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APHEX TWIN - SELECTED AMBIENT WORKS 1985 - 1992 (1992)


Un génie, on vous dit ...

Aphex qui ? Aphex Twin, voyons … me dites pas que vous connaissez pas, parce que là ça va chier. Parce que moi je connais plein de gens (enfin, au moins un ou deux) qui pourraient vous parler pendant des heures de ce que ce type, Richard D. James, plus connu sous le nom d’Aphex Twin entre autres sobriquets, a apporté à la musique. Enfin, à la musique électronique pour être précis … Hey, partez pas tous !!
Il paraît que James est un génie. Si les dates qui sont annoncées sur cette compile sont exactes, il avait quatorze ans en 1985 quand il a commencé à enregistrer des morceaux tout seul comme un grand. Le Mozart des circuits imprimés, en quelque sorte … D’entrée, au bout de quelques minutes, surgit une question angoissante : « mais quand est-ce qu’il chante ? ». A la fin du disque, au bout d’une heure et quart, arrive la réponse : « jamais ». Bon, peut-être qu’il chante comme une casserole et que contrairement à d’autres qui font des skeuds qui se vendent, il sait se taire. Ou alors il est muet. Après tout, Beethoven était aussi un génie de la musique et il était sourd, et y’a des fois que je me dis qu’il avait bien de la chance, Beethoven … Donc Aphex Twin fait des disques instrumentaux, et son instrument de prédilection, c’est la disquette. Personnellement, j’ai rien contre. J’ai rien pour non plus, notez bien …
Aphex Twin au grand complet : kessta, Lester, t'aimes pas mes disques ?
Même s’il me semble que dans ce cas précis, des types comme Kraftwerk faisaient au siècle dernier des choses beaucoup plus intéressantes sur leurs disques ratés  (« Computer world », ce genre de choses), que D. James sur ses chef-d’œuvres. Parce que là, franchement, y’a des trucs … tenez, « Green calx » par exemple … c’est quoi, là ? il a enregistré une machine à laver en mode essorage pendant qu’il jouait à « Space Invaders », et dans ce cas, faut être juste et pas en rajouter (pas mon genre, hein, vous me connaissez, rigueur et objectivité avant tout), mais c’est complètement crétin … Il y a aussi quelques trucs pas très originaux, « Schottkey 7th Path » (‘tain, c’est quoi ces titres ?), je sais pas ce qu’il y a lieu d’en penser, mais je serais Mike Oldfield, je prendrai rendez-vous avec mon avocat, parce que, ça ressemble quand même à « Tubular bells » … Enfin, bon, ce que j’en dis … Et puis, il ont appelé ce bazar IDM (« intelligent dance music », je précise pour les fans de Canned Heat, s’il en reste). C’est sûr qu’il faut être vachement intelligent pour danser là-dessus, désolé, j’y arrive pas … j’ai pas essayé non plus, je danse que dans ma tête, moi …
Arrivé à ce stade, les plus perspicaces auront remarqué que ce skeud ne bénéficie pas de l’infâmant libellé « poubelle direct ». C’est quand même intéressant de voir l’évolution de ce type, et par extension de l’électro-machin-bidule, des balbutiements de la chose aux débuts des années 90. Même s’il n’y a aucune date qui permette d’affirmer que la compile est livrée dans l’ordre chronologique, on sent une progression, et pas seulement liée à l’augmentation des moyens mis en œuvre (davantage de matos, de logiciels, d’émulateurs, de boîtes à rythme, de samplers, …). D. James apprend à jouer et à composer, on passe des ridicules claviers à un doigt à la Guetta (« Ageispolis), à plein de nappes construites, travaillées, réfléchies, et ce n’est pas un hasard si pour moi le meilleur titre est d’assez loin le dernier, « Actium ».
Sinon, on part de l’ « ambient » (qui n’a d’ailleurs rien à voir avec ce que faisait Brian Eno qui a inventé le terme) au début du disque avec ses titres secs et austères, pour finir par des tempos qui s’accélèrent, et des choses qui rappellent ce qu’on l’on entendait dans les premières free parties, quand des types tout d’orange vêtus se destroyaient les tympans dans la gadoue en gobant des pilules de toutes les couleurs … Et il faut reconnaître que la musique électronique a plus évolué en dix ans que le rock et toutes ses chapelles en cinquante. Il semblerait aussi que là, en matière de musiques électroniques, on ait fait le tour aussi depuis longtemps …
Ça va, j’ai pas été trop méchant ?

PET SHOP BOYS - VERY (1993)


Too much ?

En fait, c’est surtout ça qui me plaît chez ces Boys-là … ce côté absolument ringard et kitsch, cette apparente nullité assumée … cette (fausse, bien entendu) impression que ces deux types n’ont pas bougé d’un iota depuis leurs débuts, qu’ils refont le même disque depuis la nuit des temps… le genre de choses qu’on ne pourrait pas reprocher (éclats de rire) … aux Cramps ou à Canned Heat …

Les deux types, absolument indéfendables selon l’Evangile de Saint Johnny Thunders, savent cependant trouver des mélodies simples, simplettes et simplistes, qui devraient retenir l’attention de tout fan des Beatles et de Paul McCartney normalement constitué, enjolivées de textes au énième degré qui sont loin d’être aussi niais que ce que l’on pourrait croire de prime abord.

Pet Shop Boys live : les cubistes du disco ?
Les Pet Shop Boys ont trouvé une formule et s’y tiennent. Leurs disques, de loin, sonnent rigoureusement tous de la même façon, électro-pop synthétique et dansante copyright début des années 80. Même si avec leurs dizaines de millions de disques vendus, ils pourraient se payer les meilleurs sessionmen et les orchestres symphoniques, Tennant et Lowe continuent de donner dans le tout synthétique cheap. Cheap seulement en apparence, les dernières bécanes numériques qu’ils s’efforcent de faire sonner comme de vieux synthés analogiques sont là et bien là, les couches sonores sont innombrables, et les emprunts ou clins d’œil aux dernières « tendances » électroniques sont présentes (« Theatre », « Yesterday when I was mad »).

Leur truc de base, aux Pet Shop Boys, c’est donc la danse-disco des années 80 qui les a vu naître artistiquement, et enchaîner, mais pas à des fréquences de bagnards, des disques invariablement parsemés de singles qui se vendent par camions. Ces deux zigotos ont, mine de rien, toujours plusieurs mélodies imparables en réserve, et en inondent leurs galettes. Qu’est-ce que vous pouvez trouver à redire à des choses comme « Can you forgive her ? », « Liberation » ou « Yesterday, when I was mad » ? Rien, y’a rien à dire. Ce sont des choses qui se retiennent à la première écoute, même si les arrangements et les mélodies à tiroir de « Yesterday … » ont du laisser songeurs tous ceux qui s’escriment à l’écriture, leur montrant la différence entre une  chansonnette sympa et un morceau bien écrit…

Et puis, parce que les Pet Shop Boys savent flirter avec toutes les limites, même celles du ridicule, mais sans y sombrer toutefois, ils font un sort au « Go West », hymne disco-pedzouille des funestes Village People, rendant ce titre écoutable et encore plus dansant que l’original. Et comme rien n’est neutre chez les Pet Shop Boys, c’est évidemment un moyen pour eux de mettre, comme souvent dans leurs disques, la cause homosexuelle en avant, comme ils l’avaient fait quelques années auparavant, lorsqu’ils avaient fait chanter une Dusty Springfield en plein coming-out sur leur « What have I done to deserve this ? ».

De plus, contrairement à leurs collègues only synthés (tous ceux qui ont eu à endurer live les sinistres Portishead, Massive Attack et consorts comprendront), les Pet Shop Boys donnent des concerts absolument déments par le kitsch déployé, à faire passer Elvis à Las Vegas (tiens, et « Always on my mind », c’est pas géant comme reprise ?) pour un concile de franciscains, et inscrivant le duo anglais dans la droite lignée de gens comme les Sparks ou Queen…


TANGERINE DREAM - ATEM (1973)


 Ahem ...

Tangerine Dream est un groupe respectable et généralement respecté. Reconnu pour ses talents d’innovation expérimentale, et un des incontournables de cette vague de groupes allemands du début des années 70 qui a tant influencé la musique électronique des décennies suivantes.
Tangerine Dream a fait de beaux disques réussis. D’autres beaucoup moins. « Atem » fait pour moi partie de la seconde catégorie.
Pas vraiment rebutant (Tangerine Dream sait créer des « ambiances ») mais bâillements tout de même assurés. Pour un peu plus de « matière », allez plutôt voir du côté de « Rubycon » ou « Phaedra » …
Qui a dit Led Zeppelin ?
Il a bien raison …


NINE INCH NAILS - PRETTY HATE MACHINE (1989)


 Sound Machine

Nine Inch Nails, c’est Trent Reznor. Point Barre. C’est d’ailleurs écrit dans le livret de « Pretty Hate Machine », premier disque paru à la toute fin des 80’s. Un disque qui ne sera pas un gros succès, sorti sur un label indépendant… il faut dire que la musique proposée et les thèmes abordés avaient de quoi faire fuir les directeurs artistiques des majors.
Nine Inch Nails au grand complet
Reznor n’est pas un joyeux (drogues et dépressions semblent être ses seuls amis durables), son univers musical non plus. Tout est fait pour choquer, agresser, dérouter. Le matériau de base, c’est une techno industrielle (beaucoup de choses ressemblent aux Belges radicaux de Front 242) lacérée de gros riffs de guitare. Assez proche également de ce que produisent les héroïnomanes déjantés de Ministry, le côté rock’n’roll circus en moins. Nine Inch Nails est beaucoup plus sombre, plus glauque, sans la moindre trace d’humour ou de second degré qui caractérisent le « groupe » de Jourgensen …
Mais Reznor est très fort en studio. Il va mettre en place un design sonore qui va durablement marquer la décennie des 90’s et faire la fortune de son plus célèbre « disciple » Marylin Manson, dont il produira les premiers disques avant une série de brouilles, embrouilles, carambouilles et réconciliations …
Dans « Pretty Hate Machine », de l’électricité sale gicle de partout, lézardée d’interférences électriques, de sons distordus et parasités. Une masse sonore inquiétante, brouillonne en apparence, déstabilisante … La voix de Reznor, toute en plaintes, gémissements et hurlements contribue également pour beaucoup à la noirceur des titres. En fait, ce qui est le plus gênant dans ce premier disque, et d’ailleurs comme dans la plupart de ceux qui suivront, c’est l’absence ou du moins la rareté de titres construits. De chansons pour dire les choses simplement. On suppose que c’est un parti pris volontaire car « Head like a hole » (de la mélodie, des machines, des guitares, que demande le peuple ?) ici, « Closer » ou « We’re in this together » plus tard, montrent que Reznor est capable d’écrire de grands morceaux de structure classique.
Il y a d’autres bonnes choses dans ce disque, « Something I can never have » avec son piano triste et sa touche lyrique, « Sin », débuté comme du Depeche Mode avant de s’abîmer dans du metal chauffé à blanc, le noir « Sanctified » avec son passage bien trouvé de chant grégorien … Il y aussi pas mal de titres qui marquent moins les esprits, englués dans des effets sonores quelque peu foire à la ferraille et bugs électriques divers … Ce disque doit cependant être considéré comme un tout, et plutôt qu’une succession de « chansons »,  comme une porte d’entrée intéressante mais pas exceptionnelle pour l’univers très particulier de Nine Inch Nails …

Des mêmes sur ce blog : 
The Fragile

NIGHTMARES ON WAX - SMOKERS DELIGHT (1995)


 Enfumage ?

Bon, va falloir faire gaffe à ce que j’écris. Ce Cd est paru sous étiquette WARP, et un blog voisin étant le repaire du fan-club du label… Alors, ce « Smokers delight », d’abord il est long (une heure et quart), je veux dire …vraiment long … Trop long, même, avec des titres où il ne se passe rien étirés au-delà du bon goût et du raisonnable. Faire tourner en boucle une structure rythmique, faut savoir s’arrêter, ou la faire évoluer … quoique faire tourner  quand le disque s’appelle « Smokers delight », ça peut sembler logique, enfin bon …
Allez George, quoi, fais tourner le oinj ...
Nightmares On Wax est le pseudo d’un DJ – joueur de disquettes du nom de George Evelyn ou DJ Ease selon les jours (c’est quoi, cette manie d’utiliser des pseudos dans la techno, ils peuvent pas s’appeler Lester Gangbangs comme tout le monde ?). Le susnommé George a apparemment tiré sur le joint plus que de raison et l’essentiel du disque repose sur de grosses basses dub. Soit. Ça tombe pas trop mal, j’aime bien le dub. Sauf que s’il est venu à l’idée de quelque rude boy de Trenchtown d’écouter cette chose, ça a du le faire rire sous ses dreadlocks. En clair, George Machin n’est pas Lee Perry et on s’en rend très vite compte. Ça mouline mécaniquement de la rythmique, mais les breaks, les aérations, les arrangements, il connaît pas vraiment …
Y’a pas que du dub, quand même. En gros, en faisant fonctionner mes puissantes capacités d’analyse au maximum, je dirais qu’on arrive à discerner plusieurs « orientations » dans ce Cd, comme s’il était construit comme les doubles 33T de l’époque (que ceux qui écoutent Nightmares On Machin n’ont pas connue). Un thème par face, en gros. Du dub au début donc (« Dreddoverboard », « Pipes honour », rien que les titres …). Ensuite quelques titres tirant sur le jazz-rock d’Herbie Hancock (« Groove Str. ») ou la techno préhistorique des 80’s (« Stars », un bon morceau).
Plus accessibles au commun des mortels l’enchaînement « (Man) The Journey » très latino,  « Bless my soul » (pour moi le meilleur titre du disque, rythmique pour une fois syncopée et chaloupée copyright Madchester, ambiance presque « rock ») laissent augurer d’un bon final, que vient de suite gâcher le funky mais trop surchargé « Cruise (Don’t stop) ». Ensuite curieusement jetés à la fin, un ramassis hétéroclite des morceaux les plus courts, un autre machin inutile dub, « Rise », une pochade rétro marrante (« Mission Venice ») qui ressemble à la musique de « The Party » de Blake Edwards ou à la B.O. d’un vieil OSS 117, et des percus africaines « Gambia via … », le genre de truc qu’on a déjà entendu des milliards de fois ailleurs …
Verdict impartial et indiscutable : élève Nightmares On Wax, vous avez quelques bonnes idées, mais vous manquez de concision. Et puis, fumer des pétards, ça fait pas sérieux, faut pas s’en vanter


VITALIC - OK COWBOY (2005)


Comme une compile techno ...


En France, on a jamais été très doués pour le rock. Pour tout un tas de raisons (musicalité de la langue, stratégies des grosses maisons de disques, « marché » franco-français, peu de public et d’endroits où jouer, …). Par contre, en matière de musiques électroniques, ça va mieux. De la grosse soupe (Guetta) à des gens reconnus mondialement (Daft Punk, Air, Garnier, …). Et tout un tas de types qui bidouillent leurs logiciels avec des résultats et une notoriété fluctuants …

Moby ? Phil Collins jeune ? Bah non, Vitalic ...
Vitalic (Pascal Arbez-Nicolas pour l’état-civil) est un de ceux-là. Un petit buzz avec ce « OK Cowboy », son premier disque en avait fait en son temps un « espoir » de la scène électronique française. Un Cd qui sans être génial (question essentielle : la techno, est-ce que ça peut être génial ?) avait fait un petit succès. On n’y trouve rien de révolutionnaire ou de visionnaire. Plutôt quasiment un tribute à des choses ou des gens qu’il a beaucoup écoutés. De la polka détournée du premier titre (mais John Lord dans les concerts de Deep Purple faisait déjà ça en 1970 …), au « La Rock 01 » très big beat – Chemical Brothers, en passant par le son Farfisa – garage 60’s (« Wooo »), les gros riffs de guitare metal à la Prodigy (« My friend Dario »), les rythmiques très Daft Punk (« Poney Pt 1 »), …

Et on pourrait continuer longtemps …

Tout ça n’est pas très original mais tous ces pastiches-imitations-hommages sont dans l’ « esprit », bien faits, et fonctionnent ce qui sauve globalement ce Cd.

Vitalic poursuit une carrière relativement méconnue du « grand public » mais bien fournie, tant au niveau de ses propres productions que de nombreux remixes, genre dans lequel il est assez recherché…


MIKE OLDFIELD - TUBULAR BELLS (1973)


Un génie, pas d'associé, et des cloches (tubulaires)

Les gens qui très jeunes (Oldfield n’a pas vingt ans quand paraît « Tubular Bells ») enregistrent seuls des disques sont peu nombreux, ceux dans le lot qui ont du succès (critique et commercial) se comptent sur les doigts d’une main (Stevie Wonder, McCartney, Prince, Todd Rundgren). Mais seul Oldfield a réussi le carton planétaire d’entrée.

Mike Oldfield : The Man Machine ?
Faire paraître un disque composé de deux longues suites instrumentales en 1973 pouvait sembler dans l’air (progressif) du temps. Mais que plus de trente cinq ans plus tard, ces deux titres soient encore écoutables avec plaisir montre la qualité de la chose. A des lieues des sottises progressives des Yes, Genesis, ELP et consorts, « Tubular Bells » avec ses climats changeants, tantôt apaisés et bucoliques puis violemment électriques et bruyants quelques mesures plus tard va engendrer toute une cohorte de suiveurs, plus souvent pour le pire (JM Jarre) que pour le meilleur.

Et pour que le conte de fées soit complet, c’est un copain d’Oldfield, qui va créer sa propre compagnie de disques pour distribuer une œuvre dont les autres labels ne voulaient pas. Les disques Virgin étaient nés et Richard Branson en route pour sa « carrière » de milliardaire hippy.

Oldfield, lui, ne se remettra jamais du succès de « Tubular Bells », dont un passage sera utilisé par Friedkin dans « L’Exorciste », et sa carrière déclinera entre tentatives de donner une suite du même niveau à son chef-d’œuvre, et tentations de hit-parades avec des morceaux pop quelquefois réussis, mais qui ne s’approcheront jamais de la beauté inégalée de « Tubular Bells ».


THE SABRES OF PARADISE - HAUNTED DANCEHALL (1994)


Techno fantomatique

Envie de vous faire enfumer par Andrew Weatherall ?
Sabres of Paradise, c’est Andrew Weatherall (« célèbre » DJ, producteur et remixeur) et deux comparses. Second disque du « groupe », « Haunted Dancehall » est sorti en 1994 sur le label WARP.

Musique noire comme la pochette, et titre du Cd évocateur : atmosphère sombre, menaçante, lourde. Boîte à rythmes métalliques, obsédantes, répétitives. L’ambiance générale est celle d’un trip-hop glaçant et glacial (les boute-en-train Portishead sont d’ailleurs crédités sur un titre).

Assez ressemblant à ce que font  dans des genres guère éloignés les Liars ou John Carpenter pour ses musiques de films (« The Thing », « Halloween », …).

Austère mais très intéressant pour qui n’est pas réfractaire au son des disquettes de Mac le soir au fond des bois ...

BIG AUDIO DYNAMITE - TIGHTEN UP, VOL. 88 (1988)


 Pas très détonants 

La suite, mais pas encore la fin, des aventures de Mick Jones et de son « collectif » B.A.D.. Après la réconciliation avec Joe Strummer qui avait donné le bon « N° 10, Upping Street », l’ex-Clash se retrouve pour ce Cd à nouveau orphelin de son ancien complice et cela s’entend.

Réunion d'anciens combattants : Big Audio Dynamite en 2011 ...Putain, ils ont morflé ...
Le « gros son » du Cd est vite lassant, et assez paradoxalement, ce sont les morceaux qui remémorent le plus les Clash (« Other 99 », « Mr. Walker said »), qui sont les moins bons. En effet, la voix et la construction des morceaux rappellent le prestigieux groupe, mais les arrangements électroniques souvent lourdingues ne passent pas. Au rayon des échecs, signalons aussi un « Applecart », qui sonne comme du Pet Shop Boys endormi, un « 2000 shoes », funky balloche à 2 euros, un pitoyable « Battle of all the saints », …

Seuls des morceaux comme « Esquerita », hommage au pionnier noir du rock’n’roll inspirateur le Little Richard réussissent la difficile synthèse entre rock’n’roll et électronique qui semblait être le but recherché du disque.

Après les deux premiers disques prometteurs, celui-ci raté et une longue maladie de Mick Jones, le chapitre B.A.D. allait être clos. Une nouvelle mouture du groupe toujours avec Jones mais d’autres musiciens allait tenter de relancer sans guère plus de succès la machine.

Un seul être vous manque …


U2 - ACHTUNG BABY (1991)



Le disque de toutes les ambitions

Quand sort « Achtung baby » en 1991, les U2 peuvent tout se permettre. C’est le plus grand groupe du monde (entendez celui qui vend le plus de disques, qui joue dans les plus grands stades, qui gagne le plus d’argent). Cela grâce à son chef-d’œuvre « The Joshua tree » et à l’album mi-live mi-studio fourre-tout qui a suivi.

Et alors que la simple logique marchande leur commanderait de suivre dans la même voie, les quatre Irlandais vont prendre un contre-pied artistique des plus inattendus. Les rois du rock « héroïque » comme on disait à l’époque, dont on croyait l’horizon limité aux gradins des arènes américaines, montrent qu’ils fréquentent les petits clubs et entendent ce qui s’y joue, à savoir de la musique électronique (house, techno, …). Mais les U2, surtout Bono, commencent à se sentir investis d’une « mission » face à l’actualité du Monde, voire son Histoire.

Lunettes noires et mégalo: U2 1991
Le lieu de l’enregistrement d’ « Achtung baby », le studio Hansa de Berlin, n’est pas neutre. C’est celui où Bowie (remercié dans les crédits) et Iggy Pop ont enregistré quelques-uns de leurs disques essentiels (« Low », « Heroes », « Lodger », « Lust for life », « The Idiot »). Et surtout, le studio Hansa est dans cette Allemagne où le cours de l’Histoire vient de s’accélérer avec le chute du Mur. Le casting d’ « Achtung baby » est encore plus long que le générique de la dernière production Pixar. Sont réquisitionnés aux manettes les habituels Eno et Lanois, mais aussi Steve Lillywhite, producteur-roi des années 80 et de leur « War », ainsi que Flood, très branché machines et technologie, et responsable du virage radical de Depeche Mode (« Violator »).

Et des machines et des boucles techno, il va y en avoir dans « Achtung baby ». Quelquefois trop d’ailleurs, comme sur les titres « Zoo station », « Until the end … », « Tryin’ to throw … » ou « Acrobat », qui tendent trop facilement à la démonstration technique, et sur lesquels le « son » prend le pas sur la chanson … Mais des chansons, les U2 savent encore en écrire, et quelques unes d’excellentes (« One », « So cruel », « Mysterious ways », « Love is blindness » sont parmi les toutes meilleures de leur répertoire). Outre le traitement du son, ce qui marque dans ce disque, c’est cette « patte » U2 que l’on discerne toujours, même si les structures rythmiques sont beaucoup plus complexes que par le passé (grosse performance de Mullen et Clayton), si les guitares de The Edge sont plus discrètes et incisives à la fois … Quant à Bono, il n’a jamais aussi bien chanté…

La suite, après la parution de ce disque, sera beaucoup plus discutable, avec la mégalomaniaque tournée « Zoo TV Tour », un Bono qui se prendra pour un chef d’Etat et s’occupera risiblement des « affaires du Monde », et des disques suivants (« Zooropa » et « Pop ») qui reprendront la formule d’ « Achtung baby », les bonnes chansons en moins …

Aujourd’hui quelque peu daté au niveau sonore (il a moins bien vieilli que l’atemporel « Joshua tree »), « Achtung baby » n’en demeure pas moins un disque totalement incontournable de U2.

Des mêmes :





TANGERINE DREAM - RICOCHET (1975)



Pas seulement des ronds dans l'eau

En principe et par principe (il faut des principes dans la vie), je n’apprécie pas les longs morceaux ou les instrumentaux planants. Alors là, du coup, avec deux instrus planants de 20 minutes chacun, c’était plutôt mal parti pour le « Ricochet » de Tangerine Dream.
Et pourtant, il faudra bien un jour réhabiliter le rock allemand des années 70. Ce ne sont pas les étiquettes qui lui manquent (progressif, planant, krautrock), mais plutôt la reconnaissance par un public un peu plus large.
Car il y a plus d’inventivité, de recherches (et de trouvailles) rythmiques et sonores dans « Ricochet » que dans les discographies entières de Yes, Genesis, ELP et autres navrants anglais progressifs.
Avec leurs cousins forcément germains Can, Neu, Amon Düül, voire Kraftwerk, Tangerine Dream a ouvert une brèche dans la musique où continuent de s’engouffrer encore aujourd’hui nombre de groupes généralement électroniques.
« Ricochet » est un bon exemple de réussite de ces précurseurs novateurs.

Des mêmes sur ce blog :
Atem