Les Strawbs, c’est le genre de groupe dont les
encyclopédistes du binaire vous vont refiler le nom sous le manteau, en
garantissant que là, attention, immenses génies malheureusement restés
confidentiels. Il doit même y avoir, dans les recoins du Net, des forums où des
fans transis n’arrêtent pas de s’extasier sur les mérites du groupe et de leurs
skeuds. Suivant la furieuse tendance qui consiste à admettre que puisque les
70’s étaient géniales musicalement, tous ceux qui ont sorti des rondelles à
cette époque-là étaient forcément géniaux …
Bon, ben, pas les Strawbs en tout cas, ou pas avec
ce disque-là. Les Strawbs sont Anglais, formés à la fin des années 60. Vous
sentez pas le coup tordu ? Non ? Autre info, ils ont compté dans
leurs rangs à leurs débuts Rick Wakeman. Oui, oui, Rick Wakeman, celui qui
jouait du piano sur « Life on Mars » de Bowie … Mais surtout plus
tard le claviériste de hum … Yes, les fuckin’ Yes … Oh putain, vous les voyez
venir là, les Strawbs ?
Je confirme, les Strawbs, c’est la énième division
inférieure du prog. Version Spinal Tap, ce qui les rend sinon intéressants, du
moins pas aussi tragiques que leurs congénères tête de gondole. Dresser la
liste des types qui ont joué dans les Strawbs est à peu près aussi facile que
dresser l’arbre généalogique d’une famille de polygames consanguins. Suffit
juste de savoir que celui autour duquel s’articulent toutes les différentes
formations du groupe est David Cousins, chanteur, guitariste et principal
compositeur, sorti des tréfonds du circuit folk des late 60’s. Un type assez
satisfait de lui et de son œuvre, n’hésitant pas dans le livret de la réédition
Cd de « Ghosts » à se poser par certains aspects en précurseur du
punk ( faudrait qu’il m’explique, là …). Et oubliant de signaler que de
tous les groupes de grabataires à s’être reformés depuis trente ans, les
Strawbs sont ceux qui l’ont fait dans l’indifférence la plus totale. Tant pis
pour eux et tant mieux pour nos oreilles…
Le problème des Strawbs par rapport aux
« grands » (rires) groupes de prog, c’est qu’ils ne comptent pas de virtuoses
dans leurs rangs. Donc pas d’interminables « mouvements », ponts et transitions tarabiscotées, pas non
plus de solos de trois heures de basse à quinze cordes et de batteries à
quatorze douzaines de toms. L’incapacité des Strawbs aux exercices égomaniaques
fait que pas un titre ne dépasse les dix minutes et que tous sont à peu près
construits sur le modèle chanson, avec des mélodies, des couplets et des
refrains. Autre relative bonne nouvelle, Cousins est un chanteur plutôt intéressant,
dans un registre assez proche du Peter Gabriel période Genesis, ce qui nous
éloigne quand même de Little Richard, mais j’sais pas, il aurait pu essayer
d’imiter Jon Anderson, vous imaginez le supplice (et je vous envie si vous avez
jamais entendu Anderson bêler ses niaiseries).
Alors, forcément, y’a du déchet.
« Ghosts » le morceau (issu d’un cauchemar de Cousins, alors que
McCartney rêvait des accords de « Yesterday », vous voyez la nuance
…), c’est du prog milieu de gamme, dont même Yes n’aurait pas voulu,
« Lemon pie » renvoie furieusement au Cat Stevens (dont Cousins avoue
être fan) encore fréquentable de l’époque, mais est massacré par des arrangements
ineptes, « Starshine / Angel wine », c’est du Tatie Elton John des
mauvais jours avec son piano en avant.
Le premier titre écoutable, c’est pour moi
« Where do you go… », bluette pop sur une base rythmique venue du
reggae (mais le reggae tendance « Ob La Di Ob La Da », c’est-à-dire
abordé sous son aspect musique cool et entraînante pour Club Med). Les deux
parties de « The life auction » rivalisent d’insignifiance
satisfaite, mais ne le répétez surtout pas, les fans des Strawbs en parlent
avec des trémolos dans la voix. « Don’t try to change me » est une sorte
de folk pour hippies traversé de riffs hardos, et ma foi, même s’il n’y a pas
de quoi s’extasier, ça relève le niveau (et l’attention). Par charité, et par
peur de devenir vulgaire, je passerai silencieusement sur « You &
I » (Yes avaient sorti un titre quasi homonyme, tout est dit …).
Ce qui nous amène au dernier titre du disque
original « Grace Darling ». Le titre sur lequel les Strawbs ont plus
ou moins joué leur carrière. Faut dire qu’ils étaient la première signature
anglaise du jeune label A&M et que ce dernier en avait fait un objectif majeur
pour les USA. « Grace Darling », pas horrible, mais le recours à une
chorale d’église le catalogue irrémédiablement en un « You can’t always
get what you want » du pauvre (ou du prog, ce qui revient au même). Logiquement,
le single a foiré, le 33T a fait une courte apparition dans le Top 100 américain,
et A&M s’est cherché d’autres objectifs. Fin de l’histoire …
Sur le Cd figure un seul bonus (on va pas s’en
plaindre), la B-side de « Grace Darling », sans aucun intérêt.
On a déjà entendu pire, mais bon, les Strawbs, même
si c’est pas toujours ignoble, ça gagne pas forcément à être connu …
Quoi?..."dans prochainement à la une", tu promettais le poète Roland Emmerich, et tu vas nous remettre des fraises??...
RépondreSupprimerBonnes fêtes Lester!
C'est parce qu'il hésite avec Michael Bay, dont il aime aussi beaucoup la prose visuelle... On aura peut les deux !
RépondreSupprimerUn article sur du prog à la noix ? Même pas envie de lire... sauf si tu dis plein de trucs méchants, alors là, je repasserai !!
Et bonne année à vous deux, les gars.
Le poète Emmerich ? Le poète Bay ?
RépondreSupprimerEh oh, j'ai pas dit Taxi 17 ou Camping 9 ...
Bonne année à vous !!