King Crimson est un groupe souvent porté au pinacle par
les progueux. Soit. Grand bien leur fasse. Moi, le prog, j’aime pas (du tout).
Mais King Crimson, je suis preneur. Oh, pas de tout. Du premier, de
« Red », dans une moindre mesure de la « renaissance
disciplinaire » des 80’s (que les progueux, bien évidemment détestent). Et
tout le reste ? Ben je m’en tape un peu (beaucoup).
A commencer par ce « Larks’ tongues in aspic »,
souvent considéré comme l’œuvre majuscule (entendez progressive majeure) par
ceux qui n’écoutent que de mauvais disques. Perso, je comprends de tout ce
qu’il va retourner rien qu’en lisant le casting. Autour de l’inamovible Robert
Fripp, mathématicien de la guitare, on trouve dans ce « Langues
d’alouettes en gelée » (rien que ce titre, t’as envie de détaler, même si
j’en ai à peu près saisi la signification ésotérico-mystique) des noms qui
filent les jetons. Un ancien de Supertramp (Palmer-Jones), un transfuge de gloups
… Yes (Bruford), un type venu de Family, le truc du rouquemoute braillard
Chapman (Wetton), Cross, un fuckin’ violoniste (ouais, je sais, des crin-crins,
y’en avait dans la country ou le Velvet, mais bon, pas utilisés de la même
façon), et un percussionniste dont j’ai oublié le nom, comme si ça ne suffisait
pas avec le Bruford, un batteur virtuose de chez virtuose.
Tous ces joyeux (rires) lurons lâchés dans un studio en
vue de rédiger un truc qui t’en foute tellement dans les esgourdes que comme
t’y comprendras rien, c’est que forcément ce doit être génial. Evidemment, moi
j’ai rien compris. Mais c’est pas pour autant poubelle direct. On trouve de ci
de là, de bons passages. Faut les chercher, quand même, au milieu de titres
plutôt longs et bien évidemment alambiqués. « Lark’s tongues … »,
c’est d’abord ce riff et ce (trop court) passage hallucinant dans le morceau
titre, Pt 1. Là, carrément, Fripp nous sort un truc de metal machin (désolé,
les sous-genres du boucan, c’est pas trop mon truc non plus) qui te fissure les
tympans et les reste, et ce d’autant plus que ce passage arrive après des
interminables tintements de clochettes et bruissements de cymbales. Ce riff
d’anthologie est repris à la fin du disque (« Larks’ Tongue … Pt 2 »
donc), en version édulcorée et ambiance progressive à fond les ballons, pour ce
que les fans de cette rondelle considèrent comme de bien entendu ( ? )
comme le sommet du disque, alors que c’en est juste le morceau le plus pénible
(repris comme il se doit par des gugusses qui squattent les affiches de
festivals genre Hellfest).
Ailleurs, King Crimson nous refait le coup de la ballade
baba toute en douceur (remember « I talk to the wind » sur « In
the court … »), ici ça s’appelle « Book of Saturday », c’est
sans prétention, assez mal chanté par Wetton, et ça se laisse écouter … La
gentille planerie également douceureuse de « Exiles », c’était un peu
le passage obligé pour faire plaisir au hippies, on en trouvait dans tous les
skeuds « intelligents » de l’époque, pas de quoi se relever la nuit …
« Easy money », c’est un peu le titre funky du disque, même si a
priori Fripp et funky, ça rime pas du tout, mais bon, ces cocottes de guitare
algébriques déroulées avec une rythmique qui pour une fois swingue un peu, moi
je trouve ça pas trop mal … Ah, et puis y’a aussi une bizarrerie, sorte de
world music arabisante avec dialogue de percussions, ça s’appelle logiquement
« The talking drum » et ne présente guère d’intérêt. On saura
toutefois gré à Fripp et ses nouveaux employés d’éviter les rodomontades
prévisibles, les titres ne « progressent » pas, on passe à
l’intérieur des morceaux à des choses différentes assez vite. Avec plus ou
moins de bonheur, chacun ne pouvant s’empêcher d’y aller de son petit numéro
démonstratif … Tout ça, écrit pourtant minutieusement, finit par ressembler à
une sorte de free-rock (enfin, rock, faut pas charrier non plus) …
A la même époque, des groupes allemands assez barrés
faisaient sous l’étique méprisante de krautrock des choses bien plus
intéressantes …
Des mêmes sur ce blog :