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PINK FLOYD - THE PIPER AT THE GATES OF DAWN (1967)

Psychédélisme Version 1.0
Il y a quatre groupes différents qui s’appellent Pink Floyd. Le premier, celui de Syd Barrett, dont au sujet duquel il va être question quelque part plus bas. Le second, celui avec Gilmour à la pace de Barrett, adoré par tous les progueux. Le troisième, celui sous la coupe de Waters, adoré par les progueux et les hi-fi maniacs, « Dark side of the Moon » assurant la transition. Quatrième et on l’espère dernière formule du groupe, la configuration dite «  de tribunal » sans Waters. Cette dernière sans le moindre intérêt, à boire et à manger dans les deux précédentes. Et la meilleure pour commencer.
Syd Barrett
Pas la plus populaire, la courte période Barrett, en terme de ventes. Mais la plus folle, la plus innovante, la plus mythique aussi. Tout ça à cause de Barrett, évidemment. Le lutin psychédélique trop vite cramé par le LSD, la tête pensante, chercheuse (et trouveuse) de sa bande potes d’étudiants en beaux-arts. D’entrée, le groupe est différent de ceux de l’époque, en majorité composés de prolos londoniens. Le Floyd vient de la province chic (Cambridge), ses membres de la petite bourgeoisie.
Pink Floyd délaissera vite l’influence majeure de l’époque, le British blues boom, qui lui a valu son nom de baptême, hommage à deux bluesmen déjà (et encore plus aujourd’hui) oubliés, Pink Anderson et Floyd Council. Le Floyd est le groupe de Barrett, qui très vite va s’intéresser de près à une musique et un way of life venus de San Francisco, et que l’histoire rangera sous l’étiquette de psychédélisme. En gros, une libération de toutes les barrières mentales et sociales, et une drogue de synthèse (alors en vente libre), le LSD, comme vecteur. Le monde hippy est en route …
Et la plupart des disques qui ont compté dans ces deux années 66 et 67, fortement influencés par cette culture, sont tout peinturlurés de ce fameux psychédélisme. Et « The piper … » du Floyd est pour moi le meilleur de tous. C’était pas gagné d’avance, les Californiens semblaient avoir une longueur d’avance, et chez les Rosbifs, tout le monde s’y mettait (même Clapton, le jésuite du blues roots), y compris les très grosses têtes d’affiche Stones et Beatles. Le tri dans toute cette production psychédélique est assez facile. Les pionniers du Grateful Dead ne valaient que live, leurs disques de l’époque sont des pensums avachis, les Doors étaient trop blues, l’Airplane trop pop et trop tiraillé entre trop de leaders, Joplin braillait avec des baltringues comme backing band, semblant se contenter de son titre de Reine des Hippies, … Stones et surtout Beatles n’ont fait qu’essayer le LSD et sont restés discographiquement bien raisonnables, les 13th Floor Elevators sont arrivés trop tôt, Sly Stone, trop occupé à se poudrer le nez, trop tard. Il n’en restait plus que quatre susceptibles de sortir le disque-référence. Quatre groupes emmenés par des leaders à l’évidence totalement ailleurs, qui avaient un peu trop forcé (dans une époque pourtant peu avare en camés notoires) sur les buvards et les space cakes. Brian Wilson et ses Beach Boys, Arthur Lee et son Love, Hendrix et son Experience et l’outsider Barrett avec son Floyd. Outsider parce que vomi du néant, placé sur le devant de la scène londonienne où le groupe s’était expatrié, donnant des concerts-performances sur fond de projections mouvantes lumineuses, sortant 45T  et 33T en rafales. En trois mois, les deux singles, l’objet sonore non identifié « Arnold Layne » et la comptine spatiale « Emily play », et leur premier Lp, ce « Piper … ». A côté duquel « Pet sounds », « Forever changes » ou  « Are you experienced ? » étaient des oeuvres de gens « établis », déjà célèbres (les Boys) ou influents (Lee, Hendrix) depuis longtemps (longtemps étant synonyme de quelques mois, il y a des époques où tout va beaucoup plus vite).
Mason, Barrett, Waters, Wright, Pink Floyd 1967
« The piper … » est pour moi le disque le plus novateur de son temps. Parce qu’il n’extrapole pas à partir de choses déjà connues, plus ou moins entendues, il crée de toutes pièces ses propres territoires sonores. Avant l’été 67, on n’a jamais rien entendu de semblable à « Astronomy domine » ou « Interstellar overdrive ». Des wagons de disques publiés par des multitudes de groupes dérivent de ces deux titres. Tout le space rock, le krautrock, et le funeste prog sont en germe dans ces deux titres. Et en ces années où le mixage stéréo prend le pas sur l’antique mais efficace mono, tous ces effets spatiaux, ces sons qui passent de droite à gauche, s’assourdissent ou deviennent hurlants, ces claviers tournoyants, serviront de référence à des myriades de producteurs et de maniaques sonores (si le premier Floyd n’est pas la matrice de choses qui en paraissent  a priori très éloignées comme le shoegazing en général et My Bloody Valentine en particulier, je veux bien passer le reste de mes jours à écouter en boucle les Boards of Canada). Le son des premiers Floyd est attribué à l’oublié Norman Smith. Soit. Mais les anecdotes d’un Syd Barrett, totalement sous substances, montant et descendant à vitesse supersonique tous les boutons de la console apparemment au hasard, sont légion, et il ne fait guère de doute que c’est lui, intuitivement, qui est responsable de ce bouillonnement sonore alors inédit, Smith n’ayant fait que nettoyer ou rationaliser le résultat de ce joyeux foutoir bruyant.
Pink Floyd live 1967
Barrett et les autres (ne pas oublier les autres, le drumming de Mason est totalement atypique, en perpétuelle déconstruction, la basse de Waters est très en avant, ronde et menaçante à la fois, et Wright au toucher venu du classique évite dans l’immense majorité des cas les archi-entendus Hammond et Farfisa) ne s’arrêtent pas au rock planant. Il est curieux de constater que tous les garage bands les plus radicaux mettront souvent dans leur répertoire le démoniaque « Lucifer Sam » et son riff de guitare d’anthologie. Barrett assure le chant et la guitare, a composé seul la quasi-totalité de l’album, Waters ne signant que « Take up thy stethoscope … », paradoxalement le titre le plus à l’Ouest, le plus barré du disque, et le groupe au complet n’est crédité que sur « Interstellar … » issu de jams sur scène. Barrett réussit à lier on ne sait trop comment des choses aussi éloignées et disparates que du rock down tempo comme « Matilda mother » avec des comptines (« The gnome »), faire cohabiter des sons qui fleurent bon l’encens et le séjour à l’ashram (« Matilda … » encore) avec des fanfares très Sergent Poivre (« Bike »). Ce dernier aspect sonore trouvant peut-être son explication dans le fait que Floyd et Beatles enregistraient en même temps aux studios Abbey Road. Et des gimmicks, notamment les bruits enregistrés et réinjectés sur les bandes qui seront une des marques de fabrique des disques du Floyd suivants, sont déjà présents (les horloges sur « Flaming », les mécaniques rouillées et les sonnettes de vélo sur « Bike »).
Le succès de « The piper … » sera tout relatif auprès du public, Pink Floyd a eu d’emblée l’étiquette de groupe branché, arty, élitiste. Et même en 67, année faste pour cerveaux en capilotade, Barrett et son oeuvre restaient assez insaisissables. La lente macération de ce disque dans les esprits et une large reconnaissance ne viendront que plus tard.
Le coup de génie de Barrett restera sans suite. Tout le problème des drogues, tu peux pas savoir l’effet qu’elles te feront avant d’en prendre. Barrett n’était pas Lemmy ou Keith Richards, il finira totalement électrocuté au LSD, et c’est un copain à lui, le guitariste Gilmour qui le remplacera au sein du Floyd … On connaît la suite.

« Piper … » est le disque d’un homme et d’une époque. Curieusement, il a beaucoup mieux vieilli que d’autres jalons sonores de cette époque. La dernière version mise sur le marché en 2011 à l’occasion de la énième remastérisation de la disco du Floyd propose en trois Cds la version stéréo, la version mono, les singles « Arnold … » et « Emily … », ainsi que quelques versions alternatives. Sur l’ensemble, la version stéréo (celle qui était sortie à l’origine) est à privilégier, même si logiquement les titres les plus rock comme « Lucifer Sam » sont plus directs en mono …

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THE LOVIN' SPOONFUL - THE ULTIMATE COLLECTION (1992)

A la louche ...
Bon, le Lovin’ Spoonful, y’a pas de quoi écrire une encyclopédie sur eux. Balancer leur nom à un dîner en ville va faire s’écarquiller les yeux des convives … What ? Le Lovin’ quoi ?
Faut reconnaître qu’ils n’ont eu que leur quart d’heure warholien de gloire dans les sixties. Enfin, leurs trois-quarts d’heure, ils ont eu trois hits certifiés. Et leur leader John B. Sebastian doit pas avoir de soucis de fin de mois, tant ces trois titres ont été repris et, allez savoir pourquoi, utilisés à maintes reprises dans des spots de pub.
C’est sur une de ces pubs télé que j’avais entendu un titre. Je crois bien que c’était « Summer in the city » pour une marque de jeans, mais depuis le temps, je suis plus sûr …
Toujours est-il que les types du label Flarenasch, boutiquiers de série Z spécialisés dans l’euro-dance très bas de gamme, et dans l’achat de licences pas chères pour sortir des compiles bas de gamme comme celle-ci, ont mis dans les bacs cette « Ultimate collection ». Visuel minable, fautes d’orthographe, livret recopiant des articles de presse anglo-saxonne, son plus que limite (j’irais pas jusqu’à affirmer qu’ils ont repiqué sur les vinyles, mais c’est sûr qu’ils ont pas remastérisé …). Coup de bol, parce qu’avec ce genre d’épiciers sonores tu peux te retrouver avec un tracliksting de morceaux inconnus sous un intitulé ronflant, les trois hits y sont.

« Do you believe in magic ? », « Daydream » et « Summer in the city », au milieu de plus d’une vingtaine d’autres que pour  être charitable on qualifiera de quelconques… Le Lovin’ Spoonful, c’était à partir du milieu des années 60 un de ces groupes américains qui aurait voulu être les Beatles par chez eux. On a donc en moins de trois minutes des mélodies, des chœurs à plusieurs voix, tout le tralala pop … Particularités des Lovin’ Spoonful : un compositeur quasi exclusif, le déjà cité Sebastian, pas de reprises (en tout cas sur cette compile), et une base sonore typiqueemnt américaine (country, folk, rock). Et jamais de mélange de ces genres. En fait, et dans le meilleur des cas, les Lovin’ Spoonful étaient de piètres ersatz des Byrds.
Même si John B. Sebastian est un bon songwriter (on n’écrit pas trois gros hits par hasard), c’est pas vraiment l’imagination au pouvoir. L’essentiel se traîne, donne une pop cotonneuse archi-prévisible dans son écriture et ses arrangements, et vocalement c’est loin d’être renversant, tant en voix lead (Sebastian) que dans les harmonies vocales. Il est même curieux de voir l’abîme qui existe entre leurs trois titres phares et le reste de leur production …
Le groupe, qui tire pourtant son nom d’une bribe de phrase dans un titre de Mississppi John Hurt, n’a semble t-il jamais touché au blues, a sorti une poignée d’albums dont une paire seraient paraît-il fréquentables (mais au vu de cette compile, j’ai quelques doutes, même si dans sa seconde partie – elle est chronologique – elle s’améliore un peu), avant que Sebastian s’en aille tenter l’aventure solo. Une paire ont continué un temps, sorti quelques titres assez calamiteux avant de sagement mettre la clef sous la porte. Sebastian de son côté n’a plus retrouvé le chemin des hits parades, et il fait même partie de ces complets oubliés de l’Histoire qui ont joué au festival de Woodstock.
Les hits du Lovin’ Spoonful sont de grands classiques de la reprise pour ceux qui veulent lancer (Mama Cass Elliott en solo après la débandade des Mamas & Papas avec « Daydream ») leur carrière ou effectuer un énième come-back (le plombier Joe Cocker avec « Summer in the city »).

Le genre d’objet à réserver aux maniaques des séries B de pop américaine tendance sixties. Si tant est que cette rondelle ait été rééditée, ce qui ne semble pas être le cas …

THE BEACH BOYS - PET SOUNDS (1966)

La vie de Brian ...
Malgré l’image policée, sympathique et festive donnée par les Beach Boys, elle devait pas être marrante tous les jours, la vie de Brian … Le plus doué du groupe familial Wilson  avec la pression qui va avec (des singles, des skeuds pour Noël, des inédits pour les 33T), bien entretenue par un père maquereau de sa progéniture dans la grande tradition show-bizz du « on achève bien les chevaux » …
Le fiston idéal, Brian, cependant pas très bien dans ses baskets, et qui commençait à (gentiment) se défoncer pour aller un peu mieux dans sa tête au milieu des années 60. Peut-être un peu à l’Ouest (non, je parle pas de la Californie), mais passionné par l’écriture de chansons, le travail en studio (la scène, pas son truc, il se faisait souvent porter pâle quand les Boys tournaient). Et aussi ambitieux, avec les oreilles grandes ouvertes sur le monde merveilleux ( ? ) de la pop, il voulait toujours faire mieux … que tous les autres en fait.
Seulement voilà, en cette fin 65, quatre types qu’il surveillait de près, issus des brumes de Liverpool, venaient de mettre dans les bacs un disque appelé « Rubber soul », et là, tout d’un coup, Brian se rendait compte que Lennon, McCartney, Harrison et Martin (oui, j’ai bien écrit Martin et pas Starr, si vous savez pas pourquoi, je peux plus rien pour vous …) étaient en train de placer la fuckin’ barre très haut. « Rubber soul » était pensé, construit, cohérent, d’un déroulement qui lui apparaissait logique, évident … fini les collages de bric et de broc de six titres disparates sur chaque face de plastique noir, fini le disque, place à l’album.
Les Beach Boys 1966 : bientôt, Brian va voir des éléphants roses
Et Brian Wilson, pour qui les Beatles étaient les seuls concurrents valables, se mit en tête de faire le disque parfait, celui qu’il imaginait devenir le plus grand disque de pop jamais réalisé. Il lui fallait non seulement écrire une douzaine de chansons parfaites, mais surtout les lier en un bloc, en faire un ensemble indissociable devant lequel le Monde se prosternerait. Et Brian Wilson, ce challenge un peu fou, il l’a réussi. Quand au mois de mai 1966 paraît « Pet sounds », rien de comparable n’existe …
« Pet sounds » n’est pas un album gai, d’ailleurs cette forme de tristesse, de mélancolie, ne quittera plus l’écriture de Brian Wilson. Fini le « Fun, fun, fun » des ados surfeurs, leur sunshine pop est quelque peu ombragée, voilée. Et l’entraînant « Wouldn’t it be nice » (le titre imparable qui ouvre « Pet sounds », les autres sommets seront placés tout à la fin avec « Caroline no » et pile au milieu avec « Sloop John B » / « God only knows ») n’est qu’un trompe-l’œil, la tonalité globale du disque est assez sombre, nettement moins enjouée que sur ceux du passé.
Alors que les Beatles sont de fait quatre pour créer leurs disques, Brian Wilson est lui à peu près seul. Inutile de compter sur les frangins, bringueurs peu concernés par l’écriture, et pas trop sur le cousin Mike Love, qui ne cherche qu’à placer une note ou trois mots de temps en temps, juste pour empocher des droits d’auteurs. Parenthèse : ce crétin ultra-républicain de Love intentera moult procès pour se faire créditer sur quantité de titres des Beach Boys, il réussira devant les tribunaux à récupérer le nom du groupe, et c’est maintenant ce pitoyable vieillard mesquin qui tourne avec quelques employés menés à la trique sous le nom de Beach Boys. S’ils donnent un concert près de chez vous, faites-vous plaisir, n’y allez pas … Fin de la parenthèse … De fait, le seul complice de Brian (uniquement pour les textes, lui se réserve toute la musique) sera le parolier Tony Asher.
Wilson s’aperçoit que les Beatles s’inspirent de la musique classique pour les mélodies et les arrangements. La musique classique, lui n’y connaît rien. Il va se tourner vers les maîtres américains de la comédie musicale (Bernstein, Gershwin, Berlin, …), et aussi vers ce génie de la pop qui dévastait les charts du début des années 60, Phil Spector. Comme d’habitude (Brian Wilson est au piano et divers claviers le seul des Beach Boys à jouer sur les disques, dans une moindre mesure frangin Dennis à la batterie), il va s’appuyer en studio sur le Wrecking Crew, le groupe attitré des sessions de Spector. Ce sont donc les Hal Blaine, Carol Kaye, Leon Russell, Steve Douglas et consorts que l’on entend sur « Pet sounds ». Brian Wilson pourra aller au bout de ses idées, car Spector est en train de devenir furieusement cinglé et son label Philles commence à prendre l’eau de toutes parts …
Il y a dans « Pet sounds » une unité sonore assez frappante. Il y a un rythme, une ambiance générale, des tics de construction, d’utilisation des voix (là, c’est vraiment la tribu Wilson qui est à l’œuvre pour les parties vocales, Brian se réservant souvent la voix lead) communs à tous les titres. On retrouve partout ces voix de cristal portées par des crescendos mathématiques (la leçon retenue de Spector), ces mélodies qui vont plus loin que le binaire du rock, qui font la jonction entre les grands musiciens américains du passé et la « variété » des années 60 …
Brian Wilson va devenir complètement chèvre ...
Même si les quatre titres évoqués plus haut se dégagent du lot et sortiront en single (aucun n’atteindra cependant la première place des charts), Brian Wilson a sorti avec « Pet sounds » une œuvre sans point faible (même pas les deux instrumentaux). Le disque se retrouve systématiquement listé dans les tous meilleurs jamais parus (malgré sa pochette, putain qu’elle est horrible …), McCartney déclarera que « God only knows » est la plus belle chanson jamais écrite. Quand paraît « Pet sounds », Brian Wilson oublie son surmenage et est sur un petit nuage (qu’il commence à parfumer au LSD).
Cette plénitude (ça y est, il l’a réussi, son immense grand disque) ne durera pas. Moins de deux mois après « Pet sounds », les Beatles lâchent « Revolver ». Wilson estime qu’ils ont fait mieux que lui, mais ne s’avoue pas vaincu. Il va s’attaquer à un projet pharaonique, que cette fois personne ne pourra égaler ou surpasser. L’entreprise « Smile » est mise en chantier. Brian Wilson commence à perdre pied mentalement, fait paraître ce qui est pour moi de très loin son meilleur morceau « Good vibrations ». Quand il entendra quelques semaines plus tard la « réponse » des Beatles, le 45T avec « Penny Lane » en face A et « Strawberry fields forever » en face B, Brian Wilson va craquer psychologiquement, il estime qu’encore une fois, qu’encore et toujours, les Beatles ont fait mieux que lui ... La parution de « Sgt Pepper’s » va finir de le détruire. Le « Smile » en chantier ne sortira jamais …

Ne reste que « Pet sounds » comme preuve tangible du génie trop vite calciné de Brian Wilson… 

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THE STAX SESSIONS - 1000 VOLTS OF STAX (1991)

Bizarreries ...
Celui-ci, je l’avais acheté il y a très longtemps par correspondance. Une photo format timbre-poste au 1/10ème, un descriptif genre « compilation avec Otis Redding, Eddie Floyd, Booker T, … ». La bonne affaire, pour s’initier à la soul via un des plus grands labels du genre …
Déception au déballage, il s’agit de « rare & unreleased tracks », et comme c’était à peu près aussi simple pour retourner un Cd que pour un parkinsonien de gagner un tournoi de mikado, je l’ai gardée cette compil …
Qui n’est pas un mauvais disque, mais certainement pas non plus un disque pour « débutants » dans la soul. Un Cd pour complétiste maniaque plutôt. D’ailleurs, c’est pas seulement de la soul au sens strict, puisqu’on y trouve le rythm’n’blues d’Albert King ou Rufus Thomas, ou les plutôt doo-wop Astors. Cette compilation a été réalisée par un certain Roger Armstrong (employé chez Stax ?) qui a remonté des archives des bandes inédites, des alternate takes, des enregistrements live des artistes maisons …
Belle affiche (dans tous les sens du terme) pour les revues Stax
Exemple : les deux titres d’Otis Redding, l’inédit à l’époque « Cupid », et une version alternative de « I’ve got dreams to remember » ne font pas partie des « classiques » de son répertoire. Il y a bien « Dock of the bay », mais sous la forme d’une version instrumentale, certes par Booker T. & The MG’s, ce qui n’est pas rien, mais ça ne vaut pas la version chantée par Otis …
Mais Stax étant une « usine » à faire de la soul, et les mêmes « recettes » étant toujours appliquées quels que soient les artistes, il y a de quoi passer quelques bons moments et éventuellement découvrir des gens que l’Histoire  a relégués au second plan, mais qui auraient mérité la tête d’affiche (Bobby Marchan et William Bell sont deux grands chanteurs).
Il y a même deux titres exceptionnels, une version atomique live de « Knock on wood » d’Eddie Floyd, nettement mieux que « Aussi dur que du bois », son adaptation par Jojo Hallyday. Et surtout, une tornade vocale nommée Ruby Johnson, décrite une fois n’est pas coutume sans exagération par les notes du livret comme la Janis Joplin du label Stax, et dont le titre présent (« When my love comes down ») plane très haut au-dessus de tous les autres.

A noter qu’aussi étrange et improbable que puisse paraître ce disque, une dizaine d’autres du même genre ont suivi, qu’on peut (ou qu’on pouvait) se procurer séparément ou réunis dans un coffret …


THE BEATLES - THE BEATLES AGAIN (1970)

La bonne affaire ...
C’était pendant le premier règne de Chirac. Un coin de pochette de 33T aperçue dans une brocante entre  des 45T de Gilbert Bécaud et des 33T de Michèle Torr. Mais oui, c’était bien ça, un disque de Beatles que j’avais jamais vu. Je lâchais sans marchander dix francs, persuadé d’avoir fait une affaire, d’avoir récupéré à peu de frais une pièce rare, voire de collection.

Tu parles, aujourd’hui en état mint, ça vaut dix euros sur les sites d’occases, et le mien il craque de partout et est tout gondolé. « The Beatles again », c’est une compile sortie en 1970 partout dans le monde. Peu rééditée et jamais depuis 1973, année de parution du Rouge et du Bleu, nettement plus copieux et encore à ce jour définitifs résumés de l’œuvre du plus grand groupe etc … « The Beatles again » n’est pas sorti en Cd, mais comme tout ce qui touchait aux quatre garçons dans le vent se vendait comme des petits pains en plus avec cette foutue histoire de séparation, on doit la trouver dans plein de greniers.

« The Beatles again » c’est dix titres. Un assemblage de bric et de broc, conçu pour rendre accessible aux fans quelques morceaux « rares », autour de la locomotive du disque censée être la (elle bien connue) scie de McCartney « Hey Jude » (« Hey Jude » était le titre du disque envisagé dans un premier temps par Apple et EMI). Aujourd’hui que tout est disponible, et pour rien, l’intérêt de cette rondelle noire est maigre. A mon sens, elle ne vaut que pour sa pochette, une photo devant une modeste demeure que venait de s’offrir Lennon (un Lennon à droite des autres, enfin plutôt à l’Ouest dans ce cas, accoutré qu’il est en Rabbi Jacob).
Parce que le tracklisting, bon, faut être honnête, c’est vraiment n’importe quoi. « Can’t buy me love » (le prototype des hits des quatre jeunes de Liverpool dans leur période costard-cravate) et « I should have known better » sont sur le 33T « A hard day’s night » et pas rares pour deux sous. « Paperback writer » qui suit, sorti uniquement en 45T, est signé Macca (à l’attention des fans de Maé, quand les titres sont signés Lennon-McCartney, celui qui a en fait écrit seul le morceau, c’est celui qui fait la voix lead), est autrement plus consistant, les Beatles ne donnent plus de concerts, passent énormément de temps en studio, y’a une trouvaille sonore toutes les cinq secondes. « Rain » (signé Lennon), la face B de « Paperback … » a longtemps fait figure de titre rare des Beatles (on le trouvait pas sur le Rouge), à la réputation exagérée. C’est un bon titre issu des sessions de « Revolver », avec là aussi plein d’expérimentations sonores de George Martin (les voix passées à l’envers entre autres), mais pour moi il est pas dans le Top 50 des Beatles, même si c’est un peu la tarte à la crème des pédants in Fab Four connoissance …
« Lady Madonna », c’est du Macca qui s’amuse, entre rag et Fats Domino style, avec une énorme pulsation de basse et une voix qui semble sortie d’un vieux phono des années 20. Titre archi-connu, un des 27 numéro un aux hit-parades des Beatles. Suit ensuite la chanson « politique » de Lennon « Revolution ». Il s’agit de la version dite « saturée » avec ses grosses guitares fuzz, sortie en 45T. L’autre face de ce 45T (les Beatles pouvaient se permettre de sortir des 45T avec deux faces A), c’est donc « Hey Jude », d’une simplicité et d’une facilité mélodique (une suite d'une poignée de notes répétées pendant cinq minutes) telles qu’on se demande pourquoi personne y avait pensé avant (réponse : c’est simple, tous les autres n’étaient pas les Beatles).
Les trois derniers titres sont les plus récents, issus des séances de « Let it be » et « Abbey Road ». On y trouve le « Old brown shoe » de Harrison, face B de la « Ballad of John & Yoko » de Macca, également présente, ainsi que « Dont let me down » signée Lennon et face B de « Get back ». Trois titres enregistrés alors que l’affaire Beatles commençait à sentir le sapin, et ma foi, ça s’entend, c’est juste le minimum syndical …

Bon, c’est les Beatles, ouais, mais finalement, même à dix balles, c’était pas une si bonne affaire que ça, ce « The Beatles again ».







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The Beatles 

BOB DYLAN - SUBTERRANEAN HOMESICK BLUES (1965)

Deux Dylan pour le prix d'un ...
« Subterranean … », il s’appelait à sa sortie « Bringing it all back home ». Pour une raison qui m’échappe et dont je me fous, les deux titres sont indifféremment employés. Le contenu est dans les deux cas rigoureusement identique, les onze même morceaux.
« Subterranean … », c’est un des disques les plus importants, les plus cruciaux des années 60. Aussi un des plus importants et cruciaux de Dylan. « Subterranean … » marque un changement radical dans la façon d’utiliser le support du 33 T. Jusque-là, ces grosses rondelles de vinyle ne servaient qu’à refourguer des titres vite bâclés, organisés autour d’autres déjà parus sous forme de 45T ou de Ep 4 titres. Le succès du 33 T dépendant très fortement de celui acquis précédemment par les morceaux déjà parus. Le 33 T n’était pas envisagé comme une œuvre en soi, mais comme une juxtaposition de titres.

Musicalement, « Subterranean … » est conceptuel. Une face électrique et une face acoustique. Les titres électriques sont déterminants dans la carrière de Dylan. Mais également pour beaucoup d’autres. On entend dans « Subterranean … » un type qui est considéré comme un maître d’un genre (le folk « à textes » avec juste guitare en bois et harmonica), utiliser de la musique venue d’ailleurs (du rock au sens large). Personne, parmi les stars déjà établies (Beatles et Stones au hasard) ne s’était hasardé à çà. Quand on tient le succès avec une formule, on la perpétue, on n’expérimente pas. Dylan s’en foutait un peu de tout ça, malgré sa réputation en béton, il ne vendait guère, ses titres obtenant beaucoup plus de succès quand ils étaient chantés par d’autres. Dernier exemple en date, des fans californiens du Zim, réunis sous le patronyme de Byrds, venaient de claquer un numéro un national avec la reprise d’un titre de lui pas encore paru sous son nom, « Mr Tambourine Man ». Juste en insistant sur le côté mélodique et en incluant des instruments électriques. L’histoire (ou la légende) prétend que c’est l’écoute de la version des Byrds qui aurait poussé Dylan à virer électrique.
1ère de photo de Dylan avec une guitare électrique : 17 Juillet 1965 Newport ?
Des requins plus ou moins anonymes sont embauchés, on se met tous dans le studio, on joue ensemble, « 1,2,3,4 » et c’est parti. On sent que « Subterranean … » est enregistré dans l’urgence, que tout n’est pas maîtrisé. Sur « Bob Dylan’s 115th dream », un énorme fou rire saisit Dylan après un false start comme on dit dans les notes de pochette, ça a été conservé. Dylan ne maîtrise guère le fait de jouer avec un « groupe de rock », il doit lui sembler que tant de vacarme va le faire passer au second plan, alors il hurle littéralement ses textes. Sur le plan strictement musical, il n’y a rien de révolutionnaire en soi, ça mouline gentiment, d’une façon quasi austère (les deux boogies du disque, « Outlaw blues » et « On the road again » - rien à voir avec le titre homonyme de Canned Heat quoi que … - feraient justement passer l’intégrale de Canned Heat pour un manifeste de rock progressif). Cependant, le disque sera assez mal perçu, Dylan sera accusé d’avoir « trahi » la cause du folk pur et dur dont il était le héraut. Dans le meilleur des cas, cette première face de disque électrique sera considérée comme une parenthèse mal venue (les quatre titres acoustiques auraient pu se retrouver tel quels sur n’importe lequel de ses 33T précédents). La suite de l’aventure sera sans équivoque. Dylan va embaucher un jeune guitariste de rock virtuose, Mike Bloomfield, enregistrer un disque quelques semaines plus tard, uniquement électrique, « Highway 61 revisited », et se lancer dans une tournée tous potards sur onze avec une bande de graisseux venus du rock’n’roll tendance garage, les Hawks, anciens accompagnateurs de Dale Hawkins (l’auteur de « Suzie Q »), qui deviendront The Band. Dylan monte dans le train de l’histoire en marche et accélère la locomotive …
Si « Subterranean … » ne peut être considéré comme le meilleur disque de Dylan, surtout à cause d’un backing band sous-mixé et qui sonne baloche, c’est malgré tout pour moi son plus important, celui qui fait exploser toutes les lignes et les chapelles musicales de l’époque. Si l’on enlève les deux boogies déjà cités, restent neuf morceaux qui sont absolument tous des classiques de Dylan (le morceau-titre, « She belongs to me, « Maggie’s farm », « Love minus zero », « Bob Dylan’s 115th dream » pour la face électrique, plus les quatre acoustiques « Mr Tambourine Man », « Gates of Eden », « It’s alright, Ma », « It’s all over now, Baby Blue »). Autant dire qu’avec les musiciens de « Highway … » ou « Blonde … », il n’aurait rien à envier à ces deux-là …
« Subterranean homesick blues » est le premier classique tout-terrain de Bob Dylan, et malgré la bonne trentaine d’albums qui a suivi, reste pour moi dans le quintet majeur de sa carrière …

A noter pour les amateurs de symboles et fétichistes divers que la pochette est un vaste puzzle regorgeant de détails (la femme en rouge, les mags, les pochettes de disques, …) sur lesquels les fans du Zim se sont abîmé les yeux et creusé les méninges …

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JEAN-PIERRE MELVILLE - LE SAMOURAÏ (1967)

Hommage et référence ...
« Le samouraï » est un film hors du temps et des modes. Même s’il se passe à Paris dans les années 60. Mais peu importent le lieu de l’action et son époque, « Le samouraï » vient d’ailleurs. De cet « âge de platine » du cinéma comme le dit Melville lui-même dans les bonus du film, à savoir le film américain de gangsters des années 30 (pour ceux que ça intéresse, l’âge d’or du cinéma selon Melville, c’est le cinéma muet).
Delon & Melville sur le tournage
Donc avec « Le samouraï », Melville transpose dans le Paris contemporain son fantasme en matière de cinéma. Melville est un austère, c’est pas un partisan du « spectacle ». Pour lui, un film doit raconter une histoire. Le plus simplement et le plus clairement possible. Point barre. C’est cette épure (dans les lumières, la photo, le décor, les dialogues, …) qui est remarquable. Et puis Melville, c’est pas le bagout latin. Melville est un taiseux. Et son personnage principal joué par un Alain Delon des grands jours est aussi forcément un taiseux. Beau et ténébreux, mais avant tout taiseux.
Delon est Jef Costello (référence évidente à Frank Costello, le plus grand ponte de la Cosa Nostra new-yorkaise pendant 40 ans, qui établira tous les codes de la « loi du milieu », et dont s’inspirera aussi Coppola pour « Le Parrain »). Jef Costello est un tueur solitaire, dont la seule compagnie durable est celle d’un bouvreuil, le petit volatile dans sa cage intervenant aussi dans le scénario. Il a bien une maîtresse (Jane Lagrange, jouée par Nathalie, officielle Madame Delon), amoureuse de lui (alors que l’inverse semble beaucoup plus problématique, lui ne la concevant que comme alibi), connaît parfaitement Paris, son métro, et tous les petits trafiquants qui lui permettent d’obtenir fausses plaques d’immatriculation, faux papiers et flingues, mais Costello est un homme seul. Réglo d’une façon rigide pour son boulot, qui ne supporte pas les entourloupes, ce qui amènera sa perte.
Alain Delon est le samouraï. Il vous en prie ...
« Le samouraï » fait évidemment référence également au rigorisme des guerriers japonais et le film est introduit par l’incrustation d’une maxime tirée du Bushido, le livre du Code d’Honneur des samouraïs. Pour l’anecdote, cette maxime (« Il n’y a pas de plus profonde solitude que celle d’un samouraï, si ce n’est celle d’un tigre dans la jungle … peut-être. ») est un fake. Mais il y a dans le minimalisme (apparent, on y reviendra) du film bien des choses qui renvoient à l’ascétisme expressionniste du nô et à la lenteur des danses macabres du buto. 
Il y a dans « Le samouraï » toute la fascination de Melville pour les gangsters (il en fréquentait réellement, tout en restant un « honnête citoyen »), qu’il idéalise et fantasme quelque peu, l’imper mastic, le feutre, le code d’honneur. L’univers du jeu  (rappelons que le premier grand classique de Melville s’appelle « Bob le flambeur ») est aussi récurent chez lui, c’est une table de poker qui sert en partie d’alibi à Costello après son contrat. Melville est également fan de jazz (pfff….), et donc une grande partie de l’intrigue se déroule dans une boîte de jazz et y trouvera son épilogue, à côté du piano de la troublante et équivoque Cathy Rosier. Et puis, qui dit gangsters dit flics. Les deux parties de cette complémentarité bicéphale (flics et gangsters n’ont de sens que quand ils sont confrontés, théorie melvillienne de leur relation) sont également importantes dans le film, et l’obstination des flics menés par François Périer pour coincer Costello fait pendant à celle de Costello à leur échapper tout en se vengeant de son commanditaire.
« Le samouraï », c’est aussi l’éloge de la lenteur. Tous les personnages sont froids, calculateurs, déterminés, implacables. Pourtant l’action est resserrée, tout se passe en trois nuits et deux jours. Sans flash-back, sans types qui racontent leur passé. On prend l’histoire en cours, jusqu’au gunfight final. Ce qui permet d’apprécier le boulot de Melville question scénario et dialogues pour nous faire suivre l’intrigue, performance rendue compliquée par le personnage mutique de Delon. Même si l’histoire n’est guère vraisemblable, quelques fois limite incohérente. Elle n’est en fait là que pour servir de cadre dans lequel évoluent les personnages, particulièrement celui de Delon.
Nathalie Delon & François Périer
« Le samouraï » est un film minimaliste. Ce qui n’empêche pas le perfectionnisme, la scène du début où Delon met son chapeau en en lustrant le bord a nécessité une journée de prises ! Tout est minutieusement écrit, pensé, réfléchi, ce qui fait du film, l’antithèse d’un « A bout de souffle », de ses dialogues en roue libre et de ses prises de vue bâclées, Melville, bien que contemporain de la Nouvelle Vague et souvent rattaché au mouvement, est beaucoup plus « classique » et n’apprécie guère Godard ou Truffaut. Melville stylise les caractères de ses personnages, mais aussi leur environnement. L’appartement de Delon est disproportionné en hauteur, meublé a minima, mais le sens du détail de Melville lui a fait rajouter une vue de Manhattan en second plan derrière les fenêtres (le genre de détails totalement gratuit qu’on ne distingue pas même sur les copies numériques, mais qui en dit long sur le perfectionnisme maniaque du réalisateur).
Cathy Rosier
« Le samouraï » repose énormément sur la performance de Delon. C’est la première collaboration des deux hommes, avant « Le cercle rouge » et « Un flic », ce dernier maltraité par la critique occasionnant une brouille artistique entre les deux hommes, même s’ils resteront très amis jusqu’à la mort de Melville l’année suivante. La légende (ou Delon, ce qui revient au même) prétend qu’il a accepté le rôle de Costello sur la seule foi de la lecture des premières scènes (« Dix minutes de film et pas un mot prononcé ? Je le fais ! »). Et c’est vrai que le début du film est fabuleux, un Delon allongé sur le lit de cet appartement quasi vide, en pleine méditation et concentration avant de passer son imper, mettre son chapeau, faucher dans la rue une DS, aller dans un garage sordide de banlieue changer les plaques, récupérer faux papiers et flingue, sans prononcer une parole, échanger un mot avec le garagiste. Un Delon hiératique, qui trouve dans ce film un de ses quatre ou cinq meilleurs rôles. Il faut voir dans les bonus du DVD un Delon très sûr de lui, majestueux, cabot comme pas deux genre le meilleur acteur du monde s’adresse à vous, répondre dans une émission de télé d’époque (« Monsieur Cinéma ») à un Pierre Tchernia bafouillant son français (un peu bourré ?) que « Le Samouraï » est le meilleur film qu’il ait tourné, et Melville le plus grand réalisateur avec qui il ait travaillé. Hum … et « Le Guépard », « Rocco et ses frères », « L’éclipse », « Mélodie en sous-sol », c’est des navets ? Et Visconti, Antonioni et Verneuil, des réalisateurs de série B ?

Malgré tout, et en dépit de son aspect étriqué et terne, ce jeu du chat et de la souris dominé par la morale d’un code d’honneur tragique (la fin de Costello est une forme de suicide, même si ce n’est pas par le seppuku rituel), filmé en noir et blanc juste amélioré (les choix de photo privilégient l’obscurité, une sorte de flou pisseux, aucune couleur chaude dans les décors ou les vêtements), reste une référence majeure du polar français, jouée par un Delon irréprochable et dirigée par un Melville qui signe pour moi sa masterpiece.

NEIL YOUNG - EVERYBODY KNOWS THIS IS NOWHERE (1969)

Les fondations de la maison Young ...
Et des fondations solides, trois des titres de cet album de 1969 (« Cinnamon girl », « Down by the river » et « Cowgirl in the sand ») feront toujours partie des chevaux de bataille de Neil Young sur scène. Et à propos de chevaux, ce disque est le premier qui voit apparaître son backing band « historique » Crazy Horse, embauché par le Loner après qu’il l’ait vu sur une scène minable d’un pub de New-York.
Il y a dans ce « Everybody … » tout ce que Neil Young développe depuis et qui constitue sa marque de fabrique : par dessus-tout la mélodie d’une grande pureté, mise au service de ballades dénudées, de country-rocks ou de rocks énervés à grosses guitares.

Le Cd commence avec le court « Cinnamon girl » et son riff qui désosse. Le country-rock, on le trouve dans le   morceau-titre, et aussi dans « The losing end » plein de swing et de simplicité. Les ballades (« Round & round », et « Running dry » frissonnante avec son violon au second plan, en hommage aux Rockets avant qu’ils ne soient rebaptisés Crazy Horse) précèdent chaque fois les longs morceaux d’une dizaine de minutes « à guitares » qui clôturaient chaque face du vinyle.
« Down by the river » a une structure de ballade, soutenue par les grattes de Young et de Danny Whitten, plutôt dans un registre de recherche expérimentale sonore, même si elles commencent à tendre vers la saturation. « Cowgirl in the sand » est beaucoup plus rentre-dedans, avec son final en forme de joute épique Young-Whitten. Deux titres très dans la tradition des « jam bands » très en vogue à l’époque, mais plus dans l’ambiance « duel de guitares » que dans celle de la démonstration technique (voir les versions live chez CSN & Y avec Stills à la place de Danny Whitten).
Même s’ils ne font pas tâche et contiennent en filigrane des tics et des idées qui seront développées dans les disques à venir de Young, les quatre titres « restants » sont quand même bien éclipsés par les classiques.
La production est assurée par David Briggs qui deviendra le collaborateur attitré du Canadien pendant toute sa carrière.

Ce disque est paru quelques semaines après le premier sans titre, et juste avant que Neil Young ne s’acoquine avec l’intéressant Stills et les deux boulets Crosby et Nash. Le second concert de CSNY aura lieu dans le cadre intime (entre 300 et 500 000 personnes) du festival de Woodstock et Neil Young mènera pendant quelques mois une double carrière, en solo et au sein du super-groupe baba cool…

Du même sur ce blog :


TOWNES VAN ZANDT - TOWNES VAN ZANDT (1969)

50 nuances de noir ?
Curieux cas, que celui de Townes Van Zandt (rien à voir avec le grassouillet court sur pattes qui chantait dans Lynyrd Skynyrd, ni avec le Soprano à bandana guitariste du député du New Jersey). Un type ignoré royalement de son vivant et maintenant célébré comme la huitième merveille du Monde (ou des 60’s –70’s, ce qui revient à peu près au même). Bon, faut relativiser tout çà. Même s’ils oeuvrent dans des genres quasiment  similaires, Townes Van Zandt n’est pas Bob Dylan. Mais ce n’est pas non plus un baltringue folk à la Richie Havens, dont la mort a été annoncée avec figure de circonstance par Pernaut à son JT, alors qu’absolument tout le monde avait oublié son existence depuis son passage braillard et improvisé à Woodstock.
Townes Van Zandt a du talent, c’est sûr. Un talent qui n’a pas besoin du sempiternel couplet sur l’ivrogne introverti qu’on ressert systématiquement dès qu’on l’évoque. En a t-il plus que d’autres oubliés de cette décade folk prodigieuse (en gros 63-73), tous ces Fred Neil, Tim Hardin, Bill Fay, Pete Seeger, Gene Clark (pour les Amerlos), Bert Jansch, John Renbourne, Nick Drake, John Martyn, Richard Thompson (pour les Angliches) ? Débat ardu dans lequel je ne m’aventurerais pas. En tout cas, quelles que soient ses qualités, il me semble à un niveau inférieur à toutes les têtes d’affiche de l’époque, les Dylan, Cohen, Donovan, Stevens.

Van Zandt est un folkeux dépressif (pas forcément un pléonasme), et beaucoup s’accordent pour dire que ses textes sont parmi les plus sombres jamais mis en musique. Le bonhomme vit le plus souvent reclus, quasi dans le dénuement, alors qu’il vient d’une famille très aisée, et ses compagnes les plus fiables seront sur la durée bouteilles (beaucoup) et poudres blanches (un peu). C’est aussi un compositeur de talent, ses musiques sont d’une pureté et d’un classicisme que beaucoup ont cherché à atteindre sans y réussir.
Ce « Townes Van Zandt » est son troisième disque. 33 T et conçu comme tel. Avec ses deux faces bien distinctes. La première est une épure folk. La guitare acoustique jouée en finger picking de Van Zandt est omniprésente, on sent (même sans comprendre forcément les paroles) dans la voix triste toutes les fêlures et brisures de l’homme. Et même quand l’instrumentation s’étoffe, ça reste austère, linéaire. Mais évident de talent. Curiosité et signe du perfectionnisme de Van Zandt, trois titres de ce « Townes Van Zandt » étaient déjà parus sur son premier disque, dont « The sake of the song », le plus « fini », le plus élaboré qui ouvre les hostilités. Une face de vinyle qui débutée de façon quasi guillerette (quoi que) et s’achève par le morceau le plus noir, le plus austère, « Colorado girl ».
La seconde face se teinte de country (une des références « antiques » de Van Zandt est Hank Williams, avec lequel il a bien des points communs, l’anxiété noyée dans l’alccol étant le plus évident), sonne «  contemporain ». Elle débute par « Lungs », country-rock décharné, avant coup sur coup d’aligner deux titres très dylaniens (le petit frisé est la référence « moderne » de Van Zandt). « I’ll be here in the morning » (un autre des trois titres réenregistrés) utilise par moments la même grille d’accords que « I want you » de « Blonde on blonde », et fait figure dans le contexte de titre enjoué, bien qu’étant nettement moins sautillant que son modèle évident. Autre dylanerie « Fare thee well … », tellement bien faite qu’on croirait que c’est le Band qui mouline derrière. Dernière auto-reprise « (Quicksilver daydream of) Maria » est pour moi la masterpiece, classique instantané, et le titre le plus enlevé (ou plutôt le moins sombre) du disque. Qui se conclut sèchement (on ne se refait pas) par la tristesse austère et dépouillée de « None but the rain ».
On l’aura compris , « Townes Van Zandt » n’est pas franchement un disque pour faire tourner les serviettes. Mais c’est ce style sombre qui est indissociable de l’aura d’artiste « maudit » qui entoure la carrière de Van Zandt. Auteur-compositeur pour auteurs-compositeurs, il n’obtiendra (la cherchait-elle d’ailleurs, rien n’est moins sûr) jamais de son vivant (il est mort en 97) une reconnaissance populaire significative. Mais son œuvre sombre et pessimiste continue de traumatiser des générations de gens sombres et pessimistes (ceux qui l’ont le plus cité doivent être les Ecossais de Tindersticks, qui n’ont rien de comiques troupiers).

Un disque à ranger pas très loin de ceux d’Harry Nilsson, les deux hommes, même si leur musique n’a rien de commun, ayant eu une approche artistique très similaire, et une façon d’appréhender l’existence quasi identique … 

THE BEACH BOYS - SUMMER DAYS (AND SUMMER NIGHTS !!) (1965)

... And summer girls ...
Les Beach Boys, c’est une trentaine de disques studio et dix fois plus de compilations. Mais c’est pas très difficile de s’y retrouver dans ce labyrinthe. Les compiles, elles reprennent les hits, car les Beach Boys en ont eu un gros paquet, et c’est assez compliqué de mal tomber. Les albums studio, hormis l’incontournable « Pet sounds », on peut quasiment tous les oublier. D’ailleurs, pour un groupe ayant vendu des dizaines de millions de disques, il a fallu attendre des années (2001 pour être précis) avant que la plupart soient réédités en Cd.
Des premiers communiants ? Non, les Beach Boys 
Si après cette intro à faire fuir le chaland, il reste encore quelqu’un, le skeud dont au sujet de lui que je vais causer « Summer days … », il est paru un an avant « Pet sounds », et fait donc partie de ces 33T qui sortaient à un rythme effréné (deux à trois par an, sans compter les compiles) depuis les débuts du groupe. Un disque fidèle aux canons de l’époque et à l’exploitation tous azimuts qui était faite des groupes bankables. Deux-trois hits, quelques titres corrects, et du remplissage à base de fonds de tiroir. « Summer days … » ne déroge pas à la règle. Ça sent le truc assemblé vite fait, l’ensemble des douze titres dure 26 minutes. Et malgré tout, faut faire le tri.
Le final du disque est calamiteux. Un instrumental (rappelons quand même que ce qui a contribué à la légende des Boys, ce sont leurs harmonies vocales, les meilleures du bon côté ( ? ) du Rideau de Fer), un titre de doo-wop (« I’m bugged at my ol’ man ») qui n’est vraiment pas le genre de prédilection du groupe, et pour finir un court machin a capella totalement sans intérêt.
Le cœur du disque est construit autour d’une thématique plus que prévisible (la plage, l’été, les meufs), toute la philosophie un peu simplette des Beach Boys depuis toujours (maintenant, à 70 balais, ça le fait encore moins pour eux). Et bizarrement, comme un signe prémonitoire de ce que seront les dix premières années du groupe (après, vaut mieux laisser tomber), on trouve tout ce qui a caractérisé le groupe dans les années 60.
Alors forcément, y’a des trucs qui ressemblent à Chuck Berry (toute première source d’inspiration de Brian Wilson), et ils sont placés au début (« The girl from New York City » et « Amusement Parks USA »). Ensuite le travail sur les harmonies vocales, symbolisé à l’époque par tous les girl-groups, qu’ils soient chez Spector ou la Tamla. Le « Then I kissed her » des Crystals de Spector est la reprise qui s’imposait. Ensuite les Beatles, qui ont traumatisé à jamais Brian Wilson. La compétition se met en place avec « Girl don’t tell me » qu’on pourrait prendre pour un inédit des Fab Four. A noter pour l’anecdote que c’est le seul titre du disque entièrement joué par les Beach Boys, sans doute pour présenter le côté « groupe » et imiter au mieux la technique précaire des Beatles des débuts (en principe, ce sont des requins de studio à la manœuvre, en particulier les habitués des sessions de Spector, Hal Blaine, Carol Kaye, Leon Russell et toute la clique …). Au tournant des 60’s, un regain d’inspiration du groupe (et surtout le retour en son sein de Brian Wilson) donneront quelques disques intéressants (le superbe « Surf’s up » notamment) et seront marqués par une certaine tristesse des mélodies. On en a les prémisses sur ce « Summer days … », avec la quelque peu désabusée et traînante « Let him run wild ».
Séance photo avec Al Jardine
Et puis et surtout, les Beach Boys sont dans cette première moitié des 60’s un groupe à singles. Issus de ce disque, deux ont grimpé en haut des charts. « Help me Rhonda », déjà présent dans le précédent album (« Beach Boys today ! ») l’est ici dans sa version « radiophonique ». Pas grand-chose à dire, c’est un Beach Boys classic, qui reprend toutes les formules (le gentil rock’n’roll, les changements de rythme, les chœurs, le refrain en pièce montée) ayant déjà fait leurs preuves. D’un tout autre calibre est « California girls ». Brian Wilson a dit qu’il s’agissait là du meilleur titre qu’il ait écrit. Bon, il est peu cinglé, le Brian, il doit plus se souvenir qu’il a écrit « Good vibrations » … N’empêche, il a pas tout à fait tort, « California girls » est un des meilleurs titres du groupe, et peut-être celui qui le symbolise le mieux à ses débuts. Musicalement, il domine sans peine cet album, et son thème contenu dans le titre (ça vole pas très haut les textes des Beach Boys), il est récurent dans ce disque et lui aussi contenu dans le titre, les « summer days », c’est fait pour draguer, en espérant que ça débouche sur des « summer nights » torrides. Le tout très fleur bleue, dicté par l’époque et l’image romantique que tient à cultiver le groupe.

Le groupe … il serait temps d’en parler. Les Beach Boys sont une affaire familiale (les trois frangins Wilson, le cousin Love, le pote Jardine, et l’autre pote Johnston, dont on sait pas trop s’il en fait vraiment partie). Affaire chapeauté par papa Wilson, qui en bon Thénardier du rock, envoie ses enfants au turbin et prend la monnaie. Ce qui n’empêche pas certaines curiosités « stratégiques ». Pourquoi Jardine (Johnston, il y est jamais) ne figure pas sur la pochette (il est sur des photos de la séance, et « signe » comme les quatre autres, un texte sur la pochette du 33T ?). la réponse est selon moi à chercher dans le fait que les Beach Boys ne sont pas vraiment un « groupe » au sens rock du terme, mais plutôt une trademark au son immédiatement reconnaissable, et les accompagnateurs du plus doué du lot, Brian Wilson, qui signe toute la partie musicale de l’affaire, ne laissant que les paroles à cousin Mike Love … Déjà le germe de tout un tas de rancunes tenaces, qui donneront lieu à partir des 70’s à des pitreries procédurières tout du long de l’interminable saga du groupe …

Des mêmes sur ce blog :


MOTT THE HOOPLE - ROCK'N'ROLL QUEEN (1972)

Echec et Mott ...
Qu’en serait-il advenu des Mott The Hoople si Bowie ne s’était pas entiché d’eux et ne leur avait offert « All the young dudes » qui les a fait passer à la postérité et relancé leur carrière ?
Parce que là, quand paraît ce « Rock’n’roll Queen » début 72, ça sent le sapin, la fin de contrat. Une compilation de sept titres, dont un morceau live de dix minutes, le tout n’atteignant même pas les quarante de rigueur des temps vinyliques. Autant dire que la matière à Best of est assez rare chez Mott.
Derrière l’affaire Mott, il y a deux hommes. Ian Hunter, fan de Dylan. Pas exactement la meilleure idée à la fin des sixties, Dylan pour un tas de raisons (le retrait dû au prétendu accident de moto, les disques parus ensuite assez moyens, le son général du rock qui s’est considérablement durci, …) est à peu près oublié. La « chance » de Hunter sera de croiser la route de Guy Stevens, un des agitateurs les plus en vue du swingin’ London finissant. C’est lui qui a trouvé le nom des successful Procol Harum, qui enregistre dans son studio tout un tas de revivalistes et nostalgiques mod, … Et qui décide de prendre en main la carrière de Hunter. Stevens aide Hunter à monter un groupe (autre figure forte de Mott, le guitariste Mick Ralphs, héros de seconde zone de la six-cordes, qui fondera plus tard Bad Company), et lui conseille le look qui ne le quittera plus : cheveux mi-longs frisés, et inamovibles lunettes noires (plus un accessoire médical qu’autre chose au départ, Hunter est très myope).
Mott The Hoople 1970
Stevens produit les premiers pas discographiques. Accueil glacial. Le groupe s’entête sans lui. Même résultat. Il est prévu que le groupe assure la promotion de cette compilation (si tant est que quelqu’un soit demandeur), et se sépare, chacun s’en ira vaquer vers d’autres aventures.
Evidemment, cette compile sera un bide supplémentaire pour Mott. Et quoi qu’il se soit passé après « All the young dudes », et les disques intéressants qui ont suivi, la première partie de la carrière de Mott The Hoople ne peut être réhabilitée.
C’est indigent, voire limite grotesque. Le groupe anglais laborieux de seconde zone qui mouline sans imagination des trucs dans l’air du temps. Rien qui ressemble au Dylan chéri par Hunter (ça viendra en solo des années plus tard), mais plutôt tout qui navigue dans le sillage des Stones – Faces. Sans le talent des uns ou des autres.
Les boogie stoniens sont de la revue. « Rock’n’roll Queen » le titre, « Death may be your Santa Claus » ( ??), « Walkin’ with a mountain ». Plutôt tendance boogie bien gras et lourds que tendance stonienne d’ailleurs, sans imagination. A tel point l’anecdote fameuse concernant « Walkin’ … ». Mott enregistrait dans la cabine de studio voisine de celle des Stones, et leur parvenait le son de « Jumpin’ Jack flash ». Ces lourdauds n’ont rien trouvé de mieux que de plagier le titre qui allait devenir mythique, y compris dans les paroles, le « Jumpin’ Jack flash it’s a gas » répété ad lib par Ian Hunter …
Mais si Mott a plagié les autres, certains de ses titres n’ont pas été perdus pour tout le monde. Leur version instrumentale (mais pourquoi instrumentale ?) plutôt heavy du classique des Kinks « You really got me » a été littéralement photocopiée par Van Halen quand ils reprendront ce même titre sur leur premier disque.
Un morceau (« Midnight lady ») lorgne vers le glam lorsque T.Rex commence à squatter les ondes. Plus original est « Thunderbuck ram », qui après avoir frôlé le pire avec son intro classico-prog évolue en tournerie sauvage proche du space rock énervé que feront le Blue Oyster Cult, les Pink Fairies ou Hawkwind. Quand au titre live, un exercice dans lequel Mott a toujours eu bonne réputation, il ne la sert pas vraiment leur réputation, basé sur un medley laborieux («  Whole lotta shakin’ goin’ on » de Jerry Lee Lewis, « What I’d say » de Ray Charles) construit autour du « Keep a knockin’ » de Little Richard. Et faut faire très attention quand on touche au répertoire de Petit Richard, il a placé la barre tellement haut qu’on est souvent voire toujours ridicule, et Mott n’échappe évidemment pas à la règle.
Belle pochette … Qui évite de justesse à ce « Rock’n’roll Queen » la poubelle …

Des mêmes sur ce blog :
All The Young Dudes