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BOY GEORGE AND CULTURE CLUB - SPIN DAZZLE THE BEST OF (1992)


 Bouillon de culture ?

M’en souviens … Le dénommé George O’Dowd, plus connu sous le surnom de Boy George et à peu près Culture Club et autres avatars à lui tout seul, avait fait au temps de sa gloire la couverture de Best et Rock & Folk, avec copieux articles de fond (?) à la clef. Me souviens aussi du courrier des lecteurs avec des gens outrés que pareille chose ait place dans les colonnes de ces vénérables magazines … avec le recul, tout ça n’est pas bien grave, les gars réagissaient comme leurs parents quand ils avaient vu ou entendu Elvis, Stones et Beatles. Il y en a beaucoup qui aiment bien leurs balises, leurs repères, et leurs œillères. Le Boy George, condamné et fusillé sans même avoir été entendu … ou trop entendu … Imaginez, ce type et son pseudo-groupe ont été à la deuxième place des charts US (le premier c’était Michou Jackson avec « Thriller »).

Culture Club 1983

Ouais Boy George et Culture Club faisaient encore plus fort que T.Rex. Bolan au début des seventies recrutait l’essentiel de son public (et de son succès considérable) dans les cours de récréation des collèges (les filles entre 12 et 15 ans). Boy George, lui, faisait carrément la sortie des écoles primaires. Les gamines de 9 à 12 ans l’adoraient … et tant que j’en suis à me souvenir, les préposés aux concerts relataient la foule de parents se pressant devant les endroits où il se produisait, attendant la sortie de leurs chères têtes blondes, il y avait encore plus de monde à l’extérieur qu’à l’intérieur de salles hystériques, forcément hystériques …

On pourrait ergoter pendant des heures pour savoir comment on a bien pu en arriver là, comment on a pu passer en tout juste une décennie de « Exile on Main St » à « Colour by numbers » … On va s’en tenir à Boy George … Qui était avant même d’avoir mis les pieds en studio une figure de la nuit londonienne. Tous les témoignages de ses contemporains sont formels, avant d’être célèbre, il avait déjà ce look totalement improbable à base de pantalons et longues tuniques bouffantes, dreadlocks multicolores et chapeau de rabbin. Sans oublier les tonnes de maquillage sur le museau. Autant dire que même dans le contexte « branché » (post-punk et nouveaux romantiques, tout dans le look et pas grand-chose pour les oreilles) de l’époque il passait pas inaperçu. Il « démarre » dans le music-business sous l’égide de l’escroc en chef Malcolm McLaren (inventeur, manager et communiquant des Sex Pistols) par un rôle-éclair de choriste dans Bow Wow Wow. Pseudo groupe monté de toutes pièces par McLaren autour d’une nymphette anglo-asiatique (Annabella Lwin), vendu comme du « rock tribal » (le « groupe » essayait de refaire le gag du « I want candy » des Strangelove, pseudo-peuplade primitive enregistrant du rock, en fait une blague de requins de studio à la fin des 60’s, où l’on retrouvait Richard Gottherer, futur producteur des premiers Blondie). Les Bow Wow Wow ont fait parler d’eux avec leur premier disque, dont la pochette pastichait « Le déjeuner sur l’herbe » de Manet, avec l’Annabella à poil au milieu de ses « musiciens ». Seul problème, elle avait quatorze ou quinze ans, donc gros scandale, donc mission accomplie pour McLaren …

Boy George 1988

Boy George n’est déjà plus de ce naufrage, il a monté Culture Club avec son copain de l’époque et deux autres zozos. Signé à cause de son look par Virgin, qui balance quelques singles sans conviction. Les deux premiers sont des bides, le troisième s’appelle « Do you really want to hurt me ». C’est un truc commencé quasi a capella, sur une base bien policée de reggae et de soul. Tout ce que la planète compte de stations de radio va diffuser ce morceau en boucle, qui est, il faut le reconnaître, le genre de scie imparable qui peut plaire à un maximum de personnes. Le George a un atout maître, occulté par son androgynie et son look extravagant : il chante juste (chose pas forcément courante à l’époque), avec une voix aussi à l’aise dans des sonorités graves que très douces. Et un vibrato dont il ne se sert pas pour bêler, comme le premier Julien Clerc ou Véronique Sanson de passage … La première comparaison vocale qui me vient à l’esprit, c’est – excusez du peu – Sam Cooke. Boosté par le single, le premier 33 T (très dispensable) se vendra par camions, d’autres singles seront extraits. La suite, l’album « Colour by numbers » sera meilleur, contenant le meilleur titre de Culture Club, « Church of the poison mind » (un beat Tamla-Stax, une partie d’harmonica, des chœurs féminins très soul).

La suite sera une chute vertigineuse. Quelques rondelles de plus en plus mauvaises, des singles qui se vendent beaucoup moins, et la dissolution du groupe. Ceci pour le côté musical de l’affaire. Parce qu’en même temps, le bon George se révèlera un déglingo total, dans la lignée des Keith Richards – Johnny Thunders. Si son côté homosexuel forcené ne lui a pas causé trop de tort, de multiples descentes de flics qui repartaient de chez lui avec des quantités considérables de poudres blanches (qui ne lui servaient pas à se maquiller), lui vaudront scandales à répétition via les tabloïds anglais très friands de ce genre de faits divers. Cerise sur le space cake, les flics trouveront un jour chez lui un macchabée dans un placard, refroidi par une overdose. Case prison direct, avant qu’il soit euh … blanchi par la justice.

Jesus Loves You 1992

Entre-temps, c’est en solo qu’il continue la musique. En tant que DJ (il y a des décennies qu’il est reconnu comme une pointure du genre), et en sortant des disques solo. Sur son premier figurera ce qui est pour moi son meilleur titre, le reggae ralenti de « Everyhing I own » (ce titre est des Américains de Bread, sortes de Badfinger d’Outre-Atlantique, et la version de Boy George est calquée sur la reprise reggae qu’en avait fait le Jamaïcain Ken Boothe). Boy George nous fera ensuite sa Nina Hagen, sombrant dans le mysticisme oriental, virant bouddhiste zen, se rebaptisant Jesus Loves You (à moins que ce soit le nom de son groupe), avec le répertoire crétin qui va avec, comme tous ces types défoncés jusqu’à la moelle, qui ont vu leurs péchés et la lumière de la rédemption. Témoin sonore de cette époque « Bow down Mister », quasi-plagiat du « My sweet Lord » de George Harrison, lui-même plagiat du « He’s so fine » des oubliées Chiffons …

Ce « Spin Dazzle » de 1992 avec pochette aux motifs hindouistes de rigueur et logo Hare Krishna (il me semble qu’il est revenu de ces fadaises), relate donc en quinze morceaux le parcours du garçon George. Les quatre titres déjà cités y sont évidemment. Parmi les autres, deux ou trois sont écoutables (grâce à la voix essentiellement), comme « Miss me blind » (la ballade triste) ou « After the love » (gentille soul blanche).

Tout le reste est à jeter, ça va des follow-ups ratés de ses succès (« Time »), à des eltonjohneries bas de gamme (« To be reborn »), en passant par des comptines pour écoles maternelles (« Karma chameleon »). Et quelques-unes sont encore plus pourries par des remix d’époque (92, le règne de la house music) …

Pour desperate housewifes autour de la cinquantaine only…




PREFAB SPROUT - FROM LANGLEY PARK TO MEMPHIS (1988)

 

Le rêve américain ...

Langley Park est un petit bled à côté de Durham, pas très loin de Newcastle, Nord de l’Angleterre. C’est dire si c’est pas vraiment un coin sexy. Les frangins McAloon y sont nés, et c’est là qu’ils y ont fondé un des groupes au nom le plus problématique qui soit, Prefab Sprout (Le Bourgeon Préfabriqué), un patronyme lui aussi pas glamour pour deux sous…

Prefab Sprout, ça fait partie des noms que se refilent en douce quelques conspirateurs, maniaques de chansons pop bien torchées. Ici, dans la riante Gaule, un seul de leurs titres a dû être diffusé trois fois à la radio. Il s’agit de « When loves break down », issu de leur précédente rondelle « Steve McQueen ». Et dans leur pays natal, on peut pas vraiment dire que ce soit des stars. Pour ne rien arranger à leur cas, ce « Steve McQueen » a dû changer de nom pour paraître aux USA, les héritiers de Josh Randall étaient prêts à dégainer les avocats, d’autant plus qu’on y voyait sur la pochette le groupe poser sur une Triumph, la même que dans « La Grande Evasion ». La Steve McQueen Family n’a pas été sympa sur le coup, parce que le disque était une déclaration d’amour à une certaine forme de way of life et de culture américaine. Démarche étonnante de la part de sujets de Sa Gracieuse (?) Majesté, généralement peu enclins à apprécier quoi que soit qui ne vienne pas de chez eux …

Paddy McAloon, Neil Conti, Wendy Smith, Martin McAloon

Pour bien se faire comprendre, les Prefab Sprout allaient remettre le couvert avec les mêmes intentions, envisageant par le disque de se transporter à Memphis, Tennessee. Pourquoi Memphis, patrie de la country et de la soul, alors que tout dans cette rondelle renvoie à la Côte Est (Brooklyn, New-York, le New Jersey) ? Seul Paddy McAloon doit connaître la réponse.

Parce que Prefab Sprout, c’est quasi une affaire familiale autour de lui (on y trouve sa fiancée, la douce et diaphane Wendy Smith à la basse, et son frangin Martin à l’autre guitare). Seul « étranger » au clan McAloon, mais là depuis les débuts, le batteur Neil Conti (qui finira une fois le groupe en stand-by très demandé, on le retrouvera à cogner derrière Mick Jagger, David Bowie, Steve Winwood, Robert Palmer, et une multitude d’autres à peine un peu moins célèbres …). Et puis, et c’est là où le bât me blesse, il y a le cinquième Prefab Sprout, leur producteur Thomas Dolby. Un sorcier des synthés et des studios, qui passe son temps à utiliser les possibilités des consoles high-tech multipistes en ce début des années 80, et est responsable sous son nom de quelques disques dont je ne dirai rien, par pure humanité …

« From Langley … » se situe chronologiquement entre « Steve McQueen » et « Jordan : The comeback » (il y en a un autre avant « Jordan … », qu’il vaut mieux passer sous silence), les deux chefs-d’œuvre du groupe. Il est aussi à mi-chemin des deux sommets au niveau sonore, entre le classicisme pop de « Steve … » et la folie baroque de « Jordan … ».

Tous les centristes de la chanson pop ouvragée vous diront donc que « From Langley … » est le meilleur des trois. Ben non … Entendons-nous bien, ce disque est excellent, mais n’atteint pas la pureté de « Steve … », ni le suicide exubérant qu’est « Jordan … ». La faute au Dolby déjà cité, responsable et coupable d’un indigeste enrobage sonore, très « moderne » peut-être en 88 (et encore …), mais irrémédiablement daté aujourd’hui avec cette énorme batterie trop en avant, ce foisonnement d’arrangements et d’effets sonores en tous genres (les horribles faux cuivres, les gargouillis de synthés, …).


Par contre, rien à dire au niveau des compositions, qui atteignent des niveaux dont seul Costello période « Imperial bedroom » et dans une moindre mesure les Pale Fountains de « Pacific Street » et les High Llamas de « Gideon Gaye » ont su s’approcher dans les 80’s. La plupart des mélodies sont écrites au piano ou au synthé, d’où leur complexité, s’inspirent des grands ancêtres de la pop certes, mais aussi du patrimoine classique européen, et évidemment vu le lièvre couru, des Gershwin, Bernstein, et autres auteurs de Tin Pan Alley ou du Brill Building (beaucoup de titres font penser à des thèmes des comédies musicales de Broadway). L’utilisation des chœurs (le frangin et la copine du Paddy) est aussi à contre-courant de ce qui s’est toujours pratiqué, ils sont ici envisagés plutôt comme répondant à la voix principale (mais pas comme dans le gospel), plutôt que venant en renfort à l’unisson sur les refrains, et sont généralement sous-mixés, leur donnant un côté lointain, vaporeux et irréel.

Assez étrangement, alors que ce disque est l’antithèse de tout ce qui se vend à l’époque en Angleterre et plus encore aux States, ce sera la plus grosse vente de Prefab Sprout de l’autre côté de l’Atlantique (sans bien entendu que ça fasse de l’ombre à Michael Jackson). L’album sera porté par le (petit) succès du single « Cars & Girls », qui comme son titre l’indique et aussi surprenant que ça puisse paraître, est un hommage à Bruce Springsteen. Et pas un hommage ironique, une déclaration de fan sincère (certainement beaucoup plus tout de même aux sujets principaux d’inspiration de ses premières années, les filles et les bagnoles, qu’à leur accompagnement musical). Ce qui confirme l’étrangeté de Paddy McAloon, on ne peut plus Anglais par sa culture et ses compositions, et qui révère les sons et genres les plus typiquement américains (Faron Young, autrement dit le Dylan style sur « Steve … », le Boss ici) qui soient. On a même droit à un titre très rock, très différent de tout le reste, qui ne dépareillerait pas dans le répertoire de Tom Petty (« The golden calf »).


Mais le cœur de « From Langley … », ça reste un hommage à la musique new-yorkaise d’avant le rock, encastrant dans les structures pop les clins d’œil à toutes ces sons qui faisaient se déplacer les foules pour voir des musicals sur Broadway, une certaine forme de divertissement qui n’existait quasiment plus lorsque Paddy McAloon est né. Tous ces « Nightingales » (avec en guest un solo d’harmonica de Stevie Wonder, pas son meilleur cependant), « Enchanted » (où il est question des Capulet et des Montaigu, revisités bien sûr façon « West Side Story »), « I remember that » ou « Manhattan » (dans laquelle est évoqué Sinatra et où il y a au fin fond du mix une partie de guitare acoustique de … Pete Townshend), poursuivent la même idée reste.

Ceux qui ont lu jusque-là sont maintenant autorisés à poser la bonne question : « et le reste de la musique américaine, il en est question ? ». Pas du tout. Le titre « Knock on wood » n’est qu’un leurre (rien à voir avec le titre homonyme de Wilson Pickett) et pas le plus mémorable du disque tout comme la bluette romantique « Nancy … », voire le dernier titre de dream pop (tant au niveau des paroles que de la musique) « The Venus of the soup kitchen ». Et l’inaugural « The king of rock’n’roll » n’est pas un hommage à Elvis, mais un regard ironique sur tous ces types qui n’ont rien compris au truc et qui s’imaginent les rois du rock’n’roll. En fait, un Paddy McAloon qui fantasme sur les Etats-Unis, il n’envisage pas de faire de la Harley dans la Vallée de la Mort, si vous voyez à qui je pense…

Paddy McAloon, il conçoit le rêve américain d’une autre façon …


Des mêmes sur ce blog :

Steve McQueen 



FRANKIE GOES TO HOLLYWOOD - WELCOME TO THE PLEASURE DOME (1984)

 

Born to fun ...

Il y a des rondelles qui, le temps passant, prennent une certaine patine. Pas celle-là …

D’abord parce qu’on se retrouve en présence d’un des sons les plus typés (et pas en bien, on en recausera) des cinquante derniers siècles, et en face d’une de ces rock’n’roll swindles que l’industrie (ou plutôt le commerce) du disque est capable d’engendrer.

« Welcome … » et Frankie Goes To Hollywood sont à replacer dans un contexte, celui de la fin de la première moitié des années 80. Le rock est rayé de la carte. Son dernier emblématique représentant, The Clash, vient de subir une fin pathétique, sur fond d’embrouilles politico-musicales. Bowie avec un disque très quelconque (« Let’s dance ») rencontre un succès considérable, U2 et sa positive attitude pompière (« War ») commencent à faire parler d’eux. Voilà pour les british. De l’autre côté de l’Atlantique, Springsteen et son disque pour stades (« Born in the USA ») va rafler une mise gigantesque (et pas imméritée). Michael Jackson vient de vendre du « Thriller » par dizaines de millions, et les provocs tous azimuts (pour l’époque) de Prince ou Madonna s’apprêtent à faire tinter les tiroir-caisse. Evidemment, des bons groupes, il y en avait, mais relégués au fin fond des statistiques de vente.

Parce qu’en même temps, le « marché » du disque était en pleine effervescence. Un média (MTV) qui déjà commençait à faire et défaire les carrières à coup de matraquage de vidéo-clips s’immisçait partout. Les vinyles se vendaient à coup de millions et un nouveau support audio (le Cd) qui allait forcer des foules à racheter leurs vieux disques sous prétexte de gain qualitatif sonore se voyait prédire une expansion fulgurante … La cash machine tournait à plein régime …
FGTH : tout le monde s'éclate à la queue leu leu ...

Des deux côtés de l’Atlantique, d’obscurs zigotos dont les poubelles de l’histoire sont pleines, sortaient un single qui cartonnait et disparaissaient. Un truc éminemment rentable. Sauf qu’à pousser la logique jusqu’au bout, si on trouvait quelques clampins qui puissent sortir plusieurs morceaux au lieu d’un seul que le bon peuple s’arracherait, ce serait le jackpot assuré (les ventes de singles d’abord, puis le Cd ou le vinyle qui les contient ensuite). Et à ce jeu-là, ce sont les Anglais qui ont gagné and the winner is … Frankie Goes To Hollywood.

Qui au début des années 80 est un vague groupe à la réputation « sulfureuse » (bâillements) de Liverpool, tirant son nom d’une couverture de magazine relatant un déplacement de Sinatra, un groupe autoproclamé porte-drapeau de la gay generation locale (ce qui ne correspondait pas exactement au crooner italo-américain) … dont personne ne veut (savent pas jouer, n’ont pas de répertoire). Par hasard, une bonne fée va se pencher sur leur berceau. Cette bonne fée s’appelle Trevor Horn, il a assuré sa fortune avec les Buggles (la prémonitoire scie « Video kill the radio stars »), il passe sa vie en studio, il vient de monter un label, dont Zang Tuum Tumb (réduit à ZTT) est l’improbable patronyme. Le Horn est dans l’air du temps, à tel point que les ringards prog de Yes l’embauchent à rien de moins que l’écriture et la production. S’ensuivra « Owner of a lonely heart », carton mondial de ces nigauds que l’on croyait disparus à jamais, balayés par la vague punk … Horn est dès lors très demandé, n’est pas pour rien dans le succès des excellents débuts d’ABC (le côté commercial), mais veut signer du « difficile », ce qu’il fera avec Art of Noise et Propaganda (re-bâillements). Dans tout cela, les Frankie seront en quelque sorte sa danseuse …

Trevor Horn : FGTH  à lui seul ?

Même aujourd’hui, presque quarante ans après les faits, la réalité n’est pas vraiment établie. La version la plus favorable au groupe le fait enregistrer « Welcome … » avec quelques aides extérieures créditées dont Steve Howe de Yes, et Anne Dudley de Art Of Noise qui commence là une brillante carrière de compositrice et d’arrangeuse toutes catégories (musique et cinéma). A l’autre extrémité des potins, tout le disque a été écrit par Horn, joué par les types de Yes, seuls quelques vocaux du chanteurs Holly Johnson constituant la participation de FGTH à « son disque ».

Quoi qu’il en soit, le succès dépassera toutes les espérances. Trois singles (et leurs vidéo-clips) jugés scandaleux (le tout savamment mis en scène, mûrement réfléchi, et accompagné d’un plan marketing minutieux) affoleront les charts européens (les Ricains n’ont pas trop suivi, il faut dire que « Welcome … » n’est pas un « produit » fait pour eux).

Plus d’un quart de siècle plus tard, il en reste quoi, de tout ce bazar ?

Les Frankie ont sorti un autre album que personne n’a acheté, entraînant la débandade du « groupe ». Le chanteur Holly Johnson a sorti un disque solo qui s’est également vautré. Des années plus tard le groupe s’est bien évidemment reformé dans l’indifférence générale.

« Welcome … » est un disque m’as-tu-vu, à la production délirante, surchargée et mégalo, reprenant et amplifiant tous les pénibles tics sonores de l’époque (les grosses batteries réverbérées et compressées, les basses slappées, les voix et les chœurs pleins d’écho, les effets stéréo tourbillonnants, …). Double trente-trois tours de 14 titres plus deux intermèdes, l’un sexuel et salace, le dernier pour dire que le disque est fini (!), composé en partie de titres « maison » et d’un gros paquet de reprises. Les singles (sortis sous de multiples versions) sont bien sûr là.

Frankie Goes To War ...

« Relax » le plus successful, et accessoirement le meilleur (le groupe se permettant même de rejeter un clip filmé par Coppola himself) est une efficace scie pseudo-disco présentant pas mal de similitudes avec le « Run like hell » du Floyd encastré dans le Mur. « Two tribes » (après le sexe de « Relax », la guerre), sur un rythme frénétique (comme un brouillon de Prodigy avant l’heure) a fait surtout beaucoup causer à cause de son clip mettant en scène des sosies de Reagan et Tchernenko se foutant sur la gueule dans une arène genre combat de coqs (on est en plein retour de la Guerre Froide et des peurs de guerre nucléaire totale ente USA et URSS). Le troisième gros succès est la ballade grandiloquente « The Power of love » qui ferait passer les pires excès sonores de Queen pour les premiers disques de Leonard Cohen, et qui marquent les premiers pas d’Ann Dudley vers la gloire en y empilant des couches et des couches de cordes. Seule autre compo signée FGTH à mentionner l’insupportable titre éponyme (quasi un quart d’heure au compteur, sorte de resucée de l’assez pénible « Alan’s psychedelic breakfast » du Floyd, dans lequel le Yesman Steve Howe tartine des parties tarabiscotées de guitare acoustique … Tout le reste ne vaut pas tripette …

Pour moi, les seuls titres à vraiment sauver en plus de « Relax » sont à chercher du côté des reprises. « Ferry cross the Mersey » l’archi-rebattu hymne de Liverpool de Gerry & the Pacemakers est ici rebaptisé « Fury » et est traité façon berceuse. Amusant, court mais dispensable. « San José » est une relecture sur un rythme de bossa nova du « Do you know the way to San José » signé Hal David et Burt Bacharach, et un des classiques du répertoire de Dionne Warwick. Bonne version cool.

« War » de Barrett Strong et Norman Whitfield (un des derniers succès de la Motown par Edwin Starr, qui faisait une fois n’est pas coutume allusion à l’actualité, ici la guerre du Vietnam). Les Frankie en livrent une version à rallonge gavée de pénibles percussions tribales. Cette chanson est une des reprises fétiches de Springsteen. Dont je mentionne le nom parce que l’autre reprise de « Welcome … » (et elle a fait jaser dans les chaumières en son temps), c’est rien de moins que l’hymne seventies du Boss « Born to run ». Ben je vais vous dire, si on part du principe que la version originale est indépassable, la reprise est excellente, et la meilleure que j’aie jamais entendue de ce titre. Rythme accéléré (mais tous les breaks y sont), voix en haut des aigus, un peu comme si elle était reprise par les Wampas avec un Didier Wampas qui pour une fois chanterait pas faux … Jubilatoire, quoi qu’en aient pensé les intégristes à l’époque …

Résultat des courses : deux grands morceaux (« Relax », « Born to run »), une petite poignée d’écoutables, une très grosse moitié à jeter … allez, suivant …


R.E.M. - MURMUR (1983)

 

Kudzu songs ...

Le kudzu (ou kuzu) est une plante vivace et invasive d’origine asiatique, qui s’est répandue dans d’autres continents, et notamment la partie orientale tempérée des Etats-Unis. Aujourd’hui, quelques bobos végans trouvent intéressant, voire intelligent ou carrément nourrissant d’en bouffer les tiges ou les graines …

Et non, je n’ai pas passé le second (ou le deuxième, allez savoir, on nous cache tout on nous dit rien) confinement à prendre des cours du soir de botanique. Si je cause du kudzu, c’est parce qu’il recouvre tout sur la photo de la pochette de « Murmur ». Il y en a partout dans les environs d’Athens, Géorgie. Et les R.E.M. viennent justement d’Athens. Ville universitaire qui en ce début des années 80, venait de livrer au monde les exubérants B-52’s.


R.E.M. ça veut dire « rapid eye movement », une des phases du sommeil paradoxal. Arrivés à ce stade, les fans de Status Quo ont déjà abandonné la lecture. Ça tombe bien, R.E.M. c’est pas pour eux … D’ailleurs, a priori, R.E.M. c’était pas destiné à grand-monde. Quatre types qui jouent de la musique dans leur garage en espérant au mieux, si tout s’emmanche bien, donner un concert d’une demi-heure lors d’une soirée étudiante. A l’origine du groupe, le classique magasin de disques. Peter Buck (pas vraiment filiforme, plutôt trapu et une coupe de cheveux à la Roger McGuinn ou Beatles 65) y travaille comme vendeur et passe ses journées et ses nuits (sa vie entière, en fait, et il continuera, ce type a une des cultures musicales les plus phénoménales du monde du rock) à écouter les disques en rayon. Il repère un type qui n’achète que des disques qu’il a trouvés excellents. Ce type, c’est Michael Stipe (silhouette frêle et souffreteuse, des binocles et le cheveu long qui a déjà tendance à se dégarnir), un type dont le seul plaisir en dehors de la musique est de traîner et de méditer dans la campagne, de se mettre en symbiose avec la nature, ne rechignant pas à bouffer quelques poignées de terre pour être plus près de la Mère nourricière (c’est ce qu’il avouait timidement lors de ses premières interviews). Entre ces deux bizarros, une amitié musicale naît, et comme Buck gratouille un peu et que Stipe chante (ou murmure, on y reviendra) à peu près juste, pourquoi pas monter un petit groupe … Une section rythmique qui joue depuis quelque temps ensemble au gré d’éphémères formations de collège est repérée, et c’est parti. Le bassiste, c’est Mike Mills, tronche de musaraigne comme un brouillon du Bellamy de Mumuse, et son pote batteur aux sourcils gigantesques qui répond au commun patronyme de Bill Berry.


Au départ donc quatre boys next door plutôt pas mignons, dont on ne peut être sûr que d’une chose, c’est qu’ils vont pas rendre trop de gamines hystériques. D’autant plus que leurs points communs musicaux sont pas vraiment dans l’air de ce début des 80’s : ils révèrent le Velvet Underground (groupe culte, c’est-à-dire inconnu du consommateur lambda de musique), les premiers disques des Byrds (passés de mode depuis belle lurette), ou les Modern Lovers (et leur folk-rock en totale roue libre, la référence en matière de je m’enfoutisme musical). Le son originel de R.E.M. repose sur une rythmique mouvante, souple, élastique. Parce qu’après, ça se complique. Peter Buck est le Buster Keaton de la guitare, le second faisait des films hilarants sans jamais sourire, le premier est un guitar hero qui ne fait jamais de solos et déteste tous les effets de manche et les gros riffs faciles, se contentant le plus souvent de suites d’arpèges. Quant à Stipe, qui écrit les textes, il s’évertue à les marmonner (parce qu’il en a honte, parce qu’ils n’ont aucun sens, parce qu’il a pas du tout l’âme d’un frontman) les yeux fermés loin des poursuites des projecteurs.

Moins de dix ans après leur formation, R.E.M. sera la plus grosse machine d’indie rock (le terme a été inventé pour eux) de la planète, vendant des disques par millions, classant des singles en haut des charts d’une façon métronomique. Et tout cela sans cours de chant ou de guitare, sans chirurgie esthétique, sans tenues fluo ni plumes d’oiseaux des îles dans le cul … Le disque qui va les assoir sur le toit du monde pop-rock (« Out of time » en 1991), il est pas foncièrement différent de leur premier, ce « Murmur » dont il serait quand même temps de causer un peu …

R.E.M. et « Murmur », ça tient quand même de l’accident industriel. Leur premier single (autoproduit), avec « Radio free Europe » en face A et une reprise en direct live dans le studio de « There she goes again » du Velvet en face B est tiré à cent exemplaires. Pendant qu’un contrat est signé avec I.R.S. (label indépendant où l’on trouve à la tête le frangin de Stewart Copeland, le batteur de Police), voilà-t-il pas que des journaux sérieux, pas forcément très rock’n’roll, mais d’audience parfois nationale font de « Radio free Europe » qui son single de la semaine, du mois, voire de l’année (quand il sera publié, « Murmur » récoltera les mêmes louanges).

Une version réenregistrée de « Radio … » ouvre « Murmur » (et « There she goes again » figure dans les bonus de la réédition Cd de 93), et force est de reconnaître qu’on n’a pas souvent entendu quelque chose d’aussi original et d’aussi évident bien souvent. Tout ce que développera et affinera R.E.M. pendant des années est dans « Radio free Europe ». Une base de country rock sautillante, une atmosphère brumeuse et cotonneuse (forcément cotonneuse, on est en Géorgie), cette voix qui tient plus du murmure que du chant, ces arpèges de guitare, ces chœurs le plus souvent à contre-temps. On retrouve à des degrés divers ces éléments dans tous les titres du disque. Mais attention si on parle bien d’uniformité, on ne parle de répétition. Parce que ce qui distinguera R.E.M. de tous ses semblables et bientôt suiveurs, c’est la capacité à écrire des chansons, ce truc léger et en même temps rigoureux avec une mélodie, des couplets, un refrain, le tout en trois-quatre minutes chrono. La concision sera aussi un des signes distinctifs de R.E.M.

Une fois la recette établie, les variations interviennent sur le tempo (il faudra attendre l’arrivée du producteur Scott Litt et la signature sur la major Warner à la fin des eighties pour que morceaux s’enjolivent et deviennent beaucoup plus radio-compatibles, sans que jamais on ne puisse accuser lors de leur première décennie d’activité les Athéniens de virer commercial). Qu’il s’accélère, et on se retrouve face à de petites bombinettes pop-rock (« Pilgrimage », « Moral kiosk », « 9.9 », l’extraordinaire « Catapult »). Qu’il se ralentisse, et on se retrouve face à de superbes ballades country-rock (« Laughing », « Perfect circle », cette dernière comme en apesanteur).


Quelquefois, ces infimes variations peuvent déboucher sur des titres moins réussis (le superflu « West of the fields », les plus quelconques « Sitting still » ou « Talk about the passion »). Et pour finir quelques ponts jetés vers l’avenir telle « Shaking through » qui préfigure le disque suivant et selon moi encore meilleur (« Reckoning »), la chanson triste et entraînante à la fois comme une projection de tous les « Losing my religion » futurs (« We walk », encore « Laughing »).

On ne peut cependant pas citer R.E.M. comme la réponse américaine à la cold wave britannique (Cure et ses disciples). Il y a chez les Américains une chaleur, une positivité et une légèreté qui ne sont pas de mise chez tous les British vêtus de noir. R.E.M. est définitivement un groupe de rock (cf. les trois titres live en bonus joués en surtempo, et tant pis pour les pains où l’approximation, on est beaucoup dans le festif et pas dans la rumination mélancolique).

« Murmur » est un des meilleurs premiers albums jamais publiés et inaugure le début d’une décennie cohérente pour le groupe qui tracera patiemment, disque après disque, améliorant sans jamais renier sa formule initiale, une route qui le mènera sur le toit du monde …



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METALLICA - GARAGE, INC. (1998)

Karaoké de métal ?

Les Metallica, comment dire … bon, je dis rien, vous avez compris … que dans leur période tignasse folle, jeans sales, trash-speed-machin métal à fond, je m’en foutais complet … et qu’ensuite (après le très successful « Metallica – The Black Album »), avec leur look tout en cuir destroy genre figurants de « Mad Max – Fury Road »), j’ai trouvé leur musique pas trop moche, mais bon …
Il y a un truc commun à tous les chevelus qui jouent vite et fort, c’est que ce sont des bosseurs (les masses laborieuses du rock), t’es fan et t’en as pour ton argent (sur skeud, en live, on sabote pas le taf) et des types qui aiment bien rendre hommage à leur héros. Alors après les millions de dollars et une paire de disques siamois de classic rock lourd (« Load / Reload ») ayant laissé quelques franges de leur public dubitatif, les Metallica payent leurs dettes. A tous ceux qu’ils aiment. Et sortent donc un disque entier de reprises, ce « Garage, Inc. ». Et pour que la fête (?) soit complète, rajoutent une autre rondelle argentée regroupant les reprises déjà commises depuis leurs débuts …

Bonjour le pavé. Deux fois plus d’une heure de Metallica qui joue autre chose que du Metallica. Quoique … ceux qui attendaient un medley Etienne Daho ou Culture Club seront déçus, mais ils doivent pas être nombreux … Le « Garage, Inc. » stricto sensu (la première rondelle) c’est du Metallica « d’avant ». Tous les potards sur onze et à fond la caisse, de quoi ravir les fans des débuts. Surtout qu’on peut subodorer vu les groupes de quatrième zone repris, que les versions des quatre de la Bay Area sont supérieures aux originaux. Qui hormis quelques malentendants bas du front en a quelque chose à cirer des punks crétins de Discharge, ou des hardeux de fond de tiroir comme Mercyful Fate ou Diamond Head ? Groupes moqués à l’époque par leurs congénères, alors, presque vingt ans après … Quand Metallica s’attaque à des références autrement moins comiques, la situation se complique. Reprendre du Black Sabbath ou du Blue Öyster Cult de la « grande époque » (« Sabbra Cadabra », « Astronomy »), c’est prendre le risque de se frotter à la comparaison avec les originaux. Et la comparaison n’est pas flatteuse pour Metallica. Manque évident de comment dire, finesse ? Surtout à cause de Lars Ulrich, bourrin comme c’est pas possible derrière ses peaux, qui envoie un tempo systématiquement frénétique que les autres doivent suivre. Mais comme c’est lui le boss, ça moufte pas derrière. Hetfield, lorsqu’il ne braille pas de façon gutturale montre des lacunes vocales béantes (moduler c’est pas son fort) …

On peut quand même reconnaître aux Metallica d’avoir des cojones quand ils vont baguenauder en dehors de leurs sentiers battus et rebattus. Se frotter à du Bob Seger, du Thin Lizzy, du Lynyrd Skynyrd ou plus improbable encore, du Nick Cave, si c’est pas de la prise de risque, je veux bien rejoindre le fan club d’André Rieu … et qui dit prise de risque dit aussi sortie de route. Reprendre Seger sans avoir rien de soul ou de bluesy dans le buffet, ça le fait pas … Reprendre Thin Lizzy sans un minimum de groove dans la besace, ça le fait pas non plus, d’autant plus qu’il s’agit de l’ultra classique de Lynott et ses boys (« Whiskey in the jar »). Pour le morceau des Lynyrd, y’a de la triche, les quatre de Metallica étant rejoints (la reprise a été faite pour les besoins d’une émission de radio) par une cohorte de potes plus ou moins hardeux (venus de Alice in Chains, Primus, Corrosion of Conformity, …) auxquels se rajoute le vétéran survivant de Skynyrd, le guitariste originel Gary Rossington. Du coup, avec des claviers, des chœurs et des types qui essayent pas de jouer plus vite que leur ombre, la farce prend et ce « Tuesday’s gone » revisité, il est pas mal du tout …Reste à débattre du cas du « Loverman » de Nick Cave. Titre anecdotique d’un disque anecdotique (« Let love in ») de l’Australien, il est traité façon Nick Cave des débuts quand il foutait les jetons à son public par son extrémisme du temps de Birthday Party. Et même s’il n’y a pas cette folie hurlante, (la reprise des Metallica se contente d’un quiet / loud braillé), je trouve ce traitement réussi et ce titre est pour moi le meilleur de ces deux rondelles …
Le second Cd, c’est du déjà vu (et entendu). Se trouvent compilés toutes les reprises déjà parues depuis leurs débuts. En commençant par le sympathique « Garage days re-revisited » de 87 (dont le recto de pochette sert de verso à « Garage, Inc. »), à une époque où les Metallica fonçaient d’abord et réfléchissaient ensuite s’ils avaient le temps. Suivent une litanie de titres disséminés sur des faces B, titres sur lesquels on (re)trouve les références habituelles du groupe, les catastrophiques punks 80’s anglais (Anti-Nowhere League), la seconde division du hard 70’s (Budgie), et la troisième du hard 80’s (les inévitables lourdauds de Diamond Head).
Qui a dit que les Metallica n'avaient aucun humour ?
Restent (j’en zappe volontairement quelques-uns) une reprise de Queen et quatre de Motörhead. Bon, Queen. Faudra que les gens comprennent une bonne fois que Queen c’est un des très rares groupes à prendre au second degré (comme les Mothers de Zappa et peut-être les vingt dernières années de Bob Dylan). C’est du mauvais goût poussé dans ses derniers retranchements (mais sans le dire, ce qui permet le malentendu). Donc livrer une version métal bourrin de « Stone cold crazy », c’est totalement crétin et totalement à côté de la plaque … Quant aux titres de Motörhead, ils sont révélateurs de l’écart qui peut exister entre un maître et des élèves appliqués mais pas très doués. Première victime sur « Overkill », le Lars Ulrich, incapable de reproduire le tir de barrage de la double grosse caisse de Philty. Pourtant il nous les avait bien brisé depuis deux heures avec sa frappe de mammouth en rut. Passons sur le bassiste (de toutes façons la pièce rapportée de Metallica depuis la mort de Burton) qui n’arrive pas à la cheville de Lemmy (et on ne parle là que du jeu de basse). Hetfield a beau essayer de grogner et Hammett de mitrailler des solos bruyants, ça le fait pas … trop tendres, les Metallica …
Arrive dès lors la question cruciale : à quoi peut bien servir cette double galette ? A mon humble avis à pas grand-chose, les fans retrouveront le Metallica « perdu » depuis le « Black Album » (« Garage, Inc. » s’est bien vendu, leur banquier a été ravi), et les autres auront la démonstration qu’en plus de faire généralement des disques insupportables, les Metallica aiment des trucs tout autant insupportables … CQFD ?



SPIKE LEE - DO THE RIGHT THING (1989)

Fight the power ...

Ce titre de Public Enemy, on l’entend à quinze reprises dans le film (rien qu’une fois en entier, précision pour ceux qui peuvent pas supporter le rap). Pas vraiment par hasard … Public Enemy (ou plutôt leur parolier et principal rappeur Chuck D.) et Spike Lee étaient faits pour travailler ensemble. Pas sûr qu’ils aient anticipé le buzz et le succès qu’ils allaient remporter …
Parce que pour moi, « Do the right thing » est un marqueur, un film condamné à faire date. Dans l’œuvre de Spike Lee d’abord. Parce qu’il n’a jamais fait mieux, ni derrière une caméra, et encore moins devant un micro (voir ses déclarations à l’emporte pièces sur Eastwood et Tarantino ces derniers temps). J’aime pas Spike Lee, le bonhomme, sa façon de souffler le chaud et le froid sur les sujets délicats qui le préoccupent (en gros la situation des Afro-américains aux Etats-Unis), sa façon d’alterner des constats lucides et des discours radicaux … Faut le voir dans les bonus du Blu-ray que j’ai (la réédition dite du vingtième anniversaire) faire un show grotesque lors de la conférence de presse-présentation du film au Festival de Cannes 89, grisé par des applaudissements (mérités) sur ses réparties judicieuses, et se laissant progressivement aller à un gloubi boulga pathétique sur fond de racisme et d’analyse politique et sociale à deux balles … alors qu’avec « Do the right thing », y’a rien à dire, suffit de laisser parler les images …
Dans la pizzeria ...
« Do the right thing » est un projet de Lee qui vient de loin. De sa première trace filmée alors qu’il n’était qu’étudiant à l’Ecole de Cinéma de New York, un court métrage se passant dans le quartier de Bedford-Stuyvesant, à Brooklyn. Un tronçon de rue de ce quartier sera le lieu unique de l’action de « Do the right thing ». Un été de canicule (86 ?) lui inspirera le scénario. Qui se présente comme une tragédie classique, respectant les trois unités, même lieu, une journée, tous les personnages participent à l’action …
C’est à partir de ces postulats que le film et son environnement sont mis en place. L’objectif avoué de Spike Lee est de faire un film sur le racisme, ordinaire, osera-t-on. La démarche est radicale dans tous les sens du terme. L’essentiel du casting est composé de Noirs, au mieux de métèques (les Portoricains) et de quelques Blancs immigrés de fraîche date (l’accent du pays de Dan Aiello). Pareil pour l’équipe technique, Noire en très grande majorité. Avant même le premier tour de manivelle, qu’on le veuille ou pas, l’accent est mis sur le communautarisme. Les visites « de prestige » se succèderont sur le tournage, du gentil Stevie Wonder au vieux coq Melvin Van Peebles (l’ancêtre des films de blaxploitation). Et au niveau du casting, on voit que Lee voue une déférence si ce n’est un culte à deux des acteurs, le couple à la ville Ossie Davis – Ruby Dee, vieux militants de la cause noire à Hollywood …
Premier challenge, filmer en décors naturels dans une rue d’un quartier mal famé. Il faut retaper quelques façades, construire le décor de la pizzeria et de l’épicerie sud-coréenne qui lui fait face à un carrefour (les deux bâtiments n’existent pas et tout un tas de fans du film les recherchent en vain depuis des années). Il faut aussi convaincre les habitants de se plier aux exigences du tournage (beaucoup de billets verts ont circulé, il n’est pas sûr qu’ils aient été comptabilisés dans le budget). Et puis, il faut nettoyer le quartier, repaire de dealers. C’est une « association », émanation de la Nation of Islam du prêcheur radical Farrakhan (dont Spike Lee avoue plus ou moins implicitement être proche intellectuellement) qui se chargera de la besogne. Remercions au passage l’honnêteté de Lee qui a laissé passer dans les très bons et nombreux bonus des avis des locaux très réservés sur les « bienfaits » apportés par son film au quartier et à la « cause » …
Le film se passe par une journée caniculaire, dans un quartier aux façades repeintes de couleurs chaudes (le rouge et l’orangé notamment), et la tragédie se nouera dans la pizzeria de Sal, l’Italo-américain (l’excellent Dan Aiello). Sal est plutôt bonhomme, mais faut pas le faire chier … Il gère son commerce en compagnie de ses deux fils, Pino le raciste terminal (John Turturro), et Vito (Richard Edson) beaucoup plus posé. Mookie est leur livreur de pizzas. Tête à claques, feignasse, toujours en train de rouscailler et de demander sa paye ou une avance à Sal.
Partant certainement du principe que l’on n’est jamais mieux servi que par soi-même (c’est Mookie qui lorsque la situation sera bien explosive, mettra définitivement le feu aux poudres), Spike Lee tient lui-même ce rôle. Et comme on n’est jamais mieux servi également que par ses proches, c’est son père (pianiste de jazz de seconde division) qui fera la musique, sa sœur qui aura un second rôle, et celle qui deviendra sa compagne dans la vraie vie (Rosie Perez) jouera sa femme … Une affaire de famille …
Rosie Perez & Spike Lee
« Do the right thing », c’est avant tout une galerie de portraits et une fresque sociale. Des stéréotypes, souvent, mais c’est voulu et indispensable au scénario (on n’imagine pas des virages politiques ou moraux à 180° dans une journée, fût-elle caniculaire). Il y a le vieux sage pochetron (Ossie Davis), la retraitée gouailleuse (Ruby Dee), le DJ qui derrière sa vitre observe et commente tout ce qui passe dans la rue (Sam Jackson, futur Samuel L Jackson), les trois blacks sous un parasol (retraités ? chômeurs ?) qui se balancent des vannes et font un peu office de chœur de tragédie grecque, le couple d’épiciers coréens que tout le monde jalouse et regarde de travers, les flics du quartier (Blancs bien sûr) qui se la jouent cowboys …
Et puis les protagonistes principaux, Mookie, Sal et ses fils, DJ Raheem (Bill Nunn), jeune Black baraqué qui se balade avec un énorme ghetto blaster crachant du Public Enemy toute la journée, Buggin Out (Giancarlo Esposito), jeune traîne-savates qui se prend pour la conscience politique du peuple Noir. Sans oublier le prédicateur bègue ( ! ) et simplet (Roger Guenveur Smith) qui essaye de refourguer à tout le monde une photo réunissant Matin Luther King et Malcolm X …
Bill Nunn, la nuit du c(h)asseur
Malgré la nonchalance dûe à la canicule, quelques écarts loufoques et drôlatiques, on sent très bien monter la tension et on sait, vu les protagonistes, que ça va forcément finir en sucette … Toute la finesse du scénario étant d’amener le bon prétexte et de faire se confronter les bonnes personnes au bon endroit … Avec un gros boulot d’acteurs derrière. Même s’il demande à tous d’intervenir et de suggérer d’éventuelles modifications au scénario, des lectures préparatoires ont eu lieu, et il très intéressant de voir les acteurs nous décrire comment ils ont appréhendé leur rôle, et Spike Lee leur demander à moment donné à chacun de raconter la vie antérieure de leur personnage, dont il ne sera jamais fait allusion dans le film …
Même si ce qu’il y a entre est excellent, les deux moments du film qui ont le plus marqué les esprits sont les génériques de début et de fin.

Au début, on voit Rosie Perez faire un grand numéro de danse hip-hop sur (of course) « Fight the power ». C’est pour son sens du rythme (elle n’avait jamais fait de cinéma, elle était go-go danseuse) et son joli cul (dixit Spike Lee, y’a encore du boulot pour toi, garçon, une fois que t’auras réglé le problème racial, faudra réfléchir au machisme et au sexisme …)
Et à la fin, après la dernière image et avant le générique version expended, apparaissent sur l’écran deux citations. La première de Martin Luther King, plaidoyer pour la tolérance, le pardon et la non-violence. La seconde de Malcolm X, justifiant et encourageant la violence lorsqu’elle répond à une oppression raciale manifeste. Le but recherché de cette juxtaposition étant bien évidemment la polémique, Spike Lee a parfaitement réussi son coup …
C’est parce qu’on en parle beaucoup qu’on reconnaît les grands films. Et là, avec « Do the right thing », mission plus que bien accomplie …


La bande-annonce et le générique d'ouverture

MADONNA - MADONNA (1983)

Self made woman ...

Il s’est vendu du premier album de Madonna plus de dix millions de copies … mais pas quand il est sorti … en fait il en a commencé à se vendre après le carton de « Like a Virgin » tout le monde était demandeur de quelque chose estampillé Madonna …
Question : Ce « Madonna » fut-il un chef-d’œuvre ignoré lors de sa parution ? Réponse lapidaire : Non.
Résumé de l’affaire. Madonna, née Madonna Louise Ciccone dans le Michigan, fait partie d’une famille nombreuse de la petite bourgeoisie italo-américaine chrétienne. Attirée un peu par la musique et beaucoup par la danse, elle rêve d’une vie artiste, ce qui n’est pas du goût de son veuf de son père avec lequel elle rompt pour tenter sa chance là où tout se passe, à New York. Le rêve américain classique que des millions de mecs et de nanas ont essayé de concrétiser … Madonna a réussi.
Parce qu’elle avait du talent ? Ouais, certes, il en faut un minimum. De la chance ? Aussi. Mais surtout elle était au bon endroit au bon moment et a su prendre son destin en main…
Louise la Brocante ...
L’histoire (la légende ?) la prétend arrivée à New York avec juste quelques dollars en poche, et un début de parcours pour le moins difficile (cambriolages de son appart, viol, galères en tout genre …). Elle recherche des petits boulots alimentaires (danseuse, figurante de porno soft), tout en apprenant vite … elle comprend qu’il faut être vue dans les endroits branchés et fréquente assidûment la discothèque Danceteria. Et pour être sûre de ne pas passer inaperçue, elle se crée un look sexy et déluré, à base de nombril à l’air, de sous-vêtements apparents et de ribambelles de bracelets, colliers et autres colifichets de pacotille.
Elle se rend compte que plutôt que la danse, c’est la musique qui peut la faire réussir. Elle chante juste, d’une voix très aigue manquant de coffre, et donc pourquoi ne pas sortir un disque … Elle commence à la batterie ( ?! ) dans un simili groupe de rock, Breakfast Club, mais très vite enregistre seule des maquettes de titres qu’elle a composés (« Everybody » et « Burnin’ up » qui figureront réaménagés sur « Madonna » et « Stay » que l’on retrouvera sur « Like a Virgin »).
Comme elle connaît bien à force de fréquenter l’endroit le personnel de la Danceteria (les DJ et le remixeur John « Jellybean » Benitez) ses titres finiront par passer dans la sono de la boîte, elle sera présentée à quelques types de maisons de disques, avant que Seymour Stein la signe sur son label Sire et l’envoie en studio enregistrer un premier album.
Madonna aime les sucettes ... à l'anis ?
En 1983, Madonna n’est plus exactement une perdrix de l’année (elle a vingt-cinq ans), mais elle a tout à prouver. Elle choisit d’enregistrer essentiellement ses propres compositions et la joue profil bas. Elle n’est pas un objectif commercial de Stein, et va donc se limiter à un disque de dance music, le seul genre qu’elle maîtrise à peu près.
« Madonna » a tous les terribles défauts de ces rondelles mainstream sorties à cette triste époque, les schémas rythmiques hypertrophiés du disco mourant, et des myriades de synthés analogiques censés faire moderne. Difficile de faire plus crétin que l’intro de « Lucky Star », plus remplissage que tous ces « I know it », « Physical attraction », « Think of me ». Difficile de ne pas voir dans la guitare hardos à la Van Halen (qui n’était pas sur la maquette ni non plus sur les remix du titre) de « Burnin’ up » une tentative de faire son petit « Beat it » de Michou Jackson qui affolait alors les hit-parades… Difficile aussi d’appréhender la correcte chanteuse qu’elle deviendra, alors qu’elle est là confinée dans les aigus hurlés et secondée par des choristes …
« Madonna » ne sera même pas un succès d’estime, quelques titres seront testés dans les boîtes de nuit new-yorkaises, Sire essaiera sans conviction de sortir quelques 45T et EP de remixes, et le disque s’acheminera lentement mais surement vers les bacs à soldes …
« Like a Virgin » l’année suivante va changer la donne et désormais trois titres de ce « Madonna » figurent dans toutes les compiles de la superstar. « Lucky star », assez vilain malgré tout, « Holiday » qui rétrospectivement a tout du single évident, ode à l’hédonisme, à la party permanente et au sea, sex and fun. Et la vraie (et seule) très bonne chanson du disque (« Borderline »), ballade pop majuscule, même si un peu beaucoup gâtée par des arrangements datés et vulgaires …
La suite s’écrira dans les Guinness Book …


De la même sur ce blog : 
Like A Virgin



JJ CALE - SPECIAL EDITION (1984)

Le Roi Fainéant ...

Celui-là, il a failli finir sous le dégradant intitulé « Poubelle direct » … si j’avais pas peur de me faire lyncher par mes millions de lecteurs.
Whaaaat ???  Une compilation de JJ Cale à la poubelle ?
Ben oui, mais pour les bonnes raisons. Je m’explique. « Special Edition » est paru simultanément en vinyle, K7 et Cd en 1984. Le support Cd étant apparu en 1982. Remarque, le premier Cd plus ou moins rock paru était d’ABBA, et la première vente conséquente le « Love Over Gold » de Dire Straits, dont tous les vendeurs de matos avaient un exemplaire et te faisaient écouter la pureté du son de « Private Investigations », titre fortement inspiré, c’est le moins que l’on puisse dire, par JJ Cale.
Même jeune, JJ Cale était vieux ...
Un cadre de chez Phonogram a dû avoir la lumineuse idée de s’engouffrer dans la même brèche avec une compilation du grincheux troubadour américain. Vite faite, mal faite, mais fallait battre le fer pendant qu’il était brûlant … très mauvaise idée et très mauvaise rondelle au final. Parce que Cale tient beaucoup plus du bouseux rustique (quoi que, on en reparlera) que du type obnubilé par le high tech. Ce qui ne l’a pas empêché d’avoir un son et une approche reconnaissables entre mille, et surtout d’avoir une production qui a évolué (pas toujours en bien, on y reviendra aussi) au fil du temps.
Cette compilation est faite sans aucun respect de la chronologie. On part de « Cocaïne » (1976) pour finir par « Crazy Mama » (1972), en poussant jusqu’au début des 80’s. N’importe quoi … Pire, comme il était de coutume d’affirmer péremptoirement que le support Cd était d’un meilleur rendu sonore que le vinyle (ce qui est très discutable, surtout à cette époque-là), Mr et Mme Phonogram ont aligné les titres sans les égaliser, alors évidemment on fait cohabiter des trucs enregistrés sur du matériel de fortune (avec une dynamique faible) avec les bandes master des studios multipistes californiens (avec une dynamique beaucoup plus puissante). La juxtaposition est forcément calamiteuse, et le rendu sonore se fait au détriment des titres les plus rustiques … évidemment les meilleurs. Encore heureux que dans la précipitation et l’appât du gain, ils aient pas repiqué directement les vinyles, comme ça s’est fait parfois … On regrettera également qu’en tout et pour tout, on n’ait que quarante minutes de musique, alors qu’il y avait matière à meubler qualitativement …
Jusqu'au serre-tête qu'il s'est fait piquer par Knopfler ...
Ceci posé, il n’y a pas d’oubli tragique. Les titres qui ont assis la légende de JJ Cale sont là. Ils sont issus essentiellement des deux premiers albums, « Naturally » et « Really », quand tout à coup le monde ébahi (enfin quelques zozos plutôt rares, Cale vendait que dalle) découvraient dans un business dominé par des Gibson raccordées à un ampli Marshall tous potards sur onze, un péquenaud déclamant d’une voix endormie sur un rythme incitant à la sieste des machins peinant à dépasser les deux minutes… Ecouter ces « Magnolia » (peut-être sa plus belle), « After midnight », « Call me the breeze », « Crazy Mama » en a traumatisé quelques-uns au-delà du raisonnable. Knopfler bien sûr, dont toute la carrière repose sur un plagiat honteux de Chet Atkins et JJ Cale. Les rudes soudards de Lynyrd Skynyrd dont « Call me the breeze » deviendra un cheval de bataille live. Et God lui-même, qui relancera une carrière qui avait tendance à se noyer dans le cognac en reprenant « Cocaïne » après « After midnight » (avait-il seulement saisi qu’il s’agissait d’une chanson anti-drogue, lui l’héroïnomane forcené) et en profitera pour rajouter quelques zéros à son compte en banque.
Le compte en banque, Cale devait même pas en avoir. Il vivait dans un mobil home cabossé au milieu du désert dans l’Oklahoma, passait ses journées à gratouiller en laissant tourner les magnétos, refusait les interviews, les shows télé et les tournées, envoyait bouler les représentants de sa maison de disques et sortait une rondelle tous les trois ans. On a longtemps cru que tout était jeté sur bande en une seule prise, en compagnie de son éternel complice, le producteur Audie Ashworth. Jusqu’à ce que des décennies plus tard, Cale ayant entrepris de faire quelque chose qui ressemble à une carrière « normale » révèle que ces fameux titres laidback (le nom inventé pour son style) étaient en fait des collages de dizaines de prises issues de maquettes enregistrées dans sa caravane en bute à un groupe électrogène préhistorique et récalcitrant. En gros, Cale utilisait la même façon de faire de la musique quarante ans plus tôt que, au hasard Daft Punk …
Christine Lakeland et un fan de son mari qui se prend pour Dieu ...
Cale aurait pu faire un parcours sans faute tant l’hypothèse de départ était parfaite et qu’il s’y est tenu scrupuleusement pendant quelques albums (les trois premiers, le troisième étant un peu en panne de bonnes chansons tout de même). Et puis, genre Ancien Testament, il céda à la Tentation. Lui, l’ermite dont la seule compagne était une vieille moto de cross, rencontra sa muse, Christine Lakeland. Et n’en déplaise à Marlène-aux-grosses-fesses Schiappa, elle a joué le rôle qu’on peut attendre d’une femme quand elle s’occupe de la musique de son mec, elle l’a rendue toute moche, confirmant un vieil axiome rédigé par toutes ces Yoko Ono, Linda Eastman, Kathleen Brennan, … au détriment de leurs époux … fin de la parenthèse myso.
Certes, Lakeland a dû faire ouvrir un compte en banque à son mari, mais elle s’est mêlée de sa musique, co-signant des titres, apparaissant partout sur les crédits, chantant même en duo avec lui (« Don’t cry sister »). Alors on pourra toujours dire que Cale était cuit, n’avait plus rien à dire, aurait bégayé son truc, il n’empêche que c’est pas avec sa dulcinée présente voire omniprésente qu’il a livré son meilleur. Il s’est même laissé aller à quelques sottises comme le rhythm’n’blues funky de pacotille « Lies » qui ferai passer Earth Wind & Fire pour des génies. Ou l’imitation de Dire Straits avec « City girls » que Knopfler pompera pour en faire « Walk of life », hit intergalactique, Cale testant à l’occasion et à ses dépens l’histoire de l’arroseur arrosé …
En résumé, fuyez cette rondelle, et dégottez-vous – au moins – une bonne compile du feignant en chef du binaire. Laquelle ? Eh oh, démerdez-vous … je vais faire la sieste …

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