Genesis
Sans lui, il n’y aurait pas eu … tous les autres en fait.
Et pas seulement les bluesmen. Les gens qui l’ont cité ou ont revendiqué son
influence ne se comptent plus, tous ceux qui ont fait du rock à guitares sont
ses plus ou moins lointains descendants.
Robert Johnson est une légende, dans tous les sens du
terme. Pratiquement inconnu de son vivant, et révélé par des enregistrements
qui ne seront compilés que plus de vingt ans après sa mort. Ce « King of
the Delta blues singers » est son « premier » 33T sorti en 1961 et sera un
choc immédiat, notamment pour tous les Britishs blues boomers, Keith Richards
et Eric Clapton en tête…
De Robert Johnson, on sait plein de choses, tant la
littérature qui lui a été consacrée est abondante … sauf que en fait, on n’est
sûr de pratiquement rien. Juste des bribes d’anecdotes transmises de bouche à
oreille par des gens qui l’ont connu, ou qui prétendent l’avoir connu, dans la
tradition des chansons de geste médiévales, et comme elles sujettes à moultes
enjolivures. Et depuis des décennies, de nouvelles « révélations »
voient le jour. De Johnson, il ne resterait que trois photos (peut-être quatre)
et quarante-deux enregistrements provenant de quatre sessions et vingt-neuf
titres joués. Sauf que tout ceci est battu en brèche et sujet à controverses.
Certains remettent même en cause son existence, d’autres affirment que (comme
pour un de ses contemporains Sonny Boy Williamson), il y a eu un ou plusieurs
usurpateurs-imitateurs se faisant passer pour lui, que les enregistrements qui
nous sont parvenus ont été « pitchés » (c’est-à-dire légèrement
accélérés, rendant la voix beaucoup plus aiguë, et le jeu de guitare plus
rapide). Les causes de sa mort (à vingt-sept ans, Johnson a inauguré le fameux
« Club des 27 ») sont à peu près inconnues, l’empoisonnement par un
mari jaloux faisant office de thèse officielle.
Mais malgré tout, l’œuvre attribuée à Robert Johnson a
révolutionné les blues et par effet de domino, toute la musique populaire du
siècle. L’approche instrumentale est inédite par la place accordée à la
guitare, dont Robert Johnson est devenue un des premiers et plus célébrés
« heroes ». Les thèmes des chansons marquent une rupture et un
démarquage total d’avec les origines du blues par le rejet ou au moins l’ambiguïté
du rapport avec la religion. Johnson est le premier musicien
« diabolique », celui qui a conclu le pacte faustien avec le Malin au
fameux Crossroad (son âme en échange du jeu de guitare révolutionnaire qui sera
le sien).
Ce « King of the Delta blues singers » (Johnson
est originaire du Mississippi et sera un musicien nomade, perpétuant une
tradition déjà établie, et poursuivie par la suite, Chicago devenant au fil des
décennies le terminus du périple, l’Eldorado mythique des bluesmen du Sud)
réunit un peu plus de la moitié des titres de Johnson, avec le seul
« Travelling riverside blues » sous ses deux versions. Compilation
non respectueuse de ce que l’on pense savoir de la chronologie des
enregistrements, mais qui présente à peu près tous les titres liés à son pacte
« diabolique » (« Cross road blues », « Walking
blues », « Preaching blues », « Me and the Devil
blues », …).
Un « Volume 2 » suivra à la fin des années 60,
avant que soit réunis sur un double Cd (« Complete recordings ») en
1990 l’ensemble des titres de Robert Johnson.
Des titres tellement connus et repris que si Johnson
avait eu une descendance ou des héritiers, ils seraient à l’abri du besoin pour
plusieurs siècles.
La pierre angulaire obligatoire de toute discothèque …
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