Brothers in arms ...
Fin des années 50, début des
années 60, Don et Phil Everly étaient des stars aux States. Deux voix célestes
qui chantaient à l’unisson. Vocalement, Beatles et Beach Boys leur doivent
beaucoup, Simon & Garfunkel leur doivent tout, pour ne citer que les plus
célèbres et les plus évidents …
Et puis, comme ça arrive à
tous, le sweet smell of success a fini par les fuir jusqu’à ce que les deux
frangins s’embrouillent et se brouillent à mort au début des seventies. Le
temps passant et l’acharnement de quelques fans (anglais principalement) à
recoudre les plaies les feront se rabibocher. Et en 1983, les deux frères
réconciliés donneront leur « Reunion concert » dans le cadre du
prestigieux Albert Hall de Londres. Un tour de chant magique où les deux voix
toujours intactes revisitent classiques de leur répertoire et classiques des
50’s tout court …
Et tant qu’à faire, le sorcier
des manettes, l’ambulance des héros cabossés du vintage, le sieur Dave Edmunds
va les traîner en studio pour donner une suite au « Reunion
concert ». Et alors que toutes les vieilles gloires sont dans le meilleur
des cas soit passables et le plus souvent pathétiques dans ces reformations
nostalgiques, les frangins Everly ont sorti un bon disque. Qui certes ne fera
pas oublier un de leurs bons « Best of ». Mais qui a obtenu beaucoup
de louanges justifiées à sa sortie. Et qui pour un disque paru dans ces
maudites années 80 au son si daté aujourd’hui, a plus que bien résisté à
l’épreuve du temps. Bon, c’était pas un disque « à la mode » lors de
sa sortie, ceci explique sans doute cela.
Parce que les briscards réunis
par Edmunds, des vieux de la vieille biberonnés au classic rock, allaient pas
se vautrer dans les empilages de synthés analogiques alors de mise. Même si des
claviers high tech, il y en a, mais ils sont là pour accompagner, pas pour
occuper le cœur de l’espace sonore. Le rappel des fans a été battu. Sir Paul
McCartney a offert un de ses plus beaux titres des quarante dernières années,
ça s’appelle « On the wings of a nightingale », c’est une sucrerie
pop comme lui seul sait les écrire, et ça ouvre le disque. Le sieur Jeff Lynne
(un des dix « cinquième Beatles ») a mis dans la corbeille « The
story of me », c’est une ballade un peu gluante, mais Don et Phil la
sauvent de la noyade dans la soupe. La bluette de Dylan et Johnny Cash sur
« Nashville skyline » (« Lay Lady Lay ») subit un
traitement bien poppisant et retrouve
une seconde jeunesse.
Tout n’est pas stratosphérique
dans ce disque. Don Everly a même composé quelques titres que l’on est bien
obligés de qualifier de remplissage avec par exemple un « You make it seem
so easy », sorte de reggae qui laisse assez dubitatif, les deux frangins
étant faits pour les rythmes jamaïcains comme David Douillet l’est pour la
lecture de Kant … « Asleep » qui clôt le disque, c’est un peu la
ballade de trop (même si l’ensemble ne dépasse guère la demi-heure), d’autres
sont plus réussies (« The first on line »). Sinon on alterne
gentiment titres lents (pas les meilleurs) et titres plus enlevés (le bon
pop-rock de « Danger danger », le mignon rockabilly « I’m takin’
my time »).
« EB 84 » n’était de
toutes façons pas fait pour disputer le sommet des hit-parades à Michael
Jackson ou Bruce Springsteen. C’était l’œuvre d’un groupe de fans (remarquable
- comme presque toujours - Albert Lee à la guitare) qui « payaient leurs
dettes » à un couple de vieilles gloires (bon, c’était pas des croulants
non plus, ils avaient pas cinquante ans) qui les avait fait rêver. Le résultat
aurait pu être juste passable, le talent vocal intact des deux frangins emporte
quand même l’adhésion …
Et puis, vous en connaissez
beaucoup, au bout de trente années passées dans le
pop-rock-machin-tout-ce-que-vous-voulez, capables de sortir un disque
correct ? … Parlez pas tous en
même temps …
Des mêmes sur ce blog :
The Definitive Everly Brothers
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