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KING GIZZARD & THE LIZARD WIZARD - PAPER MACHE DREAM BALLOON (2015)

Etonnant ...
Cette bande pléthorique d’Australiens azimutés s’était signalée à l’attention de ses semblables l’année dernière avec le déglingué « I’m in your mind fuzz », tout un programme en soi et ode à la saturation répétitive (mais pas que). Arrivés à un tel point de non-retour sonore, on voyait pas très bien où le leader Stu McKenzie pourrait amener sa troupe (en HP ? au cimetière ?).
King Gizzard & The Lizard Wizard 2015
Bon, apparemment, ils doivent moins se défoncer que ce que ce disque laissait supposer, parce qu’ils sont encore là, et en état de marche … les plus ronchons diront qu’ils ont mis de l’eau dans leur shilom et ils auront raison. Ceci étant, on a également vite fait le tour des gimmicks à gratte saturée version psyché. Non, là, les King Machin ont fait un truc pour le moins inattendu. Un disque entier plein de chanson(nette)s de folk peinturluré (tendance late 60’s, parce que chez ces gens-là, Monsieur, on ne change pas de période de référence comme on change d’avis sur une vague question de déchéance de nationalité, y’a des principes dans la vie, et les Magiciens Bidule en ont).
Curieusement (enfin, pas tant que ça, y’a du talent chez ces types ou du moins chez leur leader), le résultat ne sonne pas aussi pénible que Devendra Chose ou le Tyrannosaurus Rex du Bolan des débuts. Pas non plus aussi casse-burnes que du Jethro Tull … Eh, pourquoi il cite Jethro Tull, ce con, se demandent mes légions de lecteurs assidus. Ben figurez-vous mes agneaux que le Stuart McKenzie dont au sujet duquel j’ai causé plus haut a appris à jouer de la putain de flûte et même s’il en fout partout, l’utilise d’une façon moins gavante que le héron éleveur de saumons Ian Anderson … pourquoi le héron se demandent etc etc …oh putain, faites chier, z’avez qu’à mater un Dvd des Jette-Rotules et vous comprendrez. Et n’allez pas croire que j’ai quelque chose contre Jethro Tull, non, pas du tout, c’est juste nul, mais je m’en tape, faut bien que les tocards aussi vivent, hein …
Quatre guitares, deux batteries, qui dit mieux ?
Bon, revenons à nos kangourous. Qui avec ce « Paper … » ont sorti un disque totalement bordélique. Et aussi totalement bien propre sur lui. Me demandez pas comment ils ont fait, le tout est qu’ils y sont arrivés. Tu t’attends à les voir se ramasser, et puis, tous leurs trucs brinquebalants, entre j’menfoutisme potache et traits de génie, tiennent étonnamment bien la route. Vous savez à qui ils me font penser ? Vous vous en foutez mais je vous le dis quand même. Ben à son Altesse Sérénissime, le nabot de Minneapolis, Prince himself dans les années 80 (ses meilleures), où il gambadait en toute nonchalance et décontraction de styles en styles au gré d’une poignée d’albums totalement différents et réussis (et pas seulement « Around the world … » son disque psyché à lui).
Et comme Prince, y’en a un (McKenzie ?) qui chante (sont plusieurs à se relayer au micro chez les King Machin) avec une voix de fausset, à laquelle il faut se faire, je veux bien vous l’accorder. Mais je m’égare. Non, en fait, je sais pas trop quoi raconter sur ce skeud.
Il est excellent, c’est tout. Avec des trucs très forts comme « Bone » (pop sous substances), « Paper Mache … » le titre (on dirait un inédit des Zombies), la gigue sautillante de « Cold cadaver » ( ? ) avec ses faux airs de rengaine à la Robert Palmer (« Everyday kinda people » ce genre), une sorte de rhythm’n’blues avec un jeu de piano très Jerry Lee lewis (« NGRI Bloodstain »), une ballade éternelle (« Most of what I like ») qui met les deux (oui, deux et pas dans le même genre que chez les foutus frangins Allman) batteurs en évidence. Jusqu’à un boogie (« The bitter boogie »), avec son riff dérivé de celui de « La Grange » donc quelque part de John Lee Hooker et sa séquence d’harmonica qui font penser à un bon titre de Canned Heat (si, ils en ont faits, faut pas s’arrêter à leurs statusquonneries de vingt minutes).

Evidemment, « Paper … » est pas en tête de gondole dans le Leclerc du coin. C’est pas non plus le disque du siècle. Mais c’est beaucoup mieux que … beaucoup de choses en fait …

Des mêmes sur ce blog :

FUZZ - II (2015)

Black & Blue ...
Black comme Sabbath, Blue comme Cheer. En gros le credo de Fuzz. Déjà, rien que l’intitulé du groupe montre que l’on n’a pas affaire à des fans d’Adele, ce qui par les temps qui courent (à leur perte ?) est déjà une bonne chose. Parce que la pleurnicharde à gros mollets, elle me gave aussi sûrement qu’un best of de Patrick Sébastien. Ou qu’un quintuple live de Santana …
Fuzz donc. Le projet du surbooké Ty Segall. A qui les « spécialistes » (entendez par là les mecs payés pour donner leur avis sur le wockenwoll, avis que personne lit sinon Adele vendrait pas autant de skeuds, on y revient toujours …) font endosser les costumes des Strokes, Libertines et White Stripes de la décennie précédente. En gros les sauveurs du wokenwoll (on y revient aussi). Sauf que maintenant le dénommé Segall se retrouve bien seul, y’a pas une concurrence exacerbée dans le rôle. Et peut-être que le costard va finir par être trop large pour ses épaules… Il a beau se multiplier, entre disques sous son nom, participations tous azimuts aux rondelles de ses potes de San Francisco, et projets « annexes » comme Fuzz, il doit se contenter pour le moment de ce qu’on appellera pour être gentil un succès d’estime (même si son « Manipulator » de l’an dernier, tout en madeleines zeppeliniennes, était excellent).

Fuzz donc (encore). Trois zozos chevelus, Segall à la batterie et parfois au chant, et ses poteaux Moothart (gratte et voix) et Ubovitch (basse et chœurs), les trois à temps perdu tapotant à l’occasion sur de vieux synthés (ça s’entend pas trop, voire pas du tout, au milieu du boucan). Y’a même une nana créditée aux cordes (soit je suis sourd, soit distrait, soit les deux, mais je m’en étais pas aperçu).
J’ai mentionné pour attirer ( ? ) le chaland les patronymes bruyants du Sabbath et de Blue Cheer parce que Fuzz fait pas vraiment dans la dentelle. C’est un concept un peu bête comme chou qu’ils poussent loin (très loin même, ces trois olibrius raisonnent en terme de vinyle, et ce « II » en est un de double, quasi soixante dix minutes de boucan). Alors certes, on pourrait dire (et je vais pas m’en priver) qu’ils sont pas allés chercher la difficulté, taquiner les légendes. On est loin de la technique ébouriffante de Cream, des envolées cosmiques de l’Experience, ou du raffut terminal de Motörhead. Plutôt du côté des bourrins que des subtils. Mais bon, c’est quasiment en filigrane dans le nom du groupe, y’a pas non plus tromperie sur la marchandise. Par contre, là où me semble t-il ils en rajoutent un peu trop, c’est que les trois se montrent souvent grimés et maquillés comme des glameux imbéciles (celui qui a dit Slade a tout bon). Lendemain de cuite mal négocié, simple tocade, ou alors concept totalement crétin ? J’en sais rien et je m’en fous …
« II », c’est gavant sur la durée, hormis pour les fans de rodomontades boogie interminables (Canned Heat à la préhistoire, Status Quo au Moyen-âge, les bien nommés Endless Boogie ces temps-ci). C’est pas pour autant bâclé. Maintenant tout le monde avec trois bouts de ficelle et quatre dollars peut sonner aussi fort que Metallica. Et Fuzz a doté sa rondelle d’un son kolossal emmenée par une basse monstrueuse en avant.

Il y a dans ce disque des trucs lourds pour pas dire lourdingues, une pièce de bravoure (« II » le titre) longue comme un jour de canicule sans bière, des redites et des autocitations complaisantes. Mais aussi une abnégation qui force le respect, des types qui ont peut être pas eu la meilleure idée du monde, mais qui en exploitent toutes les possibilités. Et qui se distinguent assez facilement du lot de tout le marigot du heavy psyché revival. Je suis preneur de choses comme l’introductif et tarabiscoté « Time collapse … », de l’hendrixien (un peu bourrin, mais hendrixien quand même) « Rat race », du punky « Red flag », et des deux titres à mon sens les plus « écrits » du disque (tant le reste sonne un peu roue libre déjantée tous potards sur onze), à savoir « Say Hello » et « New flesh ».

De quoi patienter en attendant le prochain … en attendant le prochain quoi au fait ?


HOLLYWOOD VAMPIRES - HOLLYWOOD VAMPIRES (2015)

Le coin des grabataires ?
Si l’on en croit la légende ( ? ), ils se sont retrouvés au bar d’un endroit branchouille chicos de L.A. où ni vous ni moi n’avons aucune chance d’être un jour acceptés à l’entrée. Tous les trois avec une saleté macrobio, colorée, édulcorée, et sans alcool dans le verre. Et ils se sont remémorés les good old times, quand ils étaient moins vieux et qu’ils picolaient plus sévère qu’un Biélorusse déprimé. Et comme ils s’emmerdaient ferme malgré les montagnes de billets verts amassés depuis des décennies, ils se sont dit tiens, pourquoi est-ce qu’on ferait pas un disque ensemble, juste pour le fun. Et comme aucun n’avait été foutu d’écrire un titre audible depuis au moins le siècle dernier, pourquoi est-ce que ce serait-il pas génial de reprendre des titres qui nous éclataient quand on était jeunes, il y a de cela très longtemps. Et puis, comme on est pas vraiment dans le besoin, on filera la thune du disque à une asso qui s’occupe de soigner des musiciens alcoolos dans la dèche (solidarité de piliers de bars repentis oblige), et comme ça on reparlera vachement de nous et ce sera l’occasion de gagner par la suite encore plus de pognon (bon, ça ils l’ont peut-être pas dit, mais ça se voit gros comme un tatouage sur le cul d’une stripteaseuse que c’est aussi le but de la manœuvre, relancer une carrière qui part un peu en sucette, et c’est pas les hexagonaux Enfoirés qui diront le contraire …).
Perry, Depp, et Cooper. Fatigués, les vieux ?
Bon et alors, t’accouches Ducon, c’est qui ces trois types ? Vincent Furnier, plus connu sous le nom d’Alice Cooper, Joe Perry d’Aerosmith, et Johnny Depp, du Pirate des Caraïbes Lonely Hearts Club Band. Un type pour produire ? Facile, ce sera Bob Ezrin, vieux compagnon de route du Coop. Et manière de pousser la vanne jusqu’au bout, on fera venir quelques potes. Ah ça, des potes, vu qu’ils ont sur leur portable une liste de contacts autrement plus glamour que les nôtres, il en est venu de partout. Résultat des courses, le sticker qui les liste couvre la moitié de la pochette du disque. Des convenus qui cachetonnent en studio derrière l’Alice, jusqu’à Sir Paul Macca et Sir Christopher Lee (et que ceux qui ont pas compris pourquoi Cristopher Lee sur « Hollywood Vampires » se fassent connaître, y’a une morsure dans le cou à gagner …). D’ailleurs le Lee, c’est un des derniers trucs qu’il a fait, cette intro de disque avec sa grosse voix sépulcrale, avant d’aller s’allonger cette fois pour de bon dans son cercueil.
Les mêmes, plus Laboriel et McCartney
Des reprises de vieux machins, plutôt connus, pour pas dire célébrissimes. Traités façon hard, c'est-à-dire quand même un peu beaucoup bourrin la plupart du temps. C’est bien là le problème, d’ailleurs. Ces titres, on les a pour la plupart tellement entendus dans leur version d’origine, que là ça fait souvent tout bizarre, de les retrouver dans des versions avec un son kolossal qui fissure l’émail des molaires, avec des chœurs façon hooligan, et des solos de guitare qui à force te font regretter de pas être fan de Mouloudji. En gros, y’a des fois ou trop c’est trop. Par exemple « Instant Karma » de Lennon ou « My generation » des Who, ça m’enchante pas, leur version. Ça marche bien mieux à mon sens sur le « Itchycoo Park » des Small Faces, voire « Come and get it » de Badfinger (sur lequel on retrouve un McCartney qui se multiplie au piano, à la basse, aux vocaux, bon faut dire que c’est lui qui l’a écrit le titre il y a plus de quarante ans).
Autre truc qui me chagrine les oreilles, la voix de Cooper, omniprésent au micro. Oh, certes, il est reconnaissable entre mille, avec ses intonations de maniaque vicieux et pervers, et il s’en sert bien pour ses morceaux, mais ceux des autres, hum … Il est à mon sens totalement à côté de la plaque sur « Whole lotta love », où il manque toute la sexualité développée sur l’originale par Plant (il ont d’ailleurs zappé les râles de la partie centrale) et c’est pas les chœurs du pauvre Brian Johnson qui vont relever le niveau … De même, on s’attaque à un medley Doors, et on passe à côté de l’ambiance chaman en rut de Morrison, malgré le renfort d’un orgue manzarekien plus vrai que nature et de Robbie Krieger à la gratte.
Bob Ezrin au centre (de l'affaire)
Puis, y’a carrément des choses qu’il faudrait pas oser. Reprendre du Hendrix quand on est guitareux et qu’on veut coller à l’original (une version problématique de « Manic depression ») ou à T.Rex quand on swingue comme un régiment d’enclumes (le mauvais choix du lascif « Jeepster » sans le chaloupement érotique de Bolan, ça le fait vraiment pas).
Et comme quand on aime on ne compte pas, on a droit à une paire de titres quelconques écrits pour l’occasion par le Coop et le Depp dont l’hommage final aux hordes de rockers tombés au champ d’honneur verre de vodka orange à la main (« My dead drunk friends »). Ah, et j’allais oublier, ce qui est par beaucoup perçu comme le coup de génie du disque, le medley « School’s out / Another brick on the wall » montre juste qu’un bon morceau d’Alice Cooper n’en vaut pas un bon du Floyd. Si encore ils avaient eu l’idée d’y rajouter « L’école est finie » de Sheila, ça aurait été mieux, et surtout plus drôle. Parce qu’au final, c’est un peu ça qui manque, le fun. Tout le disque empeste la bonne copie appliquée, tout le monde bien concentré sur son sujet avec une mine de carême …
« Hollywood Vampires » n’est pas mauvais, il est juste un peu trop scolaire à mon goût.

Si ça peut permettre aux « jeunes générations » (c’est pas gagné, les djeunes ils doivent s’en taper de ces vioques qui jouent des trucs de vioques pour les vioques), de se cultiver au son de titres mémorables des 60’s -70’s, pourquoi pas …

SLAVES - ARE YOU SATISFIED ? (2015)

I wanna be your dog ?
Il y a dans cette rondelle comme des airs de déjà vu (ou entendu). Comme toujours depuis … ouais, au moins.
Les Slaves sont deux. Un batteur et un guitariste (liste interminable de prédécesseurs dans cette formule minimaliste, furieusement tendance pendant les années 2000, un peu moins maintenant que les White Stripes sont débandés et les Black Keys mainstream). Les Slaves sont jeunes (la vingtaine) et Anglais. Ma foi, nobody’s perfect. Rasés et tatoués comme tout prétendu rebelle en recherche de respectabilité (faudra un jour expliquer à tous ces chérubins en colère que c’est pas le poil ras et l’encre sur les biceps qui feront d’eux les prochains Che, ça suffira pas, ou quand la rébellion a ses normes, ses codes, ses repères visuels et esthétiques, c’en est plus vraiment de la rebellion, c’est plutôt du panurgisme, mais bon, on va pas débattre là-dessus …).
Qui foutent deux bichons ou pas loin (le clebs des mémères réacs à breloques et permanentes) sur leur pochette. Qui baptisent leur skeud en hommage – réponse désabusée – doigt d’honneur (à vous de choisir) au premier Hendrix. Qui l’enrobent d’un rose fluo comme un clin d’œil subliminal aux couleurs fluo du seul disque des Pistols (parce que les Slaves sont des punks, je vas vous l’expliquer …). Qui reprennent quasiment le lettrage et le logo des crétins de Slayer (ou de Twisted Sister, ce qui niveau crétinerie, revient à peu près au même)… comme une litanie sans fin de toute une symbolique vue et entendue des milliards de fois dans tous les groupes « sérieux ».
Les Slaves (diminutif de « you are all slaves » leur slogan et accessoirement nom de leur pages web) ne font pas dans la dentelle, reprenant la mise du slogan en musique là où des gens comme Clash ou Specials avaient lâché l’affaire il y a trente cinq ans (d’autres s’y étaient essayés entre-temps, avec plus ou moins de bonheur, et le premier qui dit Rage Against Bidule se ramasse un glaviot dans la face). Les Slaves c’est du véner sans fioritures, avec un batteur-chanteur (enfin, plutôt batteur-rappeur, il chante pas vraiment, du moins pas au sens Otis Redding du terme) minimaliste et martial, et un gratteux adepte des gros riffs qui tachent et qui dégueulent de distorsion. Un peu comme les Royal Blood, diront ceux qui veulent avoir l’air malin et montrer qu’ils connaissent des disques sortis après 1953.

Ici, on en arrive au moment crucial où il faut prendre position, lever ou baisser le pouce pour ces Spartacus du riff. Bon, moi, avec toutes les réserves d’usage (voir plus haut) et toute ma mauvaise foi (je m’en tape des Slaves), je les défends ces deux minots. Ils ont aligné treize titres plutôt bien foutus, c'est-à-dire bien crétins et gueulards, dans une parfaite rigidité madmaxienne (on fonce, puis on regarde combien on en a écrasés en passant), ont l’air, comme tout imbécile heureux qui se respecte, très fiers d’eux et seraient même prêts à continuer sur la lancée pourvu qu’on se souvienne d’eux dans six mois.
Face aux calibrages, aux « cœurs de cible », aux « niches » (ouah, elle est subtile, celle-là, putain le talent que j’ai), ces deux merdeux adressent un fuck-off électrique à tous les centristes musicaux de la galaxie. « Are you satisfied » est un bloc, qui sent certes la redite vers la fin, alternant punkeries pistoliennes, heavy metalleries judaspriestiennes, voire grungeries nirvanesques avec une naïveté et un aplomb réconfortants. Preuve qu’ils ont peut-être vraiment du talent, ils osent même une ballade acoustique éraillée (le morceau-titre, genre de « On a plain » de Nirvana ) et un final « atmosphérique » qui ne convaincra absolument pas les ceusses qui trouvent captivant le dernier Pink Floyd (ou le dernier Gilmour).

Allez vous faire foutre les Slaves. Vous avez ma bénédiction ….


TAME IMPALA - CURRENTS (2015)

Pet Shop Boys revival ?
Pour pas accabler, on va dire que c’est la faute à la pression. Ou une erreur de parcours. Parce que là, genre baudruche qui se dégonfle, il a fait fort le Parker (ouais, Parker, de son prénom Kevin, c’est Tame Impala à lui à peu prés tout seul). Même si le web est plein de gens qui le trouvent génial ce « Currents ». Bon, faut pas déconner …
Tame Imapla 2015 (Parker au milieu en bas)
De quoi donc il retourne t-il ? En gros, le Parker s’était vu qualifier sur la foi d’un premier disque (« Innerspeaker ») sympathique et surtout d’un second plus consistant (« Lonerism ») de génie du moment, tendance absorption de cinq décennies de zizique de djeunes et déglutition à sa propre sauce. Genre le chef de file du « renouveau » psychédélique version chansonnette azimutée. Avec dans son sillage sa « famille », de son égérie Melody Prochet (la française qui faisait une sorte de revival Daho sous le nom de Melody’s Echo Chamber), à ses potes australiens de Pond,  et j’en passe… Perso, je trouvais tout ça assez sympathique, mais bon, de là à crier au génie …
« Currents » est semble t-il un disque de rupture, un disque de solitaire. Parker s’est même passé de David Fridman (au vu de ce que ce dernier a commis avec les Vaccines, c’était peut-être une bonne idée), leader des Flamings Lips et promu au rang de producteur, sorcier bidouilleur de vieux synthés. Parker fait à peu près tout le boulot tout seul. Bon point, ce « Curents » est cohérent, on peut pas le lui reprocher. Une unité de son, d’ambiances, une direction et un choix musicaux clairement et pleinement assumés. Mais alors le résultat …
Empilage de tonnes de synthés des années 80, voix à l’hélium, morceaux broyés par un son où se combinent infra-basses et suraigus qui encadrent des couches et des couches de synthés … Il faut quand même être gonflé ou sacrément inconscient (voire les deux) pour en tirer un résultat honorable. Aller jouer sur le même terrain que les new waveux de l’electro-pop anglaise circa 82-85, personne de sensé et de bon goût ne s’y était encore risqué. La misère d’Orchestral Manœuvres ou les premiers trucs chelous de Depeche Mode en ligne de mire, fallait oser. Quand bien même le côté désuet de ces choses-là peut leur conférer aujourd’hui une certaine patine amusante. Le problème, ça n’a jamais été les synthés, mais toujours ceux qui en jouent. Même si on pourrait dire la même chose des guitares, des basses, des binious et des flûtes traversières …
De même, de même ...
« Currents », alors qu’il me semble être un disque tout ce qu’il y a de plus sérieux, du moins dans l’esprit de Parker, moi il m’afflige au premier degré et me fait sourire au second, comme une blague limite de potache. « Let it happen », la longue pièce montée inaugurale, que le grand cric me croque si c’est pas totalement du Pet Shop Boys (la voix à l’hélium en plus). Ce qui est pas une insulte, les Boys étant tout de même de géniaux mélodistes, mais là, aujourd’hui, à quoi bon. Un disque qui commence par un malentendu comme ça, c’est pas bon. Et rien ne s’arrange par la suite. « Nangs », on dirait une balance du Floyd vers 72 quand Rick Wright testait ses claviers, « The less I know », ça fait tellement penser à Moroder et Chic qu’on dirait le dernier Daft Punk, la ballade surchargée « Eventually » semble chasser sur les mêmes plates-bandes pompières qu’Arcade Fire, « Disciples », on dirait du Lio (si si, je vous assure) des années 80 passé à la mauvaise vitesse, « Past life » et sa voix au vocoder réveille le fantôme de Michou Jackson, « ‘cause I’m a man » a tout de la ballade simplette qui finit par faire un hit … Perso, je trouve rien dans cette galette pour relever un tant soi peu le niveau …

Faudra vite passer à autre chose, garçon …


Du même sur ce blog :


NEIL YOUNG & PROMISE OF THE REAL - THE MONSANTO YEARS (2015)

Dorian Gray ...
Un petit tour au Rock’n’Roll Hall of Fame des has-been, ça vous dit ? Vous savez, là où on trouve les cadavres de tous ces types morts (pas forcément physiquement), toutes ces superstars qu’ont pas sorti un bon disque depuis au moins vingt ou trente ans, les Bowie, Stones, Springsteen, Prince, Wonder and so on … Pourquoi cette balade gothique me direz-vous ? Ben pour voir si Neil Young ne s’y trouve pas …
Un cas à part, lui. Nettement plus vieux que la plupart des croûtons suscités, et qui s’est entêté à sortir de bons disques dans les années 60, 70, 80 et 90. Qui dit mieux ? Personne, même pas Dylan. Ouais, mais voilà, le bon Neil depuis pile vingt ans (le fabuleux « Mirror Ball » avec les tocards du grunge Pearl Jam, fallait le faire, sortir pareil chef-d’œuvre avec pareille ribambelle de pas bons …), n’était plus que l’ombre chauve de lui-même, on le voyait traîner ses larsens et ses rouflaquettes tombantes sur tout un tas de galettes qui sentaient la redite, le pilotage automatique et l’inspiration aussi sèche qu’un vagin de centenaire. A tel point que le seul truc qui ait fait illusion, c’était le soundtrack de « Dead man », tout en saturation et grondements guitaristiques, enregistrés live pendant que défilaient les images de Jarmusch. Problème, sans les images justement, ce truc est inécoutable …
Neil (Plus Très) Young 2015
Par contre, Neil Young avait quelque peu accentué son côté Don Quichotte, soutenant de plus ou moins bonnes causes, de plus ou moins catastrophiques candidats à la Présidence US (alors qu’il est Canadien, de quoi il se mêle, ce con ?), se lançant dans des combats épiques perdus d’avance. Comme sa dernière tocade, le Pono, iPod version hi-fi, censé grâce à un encodage (de mouches ?) novateur, donner un son qui déchire sa mère … alors que le brave Neil, t’écoutes ses disques, on est quand même assez loin du Pharell Williams sound, t’as le choix entre de la saturation et du folk acoustique, pas besoin de stéréo de la mort pour ça, mais bon, c’est Neil Young et ses croisades …
Plus haut fait d’armes, l’ancien Roi des Hippies s’était reconverti dans l’humanitaire social concerné, était devenu la  pierre angulaire du Farm Aid, ce téléthon musical annuel pour les paysans américains, encore plus mal barrés que les bouseux d’Europe, ce qui n’est pas rien. Et on le voyait chaque année depuis trente ans arpenter les scènes du Midwest en compagnie de Willie Nelson (prenez des notes, y’a des trucs qui ont leur importance) et John (anciennement Cougar, on ne rit pas) Mellencamp, vous savez le Springsteen campagnard, celui qui fait des disques (pas mauvais au demeurant) sur des petites villes et des épouvantails…
Et pourquoi il fallait que Young les soutienne les culs-terreux yankees ? Ben en gros parce qu’ils se faisaient niquer grave par toute l’industrie agro-alimentaire,  peu soucieuse d’environnement, de commerce équitable, de partage et autres balivernes de gauchistes révolutionnaires et surtout prompte à ramasser tout le brouzouf qu’on pouvait tirer de l’agriculture. Principale cible : la multinationale Monsanto (on y arrive … quoi, qui a dit enfin ?) qui fournit graines et semences et pesticides divers pour que tes mouflets ils se gavent d’OGM et pèsent deux cent kilos à quatorze ans … En fait, Neil Young, c’est un peu le José Bové de son continent, la guitare en plus et la pipe en moins …
Promise Of The Real
Et aux concerts du Farm Aid, Young découvre les fils de Willie Nelson, Lukas, leader et guitariste, et Micah (comme papa est de toutes les éditions, ça aide pour se faire connaître, népotisme quand tu nous tiens …) et leur groupe Promise of the Real. Un groupe qui casse pas trois pattes à un canard transgénique, mais qui assure d’après quelques extraits écoutés, le minimum syndical en termes d’americana sans imagination. On sait pas trop pourquoi, Neil Young convoque ces minots pour enregistrer un disque. « The Monsanto Years » donc. Le truc à gros sabots, le gros pamphlet, la charge incendiaire qui mange pas de pain, mais qui fait bien dans un CV, ou, vu l’âge du Neil, dans une prochaine épitaphe : « Il est mort guitare au poing, dénonçant les complots des suppôts du capitalisme sans frontière qui exploitent les autres, les ruinent pour s’en foutre encore plus plein les fouilles etc, etc … », alors que les mecs maintenant ils ont la flemme de se brosser les dents, ils achètent un bidule électrique qui leur bousille les gencives, tu parles s’ils vont se bouger pour faire la révolution … Et bizarrement, la rumeur enfle, prétendant que vous allez voir ce que vous allez entendre. Sauf qu’on me la fait pas, des retours du diable vauvert orchestrés par le buzz de vieux schnocks qui seraient meilleurs à 70 balais qu’à 25, y’en a chaque semaine. Et quand t’écoutes leurs rondelles, oh putain la misère …
Et plus par réflexe boulimique que par conviction, tu mets le skeud dans le lecteur, t’appuies sur Play … une intro folky électro-acoustique dont voudrait même pas Hugues Aufray(ses), tu te dis que cinquante minutes ça va être long et que comme il fait un putain de cagnard, vaudrait mieux aller chercher une mousse pour aider à tuer le temps. Sauf qu’au bout d’exactement vingt et une secondes, il se passe un truc, y’a la foudre qui sort des haut-parleurs. Un riff de brontosaure, hyper cradingue, saturé, une batterie aplatissante jouée par un mammouth en rut, un tempo rampant comme un crotale ébouillanté, la voix du Neil certes vieillie, breathless mais toujours reconnaissable entre dix millions. Et les neurones en surchauffe font clignoter des titres qu’on croyait à jamais disparus, des « Down by the river », des « Cortez the Killer », des « Hey hey my-my », des disques comme « Live rust », « Ragged glory », « Weld », « Mirror ball », … Ouais, carrément … Le Neil Young que j’aime is back, alive and very well. « A new day for love », il s’appelle ce titre inaugural de « Monsanto years ».
Un peu fatigué, quand même, le Loner
Et ça va durer comme ça jusqu’au bout. Sauf sur « Wolf moon », la ballade acoustique éternelle, comme tout le monde en pond, et Young particulièrement sur « Harvest » ou sa fausse suite « Harvest moon ». Et ce « Wolf moon » n’aurait pas dépareillé dans ces deux classiques, c’est dire son niveau. « The Monsanto Years » est à peine un peu moins bon que « Ragged glory » (parce 70 balais le Neil, parce que Promise of the Real c’est pas Crazy Horse, que Lukas Nelson c’est pas Whitten ou Sampredo, et que moi aussi j’ai plus vingt ans …). Il y a des choses raisonnablement inenvisageables ou qu’on croyait maintenant inaccessibles à Young, cette colère électrifiée tous potards sur onze, ces coulis de distorsion, ces duels épiques de guitare, ces slogans braillés rage aux tripes. Des titres comme « People want to hear about love », « Workin’ man », « Monsanto years»,  sont proprement exceptionnels et « A rock star bucks a coffee shop », avec son refrain à limite de la rupture et son irrésistible gimmick sifflé est un des dix meilleurs morceaux que Neil Young ait jamais écrit. Et ne me dites pas que j’exagère, c’est brothers and sisters la putain de vérité vraie …

Disque de l’année, au moins …


Du même sur ce blog :

THE VACCINES - ENGLISH GRAFFITI (2015)

Gribouillis ...
Après tout, c’est leur problème aux Vaccines. Ils étaient apparus avec un premier disque plein de morgue indie-rock anglaise au titre interrogateur (« What did you expect from the Vaccines »). Aujourd’hui, on peut répondre : « Plus rien ».
C’est pas que je veuille les défendre, rien à cirer des Vaccines, mais je subodore le deal avec la major, genre « hey les minots, vous vous rendez compte le cul bordé de nouilles que vous avez, être sur une major, avec du fric pour faire de vous des stars, alors les gosses, oubliez les Clash, les Libertines, les Strokes, c’est des trucs bons pour les vieux rockers qui sont tous au chomdu et achètent plus de skeuds, nous on sait, notre métier c’est de refourguer de la zique à qui en veut bien, on va vous dire ce qu’il faut faire, et à vous les bimbos, la coke et les jets privés, on se contentera de 97% des bénefs de votre affaire … ».
Tout ça pour participer au NME Music Awards ?
Ce « English graffiti », c’est la vieille pute sexagénaire qui s’est fait remonter le cul et les tétons, s’est fait injecter du botox partout où y’avait de la place, s’est maquillée comme un poids lourd portugais, et corsetée avec les rebuts de placard de Mylène Farmer, espère trouver des michetons à cent euros la pipe. Sauf que non, c’est trop too much, ça se voit de trop loin que c’est une arnaque …
« English graffiti », on espère pour eux que c’est pas un hommage à Led Zep ou à George Lucas, et on préfère pas savoir à quoi ils font allusion (même si la chanson du même titre est d’assez loin la meilleure du disque, mais ces gougnafiers ne l’ont mise que sur la version DeLuxe ou expended ou un truc du genre …). « English graffiti », ça sonne le rappel de tous les trucs ringards qui ont marché depuis au moins trente ans. Et que la ringardise soit faite exprès (les Cars ou les Pet Shop Boys étant dans deux domaines différents les premiers noms qui me viennent à l’esprit) ou pas (tous les nullards de hair metal, d’euro-electro-synthé pop, tous ces loukoums rances pour heavy rotation sur les college radios, …).
On relève avec tristesse, mais pas étonnement que le responsable de cet amas gluant est David Fridman, que l’on a connu plus inspiré y’a quinze-vingt ans avec les clowns tristes des Flaming Lips, et qui entre reprises risibles de 33T des Beatles ou du Floyd, est devenu un producteur « spécialiste » des vieux synthés « à la mode ». Alors quoi qu’on trouve sur « English graffiti » ? De tout donc, et pire encore. Les choses les moins mauvaises sont au début (comme sur leur précédent « Come of age », d’un calibre très nettement supérieur, malgré – déjà – un parti-pris un peu trop clinquant), la power pop énervée de « Handsome », le trop mignon pour être honnête mid-tempo « Dream lover » avec ses gros emprunts au (on ne rit pas) « Final countdown » de Europe, ou l’hommage ( ? ) aux Ramones « 20/20 » (qui en l’occurrence vaut tout juste la moyenne, parce que les Ramones n’ont jamais foutu de saxos ou de synthés dans leurs morceaux).
Sandinista ? 1er Ramones ? Euh, non, les Vaccines ...
Le disque dans sa version « normale » est court (35 minutes), mais a le temps de s’aventurer vers des mélodies à la Phil Collins, des synthés à la Eurythmics des mauvais jours, voire même un truc sautillant et crétin de Van Halen de la fin de la période David Lee Roth (oui, je sais, il est revenu depuis, et il aurait pas dû …), la chose en question s’appelle « Give me a sign », c’est un mix affligeant de « Jump » et « Panama ». Et puis, certainement pour faire indie-dans-l’air-du-temps, les Vaccines clôturent par un un court instrumental psyché-space totalement hors sujet.
Même leur chanteur-leader Justin Young semble nettement en retrait par rapport à « Come of age » (où pourtant il était censé souffrir de problèmes aux cordes vocales), et livre des parties chantées quelconques au milieu d’un barouf kolossal (hein, mon salaud, tu la sens, la monnaie de la major, hein, tu la sens et t’aimes ça, hein mon cochon …) signé Fridman, avec des batteries herculéennes, des riffs dantesques de glam metal, et une quincaillerie synthétique à faire pâlir les fans de Tangerine Dream …

Décidément, je dois être devenu trop vieux … ou eux sont devenus trop nuls …

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JACCO GARDNER - HYPNOPHOBIA (2015)

The constant Gardner
Son premier skeud, « Cabinet of curiosities » en 2013, avait rehaussé le niveau affligeant des années 2010. Le type totalement dans son truc, reprenant les choses là où les ténors de la pop psyché des 60’s les avaient laissées, et une collection de putains de chansons comme il n’y en a pas deux poignées de contemporains qui savent les torcher.

Le petit prodige néerlandais avait laissé entendre que faire des disques c’était pas trop son truc, qu’il préférait bidouiller en studio, et pourquoi pas pour les autres. Heureusement, y’a que les corniauds qui changent pas d’avis. Le Jacco a passé deux ans sur la route et sur les planches et nous sort maintenant ce « Hypnophobia » (la phobie du sommeil, dans la langue de Florent Pagny). « Cabinet of curiosities », c’était estampillé 66-68. Logiquement, deux ans plus tards, Gardner se retrouve en 1970. Et de ses périples all around the world, il a du entasser une collection de synthés vintage, car ce sont eux qui dominent « Hypnophobia », et particulièrement le Mellotron. C’est pas vraiment une surprise, on avait compris que le garçon était fan ultime des Zombies, dont le chef-d’œuvre maudit « Odessey & oracle » peut être vu comme une brochure commerciale au dit Mellotron.
Mais autant « Cabinet … » était une collection de chansons de structure « classique », autant « Hypnophobia » va plus loin. Gardner semble vouloir dépasser le format chansonnette (deux titres sont des instrumentaux, et les lyrics de quelques autres doivent tenir sur un timbre-poste) pour s’attaquer au concept de climat, d’ambiance. Tout en évitant le piège du funeste prog qui pointe ses gros sabots dans ces cas-là. Exercice de style casse-gueule. Et réussi.
On retrouve les fondamentaux du bonhomme. La pop cafardeuse, le folk-rock mélodique. Autant ils étaient l’essence du premier disque, autant ils ne servent que de trame – dont il s’extrait facilement – pour celui-là. Les Zombies sont toujours là, le Brian Wilson d’après « Pet sounds » aussi. Le bouffeur de space cakes Barrett itou, mais cette fois-ci, le Floyd sans lui affleure dans nombre de plages. Le Pink Floyd captivant de la fin des 60’s, en perpétuelle hésitation entre chansons et longues suites atmosphériques, celui en gros des disques « Meddle » et le soundtrack de « More », mais aussi par extrapolation, des relents du Gainsbourg de « Melody Nelson » (les cordes évanescentes, chez Gardner les machines ont remplacé les hommes) et de leurs imitateurs-disciples (le Air de « Moon safari » ou de « Virgin suicides, qui cumulent les influences Gainsbourg-Floyd).

« Hypnophobia », c’est un bloc, un pavé dans la mare, et en l’occurrence celle du Kevin Parker de Tame Impala, auquel on a souvent comparé Gardner. Bon, le gentil Australien envapé, reste sur le coup loin derrière à mon sens. Tout au plus pourra t-il se vanter d’avoir inspiré à Gardner sa coupe de cheveux.
Deux titres de « Hypnophobia » renvoient à un folk millésimé, le bon « Face to face » et le dispensable « Make me see » (moins de deux minutes, ça va, ça passe vite). Le folk sert de point de départ à « Brightly », mélodie de rêve comme savait en torcher Cat Stevens (avant que Mahomet lui bouffe les neurones), et puis le titre s’envole, porté par une fabuleuse progression instrumentale que n’aurait pas renié Brian Wilson (avant que le LSD lui bouffe les neurones). Un des sommets du disque.
Les autres ? « Find yourself », énorme single qu’on risque de pas beaucoup entendre sur NRJ, on dirait un inédit de la B.O de « More ». « Before the dawn » (huit minutes), c’est la pièce de bravoure du disque. Porté par une batterie très krautrock et une trouvaille mélodique entêtante au synthé, ce titre est d’une fausse simplicité, en perpétuel mouvement, décollage hypnotique assuré. « Hypnophobia » le morceau multiplie les trouvailles atmosphériques, et les temps étant ce qu’ils sont, pourrait passer pour le « Echoes » de son époque.
Avec ce disque, Gardner signe un superbe doublé et s’extirpe haut la main du piège souvent délicat du deuxième album. Comme en plus il sort de l’indie pur et dur (il est signé ce coup-ci sur PIAS, qui sans être une major est une structure « sérieuse ») et que s’exhiber sur scène ne le rebute pas, il se pourrait bien qu’il devienne quelqu’un qui « compte », dont on entend parler.

Pour une fois, ce sera mérité …

Du même sur ce blog :


COURTNEY BARNETT - SOMETIMES I SIT AND THINK, AND SOMETIMES I JUST SIT (2015)

Courtney ? Love !!!
On pourrait se poser plein de questions, du genre pourquoi tout ce barouf dans tous les médias spécialisés (ou pas) au sujet cette miniature australienne (comme si ça suffisait pas avec KyKylie Minogue, les chanteuses d’un mètre cinquante, talonnettes compensés comprises), en plus même pas canon avec son visage poupin et donc ses faux airs de McCartney with boobs. Surtout qu’elle est aussi charismatique, causante et souriante que le mime Marceau un soir de déprime … Moi je vois qu’une explication, c’est qu’elle a fait un putain de bon disque. Qui plus est dans un des genres les plus ringards et moqués aujourd’hui, le folk-rock.

Bon, remarquez je dis folk-rock pour dire quelque chose, parce que si quelqu’un voit la moindre similitude entre ce « Sometimes … » et les skeuds des Flying Burrito Brothers, je passe le reste de mes vieux jours à écouter en boucle l’intégrale de David Crosby. Courtney Barnett, c’est folk parce que ça raconte des histoires, souvent tristes (et personnelles, on sait plus à quel niveau on doit prendre le clown qui fait pas rire du clip de « Pedestrian at best »), c’est rock parce qu’il y a plein de guitares aux sons bizarres, trafiqués, plus proches de Sonic Youth que d’Yves Duteil (et celui qui pense Television a bien raison). La damoiselle cite dans ces interviews des gens éminemment respectables (Lou Reed et le Velvet, Billy Bragg, Neko Case, les Lemonheads, Wilco …). De plus elle a quelque peu gravité dans la galaxie des Dandy Warhols, a repris sur scène un album entier d’INXS (?!), et chante souvent (en fait scande plutôt) comme la Sheryl Crow des débuts, avant que l’Américaine tombe amoureuse de cyclistes dopés (pléonasme) et se la joue à plus de quarante balais bimbo flower-power, mini-jupes et tétons en avant … Autrement dit, Courtney Barnett, c’est pas monolithique, pas un gimmick qui tourne en boucle sur la durée du skeud. Ça part un peu dans tous les sens, tout en restant cohérent d’un bout à l’autre … pas exactement le genre de démarche facile à entreprendre, et encore moins à réussir …
On a quelquefois des machins qui rappellent le Beck (non, pas Jeff, l’autre, le scientologue) des débuts, quand il concassait et malaxait le folk avec des rythmiques proches du hip-hop (« Elevator operator », « An illustration … »), on trouve même à la fin un blues dénudé (la Courney et seulement sa gratte), ça s’appelle « Boxing day blues », et ça sonne surtout pas comme la Tracy Chapman soporifique de l’autre siècle.

La petite australienne s’aventure même dans des titres de sept minutes. Le premier (« Small poppies ») est une ballade qui commence sobrement avant qu’un crescendo de guitares (Barnett ? parce qu’il y a un autre type à la gratte dans son band) y mette un peu d’électricité tordue. Le second titre étiré (« Kim’s Caravan ») m’a tout l’air d’un jeu de pistes musical, où l’on passe de murmures d’instruments dans une ambiance glaciale et dépouillée, voix à la Nico, avant qu’arrivent des guitares lancinantes à la Lou Reed ou Sonic Youth (« Kim » pour Kim Gordon ?) et un final en lourd et lent déluge électrique façon doom metal (« Caravan » pour « Planet Caravan » de Black Sabbath ?).
Mais on trouve aussi plein d’autres choses dans ce skeud au titre en forme d’hymne à la fainéantise. Et du rock, tendance ‘n’roll qui dépote. « Aqua profunda ! », on dirait même du pub-rock tel que le servaient chaud Feelgood ou les Inmates. « Dead fox », on jurerait un tribute aux guitares toute particulières dont FatBob Smith tartinait les disques de Cure, « Debbie Downer », avec son gimmick fabuleux d’orgue vintage (Vox ?), ça fait ressurgir les oubliés amerlos du Paisley Underground, plus précisément les Bangles des débuts (« Going down to Liverpool », ce genre). Avec « Nobody really cares … », on se demande si la petite Barnett ne connaît pas Antoine (c’est les accords des « Elucubrations » avec un refrain façon la version de « Gloria » de Patti Smith), alors qu’avec le hit (ou qui mériterait de le devenir) de rock’n’roll lo-fi « Pedestrian at best », on a droit à une variante du riff de « All day and all of the night » des Kinks. Cultivée, la dame …

Putain que ça fait du bien des disques comme ça …


TWIN PEAKS - WILD ONION (2015)

David Wilson ? Brian Lynch ?
Un groupe de djeuns qui regardent dans le rétro ? Ben ouais … Forcément, y’a plus que ça comme solution, se référer à des temps plus ou moins lointains qui rockaient et roulaient, parce que inventer quelque chose, il semblerait bien qu’on ait fait le tour de la question depuis bien longtemps.
Twin Peaks 2014
Ceux-là, les Twin Peaks, Américains de Chicago, ils sont pas forcément meilleurs que d’autres. Ils ont juste l’air moins engoncés dans un trip de moine copiste, à savoir qu’ils font pas une fixette sur un son, un genre ou une époque bien précise. En d’autres termes, ils se croient pas en 67 ou 73 … Ils sont peut-être plus fûtés que d’autres pour se faire remarquer. Avec leur nom qui renvoie à une célèbre série d’un des types qui comptaient vraiment dans le cinéma des années 80-90, et une pochette visiblement extrapolée d’un des disques (« Wild Honey » 1967) de la période triste-dépressive des Beach Boys de Brian Wilson. Pourquoi pas aussi une allusion à « Wild honey pie » et « Glass onion », deux morceaux à messages énigmatiques de Lennon sur le Double Blanc… Juste des clins d’œil, parce qu’il n’y a rien dans ce « Wild onion » qui fasse songer à Badalamenti, Julee Cruise, de la sunshine pop cafardeuse, ou aux Fab Four …
Non, juste seize titres, pour pile 40 minutes, autant dire que les Twin Peaks ne donnent pas dans le prog tarabiscoté, mais pas non plus dans le punk speedé et crétin. Y’a de la recherche, des envies de construire des chansons plutôt pas mal foutues (ça fonctionne assez bien dans la plupart des cas), de mettre en place des « climats », des « ambiances » (là, c’est un peu plus problématique). Il me semble qu’ils sont plusieurs à chanter (ou alors y’a un super caméléon au micro), et tout ça est emmené par un batteur pousse-au-cul qui me fait beaucoup penser au Keith Moon des early Who …
Twin Peaks 2015 : la famille de nerds s'agrandit
Ces minots (tout juste la vingtaine sonnée) se prennent pas trop le chou, et font visiblement les morceaux qu’ils auraient aimé entendre chez les gens qu’ils aiment bien. Alors forcément, y’a de la référence qui pointe le bout de son nez, on peut au détour d’un titre, d’un son, d’un gimmick, d’un arrangement, voir apparaître l’ombre des Who (« I found a new way »), des Byrds (« Mirror of time »), des Beach Boys (« Sloop Jay D » !!!), d’Oasis (à plusieurs reprises), de Tom Petty (l’étonnant et frappant « Sweet thing »), de Roxy Music (le sax de « Strange world »), d’un T.Rex doo-wop (« Mind frame »), … C’est assez marrant, souvent bien vu, d’une qualité largement supérieure à la moyenne …
Pour moi, y’a quand même quelques petits problèmes … On saisit pas très bien où ils veulent en venir, ça part un peu trop dans tous les sens, et dans un monde musical où tout est de plus en plus hyper-formaté, vont avoir des soucis, les Twin Peaks, pour trouver une chapelle qui veuille de tels messies … Ensuite, ça se délite quand même à mesure que les titres passent, les premiers titres surclassent  ceux du milieu et de la fin, on a l’impression que malgré sa durée modeste « Wild onion » souffre du syndrome du remplissage forcené … Ces jeunots risquent de devenir les Hives de leur génération, brillants mais tournant vite en rond. Et contrairement aux Suédois, ils n’ont pas pour le moment ni l’image cartoon ni une major derrière …

Comme qui dirait un avenir compliqué …



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POND - MAN IT FEELS LIKE SPACE AGAIN (2015)

Very cheap thrills ...
C’est le principe de la mode, quand y’a un truc dans l’air du temps, tout le monde se prend pour une girouette. A moins de vivre dans le califat de Daech, il n’aura échappé à personne que les bricoles sonores qui ont le zéphyr en poupe s’articulent autour du psychédélisme 60’s et de toutes ses variations. Donc sur la table de dissection aujourd’hui arrivent les susnommés Pond, Australiens de leur état, et potes du gourou sonore Kevin Parker (Tame Impala et autres bricoles).

Ceux-là commencent bien mal. Avant même d’avoir ouï la moindre note de leur skeud, t’as envie de le foutre par la fenêtre. A moins qu’il s’agisse d’humour seulement compréhensible par un QI de 160, leur pochette façon « Cheap thrills » (pour ceux qui étaient dans le califat depuis cinquante ans, rappelons qu’il s’agit du disque de Big Brother & the Holding Machin featuring la Reine des Hippies Janis Joplin) ne risque pas de faire de l’ombre à celle de Crumb. Comme quoi, le bon goût et le talent, ça se télécharge pas.
Tout le reste, on peut le trouver sur Pirate Bay. En trois clics, t’as sur ton ordi les derniers logiciels et plug-ins musicaux crackés, tu te retrouve dans ton deux-pièces-cuisine avec les moyens de Pink Floyd ou Guetta. Et tu peux passer tes jours et tes nuits à mettre du bruit sur ton disque dur. C’est là que ça se complique, et on en revient au bon goût et au talent. N’est pas Phil Spector ou Dr Dre qui veut. Les Pond en sont l’exemple parfait. Ils donnent dans le psychédélisme lourdement orchestré, ce qui après tout est leur droit. Multipliant les empilages sonores (et surtout les vieux synthés 80’s, « marque » de fabrique du Parker déjà cité et qui produit le skeud) et les pistes vocales (genre chorales sous hélium very pénibles), plutôt qu’inspirés par le San Francisco sound des late sixties, ils sonnent finalement très années 2000, genre MGMT, Of Montreal, Flaming Lips ou Arcade Fire des mauvais jours.
C’est con, parce qu’ils savent écrire des chansons, cette tribu où tout le monde contribue peu ou prou au résultat final a un sens de l’architecture mélodique que bien peu vite célébrés aujourd’hui possèdent. Témoins ces « Holding out for you », ballade intemporelle, « Medicine hat » folky à l’ancienne, « Sitting up on our crane » qui rappelle les Zombies, « Outside is the right side », funk-rock à la Red Hot Machin – Funkadelic … tous bien pourris par des arrangements que perso je trouve ineptes. Adeptes de la surenchère sonore forcenée, et ne reculant devant aucun challenge insensé, les Pond livrent ont mis à la fin de ce « Man it feels … » l’éponyme tournerie pop qui veut jouer dans la même cour que le « Good vibrations » des Beach Boys tout au long de ces huit minutes et quelque. Las, cet enchevêtrement d’idées dans un seul titre, sympathique un moment, rappelle sur la durée que n’est pas Brian Wilson qui veut.

Faudrait voir d’épurer un peu beaucoup les gars, parce que là, vous êtes pas très impressionnants, mais plutôt chiants …


KING GIZZARD & THE LIZARD WIZARD - I'M IN YOUR MIND FUZZ (2014)

A fond ...
Des cramés, des vrais … Dotés du nom de groupe le plus improbable depuis … Zodiac Mindwarp &The Love Reaction au moins. Les King Gizzard sont une famille nombreuse de déjantés (sept, dont deux batteurs, just like l’Airplane, l’Allman Bros, et dans leur cas, surtout les Warlocks, deux ou trois guitaristes et un harmoniciste à plein temps).
Les King Gizzard ne font pas dans l’avant-garde. Comme une palanquée de groupe actuels, ils donnent dans le heavy psyché 60’s. Mais autant on devine chez les autres une application à faire comme si, laissant le plus souvent l’impression de fonctionnaires copistes du rock, avec les King Gizzard il se passe quelque chose. On sent qu’ils font pas semblant, sont dans le truc à fond. Il y a dans ce groupe un jusqu’auboutisme impressionnant, une force de frappe peu commune. Peut-être parce qu’ils sont Australiens, pays-continent fournisseur de rudes soudards électriques depuis des décennies.

Quand les King Gizzard accélèrent, ils enterrent tous les fils de Blue Cheer de la création et rivalisent en sauvagerie et puissance avec Mötorhead, rien que ça … Suffit d’écouter les quatre titres enchaînés du début qui donnent une suite d’une lourdeur chronique, infimes variations d’un même martèlement oppressif de guitares et de batteries de plus de dix minutes. Ou comment pousser jusqu’à la démesure un gimmick de plomb en fusion …
King Gizzard se pose clairement lors de cette intro tous potards sur onze comme l’héritier de tous ces groupes pour motards from hell, dans la droite filiation de Steppenwolf, Hawkwind ou des déjà cités Blue Cheer et Mötorhead. Défoncés jusqu’à l’os, mâchoires crispées, cuirs noirs crasseux et volume sonore maximum. Petites filles s’abstenir.
Ouais mais voilà, ils sont tellement rétamés que tout à coup ils passent à autre chose, une folkerie glam très T.Rex, un peu déviante quand même, comme si on avait passé une camisole de force à Marc Bolan (« Empty »). Et quand le Roi Gésier et ses Sauriens Magiques donnent dans la « chanson » (parce que la chansonnette de ces types sonne quand même plutôt bizarre, si vous voyez ce que je veux dire …) psyché, c’est du côté des plus cintrés qu’ils vont piocher. Comme le bouffeur de space cakes Barrett, et leur « Hot water » a des faux airs du « Pow R Toc H » sur le premier Floyd. On peut dès lors s’attendre à tout, et même au pire, parce que c’est bien connu, l’acide, ça fait aussi des trous dans le cerveau. La seconde partie du disque est plus irrégulière, plus en roue libre, avec dans une paire des titres intitulés comme « jams ». On n’est pas exactement chez Cream, les Allman ou Gov’t n Mule, on se situe plutôt du côté de l’enfonçage de clous que de celui de la longue démonstration instrumentale.
Un hommage au 3ème Velvet ? Ou la grosse fatigue ?
Le titre le plus « facile » (tout est relatif avec ces zozos), c’est le dernier « Her & I (Slow Jam II) », qui fait assez penser aux rivages abordés live par le Captain Trip Garcia du Dead. En tout cas rien à voir avec la « Slow Jam I » sorte de reggae (si, si) seulement envisageable après combustion journalière de quelques dizaines de joints, et de ce fait le titre le plus cool (au sens Peter « Legalize it »Tosh du terme) du disque.
Restent pour avoir fait un tour d’horizon complet deux titres, dont l’un leur vaudra à n’en pas douter une comparaison facile mais justifiée avec les 13th Floor Elevators du dément Roky Erickson, la sunshine pop-rock from hell de « Satan speeds up ». Quant à l’autre, pour moi le meilleur et le plus original de cette galette, « Am I in heaven » (décidément, ils voyagent beaucoup dans les limbes), il taquine la country comme le Beck des débuts. Sauf qu’ici, on dirait « Loser » repris par Sepultura (un peu de plouc music et beaucoup de boucan).
A mon avis, faut en profiter de ces King Gizzard. Et vite. Je vois pas comment, arrivés à ce stade de décomposition physique et cérébrale, ils pourraient continuer longtemps. D’autant qu’ils semblent totalement dépendre (toutes les compos, et une foultitude d’instruments) d’un certain Stu MacKenzie. Au vu de la musique qu’il compose, le gars doit être à la limite de l’auto-combustion, genre batteur de Spinal Tap.

Disque du grand n’importe quoi essentiel de l’hiver…



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