R.E.M. - MONSTER (1994)


Monstrueux ?

C’est bien simple, je savais même plus que je l’avais ce skeud. Pourtant j’en ai usé des disques de R.E.M.. Le second (« Reckoning »), les deux multiplatinés (« Out of time » et « Automatic … »), et de temps en temps tous les autres des années 80. « Monster », c’est celui qui arrive après « Automatic for the people ». « Automatic … », c’est le disque de la consécration planétaire, et des concerts dans les stades sur les cinq continents. Autant dire que les Athéniens sont au sommet, en gros le plus gros groupe indie que la Terre ait jamais connu. Et qu’ils arrivent à gérer assez bien cette incohérence entre groupe (de) milliardaire(s), et groupe étiqueté indie (pop, rock, enfin indie tout ce qu’on veut…).
Mais là, qu’est-ce qu’il leur a pris ? C’est quoi ce cirque, c’est quoi leur plan, ils voulaient en venir où, avec ce « Monster » ? En gros, « Monster », c’est un disque de rock garage. Sauf que le garage des types de R.E.M., il doit être plein de bagnoles d’un prix indécent. Certes, on savait le guitariste Peter Buck grand fan de trucs basiques des sixties (en fait, c’est un des plus terrifiants boulimiques de consommation musicale que la Terre ait porté, il est fan de milliards de choses). Et le Buck il devait commencer à s’emmerder ferme à gratter, gratter sur sa mandoline tous les soirs pour jouer devant des milliers de pékins « Losing my religion ». Mais quand même …
Ces trucs basiques, rock’n’rolls crades et rustiques, ils sont pas crédibles une seule seconde chez R.E.M.. D’abord parce que c’est trop bien fait, quand au contraire c’est l’approximation déglinguée qui fait tout le charme (?) de cette musique. Même Michael Stipe chante de façon compréhensible, c’est dire si c’est surprenant. Et donc à la place de ce qui se voudrait destroy, on a droit à de magnifiques titres d’un rock tout ce qu’il y a de centriste. La pochade aurait pu passer s’ils s’étaient vraiment lâchés (comme quand Buck, Mills et Berry avaient accompagné en 90 Warren Zevon pour le disque de reprises de vieux standards « Hindu Love Gods »). Mais là, avec « Monster », ils louvoient entre titres à grosses guitares et morceaux typiques du R.E.M. à gros succès, alignant pièces quelconques dans les deux genres.
Surtout que question timing, ils sont pas très heureux … ils se pointent avec leurs jolis gros riffs alors que des milliers de groupes servent des décibels rageurs et saturés dans le sillage de la vague grunge, et là pour le coup, y’a plein de minots dans leur garage qui doivent sonner mille fois plus méchant que R.E.M.
Le paléontologue qui écoutera ça dans trois siècles trouvera peut-être que « Monster » est un disque sympa, mais au moment où il est sorti, c’était juste un gigantesque hors-sujet, même pas assumé en tant que tel …
Il y a un morceau qui s’appelle « King of comedy ». Comme le film de Scorsese avec Jerry Lewis et De Niro. Leur a t-on dit qu’en France il était sorti sous le titre « La valse des pantins » ?


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