Because the night ...
… belong to lovers … Tout commence bien dans le
film. Par la vision d’un bout de téton d’Eva Mendes en train de se faire
peloter par Joaquim Phoenix … Ca donne envie de voir la suite hein, on a connu
pire comme première scène. Elle, c’est Amada, bomba latina d’origine
portoricaine. Lui, c’est Robert, un gérant d’une boîte de nuit new-yorkaise qui
tourne bien. Le proprio, c’est un grand-père russe qui vit peinard au milieu d’une
partie de sa famille, et est très sympa avec son gérant …Mendes, Gray & Phoenix
Robert, il se fait appeler Robert Green. Parce qu’il
a un nom de famille difficile à porter. Celui de son père, chef de la police
new-yorkaise (impeccable, comme toujours serait-on tenté de dire, Robert Duvall),
qui va prendre sa retraite. Son successeur tout désigné est son autre fils, aux
états de service irréprochables (Mark Wahlberg). Robert déteste les flics (il
tire sur les joints, ne crache pas sur un petit rail de coke), les rapports
avec son frangin et son père sont exécrables. La situation ne va pas s’arranger
quand ils l’avertissent qu’un Russe, Vadim, client assidu de sa boîte est soupçonné
d’être un des plus gros dealers et importateurs de came de New York. Il se
trouve que c’est aussi le neveu du vieux proprio … Robert envoie balader père
et frère, et refuse de coopérer avec eux, il est très bien avec le proprio, et
veut le faire investir dans une autre boîte qu’il gérerait aussi …
Le frangin organise une descente de police dans la boîte,
fait interpeller de façon musclée Robert et Vadim contre lequel il ne trouve
rien de probant … sauf qu’il faut pas trop chatouiller la mafia russe, le flic
prodigue va l’apprendre durement à ses dépens, et se ramasser une balle dans la
tête (il s’en sort miraculeusement après des mois d’hosto). Dès lors la
situation devient cornélienne pour Robert : renouer les liens familiaux et
coopérer avec sa famille de flics, ou laisser courir et même basculer du côté
du dealer russe.Wahlberg & Duvall
Tout ça, c’est en gros la première demi-heure du
film. Et c’est un bon début. Parce qu’il y a de sacrés bons acteurs (le quatuor
Phoenix, Mendes, Wahlberg, Duvall), et derrière la caméra un type qui tient la
route, James Gray. Etrangement sous-estimé aux Etats-Unis, où il est classé
plutôt cinéma d’auteur ou indépendant. Il a du mal à trouver des financements, tourne
donc peu (un film tous les six-sept ans), bien qu’il réunisse autour de ses
projets des acteurs bankables à qui il fait appel régulièrement, créant une
sorte de Gray family dont les piliers sont Phoenix et Wahlberg. Et les
histoires de famille compliquées seront souvent au cœur de son œuvre.
« La nuit nous appartient » (« We own
the night » en V.O.), est le troisième film de Gray, après « The Yards »
et « Little Odessa ». C’est son premier succès public notable (hormis
comme d’hab aux States) et la critique, un chouia moins enthousiaste que le
public, est plutôt bonne…Gestes barrière COVID ? Non, labo de coke ...
« La nuit nous appartient » n’est pas un mauvais
film. C’est pas une masterpiece non plus … trop de choses dans le scénario ne
sont guère crédibles, et Gray a un peu trop recours à tous les poncifs du « polar
contemporain ». Les poursuites en bagnole, les gunfights, ne sont pas les
points forts du film (c’est linéaire et assez prévisible). Le méchant Vadim,
hormis dans une scène dans le labo de drogue, qui est censé être un tueur sans
scrupule, est plutôt bien naïf et ne fout pas les jetons (on est très très loin
d’un Daniel Day-Lewis dans « Gangs of New York », d’un Nicholson dans
« Les Infiltrés », d’un Javier Bardem dans « No country for the
old man », pour citer trois films assez voisins par le scénario). Ensuite,
ce drame familial avec dilemmes, fautes, pardons, rédemptions, n’atteint pas
les sommets émotionnels qu’il est censé viser. Malgré les nombreux face-à-face
entre les protagonistes principaux, seule une scène de tensions et d’engueulades
entre Eva Mendes et Joaquim Phoenix est à la hauteur des combats intérieurs qui
agitent les personnages.
« La nuit nous appartient » est quand même
un bon polar. Mais qui laisse un peu sur sa faim (le face à face final au
milieu de roseaux enfumés est quand même bien foiré). Les meilleures scènes
sont finalement celles qui sont tournées en boîte de nuit (de bonnes scènes de
foule, des angles de prise de vue intéressants et parfois originaux) et qui bénéficient
en plus d’une bande-son irréprochable (Blondie, Clash, Specials, Bowie, … et
même une séquence live de Coati Mundi, le clown exubérant et quasi alter ego d’August
Darnell dans Kid Creole).
Gray fera par la suite partie du décor du Festival
de Cannes, ses films seront toujours bien accueillis (« Two lovers »,
« The Immigrant », « The lost city of Z », « Ad Astra »),
mais sans jamais vraiment déclencher l’enthousiasme (toujours un peu trop de
quelque chose et pas assez d’autre chose …).
D’un autre côté, a-t-il vraiment envie de tourner
des blockbusters ?
Dans la première scène, elle ne fait pas que se faire titiller le téton... M'enfin, ton blog est grand public, on ne peut pas tout dire. Fallait oser entamer un film de cette manière, surtout venant de Gray, un peu jésuite sur les bords le garçon, pas très fun, on aurait davantage vu ça chez Ferrara, voire Friedkin.
RépondreSupprimerJ'aime beaucoup James Gray, à part "The Immigrant", j'ai tout vu, et tout aimé, "The lost city of Z" m'avait assez bluffé. C'est vrai que la scène finale dans les bambous m'avait fait tiquer un peu, mais pour le reste, c'est du solide et du très classique, Gray raconte un peu toujours la même histoire (de fratrie) dans ses polars, c'est bien qu'il se soit renouvelé avec "City Z" et "Ad Astra".
J'ai pas tout vu de Gray, je connais pas les deux premiers ni Ad Astra ... City of Z, c'est un peu son Indiana Jones donc forcément bien ... The Immigrant, c'est un peu trop Dickens par moments, filmé par le grand-père de Ken Loach avec Cosette Cotillard ... Two lovers m'avait bien plu ...
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