L'explorateur de l'inouï ...
Avec son premier album sans titre, Tim Buckley avait
signé une œuvre profondément originale. « Goodbye and Hello » va encore
plus loin dans l’inouï, au sens premier du terme.
Il y a tout d’abord la voix. Unique, exceptionnelle,
elle suffirait à elle seule à tirer
n’importe quelle composition vers des sommets célestes. Mais il y a aussi la
musique, totalement à contre-courant de ce qui se faisait à l’époque. Certes la
base est du folk mélodique teinté de psychédélisme, mais se rajoutent surtout
des touches classiques et jazzy. Assez proche dans l’esprit de ce que fera plus
tard Robert Wyatt, avec Soft Machine ou en solo.
Comme un air de famille ... Tim Buckley 1967 |
D’entrée, « No man can find the war »,
fait penser à Love, de l’autre génial inclassable Arthur Lee (un peu le Mr
Loyal du Los Angeles psychédélique, artiste choyé du label Elektra, qui a fait
signer les Doors et le MC5 à son patron Jac Holzman ; Buckley est également
chez Elektra, et l’ingé-son de tous les artistes du label Bruce Botnick est
présent sur tous leurs disques, ceci expliquant les nombreuses similitudes
sonores entre tous ces gens), et installe la voix irréelle de Tim Buckley. Et
cette voix se balade littéralement avec une facilité écœurante sur un véritable
patchwork sonore, chaque titre ouvrant son propre univers. « Carnival
song » a des airs de fête foraine dévastée et triste,
« Hallucinations laisse entrevoir un folk médiéval et arabisant. Une influence
orientale que l’on retrouve sur « I never asked to be your mountain »
(chanson adressée à son tout jeune fils Jeff alors qu’il vient de se séparer de
sa mère, un Jeff qu’il ne verra pratiquement jamais), et qui pourrait être
décrite comme le « Kashmir » psychédélique … « Phanstasmagoria
in two » porte bien son nom, il s’agit d’une véritable fantasmagorie
sonore et vocale, et last but not least « Goodbye and Hello » le
morceau, laisse entrevoir avec un lustre d’avance ce qu’aurait pu être du rock
progressif intéressant …
Ce disque est le premier chef-d’œuvre de Tim
Buckley, et pour moi son plus facile d’accès, celui qui ne s’éloigne pas trop
des chemins connus, qui laisse à l’auditeur des repères. Les suivants
jusqu’à sa mort en 1975 seront aussi beaux, mais plus hermétiques, Buckley
créant un univers sonore très personnel …
Du même sur ce blog :
Tim Buckley
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