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THE SONICS - HERE ARE THE SONICS !!! (1965)


Les Sonics, ta mère elle va adorer ...
Les Sonics, c’est LE groupe ultime. Garage préciseront les pointilleux. Au diable les pointilleux !
Les Sonics ont poussé les curseurs tellement loin dès le paléolithique supérieur (1965 pour être précis) que depuis personne n’a fait aussi fort, aussi bien. Et surtout pas mieux.
Les Sonics sont Américains (Tacoma, à trois larsens de Seattle), traînent leurs guêtres d’ados dans un paysage musical tchernobylisé. Oh certes on trouve à cette époque-là plein de choses aux States, du folk, de la pop, de la soul, du blues, … presque tout ce qu’on veut en fait. Sauf du rock’n’roll. Et le rock’n’roll, c’est juste ce que les gars des Sonics aiment par-dessus tout. Pour ça, il faut écouter ce qui vient d’Angleterre, les Stones, Kinks, Who, Animals, Pretty Things, … et s’en inspirer.
Les Sonics dans la brume électrique
Les Sonics vont se trouver d’entrée confrontés à un petit problème : aucun des cinq ne sait vraiment jouer d’un instrument ou chanter. Qu’à cela ne tienne, ils vont faire de ces tares a priori rédhibitoires leur principale qualité. Utilisant les plus grosses ficelles pour masquer leurs énormes lacunes. Tout est enregistré à un volume déraisonnable, tous les potards à onze, tous dans le rouge. Le résultat est une bouillie sonore de laquelle surnagent de gros accords saturés plein de fuzz, quelques riffs d’un sax corne de brume, quelques notes de claviers martelés. Quant au chanteur, un fou furieux nommé Gerry Roslie, il préfère vociférer à la place de chanter. Comme son modèle c’est Little Richard, en dépit de tout bon sens, il va parsemer absolument tous ses titres (souvent dès l’intro, allez savoir pourquoi) de hurlements à faire passer ceux de Alan Vega sur « Frankie teardrop » pour des vagissements de prématuré.
Oubliez le punk, le hardcore, les bruitistes divers, les Stooges, le MC5, les Cramps, les garagistes japonais ou scandinaves, les guignols du death metal, tout ce que vous voulez d’extrémiste et d’agressif au niveau sonore, la référence, la mètre-étalon auquel tous ces gens-là (les plus honnêtes d’entre eux l’ont d’ailleurs reconnu) ont voulu se mesurer, c’est le premier (et seul intéressant) disque des Sonics, ce « Here are the Sonics !!! ».
Qui commence par un monstrueux « The Witch », tout petit succès local, honteusement ignoré par Lenny Kaye sur sa compile Nuggets, et à l’origine face B de leur premier 45T, une reprise du « Keep a knockin’ » de Little Richard. Un titre qu’on ne sait trop comment, ils ont réussi à écrire. Pas très compliqué, plutôt du genre très efficace, classique toutes catégories instantané. Comme leurs trois autres compos personnelles (sur les seize de la réédition Cd, soit les douze du vinyle original plus quatre bonus), « Boss Hoss », « Strychnine » et « Psycho », d’une simplicité et d’une évidence absolues.
Le reste, des reprises nucléaires. Des pionniers du rock’n’roll (« Roll over Beethoven » de Chuck Berry, « Good Golly Miss Molly » de Little Richard), des standards Motown (« Do you love me » des Contours, « Money » de Barrett Strong), de classiques soul (« Night time is the right time » de Ray Charles) ou rhythm’n’blues (« Walking the dog » de Rufus Thomas), … Le tout descendu à toute blinde, à grand coups de riffs bêtas et de hurlements sauvages, dans un chaos sonore total…
Ce genre de musique qui foisonnera dans tous les garages américains de la seconde moitié des 60’s, accordera à quelques-uns (Remains, Seeds, Standells, Mitch Ryder, 13th Floor Elevators, …) une certaine reconnaissance populaire et de petits succès. Rien de tout cela pour les Sonics, au management particulièrement indigent. De toutes façons, le groupe avait a peu près tout donné avec ce premier disque, une paire sans intérêt suivront, avant la débandade et une reformation à un âge canonique au début des années 2000 passée à peu près inaperçue.
Preuve ultime que les Sonics étaient quand même de furieux cinglés, les trois derniers titres du Cd correspondent à un single de Noël. Et quel single ! « Don’t believe in Christmas », (rien que le titre ! ), est une variation sur le « Too much monkey business » de Chuck Berry, ces choses-là ne peuvent pas sortir d’un esprit sain. « Santa Claus » n’est autre qu’une reprise de « Louie Louie » avec paroles aberrantes. Et mort-aux-rats sur le cake à la strychnine, la seule chanson de Noël du lot, une reprise de « Jingle bells », ils l’ont appelée … « The village idiot ».
Rock’n’roll suicide …
Et dans ce genre-là, inutile de chercher mieux, vous trouverez pas …



EVERLY BROTHERS - THE DEFINITIVE EVERLY BROTHERS (2000)


La chance aux chansons

Ils passaient à la télé et à la radio quand ils n’étaient que deux gamins chantant, au début des années 50 … bien avant les déhanchements d’Elvis le Pelvis. Et donc, comme ils se plaisaient à le faire remarquer lors de leur fabuleux « Reunion concert » de 1983, le rock’n’roll, ouais, c’est bien joli, mais eux ils étaient déjà là avant …

Même si leurs premiers succès ne datent réellement que de la fin des années 50, et même si tout n’a vraiment commencé qu’avec « Bye bye love » en 1957. Un titre comme une marque de fabrique, un thème gentillet, une mélodie immédiatement mémorisable, et Don et Phil Everly qui chantent… d’une façon unique, instantanément reconnaissable. Toujours à l’unisson, et pas seulement sur les refrains, sur tout le titre … Pas une nouveauté, des duos, voire des groupes chantant, la country music (et son public) en était particulièrement friande, de toutes ces voix de tête à fort accent campagnard et redneck vocalisant de concert.

Everly Bros fin 50's
Les Everly eux ont une diction parfaite et délaisseront très vite la stricte country de leurs débuts pour s’orienter vers une variété haut de gamme. Leur synchronisme vocal parfait, à une époque ou le re-recording n’existait pas et encore moins Auto-Tune, l’évidence des mélodies et les arrangements somme toute très grand-public, très centristes des morceaux, vont les installer pendant presque dix ans au sommet des hit-parades américains.

Comme beaucoup à cette époque-là, ils pourront s’appuyer sur les morceaux clés en main fournis par un jeune couple d’auteurs-compositeurs Felice et Boudleaux Bryant, qui leur écriront l’essentiel de leurs créations. Et comme tout le monde, les Everly Brothers constelleront leur répertoire de reprises choisies de Little Richard, Buddy Holly, Roy Orbison, … Ils reprendront même le « Je t’appartiens » de Gilbert Bécaud (oui oui, on  parle bien du même, du type en costard noir et Adidas blanches ( ! ) des shows de Maritie et Gilbert Carpentier) qui adapté en « Let it be me » sera un de leurs plus gros succès. Les Everly ne se cantonneront jamais aux romances adolescentes pour lesquelles ils étaient à peu près sans équivalents, ils n’auront pas peur, à l’inverse de stars centristes reconnues (Sinatra, Warwick, …), de se frotter à du rockabilly (« Wake up Little Suzie »), voire du rock’n’roll tout ce qu’il y a de plus roots (« Bird dog », « Claudette », « Lucille », …).

Everly Bros - Reunion Concert Septembre 1983
Le premier des deux Cds de cette compilation (50 titres en tout) est le meilleur. De 1957 à 1961, les Everly Brothers ont aligné avec une régularité de métronome des titres colossaux, de la lente ballade countrysante « Maybe tomorrow » à l’angélique « Take a message to Mary », en passant par la très pop « Cathy’s clown » (devenue « Le p’tit clown de ton cœur » une fois reprise par Hallyday), l’himalayenne « Walk right back » qui n’a rien à envier aux productions Motown ou Spector, la pièce montée baroque « Temptation ». Mention particulière à « All I have to do is dream », tout simplement une des plus belles chansons du monde …

Le second Cd, jusqu’aux disputes qui entraîneront la « séparation » des deux frangins au milieu des seventies,  est un ton en dessous. Même s’il débute par « Crying in the rain », qui donne vraiment envie de chialer tellement c’est beau, et qu’il pleuve ou pas … Insensiblement et insidieusement, la qualité intrinsèque des titres décline, au profit d’arrangements de plus en plus fignolés et tarabiscotés, qui voit les Everly se livrer à des choses vocalement ahurissantes et insensées. Laissant de côté les mélodies simples et chansons évidentes. Le succès s’en ressentira, peu de titres iront tutoyer le haut des charts, et l’enlevée « The price of love » sera en 1965 leur dernier grand hit.

Les dernières années du duo paraissent quelque peu désuètes, qui les voit s’entêter sur la recette qui a fait leur fortune, avec des orchestrations de plus en plus sirupeuses. Cette compilation se conclut par « On the wings of a nightingale » de leur excellent album de come-back  « EB 84 ». Ce titre est signé d’un de leurs illustres fans, Paul McCartney, c’est un de ses meilleurs morceaux à lui des quarante dernières années, et servi par les voix intactes des frangins, ça le fait …

Ce qui amène à dire quelques mots sur l’influence que Don et Phil Everly ont eu sur le milieu musical. Assez impressionnante, il faut bien dire. Des gens comme les Beatles ou les Beach Boys ont commencé à répéter leurs propres harmonies vocales en prenant comme modèle les Everly, Simon et Garfunkel en particulier leur doivent absolument tout, et d’une façon générale tous les duos chantants se sont inspirés de leur travail (Sonny & Cher, Carpenters, Righteous Brothers, Starsky & Hutch, Stone et Charden, …).

A noter que leur live de « reformation » (« Reunion concert ») est un colossal tour de chant, certaines de leurs chansons se voyant transcendées par le live (et aussi un super backing band) …

Enfin rayon people, Erin Everly, fille de Don Everly et groupie notoire du L.A. des années 80, a été l’espace de quelques jours ( ! ) mariée à l’intergalactique crétin Axl Rose …

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EB 84

THE PRETTY THINGS - THE PRETTY THINGS (1965)


Wild Things

Hormis dans le cercle tout de même restreint des maniaques du rock anglais du milieu des années 60, les Pretty Things ne suscitent plus guère d’intérêts, tant ce groupe séminal et essentiel est aujourd’hui honteusement oublié, bien qu’il donne toujours des concerts.

Les Jolies Choses
Sous forte influence Bo Diddley (leur nom vient de sa chanson « Pretty Thing » d’ailleurs reprise sur ce disque), ils marqueront les esprits par l’interprétation sauvage de leur répertoire, un des plus furieux de la scène anglaise de l’époque. Ce Cd correspond à leur premier 33 T de 1965, augmenté de bonus dont leurs deux premiers singles « Rosalyn » et « Don’t bring me now » tous deux repris par Bowie sur « Pin Ups » en 1973.

Malheureusement, le public de l’époque n’était pas vraisemblablement prêt pour une musique aussi excessive et violente, et ni ce Cd, ni leur opéra-rock (« SF Sorrow » écrit avant « Tommy » des Who), ni les reprises d’un Bowie alors en pleine gloire, ni leur association au début des 70’s avec le management de Led Zeppelin, ne leur amèneront une reconnaissance significative auprès du grand public.

Reste une superbe collection de pépites de rythm’n’blues survitaminées à consommer sans modération, dont ce 1er Cd constitue pour moi de loin le meilleur exemple.


THE WHITE STRIPES - ICKY THUMP (2007)


Le dernier ...

On est vite fixé. Le 1er titre fait ressurgir Led Zep et AC/DC période Bon Scott. Pour cette livraison millésime 2007 suivant le très successful « Elephant » et l’excellent « Get behind me Satan », Les Stripes annoncent d’entrée la couleur. Ça va cogner. Même la discrète Meg enclume sévère sur sa batterie qui sonne heavy.

Même les sourds (ou les lecteurs des pages musique des Inrocks, ce qui revient au même) s’en sont aperçus, l’influence de Led Zeppelin est indiscutable sur nombre de titres de cet « Icky Thump », qu’il s’agisse  des guitares rageuses, ou des escapades celtiques. Et tant qu’à faire, mieux vaut une bonne influence revendiquée, que dix de mauvaises. On trouve aussi des passages évoquant l’axe Free – Bad Co, les barbus de ZZ Top sur l’hystérique boogie « Rag & bone ». En gros, tout ce qui rappelle le rock 70’s à grosses guitares.

Au total, si l’on oublie le stupide « Conquest » mariachi et quelques parties de gratte trop facilement démonstratives, on tient là un bon disque de White Stripes. Jack White, à l’instar de quelques rares gens comme Iggy Pop a tellement tout compris au rock, qu’il ne réussira jamais à faire de trop mauvais disques.

Avec le recul, cet « Icky Thump », qui s’avèrera âtre le dernier du groupe avant le split me semble tout de même un voire plusieurs tons en dessous de leur triplette majeure  « White blood cells », « Elephant » et « Get behind me Satan », ou de la parenthèse du 1er Raconteurs.

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White Blood Cells

EIGHTIES MATCHBOX B-LINE DISASTER - BLOOD & FIRE (2010)


Prédestinés ?

Tout était dans leur nom … jusqu’au désastre final. On a beau arriver bardé de références musicales plus qu’attirantes (les Clash, les Cramps, le Gun Club, excusez du peu … mais aussi, aïe, le gothique bas de gamme des atroces Sisters of Mercy, ce genre, plutôt que Siouxsie ou Bauhaus …), donner tout ce qu’on peut sur scène et sur disque, ça ne suffit plus. Les Eighties Matchbox raccrochent les guitares, le rock’n’roll ne nourrit plus son homme, et comme il faut aussi songer à remplir le frigo …

Un parcours symptomatique des années 2000, pendant lesquelles on n’a jamais vu autant de gens sortir de disques  … qui ne se vendent plus. Eighties Matchbox ont tenu autant que possible, sans faire la moindre concession. Même si on sent dans ce dernier disque que le ressort est cassé.

A qui le tour ?
Il y a quand même de bonnes choses (« Love turns to hate », très rock rentre-dedans, « Monsieur Cutts », excellent foutoir metal-grungy, un « Man for all seasons » descendu pied au plancher), des bonnes idées quelques fois mal exploitées (« I hate the blues » et son ambiance « Paint it black », « Homemade », couplets très clashiens que vient gâcher un refrain gothique crispé).

Mais aussi des trucs qui ne m’accrochent pas du tout, tous ces titres empêtrés dans des climats gothiques, des poses théâtrales, toutes ces choses qui ont fait le quart d’heure de gloire des horribles Horrors. Et surtout rien qui rappelle ces pépites de rock furieux et énergiques comme le fut en son temps « Chicken » sur « Horse of the Dog ». Rien non plus qui soit au niveau des réussites dans ces 80’s qu’ils adorent, de groupes revendiquant les mêmes influences comme les clashiens London Cowboys, le psychobilly des Meteors ou le rock’n roll gothique des Lords of the New Church …

Signe des temps qui vont vraiment mal, ce Cd a mis plus de six mois pour traverser la Manche, et seulement une fois la dissolution du groupe officialisée. Les fans, pas beaucoup (Clash, Cramps et Gun Club, s’ils ont marqué les esprits, c’est sûrement pas en terme de ventes), devront se contenter de ce testament en demi-teinte.

Il surgira bien de quelque garage quelques teigneux prêts à reprendre le flambeau, car comme le dit le vieux Young « rock’n’roll will never die », mais les choses apparaissent singulièrement compliquées pour ce genre d’exercice. Eighties Matchbox B-Line Disaster ont tenu dix ans. Combien de temps tiendront leurs successeurs ?


DOGS - LEGENDARY LOVERS (1983)


Maîtres Chiens

Trop de classe pour le voisinage ?
Ce qui frappe à l’écoute de ce disque, plus de vingt ans après sa sortie, c’est ce son toujours d’actualité, mettant magnifiquement en valeur les superbes morceaux présents ici. Rien  ne sonne daté ou nostalgique.

Les Dogs ont commencé à aboyer avec les punks. De ceux-ci, ils ont retenu l’urgence et l’attitude sans compromission. De tout ce que le rock’n’roll avait produit de meilleur, Dominique Laboubée et ses hommes ont su faire la synthèse. L’année d’avant avec les quelques moyens alloués par Epic leur nouvelle maison de disque, les chiens rouennais s’étaient fendus d’un remarquable « Too much class for the neighbourhood ». « Legendary lovers » est encore meilleur, parfait de bout en bout. Dans un monde idéal, tous les morceaux auraient pu être des hits. Las, même la version française de « Secrets » une de leurs très rares concessions à la langue de Molière est passée inaperçue.

Ce Cd est un des tout meilleur jamais enregistré par des Français, et malgré la disparition de Dominique, il n’est pas trop tard pour s’en apercevoir. Tombez sous le charme ….


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NEW YORK DOLLS - NEW YORK DOLLS (1973)


Punks à paillettes

Le meilleur disque (de toute façon ils n’en ont fait que deux, et oubliez la reformation actuelle des deux survivants just for the money) d’un des groupes les plus essentiels des années 70.
Lady Gaga et ses amies ? Non, les Dolls en 73 ...
Souvent assimilés et réduits à leurs excès (le look ahurissant pour l’époque, les défonces à tous les étages), l’importance des Dolls se situe au niveau strictement musical.
La doublette introductive de ce Cd (« Personality crisis », « Looking for a kiss ») est stupéfiante de perfection  plus de trente ans après. Johansen (plus encore que l’autre lippu américain Steven Tyler d’Aerosmith) est par son magnétisme le clone parfait de Mick Jagger, les guitares rageuses de Thunders et du trop souvent sous-estimé Syl Sylvain incrustent le danger dans tous les morceaux, et la rythmique enclume sévère. Le tout superbement produit par Todd Rundgren qui a du se souvenir de ses années garage avec Nazz pour leur concocter ce son de déglingue rock’n’roll.
Une hystérique tournée anglaise (avec mort du batteur par OD) allait donner plein d’idées de groupes à tous les morveux british. Le punk était en route.
Que vous ayez 20 Cds ou 20 000, celui-là doit être dans le lot.




ELVIS PRESLEY - LOVING YOU (1957)


 Grande époque, disque moyen ...

La période artistique la plus cruciale d’Elvis se termine en mars 1958, avec son départ sous les drapeaux.

Ce « Loving you », à l’origine B.O. du film du même nom, est donc un disque de la « bonne époque », puisque datant de 1957.

Mais il ne contient pas un seul de ces immenses morceaux dont le King parsème sa discographie pléthorique des années 50. Et même si des trucs comme « Teddy Bear », « Party », « Blueberry Hill », « Have I told you …», « When it rains … » (cette dernière datant de ses premiers enregistrements Sun) valent leur pesant de beurre de cacahuète, on sent qu’Elvis a déjà nettement évolué depuis les mythiques Sun Sessions.

Le colonel Parker est passé par là, qui commence à tirer fort sur la corde de sa poule aux œufs d’or. Tournées, shows télé, films, séances studio … Ce « Loving you » sent la cadence infernale à laquelle est soumise Presley.

Alors, même si tout ce qu’il touche se transforme en or, les vraies pépites sont tout de même assez rares dans ce Cd.

P.S. Même s’il s’agit d’une B.O., c’est bien le band légendaire (Scotty Moore, Bill Black, D.J. Fontana , les Jordanaires) qui accompagne Presley.

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From Elvis In Memphis

STRAY CATS - RANT N' RAVE WITH THE STRAY CATS (1983)


Derniers coups de griffe...

Un premier album superbe, un second un peu moins, des tournées incessantes ont fait des Stray Cats un groupe important et respecté du début des années 80.

Les Stray Cats en 83 : plus vraiment la banane ?
Pour cette troisième livraison, ils retrouvent leur producteur des débuts, Dave Edmunds, et recentrent leur propos musical autour du rockabilly. Plus de reprises, rien que des compositions originales dont 8 sur 10 sont du seul Setzer, un vague concept (tous les morceaux parlent plus ou moins de bagnoles) , et un court Cd (30 minutes).

Lequel Cd commence et s’achève par deux titres évoquant fortement Cochran, inclut les belles « 18 miles to Memphis » et « I won’t stand in your way », ainsi que le hit « (She’s) sexy & 17 ». Ce Cd aurait pu être aussi bon que le premier, et même si Setzer est devenu un superbe guitariste, les faiblesses apparaissent : la voix est fatiguée, usée par les tournées incessantes, un style de vie très « rock’n’roll » et l’entrain juvénile qui caractérisait les Cats des débuts a disparu.

Le groupe ne va d’ailleurs pas tarder à se séparer, Setzer le réactivant de temps à autre pour permettre à ses deux potes de profiter de lucratives tournées. Et même si ces « reformations » donneront des Cds plutôt dispensables, la « vraie » discographie des Stray Cats se termine pour moi avec cet honnête « Rant n’rave ».



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JERRY LEE LEWIS - ROCKIN' UP A STORM (1992)


Rock'n'roll ...

Premier volet d’une compilation en 3 Cds, comprenant également « Rockin’ the classics » (axé sur des reprises), et « Rocking the country » (comme son nom l’indique, répertoire de plouc music).

Essentiellement consacré aux titres créés par le Killer chez Sun. Du classique, du lourd (« Great balls of fire », « Whole Lotta shakin’ goin’ on », « High school confidential », « Breathless »…), ses classiques les plus connus et les plus remuants (d’où le titre de la compilation) sont là. Quelques reprises, (« Ubangi stomp », « What I’d said »), quelques titres plus obscurs, en tout 22 pépites de la meilleure période de Jerry Lee Lewis.

Ce « Rockin’ up the storm » à peu près introuvable aujourd’hui faisait partie d’une gigantesque fournée de rééditions Cd du début des années 1990 du catalogue Sun (hormis Elvis, question de droits) des artistes majeurs du label de Sam Philips.

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CHUBBY CHECKER - 20 CLASSIC TRACKS (1994)



Surboum dans les maisons de retraite
Il faut être né avant 1945 pour avoir connu ça : la déferlante twist qui a envahi la France en 1961-1962, se transformant vite en vague yé-yé.
A l’origine de ce mouvement, une chanson, « The Twist » par Hank Ballard & the Midnighters aux USA. Un quasi-bide. Reprise quelques semaines plus tard par un certain  Ernest Evans sous le pseudo de Chubby Checker, elle va devenir un gigantesque succès mondial, porté par une danse du même nom.
Chubby Checker n’ira pas chercher plus loin un plan de carrière, répétant jusqu’à l’écœurement des copies conformes de son hit. En France, plus que partout dans le monde, tous s’y mettront (Hallyday, Mitchell, Rivers, …), adaptant, traduisant, reprenant note à note les morceaux de Checker.
Lequel, même s’il continue encore sa carrière de roi du twist (il a vendu des dizaines de millions d’albums), n’aura artistiquement été qu’une parenthèse dans l’histoire musicale américaine, entre les pionniers du rock’n’roll et l’invasion des Beatles.
La musique de Chubby Checker n’a plus aujourd’hui qu’un intérêt très mineur. Cette compilation n’y apporte rien de plus, desservie par un packaging sommaire, un son asthmatique et une égalisation approximative des titres. Quant aux morceaux présents, il n’est même pas sûr qu’il s’agisse des versions originales, Chubby Checker les ayant réenregistrés plusieurs fois.
Pour (vieux) nostalgiques seulement.


LITTLE RICHARD - HERE'S LITTLE RICHARD (1957)



Abopbopaloobopalopbamboom

1er « vrai » disque de Little Richard (après quelques enregistrements anecdotiques auparavant) pour le label Specialty. Paru en 1957, ce Cd studio s’ouvre par un des plus grands (sinon le plus grand) morceaux de rock’n’roll de tous les temps, « Tutti Frutti », avec sa voix hystérique, son rythme irrésistible, et ses onomatopées à la place des paroles. Quelques décalques de l’hymne absolu sont aussi présents (« Ready Teddy », « Jenny, Jenny », et l’autre classique du Cd, « Long Tall Sally »), au milieu de morceaux plus apaisés mais tout aussi magnifiques (« Rip it up »).


La plus fabuleuse voix ayant jamais chanté du rock’n’roll est ici présente à son état brut, originel. Rigoureusement indispensable.




THE WHO - A QUICK ONE (1965)


Vite fait ...

Les Who (enfin surtout Townsend) ont écrit, au moins autant que d’autres de la même époque, beaucoup de titres d’anthologie. Et comme beaucoup d’autres, leurs meilleurs titres sortaient en 45T, et ne se retrouvaient pas forcément sur les LPs. Donc sur ce « A quick one », pas de « Substitute » ou de « The kids are alright », et c’est bien dommage. Même pas « Happy Jack », réservé au pressage américain, et juste représenté dans des versions bonus de rééditions Cd sous forme de maquette acoustique, intéressante mais pas cruciale …
L’affaire est encore plus compliquée par une condition léonine de leur contrat qui obligeait tous les membres du groupe à composer des morceaux pour ce disque … Passe encore pour Entwistle, mais Daltrey et Moon, la composition n’est pas leur point fort…
« A quick one » est un disque daté, à la seule vision de sa pochette qui évoque au premier coup d’œil humour quelque peu potache, Angleterre des mid-sixties, et un zeste de psychédélisme naissant par son lettrage. Dans le tracklisting, peu de fulgurances. Surnagent sans peine « Boris the Spider », demi-classique du groupe porté par une colossale ligne de basse d’Entwistle, et surtout, la merveille du disque, le très pop « So sad about us », pour moi dans le Top 10 des compositions du Pete au grand nez…
Le reste est à bien des égards problématique, la faiblesse intrinsèque de nombre de titres étant à peine masquée par une grosse performance de Moon sur ses fûts (« I need you ») en particulier, ou bien par Entwistle et Daltrey faisant du Townsend (respectivement « Whiskey man » et « See my way », à se demander si ce sont vraiment eux qui les ont écrits). Lequel Townsend s’en sort quand même mieux sur l’inaugural « Run run run », ou la très mélodique, quasi beatlesienne « Don’t look away ».
Il faut rajouter une bêtise à la « Yellow submarine » de Moon (« Cobwebs and strange »), un massacre de « Heatwave » le classique de Martha & the Vandellas. Et aussi évoquer le « curieux » morceau-titre, longue pièce de neuf minutes, où plusieurs séquences (une grosse demi-douzaine) s’enchaînent, jetant les bases des futurs et funestes opéras-rock du groupe (« Tommy », « Quadrophenia »).
Conclusion que tout le monde connaît : les Who sont un fantastique (le plus grand ?) groupe de scène, un immense groupe à singles, et qui hormis le colossal « Who’s next » s’est à peu près vautré sur chacun de ses 33T.
Sur la réédition Cd de « A quick one » qui semble faire référence, celle de 2006, une dizaine de bonus, la plupart bien connus depuis notamment le coffret « Thirty years of Maximum Rythm’n’blues ». Peu de choses cruciales (« Doctor, Doctor » à la limite), une grosse majorité des titres présentés dans le « ventre mou » du répertoire des Who, quelques foirades (les reprises du thème de Batman, ou de « Barbara Ann » des Beach Boys) …
Disque quelque peu anecdotique for fans only …

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Sings My Generation
Tommy

YARDBIRDS - ROGER THE ENGINEER (1966)



Jeff Beck ET Jimmy Page
« Roger the Engineer » s’appelle également, avec un ordre des morceaux différent « Over under sideways down  », voire « The Yardbirds ». C’est leur premier 33 T studio officiel, paru en 1966.
Clapton parti après quelques singles mémorables, la formation (à géométrie variable), se compose de Keith Relf, Chris Dreja, Paul Samswell-Smith, Jim McCarty, Jeff Beck et Jimmy Page. Ce dernier officiant le plus souvent à la basse, sauf sur « Happening ten time years ago » et « Psycho daisies », titres sur lesquels il tient la guitare aux côtés de Jeff Beck. Et sur ces deux morceaux, les deux prodiges s’en donnent à cœur-joie.
Les Yardbirds étaient de tous les blues-boomers britanniques du début des 60’s (Stones, Animals, Pretty Things, Them, …) les plus doués. Leur instabilité chronique, l’affrontement d’egos surdimensionnés, et leur présence seulement épisodique dans les charts en font aujourd’hui un groupe scandaleusement (presque) oublié.
« Roger the Engineer » est certes quelque peu décousu et fait se côtoyer le rythm’n’blues de l’époque avec quelques incursions vers une pop d’excellente facture (« I can’t make your way »), ou de pas très réussies dérives orientalisantes (« Hot house of Omagarashid »).
Mais il y a dans ce Cd de tels morceaux de bravoure, des parties de guitare héroïques de Beck, et une telle somme de talents que « Roger the Engineer » fait sans problème partie des meilleurs albums des mid-sixties anglaises.




THE ROLLING STONES - AFTERMATH (1966)



Plus qu'un disque des Stones

Tout simplement un des meilleurs disques des années 60, décennie mythique peu avare en enregistrements géniaux.
Pour la première et la seule fois de leur carrière, les Stones se retrouvent en 1966 en équilibre parfait à la confluence de plusieurs courants musicaux : le rock (façon Stones, évidemment), la pop (l’essentiel de leurs plus belles mélodies sont sur « Aftermath »), le psychédélisme (l’étirement hypnotique façon mantra de « Goin’ home »). Et c’est cette voie qu’ils vont tenter de suivre jusqu’en 1968 (avec « Between the buttons » et « Satanic Majesties … ») sans toutefois atteindre avec ces deux disques le niveau de perfection d’ « Aftermath ».
Il faut dire qu’ici les trouvailles sonores (sous l’impulsion de Brian Jones au sommet de son art) et les morceaux magiques s’enchaînent : « Mother’s little helper », « Under my thumb », « Lady Jane », « Take it or leave it », « Out of time » « What to do », …
Quant on sait que « Paint it black » n’est sorti qu’en 45 Tours, on voit les sommets atteints par les Stones en 1966.
L’édition anglaise d’ « Aftermath » (photo noir et fuschia) est à privilégier à l’américaine, amputée de trois titres.

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Between The Buttons
Beggars Banquet

It's Only Rock'N'Roll 
Blue & Lonesome





DOGS - TOO MUCH CLASS FOR THE NEIGHBOURHOOD (1982)



La Classe

Avec un titre pareil  (« Trop de classe pour le voisinage »), il vaut mieux être sûr de son coup et assurer, faute de quoi, plutôt que d’épater l’entourage, on va le faire rire.
Mais voilà, les Dogs ne sont pas des rockers prétentieux, pas plus qu’ils ne sont passéistes, suivistes, arrivistes ... Ce sont juste des rockers qui aiment la musique qu’ils jouent, et des gens comme eux, dans les années 80 (croyez-moi j’y étais), les rayons des disquaires en étaient pas vraiment remplis.
Bon, ce Cd est excellent, plein à la gueule de bonnes chansons originales (seulement deux reprises dont l’obligatoire et convenu « Train kept-a-rollin’ ») avec notamment deux merveilles de ballades : «The most forgotten french boy » et « Sandy Sandy » et son piano entêtant.
Les Dogs sont français et chantent en anglais (vous en connaissez des très bons disques de rock en français ?), la photo de pochette (parce qu’à l’époque on regardait un disque avant de l’écouter) fait preuve de bon goût (une Rickenbacker et Marvin Gaye à la télé).
Même si à titre perso je préfère celui d’après (« Legendary lovers »), « Too much class … » est également indispensable.



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IGGY & THE STOOGES, CARCASSONNE, 27 JUILLET 2011

photo LADEPECHE.fr


Coincé dans la programmation du festival (un concert par soirée) entre Ben l’Oncle Qui Saoule la veille et Cricri Maé le lendemain et en concurrence avec à quelques hectomètres de là Pétunia Jordana gratos (cherchez les erreurs…), Iggy & the Fucking Stooges.
Pour le cadre, difficile de faire mieux, théâtre centenaire à ciel ouvert au cœur de la Cité médiévale fortifiée. Température polaire pour l’endroit et la saison, il flotte depuis deux jours, on se croirait en Bretagne … Les dieux du rock’n’roll semblent pourtant décidés à se montrer cléments, le crachin cesse dans l’après-midi, et la seule proximité du concert de l’Iguane réchauffe l’atmosphère.
Même s’il faudra défenestrer quelques particularismes locaux… à commencer par la sono et le light show résidents de l’endroit, certes high-tech mais plus propices aux crooneries d’Eddy Mitchell bientôt à l’affiche pour son soi-disant dernier tour de piste, qu’à du rock high-energy. Mais les Stooges vont pousser cette sono dans ses derniers retranchements.
Pas de fosse non plus, face à la scène, c’est le carré VIP, normalement encombré par les notables locaux de tout poil et quelques vénérables dames patronesses. Si Iggy fait son strip-tease, elles seront aux premières loges pour admirer ses bollocks, ça leur fera quelque chose à raconter à leur manucure le lendemain…Tout ce beau ( ? ) monde a du se rencarder, compris que Iggy Pop c’était pas pour eux, y’a personne et les Stoogesmaniacs vont se l’accapparer.
Le vrai public est pour le moins hétéroclite, des évadés de la maison de préretraite pour les contemporains des Stooges, aux minots échappés de la colo de vacances avec leur coupe de douilles justinbieberisée, venus voir le type dont ils ont téléchargé l’intégrale gratos en trois clics sur Rapidshare, en passant par tous les looks de l’Internationale Rock’n’roll, le tout dans une ambiance bon enfant … Le theâtre (environ 3000 places assises, mais on passera tout le concert debout) est plein aux  deux tiers, le rock’n’roll ne fait plus recette …
On vient voir quoi, exactement ? Les Stooges, le séminal groupe pré-punk destroy ? Hum, faut pas rêver , les Stooges se sont crashés en plein vol au milieu des seventies, dans un grand nuage aux vapeurs d’alcools forts, de drogues dures, et de groupies consentantes (pléonasme). Ce groupe là et tout ce qu’il pouvait représenter est bel et bien mort. Non, maintenant ne reste plus que James Osterberg, vénérable sexagénaire, qui ressuscite le temps de quelques dizaines de minutes un jour sur deux le fantôme Iggy & the Stooges. Avec des compères aux cheveux gris-blancs, le pote des débuts Scott Asheton aux drums, Mike Watt (enfin je suppose, y’a pas eu de présentations) à la basse, le sax de « Funhouse » McKay (on l’a pas vraiment entendu, de toutes façons tout le monde s’en fout, c’est Iggy qu’on veut voir et entendre), et le riffeur destroy ultime de « Raw power », James Williamson, qui a laissé tomber un job florissant dans l’informatique pour venir déverser son métal sonique derrière Iggy  après la mort de Ron Asheton. La nostalgie, camarades, ne reste plus que cela …
21h30, pile à l’heure prévue, la nuit n’est pas encore tout à fait tombée quand l’Iguane et sa troupe envahissent la scène avec « Raw power », puis « Search and destroy ». Iggy est arrivé torse nu, un jean noir taille basse, la tignasse longue et péroxydée. Il a comme le soupçon d’un zeste de début d’embryon de bedaine, et traîne un peu une patte, mais de toutes façons, même avec un déambulateur, il assurerait le show. Dès le quatrième titre, « Shake appeal », il ORDONNE au public de « venez danser avec les Stooges » (en français dans le texte) et une trentaine d’heureux élus montent sur scène pour un petit pogo aux côtés d’Iggy. Sympa, comme d’ailleurs son attitude durant tout le set …
Derrière, raide comme la justice, Williamson mouline l’électricité sur sa Gibson rouge. De tout le concert, il n’esquissera qu’un pas de côté, quand lors d’une ruade, Iggy vient balancer un coup de talon sur sa gratte. Ce qui ne l’empêchera pas d’envoyer (enfin) la foudre sur l’intro de « 1970 ». Parce que le reste du temps, c’est Iggy qui fait le show, sautant comme un cabri, arpentant de long en large les quarante mètres de scène, venant dans le public, le faisant participer. Loin des prestations dangereuses et ultimes des Stooges seventies certes, mais le vieux assure …
22h25, et arrive « I wanna be your dog » qu’on hurle tous en chœur. Exit les Stooges. Deux minutes plus tard, ils reviennent, « Penetration » à fond, le volume sonore commence à être conséquent, réverbéré par les énormes murs de pierre de l’enceinte. Dans la bouillie stridente qui suivra, on distingue « Kill city », du fameux quatrième disque des Stooges pas sorti officiellement à l’époque, une paire d’autres titres (« No fun » peut-être) que l’on a du mal à reconnaître dans la purée de pois sonique qui s’abat dans le vieux théâtre …
22h45, les quatre autres boivent déjà une bière backstage, Iggy finit de saluer et de remercier le public, puis s’éloigne à son tour …
En regagnant le parking, on distingue du bruit en ville … ah oui, on l’avait oubliée celle-là, c’est Pétunia Jordana … no fun …
On s’en fout, on vient d’en prendre plein les mirettes et les oreilles…
Ah ouais, et Iggy a pas baissé son froc, tant pis pour les dames patronnesses qui de toutes façons étaient pas là …
C’était à Carcassonne, Sarkozye méridionale, ce 27 Juillet de l’an de grâce 2011…

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JEFF BECK GROUP - BECK-OLA (1969)



Mangez des pommes ...

Jeff Beck est un cas à part, tant musicalement qu’humainement. Toujours cité dans la poignée des plus grands guitaristes de tous les temps, un des plus parfaits compromis entre technique, feeling et imagination. Humainement, c’est une tête de lard, un quasi autiste qui ne semble avoir un comportement social acceptable que depuis une dizaine d’années, un caractériel angoissé capable d’imprévisibles sautes d’humeur.
On ne compte plus ses revirements artistiques, qui tiennent autant de l’hésitation maladive que de la recherche de nouveaux horizons sonores. Et ce depuis ses débuts. Parti des Yardbirds sur un coup de tête, suffisamment traumatisé par les premiers concerts londoniens d’Hendrix pour avoir songé arrêter la musique, il va revenir sur le devant de la scène avec un groupe, le Jeff Beck Group, dont l’intitulé seul montre qu’il en est le leader irascible. Une comète qui se désintègrera après quelques mois et deux disques qui ont marqué les esprits de l’époque.
Il faut dire que le gaillard a su s’entourer, recrutant Rod Stewart, co-chanteur des éphémères et oubliés Steampacket, Ron Wood, guitariste du groupe garage les Birds embauché à la basse (on ne fait pas d’ombre à Jeff Beck à la guitare), le pianiste de studio réputé Nicky Hopkins (remplaçant John Paul Jones présent sur le premier disque mais parti gagner sa vie avec Led Zeppelin), et le batteur de  séances Tony Newman. Du costaud. Du lourd, même pourrait-on dire.
Parce qu’après un premier album (« Truth ») de facture plus « classique », mais qui ne souffre en aucun cas de la comparaison avec des choses comme « Beggar’s banquet », c’est dire son niveau, Jeff Beck va pousser le curseur vers des territoires encore plus sauvages, encore plus violents. Participant à la fuite en avant qui amènera à la naissance du hard-rock ou du heavy metal.
« Beck-Ola » place la barre plus haut que Led Zeppelin, le Jeff Beck Group est plus bouillonnant, plus crade. Les Américains au pied lourd sur la pédale fuzz (Blue Cheer, Vanilla Fudge, Iron Butterfly), n’ayant à proposer que du « gros son » sont renvoyés à leurs études. « Beck-Ola » n’est pas un disque pour guitaristes. Ou pas seulement. Il n’y a pas ici de démonstration, la technique assez insensée de Beck n’est là que pour sublimer les titres. En gros, ceux qui cherchent des solos de dix minutes avec douze milliards de notes à la seconde peuvent changer de crémerie et se payer l’intégrale de Ten Years After.
Ici, it’s only rock’n’roll … avec deux titres popularisés par Elvis (« All shook up », « Jailhouse rock ») défenestrés avec une énergie rare, avec mention particulière au second, totalement transfiguré. Toujours rayon strict rock’n’roll un « Spanish boots » avec un « extraordinaire » (c’est Beck lui-même qui l’écrit sur les notes de pochette du 33T original) Rod Stewart au chant, parce que celui-là, avant qu’il se demande si on le trouvait sexy ou si les blondes étaient plus marrantes, était un immense chanteur, une des plus belles voix « noires » jamais sorties du gosier d’un visage pâle… Chose assez rare dans sa carrière, Jeff Beck laisse même Nicky Hopkins prendre les choses en main sur un instrumental écrit par le pianiste, El Becko se contentant juste d’incendier le titre de quelques éclairs guitaristiques dévastateurs. Rien cependant à côté de la nucléaire jam finale, l’autre instrumental « Rice pudding », parti sur une classique base boogie, et emmené vers … un shunt brutal après sept minutes et vingt-deux secondes de folie furieuse. Rajoutez un boogie-blues de plomb (« Hangman’s knee »), un titre débuté tranquillement rythm’n’blues (« Plynth ») et qui après une multitude de syncopes rythmiques, breaks en tous genres, zigzags ahurissants de guitare, délivre finalement un orage zeppelinien d’une rare intensité …
Empaqueté dans une toile de Magritte, ce « Beck-Ola » impressionnera fortement son monde, les programmateurs de Woodstock contactent le groupe, l’avenir s’annonce radieux …
Une énième saute d’humeur de Beck, et adieu veaux, vaches, cochons, le groupe explose …
Reste deux disques, parmi les meilleurs d’une époque peu avare en disques marquants, et pour moi les deux meilleurs de Jeff  Beck.


Du même, une purge jazz-rock :
Wired