PJ HARVEY - STORIES FROM THE CITY, STORIES FROM THE SEA (2000)


Bien sage ...
Elle évolue, Polly Jean … elle quitte la verte campagne anglaise pour la jungle de béton de New York. Et comme si elle ne se nourrissait que de contrastes, le déferlement urbain provoque chez elle un disque étrangement apaisé …
Polly Jean a ramené des souvenirs des USA
Enregistré en petit comité (P.J., Mick Harvey, Rob Ellis), en trident rock basique, juste agrémenté par du piano ou des synthés discrets. Mais ici tout au service de compostions linéaires, assagies, ne dérapant pas dans ces bouffées de violence crue qui rendaient indispensables les « Dry » ou « Rid of me » du début de sa carrière. Un titre comme « Beautiful feeling » charrie une ambiance lourde et tendue à la Doors, et on attend une explosion de rage ou de décibels qui n’arrive pas … La musique de P.J. Harvey est policée, élégante, jolie mais convenue… Des titres sont construits exactement de la même façon (« Big exit », « Good fortune », « This is love ») et autant les deux premiers sont anodins, autant le supplément d’âme, d’implication qu’on trouve dans « This is love » réussissent à en faire un grand morceau de P.J. Harvey … le petit détail qui transforme tout.
Polly Jean sert avec ce « Stories … » un disque plaisant, destiné à l’installer définitivement dans la cour des grandes, qui n’ose sortir des sentiers battus et balisés du rock mainstream que vers son final, quand P.J. se lâche un peu. Avec « This is love », «  You said something », excellent titre qui évoque les Pretenders de la grande  Chrissie Hynde, jusque dans la voix de Polly Jean, et surtout « Horses on my dream », où ne serait-ce que par l’évidence de son titre, ressurgit l’ombre tutélaire de Patti Smith.
Le reste, ce duo avec Yorke où P.J. ne semble qu’accompagner l’endive chantante, ces morceaux à la U2 (« We float »), ces minauderies à la Björk - Radiohead (« A place called home »), … si on écoute P.J. Harvey, c’est justement parce que ça ne ressemble pas à ces trois-là…
Il faut cependant être juste, et reconnaître qu’on aimerait bien entendre plus souvent des disques de rock centriste aussi ratés que celui-ci … Mais de P.J. Harvey, on pouvait raisonnablement espérer beaucoup mieux …