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TALKING HEADS - TALKING HEADS : 77 (1977)

Mais qu'est ce c'est ?

Les Talking Heads, avant d’être signés chez Sire, étaient un des groupes animant au milieu des 70’s les soirées du CBGB, partageant l’affiche ou succédant sur la scène à des gens comme Patti Smith, Blondie, Television, Ramones, Cramps, Dead Boys, Johnny Thunders & the Heartbreakers, Mink DeVille, etc … En gros, tout le gratin des punks new-yorkais, tous ceux qui allaient inspirer les Pistols, Clash, Damned, … en Angleterre.
Byrne, Frantz, Weymouth & Harrison, Talking Heads 1977
Punks, les Talking Heads ? Hum … Fils de bonne famille pour le trio d’origine (Byrne, Weymouth, Frantz), étudiants à la Rhode Island School of Design où ils se sont rencontrés… En fait, le groupe dont ils sont le plus proche socialement à l’origine, ce doit être … le Pink Floyd de 66 (et si vous connaissez pas la genèse du Floyd, allez voir sur Wikimachin ou vous faire foutre, bande d’incultes…). Les Talking Heads sont d’entrée différents. Toute cette scène du CBGB vient plus ou moins d’un rock’n’roll sans trop de fioritures. On envoie la sauce et on voit ce qui arrive. Les Talking Heads ont peu à voir avec le rock, qu’il soit n’roll ou pas. L’essentiel de ce premier disque les voit s’attaquer à des structures funky et dansantes. Ou à ce qu’il reste du funky et du dansant quand il est passé entre leurs pattes.
Les Talking Heads sont d’une approximation charmante. Entendez par là qu’ils disposent d’une technique plutôt hésitante. Il n’est jamais venu à l’idée de personne de citer David Byrne comme un guitariste influent ou intéressant. La section rythmique, (Mar)Tina Weymouth – Chris Frantz, couple à la ville comme à la scène, n’a que peu à voir avec Bogert-Appiece ou Bruce-Baker. Le seul musicien expérimenté du groupe est le claviers Jerry Harrison, mais pas de bol, il a fait ses classes chez les Modern Lovers de Jonathan Richman, pas vraiment le groupe adepte de démonstrations techniques exubérantes. Le son des Talking Heads est squelettique, rachitique, syncopé. Et par-dessus cette instrumentation de bric et de broc, David Byrne s’approprie les parties chantées d’une façon toute personnelle, donnant l’impression d’un trisomique épileptique récitant ses gammes.
Les mêmes, rangés à la Dalton
« Talking Heads : 77 » n’est pas un disque qu’il faut avoir parce qu’il est bon. Ce n’est pas un « bon » disque au sens 70’s du terme. Mais c’est un disque intéressant, qui pose de nouveaux jalons dans un genre (la chanson de trois minutes) qu’on croyait définitivement balisé.
« Talking Heads : 77 » s’inscrit dans la lignée et la mouvance de machins comme le 1er Devo ou le 1er Television, même s’il partage plus de similitudes avec les savants fous d’Akron qu’avec le jazz-rock intello de Verlaine et consorts. Les Talking Heads ne sont pas un phénomène de mode, et encore moins de foire. L’influence de ce premier disque dépassera le strict cadre de la reconnaissance critique et de l’effet « mode » de tout ce qui sortait du trou à rats pisseux qu’était le CBGB. Un seul exemple, la ressemblance flagrante entre le « Boys keep swingin’ » de Bowie et le « Tentative decisions » des Talking Heads, l’emblématique titre de « Lodger » est sorti un an et demi après celui de Byrne & Co. Par contre, si le son disco-funk blanchi, robotique et approximatif des Heads est original, la structure des titres n’est pas forcément innovante. J’ai déjà causé de Devo (évident sur « Who is it ? » ou « First week …» ), on peut aussi trouver des relents incontestables des Sparks ( les couplets très baroques de « Don’t worry about the government ») ou des montées opératiques rappelant le Queen de la folle Mercury (« Happy day »).
Talking Heads live au CBGB
Incapables de faire compliqué, les Talking Heads s’évertuent à faire simple (et pas simpliste), réinventant le concept du less is more. Ce premier disque est une épure. Foin d’enrobage sophistiqué, ne reste que l’essentiel, la structure rythmique sautillante, Harrison qui overdubbe parfois ses parties de claviers minimalistes avec une partie de guitare, Byrne qui assure l’hyperminimum à l’autre guitare. La seule recherche tient dans les textes (poético-illuminés, elliptiques et second degré) et dans la façon de les chanter (on ne peut raisonnablement pas penser que Byrne ne puisse faire mieux vocalement, ses montées avortées dans les aigus sont faites exprès).
Tout n’est pas absolutely fabulous, il y a deux trois titres un peu en dessous, mais en contrepartie Byrne et sa troupe livrent quelques incunables de l’époque, inspirateurs de toutes les waves à venir (qu’elles soient new, post, cold, …). Même s’il manque le premier single du groupe (« Love / Building on fire »), au moins trois titres marqueront les esprits. « The book I read », avec la façon étrange de chanter de Byrne portée à son paroxysme sur une chanson qui aligne une nouvelle idée toutes les dix secondes. « Don’t worry about the government » est une merveille de second degré décrivant les USA comme un pays de Bisounours auquel chacun doit être fier d’apporter sa contribution, le tout sur une mélodie imparable. Mais surtout « Talking Heads : 77 » est le disque sur lequel figure « Psycho Killer », titre emblématique du groupe. Délire à peu près total et morceau le plus fou sorti du CBGB. Inspiré très certainement du « Heroes » de Bowie pour sa partie en français qui vous force à comprendre quelque chose à votre propre langue, il esquisse par moments la mélodie répétitive qui sera la trame du « Fashion » de … Bowie, grand amateur du groupe.
« Talking Heads : 77 » fera de ses auteurs un groupe qui compte. Enfin, un groupe intello qui compte (alors que la musique est primaire, pour ne pas dire primitive). De tête parlante (allusion aux speakerines – oui, jeune lecteur connecté, c’est un vieux métier du XXème siècle) Byrne va devenir tête pensante, groupie de Brian Eno, autre penseur en chef. La production (hormis « Remain in light ») du groupe sera par la suite sérieuse (sous-entendu plutôt chiante), ce qui ne fera pas marrer du tout le couple Weymouth-Frantz…
C’est une autre histoire …

Des mêmes sur ce blog :




SEX PISTOLS - NEVER MIND THE BOLLOCKS (1977)


Hey Hey My My, Rock’n’roll can never die
Il y a des disques qui sont plus importants que d’autres, qui comptent vraiment dans le rock … parce qu’ils créent quelque chose de neuf, de révolutionnaire, une nouvelle façon d’appréhender la musique. De ces disques essentiels, en comptant large, on doit pouvoir en trouver une dizaine en soixante et quelques années. Et « Nevermind the bollocks » en fait partie.
Pas tant par son contenu. Une sorte de hard-rock primaire balancé vite et mal, à grosses guitares, (celles de Steve Jones, le seul du lot à savoir correctement jouer d’un instrument), venu en droite ligne du glam et du rock’n’roll des origines, avec tout qui doit être dit dans trois minutes. Et également inspiré par le pub-rock énergique et primitif des British Dr Feelgood, Ducks DeLuxe, Eddie & The Hot Rods, … ou les Amerlos Ramones et Heartbreakers (les bons, enfin, ceux de Johnny Thunders) …
Jones, Vicious, Rotten & Cook : The Sex Pistols
Les Sex Pistols et le punk en général se sont construits non pas pour proposer quoi que ce soit de nouveau ou d’original, mais en réaction envers ce qui existait. L’heure dans l’Angleterre de 1977 était au politiquement correct, en pleine préparation de la commémoration des 25 ans de règne de la Reine … les Sex Pistols prôneraient donc par souci d’opposition radicale l’anarchie, ce mot qui allait tant effrayer les bourgeois de tous ordres, et notamment ceux de l’industrie musicale. Les Pistols n’avaient en fait aucune conscience politique, leur seul credo était de faire n’importe quoi. Et avec des provocateurs-nés comme Rotten ou des débiles profonds comme Vicious, on allait être servis au niveau du n’importe quoi … l’apologie du chaos comme forme ultime de positionnement social.
Des jeunes glandeurs qui veulent faire un doigt au système, c’est pas ça qui manque, en musique comme ailleurs. Bien peu arrivent à se faire entendre. Les  Pistols réussirent à être des stars planétaires avant même d’avoir enregistré un 45 T. Aujourd’hui, la  nouvelle génération qui s’imagine préparer la révolution en insultant son prochain sur Twitter à grands coups de hashtags débiles appellerait çà un buzz d’enfer …
Les Pistols ont eu la chance d’être au bon endroit au bon moment, et même si les « vrais » punks anglais de 77 ne représentaient que quelques poignées d’individus, ils disaient tout haut ce que l’ensemble de la jeunesse locale pensait tout bas. Marre de ces consanguins totalement out qui squattaient Buckingham Palace, marre de cette société qui, déjà, ne proposait comme avenir que des formulaires d’allocs à garnir, marre de ces zicos embourgeoisés pétés de thunes, claquemurés dans leurs manoirs du Surrey, marre des vieux Stones, Who, Led Zep, Floyd, Yes, Genesis, …, de la bouillasse jazz-rock et de la tambouille prog. Et place au « Do it yourself », en substance si vous voulez pas de ce qu’on a à proposer, on va se débrouiller pour le faire quand même, et à nous aussi le pognon, la bonne coke, les Aston Martin, et les groupies sublimes dans chaque piaule d’hôtel …

Il fallait à ce bouillonnement désorganisé une vision, une approche, pour arriver à ses fins. L’homme de la situation s’appellera Malcolm McLaren, agitateur arty de seconde zone, déjà auteur d’un relookage catastrophique de ce qu’il restait des New York Dolls en trotskistes, mais qui trouvera avec les Pistols des débuts (les rapports se dégraderont très vite, surtout avec Rotten, le plus intuitif du groupe) un terreau sur lequel faire pousser ses idées toutes particulières du management. Le moindre incident, la moindre déclaration stupide de ses protégés seront ainsi amplifiés au maximum, et les occasions ne manqueront pas, les Pistols étant signés et éjectés aussi sec de deux maisons de disques avec procès retentissants à l’appui avant de s’échouer chez Virgin où paraîtra « Nevermind … » ; les Pistols se verront interdire de concert dans la plupart des grandes villes anglaises, Londres en tête. McLaren aura beau jeu de hurler au loup de la censure, de la répression culturelle. Et quand par hasard ils trouveront un rade qui veut bien d’eux, l’apocalypse que les Pistols y déclencheront au bout d’une poignée de titres fera les choux gras et la une des tabloïds à scandale, ce qui était bien évidemment le but recherché …
« Never mind the bollocks » sera le manifeste de cette génération punk et obtiendra un bon succès un peu partout dans le monde. Le temps de claquer les premières royalties en dope, et le groupe partira vite en quenouille, avec quasi simultanément le départ de Rotten et la mort de Vicious… Mais la déflagration aura été telle, que de partout dans le monde surgiront des teigneux mal coiffés et malpolis qui reprendront le flambeau et feront de 1977  et de quelques années suivantes de grands millésimes d’air frais musical…
Et puis, comme tout dans le music business finit par un déjeuner avec son banquier et (ou) ses avocats, on a pu, au détour de la programmation d’un quelconque festival, voir et écouter des Sex Pistols reformés … avec Rotten, vieux, gros et riche qui fait son numéro de muezzin psychotique, sans Vicious toujours aussi mort, et les autres qui ont appris à jouer … pantalonnade sans aucun intérêt.
Il faudra après « Nevermind the bollocks » attendre quinze ans et Nirvana pour voir pareille chose secouer le monde ronronnant du music business… Et depuis le trio de Seattle, ça fait plus de vingt cinq ans qu’on espère que quelques gamins la rage aux dents viendront signifier aux geignards Coldplay, Muse, Radiohead et autres ennuyeux, que bon, ça va, on les a assez entendus ces pénibles, ils peuvent dégager …
Eh oh, Lester, tu crois que t’as fini ta chronique là ? T’as pas dit un seul mot sur ce putain de disque … Qu’est-ce qu’on y entend sur ta putain de rondelle ?
L'émission de télé avec Bill Grundy, le scandale arrive ...
Euh … du boucan, essentiellement. Par trois types, enfin deux … Paul Cook se fait chauffer les articulations des coudes à force de cogner sur ses toms le plus vite et le plus fort possible (avant que ça devienne un  passage obligé pour les les drummers punk, trash, hardcore, metal ou que sais-je …). Steve Jones, lui assure des parties de guitare qui ont du laisser songeur Santana (du riff bourrin, au mieux rock’n’roll, quelques chorus, pas le moindre foutu solo, fans d’Alvin Lee et de Dickey Betts, circulez …). Et puis, comme le docile Matlock (pas assez punk) s’est fait lourder et remplacer par le demeuré Sid Vicious, totalement incapable de sortir la moindre note de sa basse, c’est Jones qui a aussi assuré les lignes de basse (là aussi, si t’es fan de Jaco Pastorius, casse-toi …). Pas de bol pour Jones, dès la sortie de « Never mind … », une rumeur persiflante et insistante a prétendu que c’était le requin de studio Chris Spedding qui jouait toutes les parties de guitare, ce qui est faux … Tiens, en passant, une anecdote de studio. « Never mind » a été enregistré à Londres, au Wessex Studios. En même temps que les Pistols, Queen enregistrait «  A day at the races » (celui avec « We will rock you » et « We are the champions »). Et Freddie Mercury, cabot comme pas deux, passait son temps quand il le croisait à chambrer le « terrible » Sid Vicious (il était surtout terrible quand il avait beaucoup de monde avec lui, sinon il était gaulé comme une arbalète et toujours raide déf, il faisait pas le poids) qu’il appelait Stanley Ferocious …
Et puis, les Pistols, c’était avant tout Johnny Rotten. Lui avait de la répartie, ridiculisait tout son monde en interview, et savait trouver les formules et les accroches qui tapent fort et juste. Pas pour rien si les deux titres les plus emblématiques du punk toutes époques et continents confondus sont « God save the Queen » (« God save the Queen, her fascist regime … » et « Anarchy in the UK » (« I am an Antichrist, I am an anarchist … »). Rotten était un observateur féroce, décrivant avec les mots qui cognent et font mal  la déliquescence de la société anglaise… comme un Ray Davies des banlieues, et si vous savez pas qui est Ray Davies, c’est pas que vous êtes punk, c’est que vous êtes juste incultes …
C’était les Sex Pistols … et aujourd’hui on s’en bat les couilles, on préfère Maître Gims … porca miseria …



BEECHWOOD - SONGS FROM THE LAND OF NOD (2018)

East - West ...

Selon la Bible, la Terre de Nod est située à l’Est d’Eden. Je vois à votre mine ébahie que vous savez pas ou est l’Eden, alors ce qu’il y a à l’Est, hein … Remarquez, j’en sais pas plus que vous, je lis pas l’Ancien Testament tous les matins. Ce que je sais, c’est que les Beechwood sont de New-York, donc de l’Est des Etats-Unis. Mais qu’ils sont aussi un peu à l’Ouest. Mais non, pas de Los Angeles ou San Francisco, à l’Ouest quoi, autrement dit ailleurs … Vous pigez ? Pff, c’est bon, laissez tomber …

Heureusement, maintenant que le vinyle revient à la mode, on fait des pochettes qui parlent, qui en disent parfois plus long qu’un discours vaseux. Et que voit-on, sur celle de « Songs from the Land of Nod » ? Trois gugusses qui prennent la pose sur un trottoir, au ras du caniveau, attifés comme des New York Dolls version Emmaüs. Le grand blond en rouge et noir (no Jeanne Mas fan) se fait appeler Gordon Lawrence, c’est lui qui écrit tous les titres et joue de la guitare, en se prenant pour Johnny Thunders, Tom Verlaine ou Lou Reed (au hasard - enfin, non, pas au hasard - trois newyorkais). Le métèque à l’Ouest, enfin, à gauche, c’est son pote batteur, plus tatoué qu’une Amy Winehouse qui serait devenue centenaire. Au milieu, le bassiste prétend se prénommer Sid, ça vous pose un bassiste, n’est-ce pas …
Ces trois déglingués par une vie sociale ricaine apparemment pas faite pour eux, sortent donc un disque aussi bordélique que leurs références et que leur parcours dans la vie, si l’on en croit une bio (plus vraie que nature ?), sorte de chanson de geste du zonard post X Generation.
L'art de se faire remarquer vestimentairement
Leur musique leur ressemble, débraillée, dépenaillée, mais pas honteuse, s’assumant et assumant ses influences. Le Velvet et sa multiple descendance, les Dolls et les Heartbreakers de Thunders, les punks, le rock garage, et les drogues qui aident à faire la musique pour des gens qui aiment à écouter cette musique en prenant des drogues (merci Spiritualized). Autrement dit, avec les Beechwood, on avance au moins d’une demi-décennie par rapport au gros de la production actuelle, faite par des types au calendrier spatio-temporel bloqué entre 65 et 68.
Il y a chez les Beechwood des éjaculation punk (« Melting over you »), louchant parfois vers le côté Ramones de la chose (« This time around »). On sent que parfois, ils aimeraient aller encore plus loin, taquiner les winners des années 2000, las, leur « All for naught », pourtant point trop mauvais, fait penser à du Strokes sous Lexomil.
Des fois, ils se prennent les pieds dans le tapis persan (« Land of Nod », musique mystique pour fumeurs de crack avec ses déconstructions brinquebalantes). Logiquement et comme souvent quand on est pas très sûr de son coup, on met tous ces titres un peu mal accouchés vers la fin du skeud, et les meilleurs d’entrée.

Et force est de reconnaître que se « Songs from the Land of Nod » commence plutôt bien. « Ain’t gonna last all night » est déglinguée juste ce qu’il faut , « I don’t wanna be the one you love », téléporte les New Yorks Dolls dans notre siècle (oui, je sais, les vrais ou ceux des vrais qui sont pas encore morts y sévissent déjà). Pour moi, trois titres surnagent du lot. Une reprise garage punk foutraque la tête dans le sac à vomi du « I’m not like everybody else » des Kinks, montre que ces trois zozos connaissent aussi leurs classiques d’Outre Atlantique.
Mais les deux cerises sur cette galette sont deux morceaux très typés Velvet Underground. « Heroin honey » d’abord. Mettre « heroin » dans un titre de chanson suffit à situer la référence, même si musicalement on est assez loin de ce qu’à pu produire Lou Reed. Et puis, il y a un extraordinaire morceau, « C/F », ballade vénéneuse comme en a chanté Nico sur l’album à la banane, avec une guitare slide qui remplace le violon de John Cale tout en étant aussi grinçante. Et là, c’est toute la famille qui arrive en filigrane et en rangs serrés, tous les Mazzy Star et autres Jesus & Mary Chain. « C/F » est malgré ses références évidentes un titre rare, précieux, comme on n’en écrit pas beaucoup dans sa vie …
Les Beechwood, qui mettent en avant une philosophie de je m’en foutistes déglingués ont fait un disque à leur image, je m’en foutiste et déglingué. Un disque à l’Ouest,  … ou à l’Est … un disque du pays de Nod, quoi …



SLAVES - ARE YOU SATISFIED ? (2015)

I wanna be your dog ?
Il y a dans cette rondelle comme des airs de déjà vu (ou entendu). Comme toujours depuis … ouais, au moins.
Les Slaves sont deux. Un batteur et un guitariste (liste interminable de prédécesseurs dans cette formule minimaliste, furieusement tendance pendant les années 2000, un peu moins maintenant que les White Stripes sont débandés et les Black Keys mainstream). Les Slaves sont jeunes (la vingtaine) et Anglais. Ma foi, nobody’s perfect. Rasés et tatoués comme tout prétendu rebelle en recherche de respectabilité (faudra un jour expliquer à tous ces chérubins en colère que c’est pas le poil ras et l’encre sur les biceps qui feront d’eux les prochains Che, ça suffira pas, ou quand la rébellion a ses normes, ses codes, ses repères visuels et esthétiques, c’en est plus vraiment de la rebellion, c’est plutôt du panurgisme, mais bon, on va pas débattre là-dessus …).
Qui foutent deux bichons ou pas loin (le clebs des mémères réacs à breloques et permanentes) sur leur pochette. Qui baptisent leur skeud en hommage – réponse désabusée – doigt d’honneur (à vous de choisir) au premier Hendrix. Qui l’enrobent d’un rose fluo comme un clin d’œil subliminal aux couleurs fluo du seul disque des Pistols (parce que les Slaves sont des punks, je vas vous l’expliquer …). Qui reprennent quasiment le lettrage et le logo des crétins de Slayer (ou de Twisted Sister, ce qui niveau crétinerie, revient à peu près au même)… comme une litanie sans fin de toute une symbolique vue et entendue des milliards de fois dans tous les groupes « sérieux ».
Les Slaves (diminutif de « you are all slaves » leur slogan et accessoirement nom de leur pages web) ne font pas dans la dentelle, reprenant la mise du slogan en musique là où des gens comme Clash ou Specials avaient lâché l’affaire il y a trente cinq ans (d’autres s’y étaient essayés entre-temps, avec plus ou moins de bonheur, et le premier qui dit Rage Against Bidule se ramasse un glaviot dans la face). Les Slaves c’est du véner sans fioritures, avec un batteur-chanteur (enfin, plutôt batteur-rappeur, il chante pas vraiment, du moins pas au sens Otis Redding du terme) minimaliste et martial, et un gratteux adepte des gros riffs qui tachent et qui dégueulent de distorsion. Un peu comme les Royal Blood, diront ceux qui veulent avoir l’air malin et montrer qu’ils connaissent des disques sortis après 1953.

Ici, on en arrive au moment crucial où il faut prendre position, lever ou baisser le pouce pour ces Spartacus du riff. Bon, moi, avec toutes les réserves d’usage (voir plus haut) et toute ma mauvaise foi (je m’en tape des Slaves), je les défends ces deux minots. Ils ont aligné treize titres plutôt bien foutus, c'est-à-dire bien crétins et gueulards, dans une parfaite rigidité madmaxienne (on fonce, puis on regarde combien on en a écrasés en passant), ont l’air, comme tout imbécile heureux qui se respecte, très fiers d’eux et seraient même prêts à continuer sur la lancée pourvu qu’on se souvienne d’eux dans six mois.
Face aux calibrages, aux « cœurs de cible », aux « niches » (ouah, elle est subtile, celle-là, putain le talent que j’ai), ces deux merdeux adressent un fuck-off électrique à tous les centristes musicaux de la galaxie. « Are you satisfied » est un bloc, qui sent certes la redite vers la fin, alternant punkeries pistoliennes, heavy metalleries judaspriestiennes, voire grungeries nirvanesques avec une naïveté et un aplomb réconfortants. Preuve qu’ils ont peut-être vraiment du talent, ils osent même une ballade acoustique éraillée (le morceau-titre, genre de « On a plain » de Nirvana ) et un final « atmosphérique » qui ne convaincra absolument pas les ceusses qui trouvent captivant le dernier Pink Floyd (ou le dernier Gilmour).

Allez vous faire foutre les Slaves. Vous avez ma bénédiction ….


BAD BRAINS - BAD BRAINS (THE ROIR SESSIONS) (1982)

Aux armes et caetera ...
Les Bad Brains sont un des groupes les plus singuliers qui soient. Déjà ceux qui ont des lettres savent qu’ils tirent leur nom d’un morceau des Ramones (album « Road to ruin »). Donc les Bad Brains sont des punks. Soit. Mais ça se complique très vite. Parce que les Bad Brains sont tous les quatre Blacks. Ce qui limite la concurrence. Mais c’est pas tout. Les Bad Brains jouent encore plus vite (si, si) que des punks. Et en plus ils jouent bien parce qu’ils ont tous débuté dans le jazz-fusion. Il reste plus grand-monde, surtout au début des années 80 dans ce registre-là.

Tant qu’à faire ils sont très politisés (des effluves Black Panthers), vouent un culte au reggae, au dub, au rastafarisme. Et donc logiquement fumeurs compulsifs d’herbe qui fait rire. Et comme on ne rigole pas (surtout quand t’as pas la bonne couleur de peau) avec ces choses-là au pays de Reagan, y’a même leur chanteur qui se retrouvera au pénitencier pour quelques joints.
Tout ça fait quand même un peu compliqué dans le milieu du rock où il est de bon ton de choisir sa case, d’y rester bien sagement et d’essayer de faire carrière. On a donc affublé les Bad Brains du titre ronflant de précurseurs du hardcore. Ce qui n’est pas totalement stupide, mais quand même un tantinet réducteur. Seul le positionnement géographique (Washington DC) les rapproche des « vrais » premiers groupes hardcore (la galaxie Minor Threat – Ian McKaye) bien blancs et bien propres sur eux (le fumeux Straight Edge, mode de vie curieux, mélange de radicalisme politique et de new age cérébral).
Bon, revenons à nos moutons (noirs). Avec pareilles bases de départ, les attachés de presse des majors se sont pas bousculés pour les signer. Ils ne trouveront asile que chez les azimutés de ROIR (à tel point que ce premier disque éponyme est souvent appelé « The ROIR Sessions »). La particularité du label ROIR (rappelons que nous sommes au début des années 80) étant de ne sortir de l’audio que sous forme de K7 (de K quoi ? s’exclame le fan de Kenji Girac. Demande à ton grand père, connard …), et avec un catalogue de gens euh … bizarres (Suicide et Lydia Lunch font partie de leurs premières signatures).
Bad Brains : renversant, isn't it ?
« Bad Brains » le disque est un truc qui défile à mille à l’heure. Les cinq premiers titres, dont le plus long culmine à 1’55 constituent un tir de barrage sonique inédit à l’époque. Et ma foi, avec ses tempos frénétiques ses guitares-mitraillettes, ses vocaux-slogans hurlés à toute berzingue, on peut sans déclencher les froncements de sourcils parler de hardcore. La suite des quinze titres (l’ensemble du disque est expédié dans ta face en à peine plus de trente minutes) est globalement moins brutale, moins épileptique, même si des choses peuvent apparaître comme les lointains ancêtres du grindcore (« Supertouch / Shitlift »), ou comme du speed à la Motörhead (« I »). En fait, ce qui atténue l’impression de rouleau compresseur très heavy, ce sont trois morceaux plus ou moins reggae, grosso modo les trois plus longs du disque. Même si de véritable reggae au sens Marley du terme, il n’y a point, « Jah calling » et « Leaving Babylon » étant résolument orientés dub avec leurs basses grondantes en avant et leur structures décharnées, et le dernier, le très long (dans le contexte général, puisqu’il dure plus de six minutes) « I luv Jah », havre de quiétude final, cousin des lovers-rock de Gregary Isaacs, mais quelque peu redondant sur la durée.
Les textes sont paraît-il engagés, voire enragés sur les brûlots rapides, mais là, franchement, ça tchatche trop vite pour moi. De toute façon, rien qu’à voir la pochette (un éclair foudroyant la Maison-Blanche), on se doute bien que les quatre olibrius n’ont pas leur carte au Parti Républicain. Ni chez les Démocrates d’ailleurs.
Même si les Bad Brains s’en foutent un peu beaucoup, on leur a attribué toute une descendance hétéroclite au vu de déclarations énamourées à leur musique émanant des Beastie Boys ou de Living Colour, ce qui ratisse tout de même assez large comme spectre sonore d’héritiers.
Bon an mal an, les Bad Brains continuent encore de sortir des disques au succès très confidentiel, avec quelques changements de personnel. C’est néanmoins la formation des années 80, avec le chanteur « dangereux » H.R. et le guitariste virtuose (si, si, même dans des morceaux d’une minute on s’en rend compte, y’a de la technique) Dr. Know qui est considérée comme la meilleure et « historique ».

Evidemment, avec des disques et des blazes pareils c’était pas gagné d’avance …Z’auraient dû s’appeler Michael Jackson comme tout le monde …


PARQUET COURTS - SUNBATHING ANIMAL (2014)

Un peu Courts ?
Parquet Courts ? Des génies … Et pour une fois tout le monde est d’accord, des vieux « classiques » (Rock & Machin) aux branchouilles toujours à l’affût du dernier cataplasme tendance (les soi-disant Inrockuptibles, le mag-site web qui s’auto-buzze Pitchfork). Tout le monde ? Non. Du fond de son village gaulois, Lester Gangbangs, qui en a vu et surtout entendu d’autres, compte bien mettre ses milliers de lecteurs en garde. Méfiance, braves gens, rien de neuf et encore moins d’original dans cette rondelle.
Vous avais-je dit qu'ils étaient de Brooklyn?
Parquet Courts, c’est une bande de jeunots autoproclamés punk ou post-punk, ou garage-punk, enfin tout ce que vous voulez du moment qu’il y a punk dans la dénomination. Les Parquet Courts viennent de Brooklyn, l’endroit in, arty, branché de la planète rock, qui malheureusement pour des Yeah Yeah Yeahs ou Liars passables, a livré depuis une dizaine d’années beaucoup de machins plus ou moins dispensables (TV On The Radio, Animal Collective, LCD Soundsystem, Yeasayer, MGMT, Rapture et !!!, ces deux derniers bien que venant d’ailleurs s’y étant installés).
Les Parquet Courts sont pas vraiment des finauds, bon, quand on se réclame punk-quelque-chose, c’est bien le moins, mais quand même. Faut les entendre se pointer avec leurs Doc Martens à semelles en plomb, leurs références tellement évidentes qu’elles en deviennent gênantes (manqueraient-ils d’imagination, parce qu’une fois sorti de limites plagiats, reste plus grand-chose). On les trouve originaux par rapport aux autres suscités. Certes, alors que la plupart de cette scène de Brooklyn citait comme un mantra les rythmes saccadés de Gang of Four (Anglais, post-punks, ayant vendu des nèfles), les Parquet Courts concentrent leur tir sur des choses empruntées à des groupes uniquement new-yorkais, le Velvet, Television et Sonic Youth … sans en avoir le talent… Apparemment, plein de gens ( ? ) se contentent de ce son pavlovien, mettant de côté le manque de consistance évident de ce « Sunbathing animal ».
C’est finalement quand ils semblent se lâcher, ne pas vouloir (ré)citer à tout prix que les Parquet Courts sont à mon sens les meilleurs. Même si ça vole pas à un niveau stratosphérique (« Duckin’ & dodgin », simpliste, crétin, répétitif, mais efficace ; l’intéressante, une fois n’est pas coutume, et assez longue tournerie post-punk « She’s rollin’ », voire « What color is blood », pour une fois pastiche réussi de la famille Velvet).
Les Parquet Courts, ou l'art d'avoir la bière triste ...
Par contre rayon débit, l’addition pourrait être salée. Par charité, on ne retiendra que la voix pénible du chanteur (oui, oui, au moins autant que celle du type de TV On The Radio), parce que n’est pas le muezzin psychotique Lydon qui veut, pour situer le registre … et notez que c’est pas mieux quand il se prend pour Byrne des Talking Heads (« Black & white »). Les compos, c’est aux deux-tiers sans trop d’intérêt. Paraît que sur scène c’est bien, mais enfin, comment dire, je demande pas à voir et à entendre.
En fait sur ce « Sunbathing animal », y’a qu’un truc qui m’intrigue. Les trois premiers titres s’énoncent « Bodies », « Black & white » et « Dear Ramona ». Hasard ? « Bodies », c’est aussi un titre des Pistols, « Black & white », un disque des Stranglers (ou un titre de Michou Jackson), et « Dear Ramona », ça rappelle quand même les Ramones, qui n’étaient pas de Brooklyn, mais pas loin (le Queens), à moins que ce soit pour le « I heard Ramona sing » de Frank Black …

Voilà à quoi on est réduit, avec ce second disque des Parquet Courts (le premier, je l’ai aussi avec sa pochette country – cow-boy - « Happy trails », mais je me rappelle même pas à quoi il ressemble, tellement ça m’avait marqué), on s’invente des Trivial Pursuit version rock … Mais qui joue encore au Trivial Pursuit ? Et qui écoutera encore les Parquet Machin dans trois ans ?

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BLACK LIPS - UNDERNEATH THE RAINBOW (2014)

De toutes les couleurs ...
« Underneath the rainbow » dure trente quatre minutes. Et quand le skeud est terminé, tout être normalement constitué doit se poser une question, un peu saugrenue mais inévitable : les Black Lips sont-ils là, aujourd’hui, en ce printemps ripou de 2014, le meilleur groupe du monde ?
J’en vois déjà qui manquent de s’étouffer, ‘tain le Lester depuis le temps qu’on l’avait pas vu, qu’on se demandait s’il avait péri en mer, avait été pris en otage par des muslims vendeurs de pavot, ou pire, nommé ministre par Manu militari Valls, voilà t-il pas qu’il nous assène des énormités à propos d’un groupe qui a même pas fait la une des Inrocks. D’autant que si on s’en va googleliser « Black Lips », on va trouver des montagnes de pages où plein de gens qui s’affichent musicalement incontestables vont vous raconter que ce « Underneath … » c’est quasi de la daube … Les écoutez pas ces pantins, c’est moi qui ai raison, comme d’habitude, quand bien même ma légendaire modestie dusse-t-elle en souffrir …
Les Black Lips 2014, comme une pochette des Byrds, on dirait ...
Parce que les Black Lips y’a des années que skeud après skeud, ils se sont forgé une crédibilité en plutonium enrichi dans le milieu du punk-garage-sixties-bidule (eux se qualifient de flower-punk, ce qui ne veut rien dire, mais fallait y penser…), le genre de réputation après laquelle courent des milliards de groupes. Objectif avoué de l’opération : ravir les quatre pantins rances serviteurs rigoristes de la chapelle et surtout à ce moment-là ne plus bouger d’un iota. Et arrivés à ce stade, qu’est-ce qu’ils ont fait les Black Lips ? Sont allés chercher Mark Ronson, producteur-DJ branchouille et variéteux (Lily Allen, Robbie Williams, Aguilera, …) et dans un grand éclat de rire sonore, ont consciencieusement « saboté » leur carrière (leur précédent et déjà excellent selon moi « Arabia Mountain »). Là, avec « Underneath the rainbow », ils font le contraire, vont chercher un type « crédible » (Carney des Black Keys) pour produire quelques morceaux, mais en contrepartie se lâchent encore plus tout au long des douze titres.
Qu’il n’y ait pas de malentendus. C’est sérieux, les Black Lips, on n’est pas chez les Ludwig Von 88 ou Sha Na Na. Mais les quatre d’Atlanta ne s’interdisent rien. Même pas de se payer Mick Rock himself pour la photo de pochette (qui au passage a de faux airs de celle de l’antique 33T éponyme du Band avec sa dominante sépia). Même pas de citer des choses très éloignées du garage sixties (« Justice after all » ou « Drive-by Buddy », c’est du classic rock comme Petty ou Springsteen ne savent plus en faire depuis des décennies), de faire des références appuyées aux crétineries punk californiennes des 90’s comme Green Day ou Offspring (« Smiling »), de rendre hommage aux Ramones (enfin, c’est ce qu’il me semble) avec « I don’t wanna go home », de rendre obsolète le disque de « reformation » des Pixies (parenthèse : mais qu’est-ce qui lui prend à ce gros patapouf de Frank Black, arriérés d’impôts ? notes en retard chez le traiteur ? et tout çà en virant Kim Deal, faut pas déconner, gros lard …) avec un morceau comme « Funny », savants entrelacs de mélodies pur sucre et de grosses guitares fuzz …

Et puis, manière de faire un doigt aux garagistes 60’s intégristes, ils jettent en milieu de disque une sorte de truc yé-yé bubblegum très pop (« Make you mine »), un peu plus loin revisitent à leur façon le riff du « Lucifer Sam » du Floyd de Barrett, ça s’appelle « Do the vibrate », et ils le font suivre d’une bouillasse psyché (« Dandelion dust »), peut-être une référence au énième degré aux Stones (« Dandelion » est la face B de « We love you » sortie au milieu de l’an de grâce 1967, quand les Cailloux s’essayaient – de façon assez risible – au psychédélisme).
« Underneath the rainbow » est une rondelle qu’on ne sait à quel degré il faut l’appréhender. Jetée en pâture sur ce qu’il reste du « marché du disque » et démerdez-vous avec. Les Black Lips semblent comme tous les idiots savants n’en faire qu’à leur tête. Sortent un disque a priori joli, consensuel mais qu’on peut aussi percevoir comme une vaste joke j’menfoutiste. Bande de zigotos totalement ingérables qui balancent une rondelle « grand public » sur le label indépendant (mais balèze, on y trouve aussi Bloc Party, les Streets, Justice et … Charlotte Gainsbarre) Vice Records, les Blacks Lips peuvent compter sur leur leader azimuté Cole Alexander (adepte entre autres « facéties » de terminer ses morceaux live futal sur les chevilles, signe d’extrême satisfaction chez lui) pour fracasser consciencieusement et méticuleusement tout plan de « carrière » …

Des mecs bien qui font de bons disques … Le meilleur groupe du monde de la Terre d’aujourd’hui ...

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RAMONES - RAMONES (1976)


Brothers in arms ...
Les Ramones, c’est un peu les Dalton du punk. Sauf que contrairement aux faire-valoir de Lucky Luke, les Ramones ne sont pas frères et pas aussi cons que ce qu’ils ont l’air.
Même si dans le trio fondateur (Dee-Dee, Johnny et Joey), ils sont quand même un peu cinglés à le base, en tout cas pas dans la « norme », que ce soit dans leurs goûts musicaux ou dans leur façon de s’habiller. Rassemblés par ce qu’ils détestent (le style west-coast, les hippies, le prog), plutôt que par ce qu’ils aiment (seuls les Beatles font l’unanimité, leur nom vient d’un pseudo – Paul Ramon – que McCartney utilisait lors de l’épisode Hambourg de la saga des futurs Fab Four), ils vont instaurer un look (cheveux longs, lunettes noires, Perfecto, tee-shirt, jeans troués, Converse) recopié jusqu’à l’écœurement depuis par tous ceux qui se sont cherchés une crédibilité « rock ».
Ces trois-là n’auraient certainement jamais fait parler d’eux s’ils n’avaient pas croisé la route du quatrième larron, Tommy, un ingénieur du son, qui deviendra le batteur, le producteur et un peu la tête pensante du groupe. Pas envie et pas les moyens techniques de rivaliser avec Genesis ? Et bien, les Ramones vont faire dans la simplicité, dans le dénuement. Intro, couplet, refrain, deux minutes (voire moins) chrono, avec en point de mire l’évidence des ritournelles sixties en général, et celles produites par Spector en particulier. Les Ramones n’ont pas lu Tolkien ou Huxley ? Pour les textes (une centaine de mots, des fois moins), ils parleront de leur quotidien, de sniffer de la colle, de glander, de se sentir un peu paumé, de pas savoir comment s’y prendre pour draguer les filles. Contrairement aux punks anglais, les Ramones n’ont pas vraiment de message social ou politique (de ce côté-là il vaut mieux, Johnny et Dee-Dee ont plus tard confirmé par quelques déclarations « malheureuses » qu’ils étaient de gros réacs).
Les Ramones vont se retrouver avec une crédibilité en béton, parce qu’ils sont « vrais », ce ne sont pas des fils de bonne famille (ils viennent du quartier populaire du Queens) qui jouent les prolos, ils ont tâté de la petite délinquance, du gnouf, de l’hôpital psy, ne font pas de la musique pour se payer une villa sur les collines de L.A.
Les Ramones sont new-yorkais, et tous les endroits, tous les rades minables où ils vont être parmi les premiers de tous ceux qui deviendront la « vague punk » à se produire, feront dès lors partie de la légende urbaine et musicale de la ville (le CBGB, le Max’s Kansas City, …).
Ramones Live CBGB 1976
Les Ramones seront bizarrement signés sur une major (Sire) et vont sortir dès 1976 ce premier disque éponyme. Un disque au moins aussi important que le 1er Velvet, pour les vocations qu’il va engendrer de part et d’autre de l’Atlantique. Ignorés par les « musiciens », méprisés par la presse (par ici, ce disque avait été descendu en flammes par Philippe Manœuvre), les Ramones vont devenir au même titre que les New York Dolls ou les Heartbreakers de Johnny Thunders les références incontournables de la vague punk anglaise de 77.
S’il ne fallait retenir qu’un seul disque des Ramones (bien que jusqu’à et y compris « Pleasant dreams » ils soient tous indispensables), ce serait forcément celui-là. Le plus primaire, le plus j’menfoutiste … Celui qui contient le plus de leurs hymnes minimalistes définitifs (« Blitzkrieg bop », « Beat on the brat », « I wanna be your boyfriend », « Now I wana sniff some glue », « Let’s dance », « Today your love, tomorrow the world », … en fait tous les quatorze titres méritent la citation). Des titres rapides, à la limite de leurs capacités, basés sur des accords simplistes, des mélodies de quatre notes, … « Ramones » est une profession de foi, un manifeste. Indépassable, car contrairement à tous ceux qui enregistrent des disques, les Ramones ont placé la barre le plus bas possible. La preuve ? Dans la réédition Cd de 2001, on a droit en bonus à quelques démos et maquettes des titres. Et là, surprise, ces démos et maquettes sont beaucoup plus en place, beaucoup plus « finis » (enfin, tout est relatif, on parle des Ramones) que les titres officiels. Délibérément, sciemment, les Ramones ont choisi de sortir le disque le plus « mauvais » possible. Vous avez dit punk ?

L7 - HUNGRY FOR STINK (1994)


Le bruit de l'odeur ...

L7 … Les Squares, les Ringardes, les Boloss … L’autodérision comme nom de baptême … Mais bon, valait mieux pas aller les chatouiller… Parce que les L7 font pas vraiment dans la dentelle, que ce soit au niveau vestimentaire, des textes, de la musique, ou dans la vie de tous les jours. De rudes soudardes, pas adeptes de la langue de bois ou de l’attitude équivoque.
Les quatre filles ont commencé à sortir des disques chez elles aux USA au début des années 90. Et comme c’était quand même assez euh … pour le moins violent, on a dit que c’était un groupe grunge. Et puis, comme elles ouvraient grand leur gueule, on a dit qu’elles faisaient partie du mouvement riot grrrl (avant que la chose soit récupérée par des folkeuses molles poilauxpatteuses). Ouais, ma foi, si on y tient … même si c’est pas aussi simple.
Par l’attitude, les L7 ont beaucoup plus à voir avec le punk. Et c’est forcément déstabilisant pour les mâles dominants de la musique. Faut dire qu’elles y sont pas allées avec le dos de la cuillère, et notamment Donita Sparks, une des guitariste-chanteuses, tête pensante ou en tout cas celle qui est la première à l’ouvrir. A son crédit ( ? )  quelques spectaculaires pétages de plombs, le plus connu consistant en un jet de son Tampax sur le public du festival de Reading qui lui suggérait avec vocabulaire approprié un strip-tease. Mais les autres ne sont pas en reste, il doit bien traîner sur Google quelques photos où elles exhibent leurs touffes pubiennes teintes en bleu, et elles avaient organisé une tombola à un concert dont le gagnant (ou la gagnante) recevait comme prix une nuit avec la batteuse Dee Plakas. Et c’était pas un bon coup (désolé) de pub, ça a vraiment fini au plumard …
Musicalement (faudrait y venir, quand même, hein …), ça casse pas des briques, pourrait-on dire en référence à un de leurs disques précédents. C’est un gros raffut pas très finaud qui ressemble à du doom préhistorique (le Sab, Blue Cheer, ce genre), du Husker Dü au ralenti, du Dinosaur Jr en encore moins mélodique … le genre de trucs qui donne pas envie de faire la danse des canards mais qui décolle bien le cérumen. Chez les L7, point de Ginger Baker, de Jimi Hendrix ou de Robert Plant, c’est martial, linéaire, les guitares sont accordées (enfin, je me demande) très bas, les solos sont faits sur deux cordes, c’est plus gueulé que chanté (surtout quand c’est Sparks). Le genre de disques qui fait fuir tous les fans de prog et de jazz-rock. Et donc que j’apprécie, autant par pathologie personnelle que par dégoût des deux genres suscités …
Ici, pas de conceptualisation de la musique. Le premier titre donne le ton : un mur de guitares, un peu de mélodie (si, si) juste ce qu’il faut, un solo rachitique de gratte, et une voix d’éviscérée. Ça s’appelle « Andres », et on le sait pas encore, c’est quasiment le plus « joli » du disque, leur vision à elles de la chanson pop sans doute. Parce que le reste, ça envoie. Du metal mid-tempo (parce que plus vite, elles y arrivent pas), des hurlements de louves en rut. Se remarquent dans ce magma radical un titre quasi rappé (« The Bomb ») qui fait penser à Body Count, quelques claviers (très discrets, qu’on se rassure) sur un morceau surf-rockabilly (« Riding with a movie star »), un carnage sonique très Stooges période « Fun house », ça s’appelle « She has eyes ». Les nanas ressortent de l’oubli la talk box (le gadget de Jeff Beck qui a fait la fortune de Peter Frampton) sur le titre du même nom qui s’achève dans un magma de distorsion boueuse.
Et puis, la grosse affaire du disque, c’est devenu a posteriori « Fuel my fire », déjà une reprise-adaptation par les L7 d’un titre d’un obscur groupe punk australien me semble t-il et dont le nom m’échappe, mais qui retrouvera une seconde jeunesse quand il figurera sur le multi-platiné « Fat of the land » de Prodigy. Quitte à en décevoir certains, la version des bigbeateux techno est la meilleure.
Et parce qu’il faut bien conclure, devant pareille rondelle sale, primitive, méchante, et à la repoussante pochette, que faire : décréter que c’est putain de sublimement génial alors que bon, faut quand même raison garder, ça vole pas très haut … ou alors un poubelle direct et retour aux valeurs sûres des temps de crise (Knopfler, Sting, Collins, …). Bon, après tout, faites ce que vous voulez, moi je me remets un Little Richard …

FIDLAR - FIDLAR (2013)


American Idiots ...

FIDLAR, ça veut dire « Fuck it, dogs ! Life’s a risk ! », expression paraît-il venue des milieux du skate-board. Le genre d’acronyme de jeunesse dont les gars auront bien honte dans quelques années. Mais bon, c’est des punks, ils ont donc pas peur du ridicule.
La Corona, bière punk ? Faudra en causer avec Jacques Chirac ...
Ces quatre minots seraient l’avenir et, on ne rit pas, le nec plus ultra d’une soi-disant nouvelle scène punk californienne de L.A. et San Francisco. Pour situer ce disque, leur premier, on dira que comparé à ça, Offspring c’est Wagner et Green Day c’est Mozart. Ce « FIDLAR » n’est pas mauvais, il est très mauvais. Faut dire qu’au départ, deux frangins du groupe ont de qui tenir. Leur papa se nomme Greg Kuehn, il jouait des claviers dans les affreux TSOL (déjà un acronyme, c’est une manie familiale), groupe évidemment punk qui malgré son total manque d’intérêt a cependant réussi à vendre dans les 80’s quelques galettes à des sourds qui passaient par là …
FIDLAR, c’est donc les fils à papa qui se la jouent destroy generation. Ils disent sans rire que leur credo c’est le « do it yourself », et que la preuve, c’est que leur disque a été enregistré dans leur studio personnel (enfin, celui payé et construit par papa).
Ces rebelles en carton ont rempli leur minable disque de titres à la gloire ( ? ) des mauvaises bières, d’hallucinogènes divers, des putes, et de skaters. C’est vaguement bordélique, avec de gros riffs simplets, des chœurs hooliganesques, joué ( ? ) très vite, très fort et très mal. Ces punks d’opérette se lancent dans une imitation risible et pitoyable des Pixies (le consternant « Max can’t surf »), baptisent un titre « Waiting for the man » (genre, hey, vous avez saisi l’allusion au Velvet, parce qu’on a fait un disque qui parle de défonce ? oui, ça va, connard, on avait compris …).
Ces quatre crétins ont placé la barre très haut, ils tentent aujourd’hui d’être rien de moins que les Good Charlotte de la décennie. Si ça marche pas ils pourront toujours revenir faire du skate (activité punk par excellence, isn’t it ?). Ou jouer à la PlayStation, c’est moins dangereux …

THE GUN CLUB - MIAMI (1982)


Racines hantées ...

Le Gun Club, c’est tellement invraisemblable, toute l’histoire, et surtout les débuts du groupe, ça tient de la mythologie du binaire. Au départ c’est une histoire de fans, et même de fan-clubs. Le Gun Club fut fondé par le président du fan-club des Ramones, Kid Congo (Powers),  et par celui du fan-club de Blondie, Jeffrey Lee Pierce. Bizarrement, le Gun Club (nom choisi parce que lors de son arrivée à Los Angeles, Pierce avait été surpris du foisonnement de ces clubs d’entraînement au maniement des armes, vivier intarissable de sympathisants de la sinistre NRA, d’électeurs républicains, et d’apprentis serial-killers dans les centres commerciaux, les églises ou les écoles – fin de la parenthèse), n’a que peu à voir avec Blondie ou les Ramones.
The Gun Club 1982
C’est avant tout un groupe nostalgique, composé d’éboueurs sonores, passant leur vie à fouiller dans les poubelles du blues, de la country, du rock’n’roll, … afin d’y dénicher quelques pépites un peu bizarres, faites par des gens un peu cinglés, tout cela constituant les alluvions qui vont servir à sédimenter le son du Gun Club.
En se focalisant sur l’aspect sordide, noirâtre, de cette musique. Ceux qui suivent sont en train de hurler le nom des Cramps. Oui, mes petits chéris, mais les Cramps s’arrêtaient au côté rockab et ’n’roll et pour Lux et Ivy tout disque paru après 1960 était suspect de modernité trop mise en avant. Et dans leur genre, les Cramps étaient les meilleurs. Le Gun Club lui ratisse plus large au niveau palette sonore, les deux groupes étant à leurs débuts rigoureusement indispensables.
« Miami » est un des meilleurs disques des 30 derniers siècles. Et pour accoucher d’un Cd comme ça, il faut être « différent ». Or Jeffrey Lee Pierce, le leader du Gun Club est « différent ». Il est hanté, possédé, envoûté par sa musique et cela s’entend. Et désormais, même si « Miami » n’est que le second disque du Gun Club, seul maître à bord (Kid Congo a quitté le groupe avant la parution de « Fire of love », l’également incontournable premier disque, pour aller rejoindre les « rivaux » des Cramps). Pierce est un auteur assez étonnant, remplissant ses titres d’un minimalisme épique. Pour faire simple, c’est de l’ultra basique, mais la puissance conférée à ces titres leur donne des allures de super production. Une super production pas en Technicolor scintillant, ici la palette explorée serait dans un nuancier de gris sombre et de noir. Tiens, puisqu’on parle de production, elle est signée Chris Stein, guiatariste et co-leader de Blondie (Debbie Harry apparaît dans les chœurs sur un titre), et c’est le couple Stein-Harry qui a permis au Gun Club d’être distribué par Chrysalis, et qui a mis quelques dollars dans la marmite pour que ce disque puisse voir le jour.
Jeffrey Lee Pierce
Ce disque, plus encore que le précédent du Club, a fait l’effet d’une bombe. Avec un Jeffey Lee Pierce en Adonis peroxydé et déglinguo, encore beau et tout juste un peu enveloppé, multipliant attitudes chamaniques et poses langoureuses sur scène. Récoltant au passage des comparaisons avec Jim Morrison et le Brando d’« Un tramway nommé Désir ». Des comparaisons qui seront longtemps valables, avant que les quantités industrielles de boissons pour hommes et de poudres blanches consommées par Pierce le fassent également s’épaissir physiquement. Et puisqu’on parlait de Désir (elle est pas grosse, la ficelle ?), on rappellera aux plus jeunes que Noir Désir a à peu près tout pompé sur le Gun Club, ce qu’ils ont d’ailleurs toujours reconnu, allant même jusqu’à faire un « Song for JLP » qui se passe de commentaires …
Il est question avec « Miami » d’exploration des racines de la musique populaire américaine : blues, country et leur progéniture illégitime, le rock’n’roll. Et dans sa démarche, ce disque se rapproche du « L.A. Woman » des Doors (vous ai-je déjà dit le parallèle qui avait été fait entre Pierce et Jimbo ? … c’était pour voir si tout le monde suivait). Jeffrey Lee Pierce part des des transes épileptiques au moindre prétexte, atteignant en intensité certaines prestations bien allumées d’Iggy Pop.
La reprise de « Run through the jungle » de Creedence (peut-être le plus grand groupe de rock’n’roll américain) est à la hauteur de l’original et le transcende par sa noirceur tragique et désespérée. Le lancinant « Texas serenade » et le « crampsien » « The fire of love », se détachent à peine d’un disque dense et compact qui est à aborder dans son intégralité, c’est une œuvre homogène, épaisse, lourde, parfois tragique et désespérée, et pas un assortiment de bric et de broc de titres mis les uns à la suite des autres pour arriver à garnir 40 minutes de plastique noir …
Les fans (peu nombreux, de quelque côté de l’Atlantique qu’on se situe) s’entêteront à trouver des œuvres majeures dans les disques qui suivront (pas beaucoup du Gun Club, quelques-uns de Pierce en solo, le compte est pas facile à faire, beaucoup de matériel étant plus ou moins « non officiel »). Les fans (par définition) ne sont pas lucides. La quintessence du Gun Club, le seul incontournable du groupe, c’est « Miami » …

PARABELLUM - IN VIVO VERITAS (1991)


Vous avez dit punk ?

Touchez à rien, vous êtes à la bonne adresse … Parce que plus « dans l’esprit » que ceux-là, y’a pas grand-monde par ici … en tous les cas jusqu’à ce disque, censé être leur dernier. Après, on peut ergoter sans fin sur le fait qu’il se soient réunis au tournant des années 2000, qu’ils tournent encore, que Géant Vert ne soit plus là pour les textes, …
La première décennie du groupe ressemble à un fantasme de purisme alternatif. Les Parabellum ne transigent sur rien, du label bordélique indépendant, en passant par un propos musical sans aucune concession (en gros, punk un jour, punk toujours), un engagement pour des causes qui risquaient pas de faire l’actu des JT, des textes rentre-dedans,... Durant les premières années du groupe, beaucoup de titres sortis sur des compilations plus ou moins underground, quelques 45T permettront de diffuser leurs premiers morceaux mythiques, « Saturnin », « Anarchie en Chiraquie ». Ce « In vivo veritas » n’est que leur troisième Cd, après une décennie de galères diverses.
Un groupe punk qui dure est un groupe qui finit par savoir jouer, et les Parabellum sont au fil des ans devenus une machine de guerre redoutable sur scène, capable de murs de boucan, mais aussi d’éclaircies sonores toutes en tension. Celui qui focalise l’attention, c’est Schultz, massif guitariste-chanteur du genre que s’il dit quelque chose, t’as envie d’être d’accord, mais à côté Sven sculpte des riffs infernaux dans le mur du son que dresse une rythmique aguerrie. Pas d’esbroufe, puissant et velu, musique d’homme quoi …
Avec une influence rockab-rock’n’roll (« Zig zag rock », le « You can catch me » de Chuck Berry) qui vient s’ajouter à la puissance punky brute et sans fioritures de base. Les Parabellum sont aussi à l’aise sur le mid-tempo viril (« La belle », « La blonde et moa ») que sur l’accélération limite hardcore (« Hommes torpilles »), donnent dans la chanson à boire hooliganesque (« Le dernier trocson »), revisitent la vieille chanson engagée (« Cayenne », chant traditionnel de bagnards avec son refrain « Mort aux vaches, mort aux condés »), et font un sort à un classique de Jacques Brel (« Amsterdam ») grâce à une adaptation iconoclaste de leur parolier Géant Vert.
Et on peut regretter que les textes soient le plus souvent incompréhensibles à cause d’un chant guttural et speedé de  Schultz, mais aussi d’un son qui n’a pas grand-chose à voir avec du Dire Straits live, ce qui n’est pas plus mal … Le concert est enregistré dans une petite salle parisienne (l’Espace Ornano), la moitié des titres retenus concernent les rappels, et les deux « classiques» historiques » (« Saturnin » et « Anarchie … ») sont absents. Malgré tout, ce live brut et sauvage tient plutôt bien la route, les Parabellum ne s’économisent pas.
Un témoignage pas forcément crucial, mais que l’on déconseillera toutefois aux auto-proclamés mélomanes … Bienvenue aux autres … Un, deux, un-deux-trois-quatre …