« Paranormal Activity », c’est écrit sur
la jaquette du Dvd, c’est le film qui a terrorisé Spielberg … Hum, sérieusement ?
Parce qu’il faut préciser certaines choses.
Micah, Katie & Oren Peli |
Quand le dénommé Oren Peli, programmateur israélien dans
le monde du jeu vidéo exilé aux States, a tenté de vendre à des distributeurs
son film, personne n’en a voulu, des majors du cinéma jusqu’aux petites boîtes
spécialisées dans les films de genre gore. Tout juste le film avait été montré dans
un festival de village où il avait péniblement reçu un accueil pas trop mauvais.
Jusqu’à ce que Peli, à tout hasard, parce que c’était pas du tout le genre de
la maison, envoie une copie à Dreamworks, la boîte de Spielberg. Les types qui
chez Dreamworks, ont jeté un œil, ont trouvé ça extrêmement cheap, tout juste
bon à servir de base à un remake filmé par un vrai réalisateur avec de vrais
acteurs (c’est pas moi qui le dis, mais Peli qui le laisse entendre dans la
section bonus). Le Dvd a donc fini chez Spielberg pour qu’il prenne une
décision. Et là, le Steven a claironné haut et fort que « Paranormal
Activity » dans sa version brute était le film le plus effrayant qu’il ait
jamais visionné. Il aurait même constaté chez lui (on ne rit pas) que des
portes se fermaient toutes seules de l’intérieur et se serait empressé de se débarrasser
du Dvd (à se demander si c’était pas « Ring » qu’il avait vu).
Grand couteau et mauvais cadrage |
Toutes ces déclarations de Spielberg, on ne dit pas
(ou on oublie de le dire) si elles sont antérieures à la décision prise de
faire sortir le film en salles sous l’étiquette Dreamworks sans rien modifier
des 83 minutes du film (même si une fin « alternative » grotesque
avait été tournée par Peli). En gros, Spielberg, en bon boss et premier
commercial de sa boîte, a fait un super coup de marketing pour cette mocheté qu’il
venait d’acheter …
Parce que le seul truc à vraiment filer le frisson,
ce sont quelques chiffres issus de « Paranormal … ». Budget matos :
3000 dollars, une caméra digitale Sony FX1, posée sur un trépied dans une
piaule ou tenue à l’épaule par l’acteur principal. Décors : la baraque de
Peli avec toute juste la peinture rafraîchie par endroits et quelques loupiotes
rajoutées (c’est lui qui le dit). Le casting : cinq noms (quatre qui « jouent »
et une autre dont on voit juste trois photos sur une page internet). Le scénario :
le même que celui du « Projet Blair Witch » qui se passe dans cent
mètres carrés au lieu de se passer dans des bois …
Les autres chiffres, tous les étudiants des écoles
de commerce du cinéma les connaissent (des zilliards de dollars de bénef, et
des suites numérotées genre discographie de Chicago (le groupe).
Alors, bouillasse en images ou pas, « Paranormal
Activity » ? Ouais, mais pas nul de chez nul, surtout parce qu’on a
vu (ou qu’on a évité de voir) pire depuis … Faut dire que le Peli a passé des
années à cogiter son machin, tourné ensuite en cinq jours. Il y a une montée
graduelle de la tension, bien soulignée à l’écran par l’affichage digital de la
caméra (super trouvé, ça par contre). Des heures montrées en version très accélérée
(ou évidemment il ne se passe rien) et puis quand le compteur défile à vitesse
normale, on sait que là, il va se produire quelque chose … Sauf que la fin « normale »
vient tout foutre en l’air (on comprend, enfin, façon de parler) et que la fin
alternative (juste le dernier plan différent, la Katie qui s’égorge face
caméra) est ridicule.
Attention au grand méchant loup ... |
Des pans entiers de « Paranormal … » sont
pompés sur « Blair Witch » (le coup des bandes vidéo retrouvées par
la police et montrées au spectateur) qui lui finissait en point d’interrogation,
ce qui en faisait tout le « charme ». Également sur « La maison
du Diable » de Robert Wise qui lui foutait vraiment les jetons, et
quelques emprunts à « L’Exorciste » (ici le médium prend les jambes à
son cou devant tant de mauvaises ondes ressenties).
« Paranormal Activity » a juste fini d’ouvrir
la boîte de Pandore des films horrificques comme aurait dit Rabelais censés
être de vrais documentaires filmés avec les pieds par des types qui ont une caméra
sur eux et devant lesquelles s’agitent de vrais faux acteurs de quinzième zone
au jeu outrancier multipliant hurlements de terreur au milieu de gerbes de sang
… Ceux qui pensent aux navrants « [REC] » ont gagné l’intégrale de
Romero, leur père spirituel, qui boxait quand même dans une catégorie
infiniment supérieure …
Les deux acteurs principaux ( ? ) ont du être
bouffés par un démon de passage, car hormis dans les suites de « Paranormal
Activity », on ne les a jamais revus. Peli, lui, avec les thunes amassées,
a dû refaire sa baraque …
Bien joué Spielberg, tu as fait croire à des
millions de types que « Paranormal Activity » était un bon film qui
faisait peur …