Disque "solo"
C’est allé tellement vite le concernant (Holly est
mort un an et demi après ses premiers succès), et l’essentiel des galettes sur
le marché étant des compilations, que par facilité (surtout commerciale ?),
on a oublié maintenant que Buddy Holly faisait paraître des disques sous deux
noms différents, en solo et avec les Crickets. Subtilité des contrats de
l’époque, et qui ne change rien, c’étaient les mêmes personnes (les Crickets et
l’auteur-producteur Norman Petty) que l’on retrouvait derrière lui sur tous les disques.
Ce « Buddy Holly » est le troisième et
dernier disque publié par Buddy Holly. On pourrait même dire le second, tant
celui d’avant « That’ll be the day » n’est déjà qu’une compilation de
ses premières séances d’enregistrement, séances qui ne comprennent pas, hormis
le morceau-titre, aucun de ses titres d’anthologie. Ici, par contre, ça se
bouscule (« Peggy Sue », « Everyday », « Valley of
tears », « Words of love », « Rave on », il faudrait à
peu près tous les citer).
Buddy Holly & The Crickets |
Buddy Holly est un des rares de cette époque-là à ne
pas faire du rock’n’roll. Ou plus exactement pas que du rock’n’roll. C’est LE
mélodiste des années 50. Et ce n’est
pas un hasard si le Lennon des débuts s’efforcera de lui ressembler,
physiquement (la photo de la pochette, non, non, ce n’est pas Lennon au tout
début des années 60) et baptisera son groupe d’abord les Silver Beetles en
hommage aux Crickets. L’influence de Holly sur cette musique que l’on appellera
pop est considérable. Celle se son producteur, auteur ou co-auteur Norman Petty
reste plus ambiguë. On a longtemps cru qu’il était l’homme de l’ombre, celui
sans qui Buddy Holly n’aurait pas été grand-chose. La tendance maintenant, au
vu d’archives et de témoignages des rares rescapés de l’époque, serait plutôt
d’en faire une sorte de Colonel Parker, plus intriguant que talentueux,
uniquement crédité sur les morceaux de Holly grâce à des conditions
« toutes particulières » du contrat
qui les liait. La vérité doit se situer entre les deux, Petty ayant quand même
prouvé avant ou après sa collaboration avec Buddy Holly que c’était un musicien
doué, et pas un simple escroc …
Ce « Buddy Holly » démontre deux choses
que tout le monde devrait savoir, mais une petite piqûre de rappel ne fait
jamais de mal … La première, c’est qu’on ne touche pas à un titre chanté par
Little Richard sans prendre le risque de se couvrir de ridicule (« Ready Teddy » ici). La
seconde, c’est que Holly alignait en 1958 des chansons époustouflantes à une
cadence infernale, les cinq titres bonus ajoutés aux douze originaux sont rien
moins que « That’s my desire », « Think it over »,
« Fools paradise », « Well all right » et « Take your
time ».
Bon, évidemment, aujourd’hui que sont disponibles
des légions de compilations bien foutues et même une intégrale de 6 Cds
contenant à peu près tout le matériel enregistré par le natif de Lubbock, ce Cd
pas souvent et pas toujours réédité
dans des conditions optimales, fait un peu figure de parent pauvre dans la
discographie de Buddy Holly. Il n’en est pas moins excellent …
Du même sur ce blog :
The Very Best Of Buddy Holly & The Crickets