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DARREN ARONOFSKY - MOTHER! (2017)

 

Highway to Hell ?

Aronofsky est un pointilleux, et un réalisateur qui tourne peu (huit films en vingt cinq ans). Gage de rareté, et de moins en moins malheureusement pas gage de qualité pour autant. Après un quart de siècle, il reste quoi qui vaille le détour ? L’étrange « Pi », le défoncé « Requiem for a dream » (soit ses deux premiers), un peu de « The Wrestler » et « Black swan » … Quand aux autres, le pensum biblique « Noé », le mystique « The Fountain », le lourdingue, forcément lourdingue « The Whale », on peut les zapper. Et « Mother ! » ? Voilà, voilà, j’y viens …

Jennifer Lawrence & Darren Aronofsky

Premier plan : un visage en gros plan au milieu des flammes. Second plan : Lui (Javier Bardem, il n’a ni nom ni prénom dans le film) pose une sorte de gros bijou cristallin sur son socle, et un vaste manoir où tout est calciné se reconstruit à neuf (merci le numérique). Troisième plan : Elle (ni nom ni prénom également) se réveille dans un lit, se tourne et appelle : « Bébé ? », mais il n’y a personne à côté d’elle dans le lit.

Elle, c’est la future « Mother », interprétée par Jennifer Lawrence. Certes fort mignonne, et au milieu des années 2010 l’actrice la mieux payée du monde, mais dont les succès filmographiques se résument à une litanie de navrantes daubes à suites (« Hunger games », « X-Men »). Autant préciser que cette incursion dans le cinéma plus ou moins d’auteur de Aronofsky en lieu et place des superproductions hollywoodiennes a certainement beaucoup à voir avec le fait qu’elle partage depuis quelques mois la vie du Darren … Fin de la parenthèse people …

Et donc, Elle part à la recherche de son Bébé dans le vaste manoir octogonal au milieu de la nature. Ce qui nous vaut quelques plans de sa jolie anatomie grâce à la transparence de sa nuisette en contre-jour. Un conseil, faut savourer chaque instant de ces plans parce que la suite sera beaucoup moins glamour … Et quand Bébé se pointe, il s’agit de Javier Bardem, qui rentre d’une ballade champêtre à la recherche de l’inspiration. On apprend assez vite qu’il fut écrivain à succès mais qu’il n’arrive plus à aligner trois mots sur une page blanche. On voit aussi que c’est Elle qui fait tout dans la gigantesque baraque (la menuiserie, la plomberie, la peinture, la bouffe, le ménage, la lessive, …), préservant son mec des basses besognes matérielles afin qu’il se consacre entièrement à sa création littéraire en panne. Une femme comme on aimerait tous en avoir une (ou plusieurs, ayons de l’ambition) à la maison. Bon, les meufs, on se calme avant d’envoyer les hashtags dénonciateurs et de lâcher les avocats, je blague … quoique l’idée me paraisse bien intéressante … Faut bien alléger l’atmosphère avec des vannes lourdingues, parce que « Mother ! » est un film où on va pas trop se bidonner…

Ed Harris & Michelle Pfeiffer

Parce que passées quelques scènes de la joie de vivre bucolique et amoureuse du couple, les choses ne vont pas tarder à se gâter. La nuit tombée, un type (Ed Harris) se pointe. On sait pas trop ce qu’il vient foutre là, il prétend qu’il est chirurgien, mais Lui l’accueille fort bien et lui propose de passer la nuit chez eux, malgré la gêne qu’Elle affiche. D’autant que le mec semble pas aller très fort, il fume, semble prêt à cracher ses poumons, bouffe des médocs, et la nuit semble près de claquer. Lui s’est levé pour l’aider et Elle aperçoit fugitivement une plaie béante dans son dos. Elle aussi est en proie à des malaises, des angoisses, et ressent parfois une sorte de présence dans le manoir, qu’elle calme en prenant une poudre soluble orange. Déjà, là, arrêt sur image. Pourquoi nous montrer ça, alors qu’on ne saura jamais d’où vient cette blessure (stigmate ?) du type ni quelle est cette poudre orange et pourquoi à moment donné elle s’en débarrasse dans la cuvette des WC …

Bon, c’est le genre de questions qu’on a pas vraiment le temps de se poser, parce très vite tout part en vrille. Au petit matin, la femme du toubib (Michelle Pfeiffer) débarque. Plutôt flippante et très intrusive. Lui semble ravi de la venue de ces visiteurs, Elle beaucoup moins. L’avenir lui donnera pas tort, quand arrivent les deux fils du couple, qui font comme s’ils étaient chez eux, se disputent pour des histoires d’héritage, puis se foutent salement sur la gueule, jusqu’à ce qu’un des deux tue l’autre en lui fracassant le crâne avec un pommeau de porte. Autre arrêt sur image. Pour certains, Harris et Pfeiffer, c’est Adam et Eve, et la rixe des deux enfants, c’est Caïn qui tue Abel.

Arrêt sur image (ter). Dans au moins trois de ses films (« The Fountain », « Noé » et donc « Mother ! ») Aronofsky met le mystique, l’ésotérique, au cœur du scénario. En gros, y’a du « message » derrière les images. A condition d’être très ouvert d’esprit pour suivre les circonlocutions, les ellipses, les allusions cryptiques du Maître. Bon, en ce qui me concerne, j’aime pas regarder un film avec une palette de Doliprane à portée, et me forcer à me flinguer mes derniers neurones valides pour comprendre quel est le message, la signification profonde … Entre les Tuche et Aronofsky y’a certes un monde, mais à quoi bon en rajouter dans le cryptique ?

Javier Bardem, Jennifer Lawrence et quelques invités

Parce que la suite du film est un maelstrom irréversible. Ça commence avec la veillée funèbre du fiston à Harris et Pfeiffer, plein de gens arrivent, il commence à y avoir un sacré boxon dans la baraque et entre Elle et Lui. Une brève réconciliation fait qu’Elle se trouve en cloque et Lui, galvanisé par cette paternité inattendue, traverse une frénésie créatrice qui lui fait écrire un chef-d’œuvre, succès immédiat le jour de sa sortie. Qui coïncide avec le départ prévu pour la maternité. L’éditrice, les journalistes, des lecteurs, toute une foule genre secte adoratrice venue interviewer et voir le génie littéraire envahissent la maison. Dès lors, on se pose une question : est-ce qu’il va encore y avoir une surenchère dans le glauque, le sordide, la violence ? La réponse est claire, les scènes cauchemardesques s’enchaînent graduellement, saccage, bagarres, émeutes, exécutions sommaires, explosions de têtes, démembrements, cannibalisme, apothéose en feu d’artifice terminal, et arrachage de cœur sur moribond. Et le final recycle les trois premières scènes qui prennent dès lors tout leur sens.

Je vais vous dire, ce film m’a gonflé, avec toute cette escalade apocalyptique, cette hyperviolence gratuite au service d’un scénario somme toute bien rachitique. Au crédit de « Mother ! », une superbe mise en images. Tout le film est en huis-clos dans cette grande bâtisse où beaucoup de pièces communiquent, et Aronofsky tire tout le parti des plans à travers les embrasures de porte et suit au plus près les acteurs dans ce train fantôme hystérique de violence inarrêtable. Jennifer Lawrence s’en sort bien voire plus. Et Bardem est flippant à souhait, un mix nihiliste entre ses rôles de tueur glacial dans « No country for old men » et de méchant dans James Bond (« Skyfall »).

« Mother ! » mérite d’être vu, bien que fortement desservi par son aspect scénaristique primaire (« ils osent tout, c’est à ça qu’on les reconnait »). On est quand même assez éloigné d’une œuvre majeure …


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The Fountain





STEVEN SPIELBERG - LINCOLN (2012)

 

Bigger than life ...

Spielberg le dit lui-même, il avait quatre ou cinq ans quand on l’a amené visiter le mémorial de Lincoln, et la statue massive du 16ème Président des Etats-Unis qui en orne l’entrée l’avait très fortement impressionné. Un film sur Lincoln, il a toujours voulu le faire. Plus de soixante ans après sa visite scolaire, ce sera chose faite …

Day-Lewis & Spielberg

Sauf que … on ne s’attaque pas impunément caméra au poing à une grande figure historique (en l’occurrence la plus grande des USA), on risque gros (n’est-ce pas Ridley ?) … Et puis, bon, je connais le topo. Chaque fois qu’un artiste dans la littérature, la musique, le cinéma, parle de sa dernière œuvre, c’est toujours pour dire que c’est le projet qu’il avait en tête depuis longtemps, qu’il en est très fier, et que c’est son meilleur … Alors je sais pas si « Lincoln » traînait depuis des décennies parmi les envies de film de Spielberg, ni s’il en est vraiment fier … Est-ce que c’est son meilleur ? Pas grand-monde le pense, faut dire qu’il en a fait tellement de meilleurs les uns que les autres, que le choix est difficile. Je vais pas faire un numéro vain et prétentieux pour démontrer que le Steven il a jamais fait mieux, par contre c’est un film qui conservera une place singulière dans sa filmo. Parce qu’il est à part. Spielberg, c’est un peu comme Bowie en musique, il a touché à plein de genres, et dans plein de genres, il a laissé des œuvres marquantes et à succès.

« Lincoln » donc. Dont la vie et l’œuvre politique ont modifié à jamais les Etats-Unis et qui continue, au moment où le film est mis en chantier, près de cent cinquante ans après sa mort, à être une source inépuisable de publications, historiques pour la plupart, tout ce qu’il y a de plus sérieuses. Lincoln a beaucoup écrit, ses proches aussi, et il y a matière à détailler et affiner ce que l’on sait de lui. Spielberg va éviter l’exercice casse-gueule de la fresque biographique. Après la lecture d’un bouquin, « Team of rivals » de l’historienne Doris Kearns Goodwin, Spielberg décide que son film sera centré sur les derniers mois de la vie de Lincoln, soit la fin de 1864 qui commence à voir le déclin militaire des confédérés (en un seul mot), le tournant du 31 Janvier 1865 (vote du XIIIème amendement), et sa mort en Avril 1865. Le seul écart à cette chronologie sera la dernière scène, un flashback sur le discours d’investiture de Lincoln à l’occasion de son second mandat en Mars 1865.

M et Mme Lincoln

Spielberg a un bouquin sérieux comme point de départ. Anecdote. Spielberg, en galant homme, a souvent convié la Goodwin sur le plateau (elle avait un vague titre de consultante). Il faut voir cette intellectuelle, la soixantaine bien tassée, s’extasier comme une enfant devant les décors, les costumes, les dialogues, recréant à la perfection un pan d’Histoire de son pays. L’adaptation du bouquin en scénario sera l’œuvre de Tony Kushner, partenaire de Spielberg sur « Munich », qu’on retrouvera également sur « West Side Story » et « The Fabelmans ».

Ironie (volontaire) du sort, « Lincoln » sera en tourné en Virginie (l’Etat confédéré où ont eu les lieu les combats les plus violents de la Guerre de Sécession), et la Maison Blanche sera recrée à Richmond (la capitale de la Confédération), non par provocation, mais car le Palais du Président dissident sudiste avait été construit comme une quasi réplique de la Maison Blanche, y’avait juste les colonnes d’entrée à rajouter.

« Lincoln » commence comme « Il faut sauver le soldat Ryan ». Par une scène de guerre, une bataille dans un marais entre des Sudistes et un détachement de l’Union (les Nordistes) composé uniquement de Noirs. Là, dans la gadoue, ça finit au corps-à-corps et on s’achève à l’arme blanche. Le parallèle entre les séquences introductives des deux films n’est sûrement pas dû au hasard, mais la baston apocalyptique de « … Ryan » devient ici beaucoup plus soft (pas de sang qui gicle sur l’objectif, pas de sang tout court d’ailleurs). Non pas que Spielberg ne soit pas capable de récréer une boucherie militaire, mais dans « Lincoln » ce n’est pas le propos. Il y a la guerre, c’est tout sauf glamour, il faut situer, mais « Lincoln » n’est pas un film-spectacle ou spectaculaire.

« Lincoln » est un film de dialogues et d’acteurs.


Et là, il est temps de parler de Daniel Day-Lewis qui joue Lincoln. Rectification, Daniel Day-Lewis ne joue pas Lincoln, il est Lincoln. Mais vraiment. Comme à son habitude, il s’est extrêmement documenté, fouinant dans les bibliothèques universitaires, lisant quantité de discours de Lincoln, scrutant ses photos, … pour au final opérer sa mue en Président des USA des années 1860 (on peut dire des 60’s, ça marche pour tous les siècles ?). Les anecdotes, certaines ni confirmées ni infirmées, sont légion concernant Day-Lewis sur le tournage. Il aurait banni à titre perso tout moyen de communication qui ne soit pas d’époque (no phone, no internet, …), communiquait volontiers par écrit sur le papier à en-tête de la Maison Blanche utilisé dans le film, exigeait que tout le monde sur le plateau (Spielberg compris) l’appelle uniquement « Président » ou « Monsieur le Président », … ça peut évidemment paraître too much, voire stupide, mais c’est en opérant à peu près de la sorte sur chaque film, qu’on devient (à mon avis) le meilleur acteur de sa génération et aussi de toutes celles d’avant … Daniel Day-Lewis porte le film à bout de bras. Parce que « Lincoln » n’est pas « facile ». Tourné en lumière « d’époque », c’est-à-dire avec des intérieurs sombres ou dans la pénombre, des costumes qui ont peu à voir avec ceux de la tournée d’adieux (qui a dit enfin ?) de Kiss, et des acteurs-personnages qui s’ils furent les héros de leur temps, ne se conduisent pas exactement comme les Avengers …

« Lincoln » est fascinant parce qu’il nous montre que rien n’arrive par hasard. Lincoln (l’homme) n’est pas un chanceux qui a eu les bonnes idées au bon endroit au bon moment. Lincoln a mûri ses projets, ses visions et s’est donné les moyens de les mener à terme. Il n’a pas subi ou profité des circonstances, il a écrit de façon méthodique l’Histoire. « Lincoln » est un film politique, qui montre et dissèque les arcanes du pouvoir, les visions et les convictions des uns et des autres. Et au milieu, en précurseur des Churchill ou Mitterrand à venir, celui qui d’en haut tire les ficelles. Passionnant de voir le trio d’hommes de l’ombre qui vont « chercher » les votes par le chantage, l’intimidation, la corruption … Passionnant de voir Lincoln lui-même mettre les mains dans le cambouis (sa visite nocturne à un sénateur), chercher à convaincre des proches parfois réticents par la démonstration méthodique ou par la force (« je suis le Président des Etats-Unis, j’ai des pouvoirs immenses et je vais les utiliser »).

Malgré sa complexité, ses multitudes d’enjeux et de personnages secondaires, le récit reste fluide. Ben oui, c’est Spielberg, qui évite l’écueil de mettre en images une thèse d’histoire, qui fait un film, qui alterne des scènes fortes (celle, somptueuse, de Lincoln à cheval traversant lentement un champ de bataille jonché de cadavres dans un brouillard bleuté, est une des plus belles qu’il ait jamais tournées), avec des passages plus légers (quasiment toutes celles avec ses trois truculents hommes à tout faire). Spielberg qui choisit également de mettre en avant le cercle familial de Lincoln, les relations parfois compliquées avec sa femme (jouée par Sally Field), son fils (Joseph Gordon-Lewitt), ses soutiens politiques (Thaddeus Stevens, là aussi gros travail d’acteur de Tommy Lee Jones), ses moments de décompression (il raconte des histoires drôles quand les évènements ne le sont pas, comme Louis XVI il bricole des horloges). Lincoln n’a pas été qu’un visionnaire politique, c’est par la force des choses un chef de guerre, appliquant les théories de Clausewitz (« la guerre n’est que le prolongement de la politique par d’autres moyens »). Et par-dessus tout, Lincoln ne quitte jamais son but : rajouter à la Constitution un XIIIème amendement, celui qui abolit l’esclavage. Avec l’aide de son chef militaire, Ulysses Grant (qui deviendra Président quelques années plus tard), il profite de son avantage sur le terrain pour retarder au maximum les négociations de paix avec un Sud exsangue, et faire voter son amendement sachant que celui-ci serait forcément une monnaie d’échange si une fin de guerre était discutée. En quelque semaines, Lincoln réussit un échec et mat sur les plans militaire et institutionnel … fin de la leçon d’histoire …


Mais tout ça pour dire qu’il faut du talent derrière et devant la caméra pour pas endormir le spectateur. Spielberg n’utilise aucune des grosses ficelles qui lui tendaient les bras. Juste une séquence émotion lors du vote au Sénat. Plus fort, et véritable coup de génie, l’assassinat de Lincoln n’est pas montré (juste une annonce et le regard hagard de son plus jeune fils), on voit juste son cadavre sur un lit, éclairé et avec une disposition des personnages qui rappelle les tableaux ou les sculptures de Pietà de la Renaissance (ou la pochette du « Closer » de Joy Division).

Perso, la scène qui m’a le plus marqué, elle est pas dans le film, mais dans les bonus du Blu-ray. Après la première scène de bataille dans la gadoue nécessitant quelques dizaines de figurants, on voit Spielberg qui serre la main et dit un petit mot à tous ces obscurs qui passent devant lui façon procession et sans qui les films ne pourraient pas se faire.

Une anecdote racontée par Spielberg. Une fois la dernière scène tournée, il a tenu à aller voir et féliciter son acteur principal pour sa performance hors-norme et son immersion totale pendant des semaines dans son personnage. A sa grande stupéfaction il n’a pas vu Lincoln, mais Daniel Day-Lewis qui avait retrouvé son accent irlandais et ses manières de gentleman britannique, qui était redevenu « normal » en l’espace de quelques minutes. Cette rencontre et cette métamorphose en quelques minutes l’a encore plus soufflé que sa performance dans le film …

Conclusion : quand le plus grand cinéaste de son temps rencontre le plus grand acteur de son temps, ça peut pas être mauvais …

Conclusion-bis : les réacs et rétrogrades, ceux qui voyaient l’avenir en regardant dans le rétroviseur étaient Sudistes et Démocrates. Lincoln était Républicain. Quand on voit que les Républicains d’aujourd’hui mettent en avant un clown pathétique à perruque orange, on se dit que les choses ont bien changé au pays de l’Oncle Sam …


Du même sur ce blog :


JEAN-PIERRE & LUC DARDENNE - LE GAMIN AU VELO (2011)

 

En roue libre ?

Les Dardenne, on le sait, en plus d’être belges, ont une résidence secondaire à Cannes, du côté du Palais des Festivals. On ne compte plus leurs films sélectionnés, ni leurs récompenses sur la Croisette, deux Palmes d’Or (pour « Rosetta » et « L’enfant »), et une palanquée de récompenses, dont un Grand Prix du festival pour « Le gamin au vélo ».

Dardenne, Doret, de France & Dardenne Cannes 2011

Ce minot et sa bécane, on s’en doute, n’est pas une comédie ou un thriller haletant. Les Dardenne font du Dardenne, comme si t’avais refilé une caméra à Mimile Zola, ou comme une version wallonne de Ken Loach. Du cinéma social pour faire simple. Avec des constantes, des petits budgets, des tournages en extérieurs, un personnage principal de toutes les scènes, une histoire qu’on prend en route, une fin « ouverte », …

« Le gamin au vélo » présente deux particularités. Le personnage principal, Cyril, est un gosse d’une douzaine d’années joué par un débutant (Thomas Doret, qui deviendra un acteur récurent des frangins). L’autre personnage principal, Samantha, est joué par la « star » féminine du Plat Pays, Cécile de France. Pour la première fois de leur déjà longue litanie de films, les Dardenne Bros font appel à quelqu’un de connu et de reconnu, « bankable ». Pour le reste, on change pas trop le casting gagnant des films précédents (Fabrizio Rongione, Jérémie Rénier, Olivier Gourmet), même si ces trois-là sont assez incompréhensiblement sous-employés (une apparition fugace de Gourmet en patron de bar, trois scènes pour Rénier et Rongione).

La bonne rencontre ...

Bon, je suis plutôt preneur du cinéma des frangins. Mais « Le gamin … », il m’a toujours laissé une impression mitigée, bien que beaucoup le considèrent comme la masterpiece des Dardenne. Ce gamin, on a envie de le gaver de torgnoles tout du long du film, parce que c’est une sacrée tête à claques. Et par réaction, on comprend pas pourquoi la Samantha s’en entiche, alors qu’il lui balance des beignes, fout sa vie de couple en l’air, la plante avec des ciseaux, lui coûte cher parce qu’il faut payer pour les conneries qu’il fait …

Dès le départ, on voit que le Cyril, c’est pas un gosse facile. Il est dans un centre spécialisé, limite carcéral pour cas « difficiles ». Son idée fixe, c’est d’en partir pour retrouver son père et surtout le vélo (de cross ou tout-terrain, j’y connais rien en bécanes et entend bien continuer ainsi) que ce dernier lui a offert. Comme son père répond jamais au téléphone, les tentatives « d’évasion » se multiplient. On voit que le gamin est pas du genre commode, taciturne et replié sur lui, mais capable de monter très vite et très haut dans les tours … jusqu’au jour où il réussit à se faire la belle de sa taule éducative, s’en va dans une cité pas folichonne de Seraing, sinistre patelin déjà mis à l’honneur (?) dans « Rosetta », à l’appart de son paternel, mais le vieux est plus là, et le vélo non plus. Les éducateurs qui le traquent sont sur ses traces pour le ramener au centre éducatif, Cyril rentre dans un cabinet médical et s’agrippe à une nana dans la salle d’attente pour pas suivre les éducs. Peine perdue, ils l’embarquent, sauf que cette séquence va s’avérer déterminante.

La mauvaise rencontre ...

La femme à laquelle il s’est accroché, c’est of course Samantha – Cécile de France, coiffeuse à son compte de son état dans ce quartier plus ou moins difficile. Elle va lui racheter son vélo, devenir sa famille d’accueil le weekend, l’aider à retrouver son paternel, et le sortir de toutes les situations glauques où il s’enferme. Sans rien recevoir en retour, hormis insultes, beignes, coup de ciseaux façon couteau, et emmerdes à tous les étages car le Cyril il dérape. Souvent. Et finira même, sous l’influence néfaste du dealer du coin, par braquer à coups de batte de baseball un libraire et son gosse …

Moi, c’est là que ça coince … Le gamin caractériel et pas reconnaissant, je veux bien … mais la Samantha qui envers et contre tout (et tous) s’obstine à aider et pardonner à ce sale morveux, désolé, je comprends pas … J’ai bien saisi que les Dardenne ne voulaient rien dire sur elle, mais le personnage n’est pas crédible (une femme en manque d’enfant, une mère refoulée, le souvenir d’un parent, d’un ami, d’une connaissance, que sais-je …). Plus le gamin lui pourrit la vie (son mec qu’elle voyait occasionnellement, elle finit par le larguer, parce qu’il en a plein les bottes du gamin), plus la situation semble sans issue (le paternel, joué par Jérémie Renier, qu’elle finit par retrouver est cuistot d’un petit restau, ne veut pas assumer sa paternité pour plein de raisons qu’il croit bonnes, et ne veut plus revoir son fils), plus la Samantha tente de multiplier les signes d’affection au chenapan qui n’en a rien à secouer … Et quand le Cyril semble sur la voie de la rédemption et du « droit chemin », ce sont les conneries qu’il a faites auparavant qui le rattrapent …

A la recherche du père...

Pour moi, avec « Le gamin au vélo », les Dardenne ont poussé trop loin tous les curseurs qui définissent leurs films. On est en terrain connu. Il y a un style Dardenne Bros … Ils nous montrent le parcours d’un « déclassé », on est dans le milieu « populaire », il y a cette fascination pour le bitume (on marche beaucoup sur les trottoirs, on traverse beaucoup les routes ou les rues), il y a cette mise en scène caractéristique (les gros plans, les petits espaces, ces scènes très répétées en tout petit comité parce qu’il faut pas gâcher de la pellicule et mobiliser toute l’équipe technique, on ne place la caméra que quand on est sûr du coup, cinéma à « petit budget » oblige …). Sauf que l’on sent trop que ce gamin d’une douzaine d’années, il joue un truc écrit pour lui par deux types qui ont cinq fois son âge … je suis peut-être passé à côté, mais j’ai l’impression que l’empathie va aller beaucoup plus sur Samantha que sur Cyril, ce qui me semble à l’opposé du but recherché …

Bon, le film est pas ignoble, parce que les Dardenne, ils montrent des choses, et posent en filigrane les bonnes questions, beaucoup mieux qu’une litanie de discours prétendus sociaux ou résolument populistes, ils nous mettent face à la dark side du monde merveilleux dans lequel on est censé vivre.

Et puis, un film qui pastiche à une paire de reprises « Le voleur de bicyclette » (parce que dans ces quartiers-là, si tu surveilles pas ta bécane comme le lait sur le feu, tu te la fais piquer et t’es obligé de courser celui qui te la chourave) ne peut pas être foncièrement mauvais. Même si les frangins ont à mon sens fait mieux …


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Rosetta


PETER WEIR - LES CHEMINS DE LA LIBERTE (2010)

 



Les Marcheurs Blancs ?

« Les chemins de la liberté » (« The way back » en V.O.) est adapté d’un bouquin (« A marche forcée ») de Slavomir Rawicz, « pensionnaire » des goulags sibériens. Qui ne s’est pas évadé, mais a été amnistié. Et qui raconte l’histoire de gens qui se sont évadés, parcourant des milliers de kilomètres pour rejoindre la Chine ou l’Inde dans une nature hostile, forcément hostile … Récits vraisemblables, véridiques, mais pas forcément vrais, même si le réalisateur Peter Weir et l’acteur principal Jim Sturgess affirment avoir rencontré des survivants de ces ultra trails … Les noms de ces gars (pas très nombreux évidemment, trois il me semble) apparaissent au début du film. Le film de Weir est une totale fiction, et ne retrace aucun périple étant censé avoir existé.

Peter Weir

Mais avant de s’évader d’un goulag au milieu de la Sibérie, faut d’abord y être déporté. Le film débute en 1940, au moment où Staline et Hitler sont copains comme cochons qu’ils sont et se partagent la Pologne. Tous ceux qui ne plaisent pas à l’Armée Rouge et au pouvoir politique de Moscou finiront au goulag. La première scène (et pour moi la meilleure du film) montre un soldat polonais (Janusz / Jim Sturgess) interrogé par un militaire sur des faits qui lui sont reprochés. Il nie, jusqu’à ce qu’il soit confronté avec sa femme qui l’accuse. On voit bien qu’il y a eu pression et chantage sur elle. Et Janusz se retrouve donc dans un « camp de travail », il ne sait même pas où, au milieu des neiges sibériennes … Les « anciens » lui expliquent que tu coupes du bois dans la forêt, et que si tu déconnes, tu finis à la mine attenante. Avec dans tous les cas, une espérance de vie d’à peu près un an. Et comme le rappelle gentiment le surveillant général, la prison c’est pas le camp, c’est la Sibérie et ses millions de kilomètres carrés enneigés …

La réadaptation sociale par le travail (comme ils diront plus tard en Chine), ça ne concerne pas que les « suspects » des pays conquis. Il y a aussi ceux qui ne sont pas dans la ligne du parti (dessinateur, acteur, rom, …), un Américain ayant fui la Grande Dépression (Ed Harris) croyant trouver en Russie communiste un nouvel Eldorado, et puis les prisonniers de droit commun, tous ces plus ou moins grands criminels que le régime stalinien envoyait dans les camps … Dans le baraquement où échoue Janusz, le maître des lieux, c’est Vilka, parce que c’est pas un tendre, et qu’il a un putain de couteau qui le fait respecter. Vilka, c’est un Colin Farrell, hirsute et forcément violent, avec Lénine et Staline (entre autres tatouages) sur le poitrail, loin ici de ses rôles de beau gosse … Dans le contexte, le but du jeu est simple : survivre en attendant la mort. Et être prêt à tout pour survivre (« la bonté ça peut te tuer ici » glisse l’Américain à Janusz alors que le Polonais vient de filer la moitié de son ignoble rata à un pauvre vieux qui crevait de faim dans la neige). Et puis il faut rêver d’évasion parce que ça ne coûte rien de rêver. Par contre si tu la tentes, c’est la mort assurée (les gardes, les paysans Russes aux alentours qui touchent une prime s’ils ramènent la tête d’un évadé, les loups, l’étendue et le climat sibérien).

Lénine, Staline & Colin Farrell

Pourtant, une petite bande prépare the great escape. Et une nuit, ils passent à l’action. Ils sont sept, ceux qui avaient prévu le coup, ceux qui se retrouvent là par hasard, ceux qui profitent de l’occasion, comme Vilka et son couteau …

Dès lors s’organise un survival direction la Mongolie. Evidemment, les faibles ne vont pas très loin (l’aveugle se perd en cherchant du bois, et meurt congelé à quelque pas du campement de fortune organisé pour passer le nuit), tout le monde s’épuise un peu mentalement et surtout physiquement, les conditions sont extrêmes, on ne survit qu’en rongeant l’écorce des arbres, en mangeant des vers, des serpents, en disputant des charognes aux loups. Les festins ont lieu quand on attrape un poisson avec une ligne de fortune, un daim (?) embourbé dans un marais, ou de la volaille que Vilka est allé piquer dans un village (en tuant un chien qui aboyait, ou un paysan, on sait pas trop …). Assez vite se joint à cette mâle troupe un élément féminin, une jeune fermière polonaise (Saoirse Ronan, à peine 16 ans et pleine de talent, la suite l’a prouvé) qui fuit elle aussi un site concentrationnaire.

Après avoir longé le lac Baïkal, la petite troupe se retrouve à la frontière mongole. Vilka fait demi-tour et revient en Russie (c’est son pays, il ne veut pas le quitter, et veut contribuer à sa criminelle façon au succès du communisme), les autres vont vite déchanter. La Mongolie est devenue communiste, et les monastères bouddhistes où ils comptaient se réfugier ont été détruits, pillés et saccagés. Décision est prise par les six rescapés de traverser la Mongolie, la Chine, franchir l’Himalaya pour passer en Inde … Je vais pas tout spoiler, tous n’y arriveront pas (le désert de Gobi se révèlera plus dangereux et mortel que la Sibérie enneigée) …


Le scénario a tout de l’épopée grandiose, de la grande aventure humaine et larmoyante. Il peut en sortir un chef-d’œuvre comme un navet. C’est là qu’intervient Peter Weir. L’Australien a du bagage. Une carrière commencée avec un thriller Belle Epoque au milieu d’un pensionnat féminin (« Pique-nique à Hanging Rock »), pour finir avec de (très) gros succès au box-office : « Witness », « Le cercle des poètes disparus », « Green card », « The Truman show », « Master and commander, de l’autre côté du monde ». Pour la façon de filmer, Weir à un modèle, c’est John Ford. Ça tombe bien, montrer les immenses étendues enneigées ou désertiques traversées par les personnages qui semblent minuscules dans leur environnement, et en respectant les proportions de Ford (2/3 de ciel, 1/3 de terre), tout cela sied à ravir au format en cinémascope choisi. Le David Lean des immenses panoramiques n’est pas loin non plus. Ici, les paysages de la Bulgarie, du Maroc et de l’Inde (oui, pas possible pour Weir et son équipe de filmer en URSS ou en Chine, la Muraille de Chine qu’il y a dans une scène est numérique) sont somptueux.

Bon point également pour les différentes parties du film. La vie au goulag (un vrai faux goulag construit par l’équipe du film, mais une fausse forêt de studio pour certaines scènes, surtout pour pouvoir gérer les effets spéciaux désirés, comme la neige ou le blizzard) occupe la juste part du film, parce qu’il faut montrer l’enfer qu’y représente la vie, que ce soit dans la vie « normale » où lorsque l’on est « puni » à la mine, parce qu’il faut montrer la promiscuité et la tension générée par cette multitude disparate. On comprend pourquoi par la suite, tous ceux qui se retrouveront à crapahuter dans la nature, ont des parts d’ombre ou de mystère. Dans l’enfermement du goulag, il faut en dire le moins possible, gommer son passé … Même la jeune Polonaise (ou qui se présente comme telle) qui les rejoint dissimule soigneusement son passé. Il leur faudra du temps pour qu’ils se livrent tous sur leur vraie vie passée et leurs rêves d’avenir …

En rando sur les bords du lac Baïkal ...

La scène d’évasion est quand même un peu sabotée, avant que le groupe se retrouve dans la forêt sous les tirs des soldats russes et avec leurs clébards au cul. Cette scène d’évasion dure juste quelques secondes, à tel point qu’on se demande si le Blu-ray a pas sauté vers l’avant.

Les deux tiers du film constituent leur longue marche vers la liberté pour certains, vers la mort pour d’autres. C’est fort bien fait, entre volonté et résignation, courage et désespoir, tant la tâche est immense et difficile.

Et quoiqu’on pense de la véracité de ce périple, faut reconnaitre que « Les chemins de la liberté » est un film plaisant, grande aventure prenante au milieu d’espaces naturels gigantesques, avec son lot d’émotions, de joies et de larmes de la part des protagonistes …

C’est juste la dernière scène que je trouve totalement à côté de la plaque. Janusz, une fois gagné l’Inde, veut à tout prix retrouver sa femme si elle est encore en vie, parce qu’il est persuadé qu’elle ne l’a trahi que sous la contrainte. Il lui faudra attendre 1990 (après la chute du Mur et l’effondrement de l’URSS), soit cinquante ans après son arrestation, pour pouvoir retourner en Pologne. Et là, comme dans ses rêves qui l’ont aidé à tenir dans le goulag et dans sa longue marche, il va retrouver la même baraque, avec la clé sous la même pierre, et sa femme qui l’attend, assise à la table … Je suis désolé, ça peut faire écraser une larmette à la ménagère de moins de cinquante ans, mais moi je trouve ça juste très con, finir une histoire qu’on présente comme vraie, par un truc totalement irréel …

Bon film de dimanche soir tout de même …


Du même sur ce blog : 

Master And Commander De L'Autre Côté Du Monde


FEVER RAY - PLUNGE (2017)

Sister Ray ?

Comme son nom ne l’indique pas, Fever Ray n’est pas un groupe. C’est le nom de scène d’une allumée suédoise, répondant au patronyme de Karin Dreijer, connue (?) comme étant la partie chantante d’un duo fraternel The Knife (jamais entendu, ou pire, aucun souvenir).


Donc la Karin à travers son avatar Fever Ray se la joue perso. Pas de manière boulimique, quasiment dix ans séparent son premier disque (qui contient son titre le plus connu « If I had a heart » qu’on trouve dans plein de séries et de films), de celui-ci. Elle fait ses rondelles toute seule, c’est-à-dire en empilant des couches de programmations, de synthés et de bidules bruyants divers. Comme pas mal de monde aujourd’hui… Et quand par hasard il y a un être humain qui se pointe (oh, pas souvent, un peu de flûte sur un titre, de violon sur un autre), on voit pas franchement la différence.

Ce qui saute par contre aux oreilles, c’est la voix de la demoiselle (enfin demoiselle qui a dépassé la quarantaine quand paraît ce « Plunge »), pitchée au-delà du raisonnable. En gros, le pitch, c’est pousser des boutons sur une console ou un plug-in pour changer la tonalité de la voix, généralement pour la monter dans les aigus. Comme Major Lazer ou DJ Snake qu’ils disent sur Internet. Comme si quelqu’un doté d’une paire d’oreilles en état de fonctionner savait qui sont ces deux types … D’autres plus cultivés (?) citent un titre de Rihanna dans les 90’s comme exemple de voix pitchée… Tant qu’à faire … Il n’est venu à l’idée de personne apparemment de se référer à Camille, le faux double féminin de Prince sur le fantastique album « Sign the times » (en 1987). Comme quoi ceux qui vous balancent des noms récents n’ont jamais écouté un bon disque de leur vie, CQFD …

Et pour être sûre de pas passer inaperçue, la Karin a le crâne rasé (esprit de Sinead O’Connor, es-tu là ?) et se tartine le museau de peintures baveuses diverses et peu variées (en gros du rouge, du blanc et du noir), comme si elle allait tourner un film de zombies péruvien, et fringuée comme si elle sortait d’un sarcophage … ceci étant, les goûts et les couleurs, hein … précision, c’est elle sur la pochette du disque, maquillée (?) sobrement (?) avec du chocolat. A moins que ce soit du caramel ou du Nutella …

Macron, on t'a reconnu ...

Une voix suraiguë sur des machines, ça fait de suite penser à Björk (et un peu à Kate Bush). Evident sur quelques titres (« Wanna sip », « Red trails »), et toujours en filigrane. J’ai décelé aussi de forts relents du Depeche Mode « dark » des débuts (« Mustn’t hurry », « An itch », « This country »). La demoiselle cite fréquemment Aphex Twin (les synthés chelous sans aucune mélodie), grand bien lui fasse. Moi je pousse le vice à citer Phil Collins, ou au moins la mélodie de la scie « In the air tonight » sur « Falling ».

Parce que des mélodies, ben y’en a pas trop. Un peu plus sur la seconde partie (seconde face vinyle ?) du disque, où elle force un moins sur le pitch de la voix (le morceau-titre qui casse pas des briques est pas trop mal, normal c’est un instrumental), « To the moon and black » est le titre le plus facile, évident de la rondelle, « Mama’s hand » très typé techno 90’s se laisse écouter les soirs de déprime …

Je vais encore passer pour un blaireau rétrograde, mais je vois pas grand intérêt à ce « Plunge ». C’est pas infect, mais bon … C’est de l’art, c’est une performeuse, me souffle-t-on … sans rire ? D’après quelques vidéos live, elle bouge autant que Bob Dylan sur scène, toujours dans l’obscurité (merci Tricky) d’où ne ressort que la trace blafarde de son visage maquillé …

Comme je vois pas grand-chose d’agréable à dire sur ce machin, on va en rester là … Who’s next ?


BENOÎT DELEPINE & GUSTAVE KERVERN - MAMMUTH (2010)

 

A la recherche du temps perdu ...

« Mammuth » est le genre de films à faire fuir tous les geeks qui commentent sur les sites et forums spécialisés la qualité technique des Blu-ray 4K, en balançant à la face des internautes passant là par hasard un jargon incompréhensible où reviennent des mots aussi abscons que grain, piqué, colorimétrie, et j’en passe …D’ailleurs, à ma connaissance, « Mammuth » n’existe qu’en Dvd.

« Mammuth » il a été tourné en 8 mm (et le making of en super 8), autrement dit un truc en total décalage avec les standards visuels du XXIème siècle. Bon, les deux types derrière cette affaire, Delépine et Kervern, ils ont pas une étoile à leur nom sur Hollywood Boulevard, on est d’accord. Mais tapie dans l’ombre, la galaxie Canal+ - Vivendi – Universal (le World Company chère à Delépine). Qui s’est pas trop mouillée pour financer « Mammuth », à tel point que la multinationale n’est pas citée au générique et ne distribue pas les supports physiques.

Delépine & Kervern

Faut dire que Delépine est l’auteur le plus caustique des Guignols, ce qui n’est pas rien au milieu de la bande de plumes venimeuses et hilarantes de l’émission phare de Canal+. Et Kervern est un des déjantés (avec Delépine of course du Journal de Jules Edouard Moustic).

Et le tandem Delépine-Kervern réalise des films, plutôt assez éloignés du cinéma méditatif de (au hasard) Ozu. Dans l’esprit, leurs films sont plus proches de Ken Loach et encore plus d’Aki Kaurismaki (et j’espère que vous savez qui sont ces gens …). « Mammuth » c’est une tranche de vie façon road movie des petites gens, de ceux de la France d’en bas. Evidemment, ils sont tous un peu largués, un peu cons. Mais l’humour (toujours présent) n’est pas là pour montrer leur bêtise, on sent au contraire toute l’empathie de Delépine et Kervern pour ces déclassés, ces asociaux, ces mecs et ces nanas cabossés par la vie.

M et Mme Pilardosse

Le personnage central du film, c’est Serge Pilardosse, un type massif, taciturne et bas du front. Il bosse dans un abattoir, c’est sa dernière journée, il part à la retraite et a droit à un minable pot d’adieu et un cadeau tout aussi surréaliste (un puzzle de 2000 pièces). Il se retrouve donc à tourner en rond autour de la table de la salle à manger chez lui, au grand dam de Catherine sa femme, caissière dans un supermarché. Comme c’est elle qui porte la culotte et prend les décisions du ménage, elle lui enjoint de partir récupérer des justificatifs de salaire pour tous les petits boulots qu’il a fait dans sa jeunesse afin de booster sa maigre retraite. L’occasion pour Pilardosse de parcourir la cambrousse (celle des Charentes) a bord de sa moto pour récupérer ses papelards. La bécane, qui donne son titre au film, c’est une Münch 1200 Mammuth (une grosse cylindrée autrichienne des 70’s, un modèle peu courant, collector).

Pilardosse, c’est Depardieu, carrure à la Obélix, cheveux longs genre biker de temps révolus. Comme souvent, dès qu’il est dans un casting, il écrase tout de sa présence, il ne joue pas Pilardosse, il est Pilardosse …Et « Mammuth » repose sur lui, sur son Odyssée dans le plein sens homérique du terme. Et les coréalisateurs ne se cachent pas pour dire que sans lui, pas de film. Il était réticent au début, avant d’être prêt à renoncer à son cachet (déjà quasiment un cadeau quand on connaît son tarif) pour que le film se fasse.

Poelvoorde & Depardieu

C’est l’occasion pour Delépine et Kervern de le confronter à une galerie de portraits, des imbéciles heureux de l’administration qui se servent de leur ordinateur, des règlements, et des répondeurs téléphoniques comme autant d’outils de torture, aux pauvres types un peu à la ramasse comme lui …

Plus qu’une reconstitution de carrière, cette quête des bulletins de salaire sera pour Pilardosse l’occasion d’un voyage à rebours dans sa vie, parce qu’il en profitera pour visiter sa famille, des oncles, des cousins, des nièces, perdus de vue depuis des années. Il a vécu de petits boulots éphémères (fossoyeur, videur dans une boîte de nuit, forain, serveur dans une buvette, saisonnier dans un domaine viticole, …). Et dans sa famille, ils sont tous aussi désaxés et décalés que lui.

Pilardosse n’est pas parti sans rien sur sa moto. Sa femme (Yolande Moreau, excellente comme toujours, leurs scènes en commun sont superbes) lui a confié le seul téléphone portable du couple, dont il a grand peine à se servir (« Je te rappelle pour savoir si tu as bien reçu mon message », ce genre). Et Pilardosse est parti avec son détecteur de métaux avec lequel il arpente les plages à la recherche de piécettes ou de breloques perdues par les touristes (rencontres extraordinaires avec Benoît Poelvoorde, chercheur « concurrent », qui les réalisateurs le soulignent, a fait l’aller-retour Belgique – La Rochelle avec sa propre voiture pour une seule demi-journée de tournage).

Adjani & Depardieu

Outre ses anciens employeurs qui l’accueillent diversement (mentions particulières à Dick Annegarn, en barde fossoyeur et Siné en viticulteur psychologue), Pilardosse va rencontrer des femmes. Sa nièce (la performeuse Miss Ming), simplette (« Je peux te vouvoyer ? ») et forcément inadaptée au monde actuel, qui a enterré son père sans déclarer sa mort pour continuer à toucher sa retraite entre autres loufoqueries. Une arnaqueuse fausse infirme (Anna Mouglalis) qui le vampe avant de lui faucher tout ce qu’il a (ce qui donnera lieu à une équipée revancharde de Catherine et d’une copine caissière à bord d’une vieille Datsun sans pare-brise pour retrouver le précieux portable dérobé). Et surtout Pilardosse croisera à plusieurs reprises le fantôme de son ancienne petite amie, morte lors d’un accident, alors qu’ils étaient tous les deux en balade sur la Mammuth. Cet ectoplasme troublant et sanguinolent est interprété par Isabelle Adjani qui s’est éclatée pendant ses trois jours de tournage, piquant la caméra Super 8 de Fred Poulet, le réalisateur du « Making fuck off », pour une interview-vérité exceptionnelle de Depardieu sur ses relations avec son fils Guillaume, récemment décédé.

« Mammuth » n’atteint pas l’heure et demie et pourtant que de choses il nous montre … Selon une citation elliptique de Delépine et Kervern (toujours et partout en lunettes noires, genre Blues Brothers charentais) « Mammuth » est une odyssée sur la décroissance, Pilardosse partant sur une moto collector et revenant sur une mobylette en djellabah pour aller passer le Bac. Plus qu’une succession de situations drôles, ubuesques, « Mammuth » est un film profondément humain, rendant le dérisoire et le futile immensément importants. Un film à l’arrache, sans moyens (la boîte de prod de Delépine s’appelle « No Money Productions »), avec une image et un son minables …

Qu’il me soit permis de le préférer à l’intégrale des productions Marvel …


LEE UNKRICH - TOY STORY 3

 

Objets inanimés, avez-vous donc une âme ?

« Toy Story 3 » est un film qui était censé ne jamais voir le jour. Par rapport aux deux précédents, la boucle était bouclée. Le propriétaire des jouets, Andy, était censé grandir, et le temps passait, pas de troisième volet à l’horizon … Sauf que chez Pixar, lucrative entreprise du géant Disney, il a dû y avoir un comptable ou un banquier qui dise que finalement, donner une suite à la franchise, ça pourrait mettre encore plus de beurre dans les épinards au caviar du résultat de fin d’année.

Poubelle direct ?

Et donc tout le monde au boulot … pendant quatre ans. Pour trouver un fil conducteur, une histoire, et comment la mettre en images. Les personnages-jouets de base (ceux d’Andy) sont évidemment tous là, menés par les deux « stars » Woody et Buzz. Recréés de A à Z, avancée des images de synthèse oblige, car la franchise a toujours été à la pointe de la technologie en matière d’animation. Les expressions de visage, les mouvements, tout est fait pour supporter la résolution du Blu-ray (et de la 3D).

Le cœur de cible est toujours le même, les chères têtes blondes et les parents qui les accompagnent au cinéma. Ou ailleurs … parce que pour ce que l’on appelle en langage marketing « produits dérivés », la nébuleuse multinationale Disney-Pixar a fait fort. Au moment de la sortie de « Toy Story 3 », 35 millions de jouets de Buzz l’Eclair ont déjà été vendus, un espace Toy Story a été mis en place dans plusieurs Disneyland, de lucratifs contrats ont été signés avec de grandes marques de jouets (Fisher Price pour le téléphone, Mattel pour Ken et Barbie, …), les supports vidéo (Dvd, Blu-ray, B.O. avec le thème par Randy Newman et les Gipsy Kings sur le générique final, …). Après un an d’exploitation mondiale, « Toy Story 3 » est devenu de très loin le film d’animation le plus rentable de tous les temps …

Lotso & Big Baby

Mais toutes ces architectures financières, plans comptables et calculs de banquiers ne marchent pas si la matière première (le film) ne tient pas la route. « Toy Story 3 » n’est pas forcément le meilleur de la série, en tout cas il ne procure pas le choc initial du premier volet de la saga qui inventait le concept qu’il suffisait de dérouler. Les jouets parlent et agissent, et ça tous ceux qui ont été enfants un jour (certains sont nés vieux et cons, on ne peut rien pour eux) le savent.

Le dilemme qui se posait aux scénaristes était simple : soit on prend les mêmes (le gosse Andy et ses jouets) et on recommence une nouvelle aventure, soit on fait grandir Andy et on voit les conséquences pour les jouets. C’est cette seconde hypothèse de départ qui a été choisie (et avec toujours les voix d’origine, Tom Hanks, Tim Allen, Joan Cusack, … plus Michael Keaton entre autres pour les nouveaux personnages), Andy a son permis de conduire, et va rentrer en fac. Avant de quitter le cocon familial, un tri s’impose : poubelle, grenier, ou voiture. Ses jouets n’échappent pas au choix, avec des fortunes diverses. C’est le point de départ du film … enfin, après une intro, démonstration tour de force technique, dans lequel les jouets se la jouent à un rythme effréné en mode western, James Bond, et super-héros … Dans la majeure partie du film, ils seront tous réunis dans une garderie – école maternelle …

Ken version disco

Le monde de « Toy Story 3 », est plus oppressant (le camion-benne est un des « personnages » centraux du film, revient plusieurs fois, avant la déchetterie qui est au bout et le but de sa tournée), plus psychologique aussi (l’histoire de Lotso, l’ours en peluche, abandonné au bord d’une aire de pique-nique, et qui finit par régner de façon tyrannique à la Gandolfini-Corleone dans la garderie, est le grand moment « adulte » du film) …

Et puis il y a quelques clins d’œil dans des scènes (hommages ? parodies ? plagiats ? détournements ?), et on se transpose dans l’univers de « Evil Dead » (quand Lotso attrape la jambe de Woody et l’entraîne dans le container, selon l’aveu même du réalisateur), dans celui de « Alien 3 » et « Le Seigneur des anneaux » (le cheminement vers l’incinérateur), ou celui de Star Wars (le sauvetage de l’incinérateur ressemble beaucoup au sauvetage dans le concasseur dans « L’Empire contre-attaque »). La référence suprême restant « La Grande Evasion », sous-titre et accroche sur certaines affiches.

Lee Unkrich
Hormis l’intro, il y a d’autres moments d’anthologie (qui reviennent façon running-gag) : l’histoire d’amour entre Ken et Barbie (mention spéciale au défilé de mode de Ken sur « Le freak » de Chic) et un Buzz l’Eclair rebooté en mode hispanique – danseur de flamenco (de vrais danseurs professionnels de flamenco ont été filmés pendant des heures pour que les ordis puissent recréer les mouvements).

Le réalisateur de « Toy Story 3 » est Lee Unkrich, qui n’a cessé de monter dans l’organigramme de Pixar (monteur pour le 1, coréalisateur pour le 2). Bien évidemment, John Lasseter, le créateur de la série et rouage essentiel des studios Disney-Pixar a tout supervisé et est le producteur exécutif du film.

« Toy Story 3 » est à ranger pas très loin de la télé, pour agrémenter les longues soirées d’hiver et/ou de confinement …


JACK WHITE - BLUNDERBUSS (2012)

 

De l'essentiel à l'accessoire ...

 « Seven Nation Army », c’est certainement le titre le plus connu de la première décennie des années 2000. Avec un riff aussi bêta et aussi diaboliquement efficace que celui de « Smoke on the water ». « Seven Nation Army », c’est Jack White qui l’a écrit et popularisé avec sa fausse fratrie mais vrai ancien couple les White Stripes … Qui avec une mini-poignée d’autres (Strokes, Libertines, QOTSA, liste close) a atténué les nuisances sonores des pénibles Coldplay, Mumuse and so on …


Et Jack White, qui est loin d’être un con, recycle le riff fédérateur sur « Freedom of 21 », un des titres de « Blunderbuss », son premier disque solo après la fin des White Stripes. Parce que les Stripes, ça pouvait pas durer toute une vie. La formule guitare-batterie près de l’os, on a vite fait le tour, surtout quand derrière le kit il n’y a pas une grande technicienne (Meg White n’était pas Billy Cobham), et qu’en plus elle chante peu ou pas du tout et ne compose rien … et il fallait au fil du temps rajouter des pianos, des cuivres, des overdubs, pour pas sonner redite intégrale … Tandis que le Jack White, c’est un hyperactif. Comme s’il en avait pas assez d’être une star mondiale avec son duo, il montait et/ou participait à d’autres projets (Raconteurs, Dead Weather). Et puis, comme d’autres pervers font la sortie des écoles, lui faisait celle des hospices et ressuscitait de vieilles chanteuses oubliées, genre Loretta Lynn ou Wanda Jackson en co-écrivant et leur produisant un disque … Comme si ça ne suffisait ce maniaque du vintage en musique rachetait une bicoque à Nashville, en faisait un studio d’enregistrement, puis au fil du temps y rajoutait une salle de concert, le siège d’un label, des boutiques. Le tout sous le nom de Third Man, société dédiée au vinyle et à l’enregistrement analogique … Et comme il était dans le rock et riche, les top models lui tournaient autour. Il passera un temps la bague au doigt à Karen Elson, et la jouant à la Prince ou Gainsbarre, deviendra son Pygmalion musical, lui faisant enregistrer une rondelle (tout à fait dispensable).

Evidemment, à la première occasion, Jack White publiera des disques en solo. « Blunderbuss » est son premier. Pas pire que ceux de Mick Jagger, Keith Richards, Pete Townshend, Joe Strummer, … mais pas meilleur non plus. « Blunderbuss » est une carte de visite. Montrant ce que Jack White sait faire en se tenant à distance respectable de ce qu’avaient produit les White Stripes.


Les principes de base du bonhomme sont là. De l’enregistrement analogique, conçu pour le vinyle (d’où les quarante syndicales minutes), no synthés, ordinateurs et toute la quincaillerie numérique qui va avec, le tout fait à Third Man (le studio), écrit et produit par Jack White, et publié sur Third Man (le label). Pas de groupe à proprement parler, mais une équipe réduite (une dizaine de participants en tout, pas plus de quatre ou cinq par titre) … La rupture avec les Stripes se voit aussi dans la palette de couleurs utilisées tant sur la pochette que dans le livret : pas de rouge et de blanc, un bleu pixelisé (gothique ?) domine le visuel.

Musicalement, ça sonne comme du rock indie des années 80 sans les synthés. Et assez loin des obsessions revendiquées du bonhomme. Pas de blues séculaire, pas de punk’n’roll. Des gentils morceaux construits autour de mélodies centristes, une économie électrique parfois gênante (pas de murs de Marshall tous potards sur onze), et une très nette prédisposition pour le mid-tempo. Un cadre qui selon moi convient assez peu à la voix de tête aigue de White, à sa place quand ça déchire ou dans la ballade, un peu le maillon faible dans ces titres entre chèvre et chou … De plus le tracklisting me semble plutôt mal agencé, des blocs de morceau œuvrant dans le même sens se succèdent, puis on passe à autre chose, ça fait un peu décousu, sans ligne directrice, et finalement on voit pas très bien quelle est la tonalité d’ensemble.

Le piano est beaucoup utilisé et souvent mis en avant dans la construction des titres. On lorgne quelquefois vers le Randy Newman des mauvais jours (« Hip (eponymous) poor boy »), ou l’Elton John en panne d’inspiration (« Hypocritical kiss »), d’autres fois on reste sur sa faim (l’introductif « Missing pieces » et son joli début, mais le titre ne décolle pas). Parfois ça fonctionne beaucoup mieux (le Wurlitzer de « Love interruption », enjolivé par le renfort vocal de la ghanéenne d’origine Ruby Amanfu.


Mais en fait, là où Jack White reste le meilleur, c’est quand il fait ce qu’on attend le plus de lui. Du White Stripes, du Dead Weather, du Raconteurs en solo, du rock, accessoirement ‘roll. Des machins dont on connaît tous les trucs, tous les tics … Et de ce côté-là, on en a pour son argent avec « Sixteen salteens » qui envoie du bois avec ses très très grosses guitares, le rockabilly d’avant le rockabilly « I’m shakin’ », ou « Trash tongue talker » qu’on pourrait croire enregistré par les Stones en 72 dans la cave pisseuse d’humidité de Nellcote.

Parce que quelques fois, il se laisse un peu aller …Exemple le plus marquant (enfin, façon de parler …) le dernier titre « Take me with you », dans lequel sa douce Karen susurre de façon dispensable dans les chœurs sur ce titre qui démarre façon ballade psyché 60’s avant qu’arrive un saugrenu riff à la « Whole lotta love » à côté de la plaque … Sans trop s’étendre sur « Freedom of 21 », qui recycle en version acoustique le riff de « Seven Nation Army », on dira que l’inspiration n’est pas toujours au rendez-vous …

A côté de la plaque, c’est malheureusement l’impression dominante de ce disque. Les suivant du Jack en solo ne seront malheureusement guère plus marquants, malgré la réputation irréprochable du bonhomme …