Ouais, flinguez-les tous, dans le tas y’aura forcément
les bons … les responsables de cette mascarade sonore parue sous l’intitulé
Beatles. Bon, soyons clair, j’en ai rien à foutre des Beatles. Z’ont
suffisamment de fans béats all around the world pour trouver des armées
d’avocats prêts à défendre ce « Free as a bird », ils peuvent se
passer de moi...
Et à propos d’armées d’avocats, j’aimerais savoir combien
ont été mobilisés, combien de tomes de contrats léonins ont été nécessaires
avant que paraisse … cette chose.
Pensez, mettre sur le marché UN titre inédit des Beatles,
le plus grand groupe du monde etc etc …
Faut choisir, après consultation de plusieurs mages et marabouts
réputés, lecture dans de la tripaille de volaille, du sang de mouton et
observation du vol des autruches l’instant propice. Le moment retenu sera donc
avant les fêtes de Noël (le disque qui sent le sapin à mettre sous le sapin),
au vague prétexte que tout, tout, tout sur les Beatles va être disponible (les
très inutiles coffrets « Anthology » que même Laurent Voulzy a pas dû
écouter plus d’une fois). Et là, miracle, Tata Yoyo Ono retrouve une K7 sur
laquelle son mec, le totalement mort John Lennon, avait enregistré un soir de
cuite ou de déprime une mélodie à deux balles sur un puissant concept
philosophique (« Free as a bird », tu la sens la puissance, hein, tu
la sens la puissance de la métaphore ?). La veuve noire du binoclard (elle
est créditée nulle part sur le Cd 2 titres, qu’est-ce qu’ils ont du casquer
pour que son blaze soit pas écrit en gros !) donne généreusement la K7
(combien vous l’avez raquée, EMI, ça doit faire cher le kilo de dioxyde de
chrome) au label des Beatles. EMI en parle aux survivants (enfin, à leurs
avocats), et ô miracle, tous ces gens qui se détestent assez furieusement
décident que oui, juste pour la beauté du geste et celle de l’art, les trois
non-morts vont ensemble (hum, vraiment ensemble ?) travailler cette
ébauche foireuse du Dakota man pour en faire, 25 ans après la dissolution, un
nouveau titre des Beatles.
McCartney, Starr, Lynne, Harrison : les quatre pas très fabuleux ... |
Sir George Martin, le producteur historique des Quatre
quand ils étaient dans le vent, ne peut malheureusement pas participer.
Officiellement, parce qu’il est quasiment sourd. En fait, il a dû un peu
écouter la version brute de « Free … » et taper en touche, parce que
le soi-disant sourd passera plus tard des années à remixer les bandes des
Beatles pour l’édition remastérisée de l’intégrale en 2009. On réquisitionne
alors son second de l’époque, Geoff Emerick, ingé-son attitré des studios Abbey
Road dans les sixties. Mais pour que la fête (ricanements) soit complète, quelque gros cigare a la lumineuse
idée de faire chapeauter l’opération par le énième cinquième Beatles, fan
number one du quatuor, le sieur Jeff Lynne des absolutely pénibles ELO,
producteur de trucs de vieux pour un public de vieux (les Traveling Wilburys)
ayant à cette époque le vent du succès en poupe. Résultat des courses :
« Free as a bird » sonne comme un titre d’ELO, certainement pas comme
un titre des Beatles. Des rumeurs prétendent même que perdant tout sens de la
mesure et de la réalité, le perfide Lynne aurait profité de l’occasion pour
glisser sa voix dans les chœurs, assouvissant ce qui était pour lui l’ultime fantasme :
faire partie des Beatles. Je sais pas si c’est vrai et si les trois autres s’en
sont aperçu …
Faut dire qu’ils donnent l’impression de s’en foutre
comme c’est pas permis, Macca, Ringo et Harrison. Quoi que ce dernier fasse
l’effort de jouer une partie de slide point trop honteuse, quasiment concernée.
Mais les deux autres, ils se hissent péniblement au niveau de la démo de
Lennon, totalement en roue libre. Faut dire que le niveau affligeant de la base
sur laquelle ils travaillent doit pas trop les motiver.
La version (l’aversion ?) du single comprend une
autre merveille digne du niveau des années 90, un chant de Noël raclure de
fonds de tiroir, enregistré à l’occasion pour un 45T à destination exclusive du
fan-club il me semble bien (ça faisait partie des avantages du club des
supporters des Fab Four dans les sixties, eux mais aussi plein d’autres étant
coutumiers du (mé)fait à cette époque-là). Ce « Xmas time (is here
again) » est basé sur une mélodie riche de bien trois notes, et les lyrics
doivent contenir au moins quinze syllabes. Bon, c’était pour le fan-club en
1967, fallait pas non plus s’attendre à quelque chose du niveau de « Penny
Lane »…
Remarquez, le fan-club de 1995 est pas plus exigeant. Y’a
plein de gens qui l’ont trouvé très bien, ce disque à deux titres …
Des mêmes sur ce blog :
The Beatles Again
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