A force de revivals, il y en a qui vont finir par se
frotter à de vieux trucs un peu chelous qu’on préfèrerait voir oubliés à jamais
(à quand le retour au jazz-rock et au prog emersonien ? ça fout les
jetons, hein ?). Et bizarrement, la plupart de ceux qui sont censés savoir
dans les médias, s’entichent régulièrement de ces passéistes, alors qu’il y a
des fois où l’on aimerait bien avoir des nouveaux noms, certes, mais qui
proposent quelque chose de frais, d’original … quoique, y a-t’il encore quelque
chose de nouveau, d’original, à découvrir ? Tout n’aurait-il pas été déjà
entendu ?
La hype du moment, ça risque d’être les Temples. Anglais
comme il se doit, qui après quelques singles accrocheurs, catchy comme on
disait avant qu’ils naissent, livrent avec ce « Sun structures » un
premier disque censé marquer son temps. Il paraît que Johnny Marr et Noel Gallagher
adôôôôrent les Temples. Oh putain, le Marr et le Gallagher, deux ringards de
chez ringard, qui ont pas sorti quelque chose d’audible depuis … et qui de
toute façon n’ont jamais brillé par leur esprit musical aventureux (les Smiths
et Oasis, c’était déjà du revival).
Les Temples, donc. Il me semblait avoir compris tout leur
truc avant d’écouter les skeud. De la pochette, où on voit quatre types
éparpillés dans la nature façon « Who’s next », avec son château pour
prince charmant de manga, avec son leader-chanteur James Edward Bagshaw qui
s’est fait un look Marc Bolan 71, avec ses titres de morceaux qui fleurent bon
le retour de la revanche du rêve hippy. Le binôme central du disque s’énonce
« Move with the seasons » - « Colours to life » et on
entend déjà les clochettes, les guitares fuzz, on sent l’encens et le patchouli
au milieu de ces communautés du retour aux sources qui font l’amour aux arbres
entre deux prières à l’alma mater.
Bon, ben,
bingo ! C’est exactement de ça dont il retourne. Dans un impressionnant numéro de singes savants les quatre zozos des Temples
ressuscitent le cauchemar hippy, sans vraiment prendre la peine de le mettre au
goût du jour. Ce « Sun structures » (« Nous sommes du
Soleil » ?) est un exercice de style. Parfois brillant. Témoins le titre
d’ouverture (« Shelter song ») amusante pop pour hippies, « The
golden throne », qui pourrait faire un single un peu pute avec ses synthés
vulgaires et ses trompettes à la Love, « The guesser » bossa nova
détournée sur une mélodie qui doit beaucoup au « Walk on by » de
Dionne Warwick. Et puis le gros truc de ce skeud, c’est pour moi « Sand
dance », plus de six minutes, motifs arabisants, comme si ces minots
avaient voulu sur leur premier disque sortir leur « Kashmir ».
Tout n’est pas de ce bon niveau. L’essentiel, c’est quand
même ripolinées avec les plug-ins à la mode, des recettes, des tics d’écriture,
des harmonies vocales, des incantations qu’on a entendu des milliards de fois
ailleurs il ya longtemps. Sur les compiles Nuggets (« Sun structures »
le titre, « Test of time », ces pop-rocks psychédéliques des 60’s). Chez le gourou new age Devendra
Machin (« Move with the season »), chez gloups … Yes (« Mesmerise
», on croirait entendre le maléfique Wakeman). Aussi des mélodies tristes
remplies d’harmonies vocales («Keep in the dark ») comme les Beach Boys après « Pet
sounds » quand ils étaient gavés de LSD. Globalement, les Temples, on
dirait le résultat d’une improbable fornication entre The Coral (le côté pop de
foncedé) et l’Incredible String Band (la fanfare buissonnière hippie des 60’s) …
Tiens, à ce sujet, y’a deux questions qui me turlupinent :
les Temples ont-ils déjà pris du LSD ? Vivent-ils encore chez papa-maman ?
Tout ça pour dire que si c’est pas vraiment mauvais, c’est pas non plus
renversant, on sent la recherche du truc dans l’air du temps, du marché de
niche, … Pas l’impression d’avoir perdu mon temps à écouter cette rondelle,
mais pas l’impression d’avoir eu affaire à de futurs cadors du rock …
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