Le meilleur ?
De la série des Indiana Jones ? De Spielberg ? Des films d’action et d’aventure ? Si on veut, et même si on veut pas d’ailleurs, tant on a affaire à un film hors-norme …
Spielberg, Lucas & Ford : tiercé gagnant |
Qui a mis à l’écran un personnage créé de toutes
pièces pour les besoins d’un film, l’archéologue-aventurier Indiana Jones (entendez
par là que c’est pas un héros de bande dessinée type Marvel, ou de romans d’espionnage
à la James Bond). Non, Indiana Jones est né si l’on en croit la légende d’une
discussion sous les palmiers à Hawaï entre George Lucas et Steven Spielberg,
même pas soixante dix ans à eux deux au moment des faits, et déjà un passé bien
rempli niveau succès au box office …
Le résultat, pour moi, c’est mater une page blanche sur le traitement de texte … Qu’est-ce que vous voulez bien que je raconte sur ce film qui n’ait pas été dit ou écrit des centaines de fois et en mieux à la télé, sur des journaux, dans les recoins du Net ? Même E.T. ou l’Alien doivent avoir donné leur avis …
Eux, il les aime pas ... |
Moi, ce qui me scotche, c’est passé le pré-générique en incrustation sur trois types qui avancent en sueur dans la jungle, les dix « vraies » premières minutes du film (jusqu’au coup du serpent dans l’hydravion). Il se passe un truc exceptionnel au sens littéral du terme toutes les dix secondes. Ces dix minutes-là, des types connus et reconnus derrière la caméra n’en ont même pas rêvé comme le final d’un film, et Spielberg l’a fait, jeté là en guise d’amuse-gueule ... Moi c’est bien simple je vois que deux trucs qui approchent (sans l’égaler) ces premières scènes. Le début de « GoldenEye » (James Bond chez les Soviets) qui se termine par cette cascade surréaliste de Bond balançant une moto dans le vide pour l’abandonner, continuer en chute libre et s’assoir aux commandes d’un avion sans pilote en piqué dans le même ravin. Et le début de « Game of Thrones », à l’opposé, tout en lenteur glaciale et glaçante, sans quasiment un mot, au milieu de paysages enneigés avant que les Marcheurs Blancs (les zombies de George RR Martin) commencent à décapiter du patrouilleur de la Garde de Nuit … En fait, le cinéma c’est comme le rock, si t’as une bonne intro, t’es quasiment sûr que le morceau va être réussi (l’occasion de signaler que John Williams a pondu un thème aussi évident qu’un titre de Chuck Berry) … Et « GoldenEye » est un des meilleurs James Bond, et « GoT » est peut-être bien le phénomène culturel de ce début de siècle, une odyssée qui oblige à repenser le terme de « série » … et « Les aventuriers de l’Arche perdue » enterre toute concurrence passée, présente et future dans son genre, et Moïse et ses Tables de la Loi doivent le savoir, c’est pas faute d’impétrants qui s’y sont essayés dans le genre …
Eux non plus ... |
« Les aventuriers … » c’est le film qui
rend le surnaturel naturel … et je suis pas vraiment fan des nuages de fumée maléfiques
(le « Dracula » de Coppola, « Ghostbusters », « The Thing »
de Carpenter, etc … enfin « The Thing » mauvais exemple, le film est
bon). « Les aventuriers … » ce sont les scènes improvisées qui
deviennent culte (l’Arabe en noir avec un grand sabre qui se prend une balle,
au départ ce devait une baston avec Indy et son fouet, Harrison Ford avait la
gastro, pouvait pas jouer une scène de combat et a donc suggéré que la
confrontation soit expéditive)… Tiens, Harrison Ford, en voilà un qui a intérêt
à dire du bien de Lucas et Spielberg, jouer Hans Solo chez l’un et Indiana
Jones chez l’autre, ça t’évite quand même d’aller sur le simulateur de retraite
du gouvernement, pour voir quel cercueil tu vas pouvoir te payer quand t’auras
fini de bosser, si t’es pas déjà mort avant …
« Les aventuriers … » est un film parfait, un rythme qui ne faiblit jamais, c’est drôle quand il n’y a pas d’action, et même quand il y en a (Indiana Jones n’est pas Jason Bourne ou Rambo), ses exploits sont souvent accidentels, parce qu’il se retrouve pris dans l’imprévu et qu’il improvise. Sous cet aspect-là, il est un peu le père de John McLane-Bruce Willis dans la série « Die Hard », et le fils de Belmondo dans « L’homme de Rio » (l’influence revendiquée de Spielberg, alors que tout le monde a cru que le modèle d’Indiana Jones c’était Tintin, raté, Spielberg connaissait pas les BD d’Hergé …)
Elle, il l'aime bien ... quand il a le temps ... |
Le scénario (Lucas et Spielberg pour la genèse,
Lawrence Kasdan et Philip Kaufman pour l’écriture, c’est quand même une putain
de Dream Team tout ça) prend le temps (mais où l’ont-ils trouvé le temps) de
poser le personnage d’Indiana Jones, parce que dès le départ, si le premier marchait
(il a un peu marché, rapporté vingt fois la mise, un des films les plus
rentables des années 80), une ou plusieurs suites étaient prévues. Quand il est
pas casse-cou à la recherche de bibelots antiques, Mr Jones est un type assez
compliqué dans ses rapports familiaux et amoureux (son ancienne promise Marion,
bien interprétée par Karen Allen, traverse le film à cent à l’heure, encore
plus speed que son (ex)mec), il aime pas les serpents et les nazis, deux espèces
particulièrement dangereuses qu’il croisera souvent dans les autres épisodes de
la série, qui seront bons, mais pas autant que l’inaugural (malgré des séquences
encore plus folles, Spielberg et son héros ne retrouveront pas le rythme effréné
du premier).
Donc, pour répondre à mes trois questions à la con
du début, « Les aventuriers de l’Arche perdue » est le meilleur de la
série, le meilleur film d’action et d’aventure des cent trente dernières années
… et le meilleur de Spielberg ? Pas loin pour moi. Pour faire mon malin, je
vais vous dire que je préfère le plus atypique des ses films, « Lincoln »,
tout en lenteur et tons sombres, avec (comme toujours) une prestation extraordinaire
de Daniel Day-Lewis …
Du même sur ce blog :
J'aurais tendance à cocher "oui" à tes trois questions. Pour le meilleur Spielberg, il faudrait juste prévoir quelques ex æquo, dont sans doute le "Indy n°3" avec Sean Connery (Schindler, Ryan, Munich, Jurassic ?). Et c'est effectivement sans doute un film parfait à tous points de vue, jusqu'au moindre accessoire de décor. Ne parlons pas de la mise en scène, où comme tu le dis, y'a une trouvaille géniale toutes les dix secondes. Tu parles des 10 premières minutes (à noter que le long prologue du n°2 est absolument éblouissant aussi le film aurait pu s'arrêter là), mais les morceaux de bravoures s’enchaînent, mention spéciale pour la scène dans la taverne au Népal, où après le concours de beuverie, Marion voit débarquer le nazi en imper noir, et la fusillade qui suit. Et ce plan tout bête de la flamme d'une bougie qui vacille, suggérant un courant d'air, et donc qu'une porte vient de s'ouvrir... Et la poursuite en camion à toute berzingue avec Indy qui passe sous les essieux, accroché à son fouet...
RépondreSupprimerTiens, à propos du nazi en imper, quand il débarque dans la tente de Marion en Egypte avec son porte-manteau nunchaku, il paraît que c'est directement inspiré de la 36ème chambre de Shaolin où Gordon Liu "invente" cette arme, un fléau à trois branches ...
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