mal d’entrée. Et donc Gilmour a les moyens dès 1975 d’envoyer la gamine en studio enregistrer trois titres, dont deux (« The man with the child … » et « Strange phenomena ») se retrouveront sur « The kick inside ». Gilmour fait signer Kate Bush chez EMI (ça n’a pas dû être trop difficile, ce sont eux qui vendent les disques du Floyd), délègue un de ses amis, Andrew Powell, aux fins de recruter des musiciens, et produire le premier disque de sa protégée.

Ce premier disque n’est pas là juste parce que c’est une tocade de milliardaire du rock à qui sa maison de disques ne peut pas refuser un petit service. Le Kate Bush Group se rode sur scène pendant deux ans avant d’entrer en studio (où là ce seraient des requins de studio qui les remplaceraient, prétend la rumeur). C’est à peu près la seule période de la carrière de Kate Bush qui va ressembler au parcours de n’importe qui dans le music-business. Après la sortie de ce disque, elle  va à peu près jouer « le jeu » une paire d’années (un peu de promo, quelques interviews, un disque par an, une tournée). Et puis basta … Finies les interviews, les tournées, et en tout et pour tout neuf « vrais » disques en trente cinq ans de carrière (un peu comme Manset, elle retravaille à l’occasion ses titres pour des compilations).
« The kick inside ». Le premier donc. Mais pas le meilleur. Même si on y trouve déjà tout ce qui fera le Kate Bush style. La voix et le piano, les éléments de base chez elle. Qui n’ont besoin de rien ni personne d’autre sur trois titres (« The man with the child in his eyes », « Feel it », « The kick inside »). Ensuite, pour le reste, un univers sonore original et unique pour l’époque. Pour lequel on a souvent vu citer l’adjectif de « féerique ». Où se mêlent des rythmes de comptine, de la musique classique ou baroque, mais produits par une instrumentation « rock » de base (guitare, basse, batterie, claviers), sur laquelle ne se greffent que très rarement d’autres instruments. Allez savoir pourquoi (enfin, si, je sais, à cause de quelques strates de musique classique ou planante, et la connexion Gilmour-Floyd), les vilains progueux ont été nombreux à s’enticher de la Kate. Ils ne furent pas les seuls, heureusement. Son premier 45T, l’a priori totalement improbable « Wuthering heights » (d’après le bouquin du même titre d’Emily Brontë) resta plusieurs semaines en haut des charts anglais (et aussi d’ailleurs), alors qu’il échappe totalement à tous les standards et formats de l’époque. Il écrase quand même un peu tout le restant de ce premier disque. Beaucoup de titres sont construits de la même façon, et passé l’effet de surprise, donnent un peu l’impression d’une formule trop systématiquement appliquée (ces mélodies très cinétiques, témoin du passé dans la danse de la Bush, cette ambiance elfique et pastorale, …) Les textes sont parfois assez cryptiques (certains fins analystes ayant même décelé en « The saxophone song » une ode à la masturbation et dans « Strange phenomena » une allusion aux cycles menstruels), souvent des mots choisis plus par leur musicalité que pour leur sens.
La pochette refusée par Kate Bush
On sent tout de même dans « The kick inside » une volonté (certainement la pression d’EMI, ils veulent bien faire plaisir à Gilmour, mais surtout vendre du vinyle) de coller à l’air du temps. Deux titres vaguement reggae (« Them heavy people » et « Kite ») font un peu beaucoup aguicheurs pour coller à l’air du temps, seront sans suite dans l’œuvre de Kate Bush et lui vont à peu près aussi bien qu’un jean slim à Beth Ditto … Mais bon, bien que jeune et débutante, Kate Bush ne s’en laissait pas toujours conter, elle a refusé la pochette initialement prévue pour une très « orientalisante »  (certainement un clin d’œil à son frère, karateka de haut niveau et fan de culture asiatique, un frère dont elle était très proche)

Toutes ces menues réserves ne sont valables que parce qu’aujourd’hui on connaît la suite et les disques qui vont en permanence s’améliorer jusqu’à son chef-d’œuvre « Hounds of love » en 1985. On aimerait que toutes celles qui l’ont copié sans vergogne (je balance pas, tout le monde le sait, la liste est même sur Wikipédia) aient pondu beaucoup de choses du niveau de ce « The kick inside » …


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NORAH JONES - COME AWAY WITH ME (2002)

Non merci, je reste là ...
D’entrée la question essentielle, fondamentale, cruciale, la Mère des questions : qu’en serait-il advenu de ce disque si Norah Jones avait été le sosie d’Arlette Chabot ? Et venez pas me dire que c’est un argument déloyal, qu’elle l’a pas joué string en avant comme la première Lady Fada venue … parce que moi, des trucs aussi BCBG que Norah, je trouve ça suspect. Ça pue l’arnaque, tout ce bazar, le plan marketing genre Alanus Mauricette ou Lana de La Raie, la beauté centriste qui se pointe avec ses rengaines molles de l’entrecuisse et qui vend des camions de disques à tous ceux qui n’en achètent qu’un par an …
Va falloir agrandir la cheminée, Norah ...
Y’a tout pour donner envie aux lectrices du Figaro Madame d’investir dans le Cd. Une fille de (en l’occurrence Ravi Shankar, curiosité exotique et dispensable du festival de Woodstock), délaissée par papa, signée par un prestigieux label de jazz (Blue Note), pour un disque produit par une grabataire légende (Arif Mardin) de la musique soul des sixties … Pour un résultat donnant lieu à des comparaisons aussi déplacées que malhonnêtes avec les figures tutélaires du jazz vocal féminin (les bios de Billie Holiday ou Nina Simone, c’est du Zola trash à côté des petits bobos de l’existence de la Norah) …
Tiens, et à propos de bobos, ce doit être la musique qu’ils aiment passer. Mais pas écouter. On ne peut pas écouter, y’a rien à écouter. Un murmure jazzy de vernissage dans un bar branchouille, des chansons infiniment lisses, sans aspérités. Je veux dire, faut quand même forcer pour arriver à faire de « Cold cold heart », l’assez sombre classique country de Hank Williams, cette purge murmurée que la Jones nous livre sur « Come away with me ». Elle chante bien, la Jones ? Oui, certes, elle chante juste. D’une façon encore plus glaciale que Sade dans les 80’s, la Nigériane s’appuyant elle sur des chansons quand même plus sexy. Il n’y a qu’un seul titre (« Turn me on ») sur lequel Norah Jones donne l’impression d’exister, de vibrer pour ce qu’elle chante. Le reste n’est qu’un mignon exercice de style.
Ça assure musicalement ? Même pas, et malgré la présence au générique de colifichets attrape-nigauds (le déjà cité Mardin, ou le virtuose de la guitare jazz Bill Frisell), ça mouline un soft jazz de piano-bar totalement calibré, formaté, batterie balayée, contrebasse feignasse, inoffensif et insipide au possible… Quatorze titres sur le même invariable tempo traînard dans lequel le seul « Feelin’ the same way » fait figure de sarabande endiablée tellement les autres sont soporifiques…
Vingt millions de copies vendues, dont deux millions en France … no comment …

FRANCOISE HARDY - COMMENT TE DIRE ADIEU (1968)

Ex-fan des sixties ...

Le problème de la Hardy, comme de tous les autres, c’est qu’à force de durer, on finit par devenir vieux. Et con, les deux vont généralement ensemble. J’ai déjà dit ailleurs tout le bien que je pensais de la mémère cartomancienne, je vais pas continuer de tirer sur l’ambulance (joke …).

Pourtant, dans les sixties, Françoise Hardy, c’était quelque chose. La jeune fille moderne, qui faisait encore plus craquer parce qu’elle avait l’air timide et triste. L’icône féminine made in France, encore plus que Bardot (laquelle avant d’être relookée par Gainsbourg n’était qu’un copier-coller des bimbos blondes décervelées de l’Hollywood des années 40-50, genre Lana Turner, Jayne Mansfield, Monroe …). Brian Jones et Paul McCartney en pinçaient pour elle, Dylan venait la voir à son hôtel, on la voyait en boîte à Londres avec Jagger et Richards, elle accueillera et recueillera Nick Drake au début des seventies … Françoise Hardy était là où ça se passait, fréquentait tous les top musiciens de l’époque. On ne peut pas dire qu’elle s’en soit vraiment inspirée lorsqu’il s’agissait de sortir des disques …
En France, Hardy est juste un produit de sa maison de disques Vogue. Qui bon an mal an lui fait enregistrer quelque rengaine radiophonique avec comme point de mire le succès de son premier titre « Tous les garçons et les filles » (1962). Un 33T sortira à peu près chaque année. « Comment te dire adieu » est paru fin 1968. Année particulière en France. Mais c’est pas le genre de la dame de faire dans le commentaire social, inutile d’y chercher la moindre allusion aux « événements ».
Françoise Hardy, c’est de la variété française, même pas du yéyé, l’avatar local du rock. Les limites vocales de Hardy la cantonnent et l’ont toujours réduite à un registre vaguement folk, vaguement chanté. Un style certes pas original (n’est-ce pas Carla B-S ?).
Françoise Hardy, c’est quand même un nom porteur, bankable. Et Vogue ne lésine pas. Un orchestre très violoneux est présent (souvent un peu trop) sur tous les titres, et sont repris-adaptés des titres de Leonard Cohen (« Suzanne »), Joan Baez (« There but for fortune » / « Où va la chance ? »), Jobim / Buarque (« Sabia » / « La mésange »). Versions parfois sympathiques (« Suzanne »), mais qui ne font guère de l’ombre aux originaux. Deux morceaux très passe-partout sont signés Hardy : « La mer, les étoiles et le vent », bof, et « A quoi ça sert ? » qui porte bien son nom. « Il vaut mieux une petite maison dans la main qu’un grand château dans les nuages », rien que le titre se passe de commentaire, c’est totalement crétin. Un peu à part musicalement, avec un texte de l’écrivain Patrick Modiano sur un tempo très jazz années 20-30 un « Etonnez-moi Benoît » qui sera un petit succès en single.

Quelques morceaux ressortent sans peine du lot. Le poème d’Aragon « Il n’y a pas d’amour heureux », déjà mis en musique par Brassens, ambiance triste et désabusée convient parfaitement à Hardy. « Où va la chance ? » évite l’écueil de la comparaison avec Joan Baez, c’est une jolie ballade menée par une harpe avec l’orchestre qui pour une fois reste discret. Mais surtout, la bonne pioche de ce disque, c’est d’avoir mis à contribution un mercenaire de la chanson qui commence vraiment à se faire un nom, Serge Gainsbourg. Qui livre une compo originale, « L’anamour » appelée à devenir au fil des reprises un classique du répertoire gainsbourgien, et aussi une adaptation d’un titre anglais peu connu (« It hurts to say goodbye ») qui sera la locomotive de cet album, et un des meilleurs et plus connus de Françoise Hardy (« Comment te dire adieu ? »). Indubitablement un des grands textes de Gainsbourg, à tel point que la reprise la plus connue, celle des Communards, reprendra les paroles françaises et pas celles de la version originale …
La pochette de « Comment te dire adieu » est signée d’un quasi-débutant, Jean-Paul Goude, la réédition Cd de 1995 est assez cheap (aucun bonus, son pas terrible, juste trois photos de Jean-Marie Périer). Plutôt un disque pour les fans, une compile fera l’affaire pour le commun des mortels …

PETER GABRIEL - SO (1986)

So surestimé ?

« So » fait partie de ces disques élevés au pinacle par plein de gugusses pour plein de raisons qu’ils croient bonnes.
1-  Parce que Peter Gabriel a fait partie de Genesis.
2-  Parce qu’il en est parti.
3-  Parce que « So » est un disque des années 80.
4-  Parce que « So » en fout plein les oreilles.
5-  Parce qu’il s’en est vendu des camions, et que si les gens l’ont acheté, c’est que forcément il est bien.
Tout ça fait certes d’excellents arguments de comptoir. Mais 25 ans après les faits, ça fait quoi d’écouter « So », mis à part de se sentir un peu vieux (et donc forcément con) ? Ben « So » il a aussi pris un coup de vieux. Le genre de disques très lié (trop ?) à une époque, un contexte …
L’époque, le milieu des années 80, la décennie du fric roi. Les chefs comptables et les directeurs marketing prennent le pouvoir dans les maisons de disques, un nouveau support (le Cd) arrive, des médias et leurs outils de promotion à la solde des majors (les chaînes musicales et les vidéo-clips) font aussi leur apparition, tous les records de chiffres de vente explosent (boostés par le phénomène Michael Jackson). Signé sur une major (Virgin), un capital notoriété certain, Peter Gabriel a tout du profil du winner potentiel.

Le contexte dans le monde de ceux qui font des disques, est bizarrement, au milieu de ce raz-de-marée planétaire de billets verts, de donner dans l’humanitaire. Commencent à se mettre en place toutes ces entreprises charitables se traduisant par des mega-festivals censés rendre notre monde meilleur (on a vu le résultat). Là aussi, Gabriel est au cœur du cyclone. Il vient de prendre sa carte à Amnesty International, sera de tous les concerts pour toutes les bonnes causes, fondera le WOMAD, son label-studio baba-cool alter-tiers-mondiste Real World, … Plus « concerné » que lui, tu peux pas … Peter Gabriel, c’est le centriste qui dérangera personne, qui remettra rien en cause s’il réussit. A un détail près, faut quand même sinon un bon disque, au minimum un disque bien dans l’air du temps. « So » sera ce disque, qui fera passer le Gab d’artiste « branché » à triomphateur grand public.
« So » n’est pas indigne, d’ailleurs les fans du bonhomme sont à peu près d’accord pour dire que c’est son meilleur.
Sur « So », « ça joue ». Plein de types connus, généralement requins de studio renommés (dont, cocoricouac, Manu Katché on the drums), des potes de Gabriel très célèbres venus faire une pige (Jim Kerr des très successful Simple Minds, Kate Bush, la branchaga Laurie Anderson, et un Youssou N’Dour qui va commencer à beaucoup faire parler de lui). Sur « So », « y’a de la chanson ». Genre celle qui finit en haut des hit-parades. Deux y arriveront. « Sledgehammer », rhythm’n’blues rigide et assez mauvais, avec vrais cuivres qui sonnent faux et des chœurs braillards (avec notamment PP Arnold, il se refuse rien, le salopiaud). « Don’t give up », ballade sophistiquée mais un peu vaine dans laquelle vient se perdre Kate Bush pourtant à cette époque au sommet de son art (mais qu’est-ce que t’es allée foutre dans cette galère, Kate ?). Ces deux titres appuyés par des clips qui tourneront en heavy rotation marqueront leur temps.

Les vraies pépites de ce disque sont à chercher ailleurs. Du côté de « Mercy Street », où là il se passe quelque chose, ce doit être ce qu’on appelle du feeling, de l’émotion… Ou encore sur « We do what we’re told », le morceau le moins convenu, très expérimental, onirique, avec des batteries comme aquatiques.
Le reste ? De la chanson épique correcte mais sans plus (« Red rain », « In your eyes ») qui va chasser sur les terres de U2 et Simple Minds, une autre bouse disco-funk-rhythm’n’blues (« Big time »), un « difficile » mais intéressant « That voice again », et un titre bonus sans intérêt (« This is the picture …» avec Laurie Anderson) absent du vinyle original et qui occasionne un chamboulement mal venu du tracklisting sur le Cd, tellement il sonne comme une chute du précédent opus du Gab ( le « IV » ou « Security », comme on veut).
Comme d’hab chez le Gab, gros travail sur les structures rythmiques des titres, tellement compliquées que si t’en causes à Ringo Starr, il retourne au bar en courant, et une production assez atypique (très clinquante, brillante, technique en avant) du quasi débutant Daniel Lanois qui se spécialisera par la suite dans des sons plus naturels, boisés et chaleureux, en contrepoint des machines, ambiances et bruitages de Brian Eno en compagnie duquel il produira U2… Et puis, faut pas oublier de le souligner, tellement il y en a des quelconques derrière un micro, Peter Gabriel est un chanteur qui chante bien, très bien même …
« So », je l’ai apprécié en son temps. De toutes façons, absolument tous ceux ceux qui étaient payés pour nous informer de l’actu zique disaient qu’il n’y avait rien de mieux. Ce qui évidemment est totalement faux, on n’arrête pas de « redécouvrir » (trop tard pour leurs auteurs), de bons disques de cette époque passés sous silence… « So » est à ranger à côté des disques de Sting, Dire Straits, et tous ces centristes des 80’s …

Du même sur ce blog :
Peter Gabriel I


JOE JACKSON - LOOK SHARP ! (1979)

Catalogue new wave ...

Les punks avaient démontré que point n’était nécessaire d’avoir des décennies d’études musicales derrière soi pour faire des disques. Joe Jackson allait prouver que des années de conservatoire (du piano à la très sérieuse et très prestigieuse London’s Royal Academy of Music), ça pouvait aussi aider pour faire de la musique.
Avec pareil background, Joe Jackson n’a forcément rien d’un punk. Il arrivera avec ce disque, son premier, alors que les punks commencent à avoir du plomb dans l’aile, dans une Angleterre de la fin des années 70 qui voit émerger chaque semaine des sons et des gens nouveaux. Le tout englobé dans le terme générique de new wave, regroupant des artistes aussi différends que Cure, Siouxsie, Magazine, Police, Madness, Costello …
Scoop : Joe Jackson a eu des cheveux !
Costello, justement. L’autre Elvis avec lequel Joe Jackson a souvent été comparé à ses débuts. Tous les deux ont débuté avec des chansons sèches, presque austères, nerveuses, avec de nombreuses choses venues du reggae … et tous les deux ont vite été à l’étroit dans le format qui les avait fait connaître. Il y a une différence fondamentale entre eux, leur culture musicale de base. Costello rêve de folk et de country, Jackson de jazz et de musique classique, et très vite, ils bifurqueront vers ces genres qui les fascinent …
Mais à ses débuts, Joe Jackson est parfaitement raccord à l’air du temps, et son talent certain de musicien lui permettra de glisser dans ce premier disque des titres marquants, qui feront de ce « Look sharp ! » un bon succès et un des incontournables de l’époque. Un premier disque carte de visite, en ces temps reculés où l’on ne cherchait pas à tout prix la rentabilité immédiate, où l’on raisonnait en terme d’œuvre, de carrière. Joe Jackson sort un disque en prise avec son époque, mais suffisamment personnel pour qu’on le remarque du lot.
Une chose frappe tout du long de ce « Look sharp ! ». Tous les morceaux reposent sur un son de basse caoutchouteuse, ample, tenue par Graham Maby. Que beaucoup s’arracheront pour leurs disques ou leurs tournées, mais qui toujours restera fidèle à Jackson tout du long de sa carrière, inamovible piler du Joe Jackson Band … Et Maby, on l’entend d’autant plus que pas mal de titres de « Look sharp ! » sont construits à partir de bases reggae (« One more time », avec son refrain pop, sec et nerveux, « Sunday papers », sur les tabloïds anglais, « Fools in love », avec un piano jazzy au milieu du morceau, « Look sharp ! » le titre est un ska sautillant qui évolue vers des accords tarabiscotés qui eux évoquent  … le prog, nobody’s perfect). La basse est quasiment seule à assurer les couplets tout en lenteur avant un refrain très mélodique de « Is she really going out with him », premier hit de Joe Jackson et un de ses titres fétiches.
Joe Jackson Band 1979
Et puis, de temps en temps la petite équipe (guitare, basse, batterie, Jackson au piano, plus rarement à l’harmonica, et David Kershenbaum à la production) se lâche, balançant du rock’n’roll (« Throw it away »), du punk-rock (« Got the time »), deux genres dans lesquels Joe Jackson ne s’investira plus guère par la suite et ces titres font un peu figure de curiosités. Ils clôturaient chacun une face du vinyle original. Un titre saccadé (« Having loving couples ») évoque le Costello des tout débuts, un autre (« Baby stick around ») fait penser au Clash de « Give ‘em enough rope », « Pretty girls » me semble très inspiré par le « Do wah diddy » de Manfred Mann. Et pour achever le tour du propriétaire, il y a des riffs très Led Zep sur « Do the instant mash », et sur la réédition Cd deux titres bonus assez anecdotiques …
« Look sharp ! » sera assez bien perçu lors de sa sortie, et contribuera vraiment à lancer la carrière de Joe Jackson. Qui suivra dans la même veine avec « I’m a man » que l’on peut raisonnablement trouver meilleur. Ensuite, l’Anglais à forte tête (c’est pas toujours un client « facile » niveau relations humaines, il a des jours « sans », où il est très soupe au lait), bifurquera vers des genres pas très à la mode (en gros du swing jazzy très orchestré le temps d’une paire de disques) avant de revenir à la pop avec ce que beaucoup considèrent comme sa masterpiece, « Night and day », et à nouveau de repartir dans d’autres directions musicales, démontrant un talent évident, protéiforme, mais pas toujours facile à suivre …

ELVIS PRESLEY - FROM ELVIS IN MEMPHIS (1969)

Retour aux sources ...

1968. Elvis est cuit, fini … Tourne trois films par an qui n’intéressent plus personne. Faut dire que si Elvis est pour toujours le King, c’est certainement plus du rock’n’roll. Le rock’n’roll n’a pas attendu son fondateur pour évoluer, et Elvis a dans les sixties raté … tout en fait, tous les courants et les modes qui se sont succédés.
Un miracle a cependant lieu. Elvis retrouve ses premiers accompagnateurs (Scotty Moore et D.J. Fontana) lors d’un show télé, l’énergie et le répertoire de ses débuts, et le disque en partie issu de ces retrouvailles (« NBC TV Special ») va réconcilier et reconquérir et critique et public. Et là, peut-être pour la première et dernière fois de sa vie, Elvis va ruer dans les brancards de l’escroc qui lui sert de manager, l’inamovible Colonel Parker. En gros, Elvis en a marre de chanter des niaiseries qu’il déteste, et il compte bien reprendre les choses en main et chanter des choses qu’il aime. Une seule solution : retourner là où pour lui tout a commencé, à Nashville, Tennessee. Et Elvis, contre tous les avis de son entourage, part enregistrer à Memphis.
Presley & Chips Moman
Petit problème : Sam Philips n’est plus là, et Nashville depuis le milieu des années 60 est devenu un haut lieu de la soul, siège d’un des plus importants labels du genre, Stax (Otis Redding, Booker T. & The MG's, Eddie Floyd, Sam & Dave, Isaac Hayes, ...) et d'un autre  dont la réputation commence à grandir (Hi Records , avec à son catalogue notamment Al Green et Ann Peebles). La country et le blues des années 50 ont quasiment disparu, balayés par le rock au sens le plus large. Mais bon, quand Elvis est en ville, tout ce que celle-ci compte de musiciens de studio répond présent. Le producteur Chips Moman, plutôt spécialisé dans la soul réunit une équipe pléthorique comprenant force cuivres et choristes. Dans ce même genre de configuration orchestrale, Elvis sombrera quelques années plus tard sur les scènes de Las Vegas. Là, à Memphis, grâce au travail remarquable de Moman et un choix judicieux de morceaux, ça fonctionne. Bien. Très bien même.
Parce que le King a envie d’en découdre, est concerné. Et chante des choses qu’il aime, parfois de vieux standards qu’il rêvait d’interpréter depuis des années. Et puis aussi, parce qu’à la base, Presley est un grand chanteur, et là, il se concentre quasi exclusivement sur des ballades, des tempos lents ou médians, et c’est là qu’il est le meilleur. De toute sa carrière, il me semble qu’il n’a jamais aussi bien chanté. Et fait des merveilles avec un répertoire sur lequel on ne l’attendait pas forcément. Il y a dans ce « From Elvis in Memphis » (à rapprocher, évidemment d’un disque très similaire dans l’esprit, le fabuleux « Dusty in Memphis » de l’anglaise Dusty Springfield), de la soul (« Only the strong survive », géant), du rhythm’n’blues (« Wearin’ that loved on look »), une grosse part de country (« It keeps right … », « I’ll hold you in my heart » enregistrée en une seule prise, ça s’entend, y’a du flottement instrumental, compensé par du feeling à la tonne), des ballades terminales (« Long black limousine »), même du blues (« Power of my love ») et de la pop très orchestrée mais très digeste (« Gentle of my mind », la fauleuse « Any day now » signée Burt Bacharach).
Elvis Presley 1969
Certains titres me convainquent moins, la roucoulade un peu trop lyrique de « After loving you », et le traitement quasi pompier de « True love travels … », mais sur cette dernière, j’aimerais bien entendre la seule piste vocale de l’Elvis qui doit valoir son pesant de beurre de cacahuète. Une relative faiblesse sur ces deux titres largement compensée par le final, le magique « In the ghetto ». Un des titres les plus atypiques du King, qui par définition, n’a jamais vraiment fait dans le social. Là, il chante la misère des quartiers pauvres, ce morceau fait de l’ombre à tous les autres, et tant sur le fond que la forme, n’est pas très éloigné du « Inner City blues » de Marvin Gaye.
La réédition Cd de 2000 a la bonne idée d’ajouter aux douze titres originaux six bonus-tracks issus des mêmes sessions dont deux singles faramineux, « Kentucky rain » et « Suspicious minds », un des derniers numéro un de Presley …
Cette reprise en main de sa carrière et de son destin sera sans suite. Qui sera une longue descente dans les enfers de la guimauve, des amphétamines, et des strass de Vegas. Ne restera plus qu’une voix, à peu près intacte jusqu’à la fin, qui aura du mal à retrouver un répertoire digne de ses possiblités …

Du même sur ce blog :
Loving You 


ZEBDA - ESSENCE ORDINAIRE (1998)

Toulouse ô Toulouse ...

Zebda, c’est le groupe du coin qui s’est retrouvé célébré à l’échelle du pays. Tout çà grâce (ou à cause) d’un titre festif « Tomber la chemise », devenu point de passage obligé de toutes les soirées beauf. Assez paradoxal. Tellement même que Zebda dans cette affaire y a laissé la sienne de chemise.
Zebda, c’est le groupe formé autour de potes d’un même quartier populaire toulousain, qui vient déjà de loin quand paraît « Essence ordinaire ». Repéré en ayant détourné et brocardé une réflexion malheureuse (pléonasme) de Chirac. « Le bruit et l’odeur » avait fait un petit hit dans le milieu des années 90. Et valu à ses auteurs une réputation de groupe festif et engagé. Entretenue avec toute la faconde de l’accent du Sud-Ouest par les trois chanteurs et porte-paroles du groupe, Magyd Cherfi et les frères Amokrane.
Zebda sera musicalement classé quelque part entre IAM (pour l’accent et la dérision) et les Négresses Vertes (pour le côté melting pot festif), le groupe tissant dans ses titres tout un entrelacs de sons et de rythmes venant du rap, du reggae, du rock, de la musique « world » ou folklorique ibérique, maghrébine, d’Europe centrale ou du Proche-Orient. Une mixture sinon inédite, du moins originale, et une notoriété tout de même assez confidentielle.

Une notoriété qui va devenir quelque peu démesurée avec « Essence ordinaire » (comprendre « d’extraction populaire ») et sa locomotive « Tomber la chemise ». Dans la lignée, on entendra beaucoup aussi « Y’a pas d’arrangement » ou « Oualalaradime », construits sur les mêmes rythmes festifs, entraînants et humoristiques. Sauf que l’humour de Zebda est à prendre plutôt au second degré et a atténué l’essentiel d’un propos qui sans être sinistre, est beaucoup plus réaliste. Et que le disque se partage entre chansons « joyeuses » et ambiances beaucoup plus lentes et tristes. Des titres comme « Tombé des nues » (les rêves brisés des gosses), « Je crois que ça va pas être possible » (sur le racisme au quotidien), « Quinze ans » (l’âge ou tout peut basculer dans les cités), « Le manouche » (la solidarité entre « étrangers »), tant musicalement que par le propos, valent bien les « hits ».
Le cœur du discours de Zebda (musicalement, faut être honnête, ça casse pas vraiment des briques, et ça ressemble beaucoup aux Négresses Vertes, en forçant encore un plus sur le trait world), c’est en gros l’intégration. La plupart des textes font allusions aux problèmes et brimades subis au quotidien quand on vient d’un quartier populaire, et qu’on a le teint un peu basané. La dénonciation énervée est facile, et ça peut rapporter aussi gros, l’immense majorité des rappeurs l’a démontré, NTM en tête. Les Zebda ne vont pas aussi loin dans le discours, mais ouvrent les portes à une attitude « positive », « participative ». Motivés. Pour réussir à s’intégrer. Ou comme la bannière politico-associative dans laquelle le groupe s’impliquera lors des municipales de Toulouse en 2001 pour s’opposer à la dynastie des Baudis qui dirigent la ville depuis des décennies.
Un engagement qui coûtera cher à Zebda. Les sept membres du groupe ne s’impliqueront pas tous sur Toulouse, ou le feront à des degrés divers (Cherfi, sentant le piège de l’embrigadement et de la récup politique sera le seul sur la liste aux municipales, et pas en position éligible). On verra le groupe, profitant d’une soudaine et inattendue popularité (« Essence ordinaire » dépassera le million de ventes), s’investir dans beaucoup de causes plutôt bonnes, on les verra beaucoup aux côtés des alter mondialistes, des écolos et d’un José Bové alors en pleine croisade anti-OGM-malbouffe-MacDo … Plusieurs monteront des projets annexes.
La suite, parce qu’il faudra en donner une, viendra quatre ans plus tard (« Utopie d’occase ») et, selon la formule scélérate, « ne trouvera pas son public ». Le groupe disparaîtra de la circulation, certains membres le quitteront définitivement, avant une récente tentative de come-back elle aussi à peu près ignorée… Il faut croire que par ici, il est difficile de mélanger préoccupations sociales et succès populaires. Zebda l’a appris à ses dépens …

DAFT PUNK - RANDOM ACCESS MEMORIES (2013)

Frenchy but so Chic ...
J’ai l’air de quoi moi, de me pointer avec ma chroniquette sur ce skeud moins d’une semaine après sa sortie, alors qu’il y a des gens qui depuis fort longtemps ont exprimé un avis définitif sur ce « Random … ». Au mieux en ayant écouté quelques extraits en streaming de chez Deezer (bouchers-charcutiers sonores du Net) sur leur smartphone dans le brouhaha d’un quai de métro. Même les ceusses qui de peur de se transformer en statue de sel n’en ont pas ouï la moindre note ont aussi leur opinion. Faut dire que la sortie ne s’est pas vraiment faite dans la discrétion, une campagne de pub, de presse, à faire passer le battage autour de la parution du dernier Bowie (toujours aussi mauvais, j’ai pas changé d’avis) pour un entrefilet dans un fanzine … « Random … » est un disque-événement, à ma connaissance le premier disque français (ouais, bon, presque, y’a pas que des frenchies dessus) à être numéro un mondial des ventes la semaine de sa sortie, comme n’importe quel Michael Jackson.
« Random access memories » je l’ai écouté plusieurs fois. Sur une chaîne hi-fi ou du moins vendue comme telle. Et je suis en mesure d’affirmer que c’est un disque qui va marquer l’époque, qui va compter. Peut-être parce qu’il va continuer à s’en vendre des camions, ça j’en sais rien et je m’en fous. Mais ce que je sais, c’est qu’en matière de son, il risque d’y avoir un avant et un après « Random … ». Comme il y a eu il y a quarante ans un avant et un après « Dark side of the Moon » de Pink Floyd. A côté de « Random … » toutes les productions high tech du moment font figure de lo-fi enregistré dans une cave-trou à rats … C’est d’une limpidité irréelle, d’une précision hallucinante.
Daft Punk, Pharell Williams & Nile Rodgers ... Alors, get lucky ?
Ça suffit pas, du bon son. Faut encore que toute cette matière de base formidable débouche sur des titres, des morceaux qui tiennent la route. Là, je subodore un gros malentendu. A force de campagne de pub martelée, on a essayé de faire croire que ce disque allait être une sorte de révolution, d’apogée, de référence insurpassable. Comme si tout n’avait pas été fait et refait des milliards de fois. D’autant plus que Homem-Christo et Bangalter ont essayé de calmer cette folie furieuse promotionnelle en disant que ce « Random … » était un disque-hommage. Ce qui est vrai, et Daft Punk sur le coup, loin d’être l’innovateur sensationnel qu’on essaye de nous refourguer, est plutôt un tribute-band. C’est même pas un disque du duo comme avait pu l’être en son temps « Homework », c’est un projet avec une liste d’invités et de participants longue comme le bras, dont les deux frenchies sont les instigateurs et les chefs d’orchestre.
Hommages multiples et annoncés à Chic, Giorgio Moroder et Paul Williams (le moins connu des trois, auteur notamment de la BO de « Phantom of paradise » de De Palma). Et donc, forcément, il y a beaucoup de choses qui ressemblent à ce que faisaient ces trois-là, d’autant plus qu’à des degrés divers, ils ont collaboré à ce disque, le plus présent étant Nile Rodgers de Chic, à la guitare sur plusieurs titres. Tiens, et en passant comme ça, pour donner un peu plus de grain de moudre à ceux qui ne voient que plagiat, la pochette est exactement identique, y compris le lettrage, à celle de « Legendary hearts », mauvais disque de Lou Reed des années 80.
Il y a aussi dans ce disque une trademark Daft Punk. La plus évidente, et pas la plus heureuse selon moi, est cette manie de passer toutes les voix dans un vocoder, et de façon encore plus marquée quand ce n’est pas un invité plus ou moins prestigieux au micro. Parce que niveau featuring, il y a du monde, Casablancas des Strokes, Pharell Williams des Neptunes, le Panda Bear des Animal Collective, … On espère que ces trois-là auront pris quelques leçons, parce que franchement, y’a pas photo, entre leurs disques à eux à synthés et ce qu’on entend ici …
Daft Punk. Brillants ?
La seule chose réellement connue avant la sortie de ce « RAM » (tiens, c’est aussi le titre d’un disque surestimé de McCartney des 70’s, « RAM », mais si c’est fait exprès cette similitude, là ça m’échappe totalement), c’était le single « Get lucky » avec le Pharell. Pas mal, même si relativement convenu et centriste, plus long et un peu différent sur l’album. Et le reste, qu’est-ce qu’il faut-il en penser, ma bonne dame ? Ben, avec les ingrédients de la recette, il y a des choses prévisibles, des titres qui sonnent comme du Chic 78-80, ou du Sister Sledge de cette époque, ce qui revient un peu au même (« Give life back to the music », « Lose yourself to dance »), c’est bien fait, même si on ne remplace pas facilement une rythmique comme Bernard Edwards et Tony Thompson par des requins de studio.
Le long titre (plus de 9 minutes) avec Moroder, met évidemment à l’honneur le « tchac-poum » enrobé de synthés du Giorgio qui est sa marque de fabrique et a fait le succès de ses « choses » comme Donna Summer, et le discours de Moroder (« prendre le meilleur du son des années 50-60-70 pour créer le son du futur ») en toile de fond du morceau résume bien la philosophie de ce « Random … ». Le titre avec Paul Williams (« Touch »), avec grand orchestre et grand(iloquent)s synthés, multiples changements de rythme, pourrait être qualifié d’electro-prog, et perso, ça me laisse assez froid, alors que certains y voient la pièce maîtresse du disque. Logiquement, dans les titres très typés fin des 70’s, on retrouve aussi des allusions plus ou moins fines à Kraftwerk (le traitement des voix, le son des machines), voire à Stevie Wonder (des passages de « Fragments of time », titre qui en plus cite en intro un gimmick entendu chez Prefab Sprout). « Instant crush » chanté par Casblancas doit être la meilleur titre auquel il a participé depuis des années, y compris son détestable album solo à synthés (« Phrazes for the young »).
Tout n’est pas à se pâmer de bonheur sur ce « Random … ». Qui n’évite pas le piège de la longueur (une heure et quart, des choses auraient gagné à être élaguées) et donc de la redondance et de la répétition. La fin du disque est plus « expérimentale », plus strictement « techno », mais ne convaincra certainement pas les puristes de la chose (« les Daft Punk ? juste des vendus »), et se termine par « Contact » qui me fait penser à du Jean-Michel Jarre (toujours cette obsession fin 70’s) en version big beat …
Certainement un disque quelque peu « facile », « grand public ». Mais Daft Punk, si on peut dire, avançaient à visage découvert, c’était le but recherché et donc l’objectif est atteint. Et pour une fois, ceux qui n’achètent qu’un disque par an, vont se retrouver avec sur leurs étagères une galette pas honteuse, et qui je pense pourra encore se réécouter dans les années qui viennent, tellement au point de vue sonore le « groupe » a pris une sérieuse avance sur toute la concurrence …

THE STROKES - IS THIS IT (2001)

Golden boys ...

Les Strokes, dès qu’on a commencé à en parler, ça sentait le coup fourré. Des fils de bonne, voire de très bonnes familles new-yorkaises, les études dans les collèges privés suisses, les gueules d’anges, une jolie minette à chaque bras, une signature illico sur une major. Verdict a priori: boys band …
Les Strokes, dès qu’on a commencé à écouter, ça sentait bon le rock’n’roll. Et putain que ça tombait bien, en ce début des années 2000, d’avoir autre chose à se mettre dans les oreilles que les purges des joueurs de disquettes qui savaient plus quel sous-genre inventer pour se rendre pénibles.
Les Strokes, eux, ils ont rien inventé. Enfin, si, juste un son. Facilement identifiable. Une rythmique rapide et sautillante, des guitares ligne claire, un chanteur à la voix nonchalante et filtrée. Parce que les titres, ils lorgnaient tous vers des choses antiques et parfaitement identifiées. En gros, de la power-pop américaine fin 70’s – début 80’s. Avec tout un tas de recettes déjà entendues chez Blondie, avec qui selon moi les similitudes sont évidentes, mais on peut aussi déceler des choses repérées chez Devo, les B 52’s, ou les oubliés Feelies et Dwight Twilley Band.
The Strokes live 2001
Et ce premier disque, enrobé dans un visuel évoquant (gentiment, leurs gouvernantes leur ont appris les bonnes manières) cuir SM, bondage et érotisme soft, plus de dix ans après, il tient encore la route. Certes l’effet de « nouveauté » lors de sa parution, contre lequel on ne peut rien (le jackpot rock’n’roll est tombé sur eux), mais surtout ce « Is this it » contient leurs meilleures chansons. Trois hits imparables. « Hard to explain », sympa, un peu centriste quand même. « Someday » le plus représentatif de leur son particulier. « Last nite », superbe, avec sa rythmique venant en droite ligne de la Tamla Motown. Et puis le meilleur titre du disque, l’énorme bijou pop « New York City cops ». qui s’est retrouvé blacklisté après le 11 septembre, lors de cette ahurissante chasse aux sorcières et aux symboles de l’après Twin Towers (un titre qui a fait partie de la même charrette de condamnés que le « Aeroplane » des RHCP, et l’intégrale de Anthrax, et des milliers d’autres morceaux ou artistes sans autre forme de procès, réaction quand tu nous tiens …).
Les Strokes, qui n’en demandaient peut-être pas autant, se sont vus promus leaders d’un revival de rock à guitares, alors que moi je les verrai plutôt en chef de file d’une pop énervée en Converse. Conjointement à ce « This is it », les White Stripes allaient sortir « White blood cells » (eux, c’était leur troisième disque), et en Angletrerre les Libertines de Pete Doherty et Carl Bârat allaient se prendre pour les Clash. Il n’en faudra pas plus pour que tous les fainéants théoriciens du rock parlent du « retour du rock » et d’une vague de groupe en « The », alors que ces trois groupes ne s’apprécient guère, et surtout n’ont à peu près rien en commun …

DIANA ROSS - ONE WOMAN THE ULTIMATE COLLECTION (1993)

Dirty Diana ?

Ah que non, ce serait trop facile de dézinguer la vieille mémére, la sophisticated diva des années 60 et suivantes. Parce que je vais vous avouer quelque chose, Diana Ross, elle a un truc (le même que Chrissie Hynde ou à un degré moindre Alison Mosshart) : une voix qui fait bander. Ça s’explique pas, … c’est comme ça, la la la …
Et y’a pas qu’à moi qu’elle a du faire cet effet. Dans le lot, il doit y en avoir quelques autres, parce que la Ross, sous son seul nom et avec les Supremes est la recordwoman de ventes de disques dans le monde. Ce qui n’est certes pas un gage de production discographique de qualité … Parce que comme tous les autres, la Ross a assis sa légende sur quelques années de son interminable carrière. En gros, les premières et sa période dite « disco ».
Pourtant ça n’avait pas débuté du feu de Dieu pour la Diana. Un petit groupe chantant, les Primettes, remarqué par Berry Gordy (enfin, il avait surtout remarqué Diana, on y reviendra) et signé sur son label Motown. Et quelques 45T qui se ramassent. Pas glop, l’organisation quasi militaire que Gordy met en place n’aime pas ça, et nombreux sont ceux qui n’auront pas de seconde chance. Faut dire que dans un répertoire « classique », Diana, chanteuse lead du trio rebaptisé Supremes, n’est pas très à son aise, et comme la concurrence est rude, chez Motown et ailleurs, il faut être plus que correct pour grimper dans les charts.
Diana Ross & The Supremes
Berry Gordy, que le minois de Diana Ross ne laisse pas indifférent, s’entête, réquisitionne ses meilleurs auteurs (Holland/Dozier/Holland) au service des Supremes. Deux essais du trio pour régler le tir, et bingo avec le troisième titre « Where did our love go » en 1964, qui deviendra le premier N°1 des filles et un peu la quintessence du son Tamla-Motown. Le monde entier succombe et les Supremes vont alors enchaîner les hits pendant trois ans. Jusqu’à ce que le groupe, sous l’instigation de … Berry Gordy, soit rebaptisé Diana Ross & The Supremes. Sur la lancée, nouveaux hits, mais la belle mécanique commence à s’enrayer, les changements de personnel autour de l’inamovible Ross surviennent, et la formule Motown commence à lasser. De cette période Supremes, on ne trouve sur cette compilation que quatre titres, et encore, le tardif « Reflections » ne fait pas pour moi partie des titres légendaires du groupe.
Diana Ross devient alors en quelque sorte l’ambassadrice de la Motown, la Dionne Warwick de Berry Gordy. Elle participe pleinement au rêve américain, son histoire tient de la success story (quelque peu romancée), et elle qui est issue d’une famille nombreuse, s’entiche d’une troupe de gosses chantants, plus particulièrement du plus jeune, un certain Michael Jackson. C’est elle qui assure leur promotion sur leur tout premier disque « Diana Ross presents the Jackson 5 ».
Pause Closer. Deux questions essentielles reviennent au sujet de Diana Ross. Un : Berry Gordy l’a t-elle pécho ? Oui, elle a eu un enfant de lui (alors qu’elle était mariée avec un autre). Deux : Diana Ross a t-elle dépucelé Michael Jackson ? Rien n’est officiel, il y a de fortes présomptions … Fin de l’épisode presse people …
Diana Ross époque "Diana"
Revenons à cette compile. Les seize titres restants couvrent la période 1970-1993. Evacuons d’emblée les trois derniers des années 90, très mauvais. Le reste rassemble ses morceaux les plus connus, plus ou moins chronologiquement. Dès les débuts de sa carrière solo (comme toutes les autres stars de la Motown, Marvin Gaye ou Stevie Wonder, Diana Ross aura des velléités d’indépendance, mais c’est celle qui renâclera le moins pour rester sur le label, ses liens particuliers avec Gordy expliquant cela), Diana Ross devient une chanteuse centriste, au répertoire très middle of the road, invitée vedette de tous les shows de variété familiaux. Meilleur titre de l’époque, « Ain’t no mountain high enough », grosse pièce montée pop avec orchestration démesurée et quelque peu dégoulinante …
Lentement mais sûrement au cours des seventies, l’étoile de la Ross commence à pâlir. Sont convoqués à la rescousse Bernard Edwards et Nile Rodgers, les rois du disco Chic, chargés d’écrire et produire un disque. Ce sera « Diana » en 1980. Les choses ne se passent pas très bien, la Diana fait ses numéros de diva, et gonfle passablement Edwards et Rodgers. Qui font leur boulot, tout en truffant les lyrics du disque de paroles à double sens. Et si Diana Ross chante maintenant très bien, si elle sait prendre des poses avantageuses sur ses photos, elle … comment dire, ne brille pas forcément par son esprit. Elle piquera une légendaire colère quand elle comprendra des mois après l’avoir enregistré ce que signifie le titre et les paroles de la chanson « I’m coming out » qui feront forcément d’elle une icône de la culture disco gay. Ce titre ne se trouve évidemment pas sur la compilation, mais il y a de cette collaboration avec les leaders de Chic l’imparable « Upside down » qui fera de Diana Ross la rivale et l’égale en terme de succès de toutes les divas disco de l’époque.
Diana Ross 1989
La revoici donc au top, se piquant de gérer au plus près sa carrière, quittant Motown (avant d’y revenir quelques années plus tard), duotant avec Lionel Richie (titre calamiteux mais qui se vendra très bien). Elle n’en poursuivra pas moins son déclin artistique, non sans avoir tenté en 1985 un génial coup de poker avec les frangins Gibb à l’écriture (oui, oui, ceux des Bee Gees). Ce conglomérat de vieilles gloires disco sur le retour va accoucher d’un titre fabuleux, « Chain reaction », mix discoïde insensé du son des Supremes, mélangeant plus particulièrement dans ses influences « Baby love » et « You keep me hangin’ on ».
Evidemment aujourd’hui, vu l’âge de la dame, il n’y a plus rien de bon, même pas de moyen à attendre de sa part. Et on ne fait pas  sur plusieurs décennies une carrière dans la variété haut de gamme, mais la variété tout de même, sans enregistrer des choses très dispensables. Cette compilation le démontre. Les titres avec les Supremes font bien de l’ombre,  c’est le moins que l’on puisse dire, au reste de sa carrière, malgré une poignée de hits disco très recommandables …