Carré ...
Ice Cube fait partie de cette poignée de rappeurs
qui inspirent vraiment le respect. Faut dire qu’avant de se lancer en solo, il
faisait partie des NWA, et çà, au début des années 90, c’était pas rien comme
pedigree. Et évidemment, avoir fait partie de ce collectif de furieux qui ont
tracé et défini tout le rap de la décennie, entraîne quelques solides inimitiés
et préjugés. Avec le restant des NWA, logique, mais aussi avec l’opinion
publique tant la réputation sulfureuse du posse de Compton servait de
passeport.
Ice Cube, grande gueule toujours ouverte même quand
il fallait pas, s’est vu taxer très vite de misogynie, machisme, racisme et
antisémitisme. Et là où d’autres en ont rajouté dans la surenchère, lui a
toujours cherché à se justifier, à ouvrir le débat, entamer la discussion, avec
ses armes à lui, ses disques. Il n’en reste pas moins qu’Ice Cube reste un
personnage assez ambigu, de par les rapports qu’il a entretenu avec un
islamisme sinon radical du moins militant (la controversée Nation of Islam), ou
encore avec le show-business (un monde qu’il dénonce, mais il a tourné dans un
paquet de nanars hollywoodiens, après ses excellents débuts dans « Boys ‘n
the hood » de John Singleton). Par contre, au niveau strictement
artistique, y’a pas photo. C’est un des tout grands du rap …
Et « The predator » est avec « AmeriKKKa’s
most wanted » considéré aujourd’hui comme ce que le rondouillet rappeur a sorti
de meilleur. On y sent un Ice Cube très impliqué (il participe à la production,
avec notamment DJ Muggs de Cypress Hill). « The Predator » est un
disque sombre, avec beaucoup de rythmiques austères et martiales. C’est un
disque typique de cette époque de l’âge d’or du rap « old
school », axé sur des samples venant pour une immense majorité de la soul
et du funk des années 60 et 70. Trois 45T « Wicked », « Check yo
self », « It was a good day » aideront le disque à obtenir un
succès conséquent. Sur quelques morceaux des guitares rageuses pointent le bout
de leurs riffs, tendant des passerelles vers un rapprochement rap-heavy metal
(l’autre Ice (T) fait déjà ça avec Body Count, et Ice Cube enregistrera plus
tard avec les neo-metalleux de Korn).
« The Predator » est un des derniers
éclats d’Ice Cube (le rap est le genre musical qui consomme le plus vite ses
stars, tenir une poignée d’années au sommet est déjà un exploit) qui va,
sentant le vent de l’oubli qui commence à souffler sur lui, se tourner de plus
en plus vers le cinéma.
Le 7ème art n’y gagnera pas grand-chose,
le rap va perdre une de ses figures de proue les plus intéressantes. Ice Cube
continue de loin en loin de sortir des disques qui n’émeuvent plus guère les
foules.
Du même sur ce blog :
AmeriKKKa's Most Wanted
Du même sur ce blog :
AmeriKKKa's Most Wanted