OREN PELI - PARANORMAL ACTIVITY (2009)

Spielberg Activity ...

« Paranormal Activity », c’est écrit sur la jaquette du Dvd, c’est le film qui a terrorisé Spielberg … Hum, sérieusement ? Parce qu’il faut préciser certaines choses.
Micah, Katie & Oren Peli
Quand le dénommé Oren Peli, programmateur israélien dans le monde du jeu vidéo exilé aux States, a tenté de vendre à des distributeurs son film, personne n’en a voulu, des majors du cinéma jusqu’aux petites boîtes spécialisées dans les films de genre gore. Tout juste le film avait été montré dans un festival de village où il avait péniblement reçu un accueil pas trop mauvais. Jusqu’à ce que Peli, à tout hasard, parce que c’était pas du tout le genre de la maison, envoie une copie à Dreamworks, la boîte de Spielberg. Les types qui chez Dreamworks, ont jeté un œil, ont trouvé ça extrêmement cheap, tout juste bon à servir de base à un remake filmé par un vrai réalisateur avec de vrais acteurs (c’est pas moi qui le dis, mais Peli qui le laisse entendre dans la section bonus). Le Dvd a donc fini chez Spielberg pour qu’il prenne une décision. Et là, le Steven a claironné haut et fort que « Paranormal Activity » dans sa version brute était le film le plus effrayant qu’il ait jamais visionné. Il aurait même constaté chez lui (on ne rit pas) que des portes se fermaient toutes seules de l’intérieur et se serait empressé de se débarrasser du Dvd (à se demander si c’était pas « Ring » qu’il avait vu).
Grand couteau et mauvais cadrage
Toutes ces déclarations de Spielberg, on ne dit pas (ou on oublie de le dire) si elles sont antérieures à la décision prise de faire sortir le film en salles sous l’étiquette Dreamworks sans rien modifier des 83 minutes du film (même si une fin « alternative » grotesque avait été tournée par Peli). En gros, Spielberg, en bon boss et premier commercial de sa boîte, a fait un super coup de marketing pour cette mocheté qu’il venait d’acheter …
Parce que le seul truc à vraiment filer le frisson, ce sont quelques chiffres issus de « Paranormal … ». Budget matos : 3000 dollars, une caméra digitale Sony FX1, posée sur un trépied dans une piaule ou tenue à l’épaule par l’acteur principal. Décors : la baraque de Peli avec toute juste la peinture rafraîchie par endroits et quelques loupiotes rajoutées (c’est lui qui le dit). Le casting : cinq noms (quatre qui « jouent » et une autre dont on voit juste trois photos sur une page internet). Le scénario : le même que celui du « Projet Blair Witch » qui se passe dans cent mètres carrés au lieu de se passer dans des bois …
Les autres chiffres, tous les étudiants des écoles de commerce du cinéma les connaissent (des zilliards de dollars de bénef, et des suites numérotées genre discographie de Chicago (le groupe).
Alors, bouillasse en images ou pas, « Paranormal Activity » ? Ouais, mais pas nul de chez nul, surtout parce qu’on a vu (ou qu’on a évité de voir) pire depuis … Faut dire que le Peli a passé des années à cogiter son machin, tourné ensuite en cinq jours. Il y a une montée graduelle de la tension, bien soulignée à l’écran par l’affichage digital de la caméra (super trouvé, ça par contre). Des heures montrées en version très accélérée (ou évidemment il ne se passe rien) et puis quand le compteur défile à vitesse normale, on sait que là, il va se produire quelque chose … Sauf que la fin « normale » vient tout foutre en l’air (on comprend, enfin, façon de parler) et que la fin alternative (juste le dernier plan différent, la Katie qui s’égorge face caméra) est ridicule.
Attention au grand méchant loup ...
Des pans entiers de « Paranormal … » sont pompés sur « Blair Witch » (le coup des bandes vidéo retrouvées par la police et montrées au spectateur) qui lui finissait en point d’interrogation, ce qui en faisait tout le « charme ». Également sur « La maison du Diable » de Robert Wise qui lui foutait vraiment les jetons, et quelques emprunts à « L’Exorciste » (ici le médium prend les jambes à son cou devant tant de mauvaises ondes ressenties).
« Paranormal Activity » a juste fini d’ouvrir la boîte de Pandore des films horrificques comme aurait dit Rabelais censés être de vrais documentaires filmés avec les pieds par des types qui ont une caméra sur eux et devant lesquelles s’agitent de vrais faux acteurs de quinzième zone au jeu outrancier multipliant hurlements de terreur au milieu de gerbes de sang … Ceux qui pensent aux navrants « [REC] » ont gagné l’intégrale de Romero, leur père spirituel, qui boxait quand même dans une catégorie infiniment supérieure …
Les deux acteurs principaux ( ? ) ont du être bouffés par un démon de passage, car hormis dans les suites de « Paranormal Activity », on ne les a jamais revus. Peli, lui, avec les thunes amassées, a dû refaire sa baraque …
Bien joué Spielberg, tu as fait croire à des millions de types que « Paranormal Activity » était un bon film qui faisait peur …