TEMPLES - SUN STRUCTURES (2014)

Le retour des babas ?
A force de revivals, il y en a qui vont finir par se frotter à de vieux trucs un peu chelous qu’on préfèrerait voir oubliés à jamais (à quand le retour au jazz-rock et au prog emersonien ? ça fout les jetons, hein ?). Et bizarrement, la plupart de ceux qui sont censés savoir dans les médias, s’entichent régulièrement de ces passéistes, alors qu’il y a des fois où l’on aimerait bien avoir des nouveaux noms, certes, mais qui proposent quelque chose de frais, d’original … quoique, y a-t’il encore quelque chose de nouveau, d’original, à découvrir ? Tout n’aurait-il pas été déjà entendu ?
La hype du moment, ça risque d’être les Temples. Anglais comme il se doit, qui après quelques singles accrocheurs, catchy comme on disait avant qu’ils naissent, livrent avec ce « Sun structures » un premier disque censé marquer son temps. Il paraît que Johnny Marr et Noel Gallagher adôôôôrent les Temples. Oh putain, le Marr et le Gallagher, deux ringards de chez ringard, qui ont pas sorti quelque chose d’audible depuis … et qui de toute façon n’ont jamais brillé par leur esprit musical aventureux (les Smiths et Oasis, c’était déjà du revival).

Les Temples, donc. Il me semblait avoir compris tout leur truc avant d’écouter les skeud. De la pochette, où on voit quatre types éparpillés dans la nature façon « Who’s next », avec son château pour prince charmant de manga, avec son leader-chanteur James Edward Bagshaw qui s’est fait un look Marc Bolan 71, avec ses titres de morceaux qui fleurent bon le retour de la revanche du rêve hippy. Le binôme central du disque s’énonce « Move with the seasons » - «  Colours to life » et on entend déjà les clochettes, les guitares fuzz, on sent l’encens et le patchouli au milieu de ces communautés du retour aux sources qui font l’amour aux arbres entre deux prières à l’alma mater.
Bon, ben, bingo ! C’est exactement de ça dont il retourne. Dans un impressionnant numéro de singes savants les quatre zozos des Temples ressuscitent le cauchemar hippy, sans vraiment prendre la peine de le mettre au goût du jour. Ce « Sun structures » (« Nous sommes du Soleil » ?) est un exercice de style. Parfois brillant. Témoins le titre d’ouverture (« Shelter song ») amusante pop pour hippies, « The golden throne », qui pourrait faire un single un peu pute avec ses synthés vulgaires et ses trompettes à la Love, « The guesser » bossa nova détournée sur une mélodie qui doit beaucoup au « Walk on by » de Dionne Warwick. Et puis le gros truc de ce skeud, c’est pour moi « Sand dance », plus de six minutes, motifs arabisants, comme si ces minots avaient voulu sur leur premier disque sortir leur « Kashmir ».
Tout n’est pas de ce bon niveau. L’essentiel, c’est quand même ripolinées avec les plug-ins à la mode, des recettes, des tics d’écriture, des harmonies vocales, des incantations qu’on a entendu des milliards de fois ailleurs il ya longtemps. Sur les compiles Nuggets (« Sun structures » le titre, « Test of time », ces pop-rocks psychédéliques des 60’s). Chez le gourou new age Devendra Machin (« Move with the season »), chez gloups … Yes (« Mesmerise », on croirait entendre le maléfique Wakeman). Aussi des mélodies tristes remplies d’harmonies vocales («Keep in the dark ») comme les Beach Boys après « Pet sounds » quand ils étaient gavés de LSD. Globalement, les Temples, on dirait le résultat d’une improbable fornication entre The Coral (le côté pop de foncedé) et l’Incredible String Band (la fanfare buissonnière hippie des 60’s) …

Tiens, à ce sujet, y’a deux questions qui me turlupinent : les Temples ont-ils déjà pris du LSD ? Vivent-ils encore chez papa-maman ? Tout ça pour dire que si c’est pas vraiment mauvais, c’est pas non plus renversant, on sent la recherche du truc dans l’air du temps, du marché de niche, … Pas l’impression d’avoir perdu mon temps à écouter cette rondelle, mais pas l’impression d’avoir eu affaire à de futurs cadors du rock …

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