Les aventures d'un type en legging vert ...
Robin des Bois, un type qui apparemment n’a jamais existé a été moultes fois adapté au cinéma. Passons sur les cartoons Walt Disney, les films russes et de Bollywood, reste un gros paquet de versions anglo-saxonnes du personnage. Avec pour interpréter celui qui vole aux riches pour donner aux pauvres, quelques grosses stars, Douglas Fairbanks, Russell Crowe, Kevin Costner, Sean Connery entre autres. L’interprète le plus emblématique restera sans doute Errol Flynn. Pour deux bonnes raisons : parce que sa vie est encore plus rocambolesque que celle de son personnage, et parce que « Les aventures de Robin des Bois » laisse assez (ou très) loin derrière toutes les autres versions du noble malandrin de la forêt de Sherwood.
Olivia de Havilland & Errol Flynn |
« Les aventures de Robin
des Bois » est pensé pour être un gros succès. Et une prise de risque pour
la Warner, société de production d’une quinzaine d’années et qui jusque-là
s’était cantonnée (avec bonheur) à des comédies musicales (Prologues »,
« 42nd Street ») ou des films de gangsters (« L’ennemi
public », « Le petit César »), et qui avait sa star, James
Cagney. C’est Cagney qui est au centre de tous les projets de
« diversification » de la Warner. Mais voilà, des histoires
contractuelles à base de paquets de billets verts entraînent une tension entre
l’acteur et les gros cigares, et il refuse systématiquement tout ce qu’on lui
propose. Sauf que la Warner trouve facilement un remplaçant pour son adaptation
de Robin Hood. C’est un gars qui vient de se faire remarquer dans un de ses
films d’aventures, ayant dépassé populairement les attentes du studio. Le film,
c’est « Capitaine Blood » et l’acteur c’est Errol Flynn.
Il y a quand même un os. Errol Flynn n’est pas le genre de gars à se mettre béatement au garde-à-vous devant ses patrons. Il est plutôt du genre ingérable, bourré en permanence à la vodka, et toujours prêt à baiser tout ce qui lui passe à portée (hommes, femmes, peu importe …). D’un autre côté, il a l’avantage d’être un charmeur né, beau gosse baraqué et sportif. A une paire de prises près, il fera les cascades du film. Et comme on ne change pas une équipe qui gagne (et qui rapporte), le premier rôle féminin de « Robin des Bois » sera confié à sa partenaire dans « Capitaine Blood », la jeunette (22 ans) Olivia de Havilland. Parenthèse. Olivia de Havilland décèdera à 104 ans, sera nominée cinq fois aux Oscars de meilleure actrice, en remportera finalement deux, et entretiendra une relation compliquée, parfois haineuse avec sa sœur Joan Fontaine. Olivia de Havilland sera une actrice d’une précision de jeu diabolique, toujours d’une justesse remarquable, évitant d’en faire trop. Contrairement à Errol Flynn, qui a toujours tendance à en rajouter devant la caméra …
Cooper, Rathbone & Rains : les méchants |
Les scénaristes de la Warner se
mettent au boulot, piochant personnages et situations dans les versions
précédentes, et en créant de nouveaux (personnages et situations). L’objectif
est clairement défini : faire du film un divertissement à grand spectacle,
basé sur la traditionnelle opposition entre les bons et les méchants. Et en
utilisant toutes les techniques de pointe de l’époque. « Les aventures de
Robin des Bois » est souvent présenté comme la première référence majeure
en terme de Technicolor (format 1,37 :1) et couleurs criantes pour ne pas
dire criardes. Les collants vert moule-burnes de Flynn deviendront aussi
célèbres que lui, quasiment toutes les scènes en extérieur sont vraiment en
extérieurs (dans un parc naturel californien).
Au centre, Curtiz & Rains |
Par contre, sur d’autres points, le réalisme est poussé à l’extrême. Robin de Bois est censé être un archer d’exception et Flynn est doublé au tir à l’arc par Howard Hill, plus grand archer de son temps (c’est lui que l’on voit opposé à Robin dans le concours de tir à l’arc). Plus fort, c’est Hill qui tire sur les figurants (une plaque en fer surmontée de balsa dans lequel de vraies flèches se plantent est sous leurs vêtements) … Sacrés risques, ils devaient serrer les fesses, les figurants …
Grands décors (en carton) et costumes |
Il n’y a pas que des scènes de
baston qui en foutent plein les yeux. La scène du sacre de Jean (beaucoup de
figurants en costume d’apparat) est grandiose et réglée au millimètre. Le
prestige du film rejaillira sur son réalisateur. Sauf que si Michael Curtiz
voit son nom écrit en gros, c’est un peu comme pour « Autant en emporte le
vent » l’année suivante, un film auquel plusieurs réalisateurs ont mis la
main à la pâte. Un habitué de la Warner, William Keighley commence le tournage,
prend son temps, lambine, et finit par se faire éjecter au profit de Curtiz.
Qui n’avance pas assez vite, et une partie des scènes d’action sera tournée par
un troisième réalisateur qui n’a pas vu son nom passer à la postérité (un petit
contractuel de la Warner ?). En fait, « Les aventures de Robin des
Bois », beaucoup plus qu’un projet de scénariste et de réalisateur, c’est
un projet de studio avec cahier des charges très écrit préalable…
Résultat au-delà des espérances
(gros succès populaire planétaire à la clé), et film d’un charme et d’une
qualité kitsch remarquables. Sans parler de ses remakes et déclinaisons, un modèle
et une référence pour des décennies de films d’action et d’aventure …
Robin des bois...bonjour la traduction …déjà, robin, c'est un rouge gorge. Ok pour le prénom, why not. Mais hood, c'est un voyou. Une caillera quoi!...Le bois, c'est wood, comme Ronnie, le guitariste en bois...
RépondreSupprimerOui, y'a souvent des traductions "originales" de titres de films ... Mais robin des bois, c'est encore plus vieux que le cinéma apparemment, c'était dans la littérature bien avant et c'était une confusion hood/wood (hood ça veut aussi dire capuche).
SupprimerLa meilleure version effectivement. Rare film qui enthousiasme quand tu es gamin, et continue de te passionner 40 ans après. A mettre quasiment au même niveau que "Le prisonnier de Zenda" ou "Scaramouche". Les scènes de duel sont fameuses, avec les ombres reportées aux murs, l'attaque du convoi dans les bois, l'ignominie du méchant... Kitsch sûrement, mais il l'était déjà à l'époque, non ? Tu parles de la Warner... Réputée pour ses films de gangsters, beaucoup plus réalistes et violents, mais ici, le but était presque de concurrencer Disney ! "Charme et qualité remarquables" résumé parfait !
RépondreSupprimerA propos d'Errol Flynn, il faut lire son auto-biographie "Mes 400 coups" c'est juste incroyable. La vie de ce type avant d'arriver à Hollywood pourrait fournir trois scénarios ! Il a tourné quasiment une douzaine de films avec Michael Curtiz, un solide technicien mais pas toujours très inspiré, on se demande encore comment il a pu faire "Casablanca" !
Zenda ou Scaramouche oui, mais peut-être surtout le voleur de Bagdad avec Fairbanks qui est un peu la matrice de tous les films d'action ...
SupprimerPourquoi Casablanca est aussi bon ? Parce que Flynn n'est pas au générique ?