Dans ma Benz, Benz, Benz ...
Les Cars sont un groupe américain de Boston, et pas de Detroit comme certains analphabètes musicaux sévissant sur Net peuvent l'écrire (au passage, c'est dommage, ça aurait fait une bonne vanne, les Cars de Detroit) totalement
atypique, qu’une fainéantise temporelle de certains encyclopédistes du binaire
(ils ont commencé à faire parler d’eux vers 76-77) a rattaché à la vague punk,
alors qu’ils ont beaucoup plus à voir avec le rock FM ou la new wave tendance
synthé-pop anglaise.
« Heartbeat City » est le dernier disque
de la formation « historique » des Cars (avant la séparation, les
projets parallèles, les carrières solo, et la reformation des lustres plus
tard), celui qui a eu le plus de succès. Un disque qui s’est trouvé au bon
endroit au bon moment et a profité de la conjonction de talents (ceux internes
au groupe, celui de « Mutt » Lange), et d’un timing favorable imprévu
(les Cars ont été boostés par l’arrivée de MTV, et leurs clips malins sont
passés en heavy rotation sur la toute nouvelle et omnipotente chaîne musicale).
Les Cars sont un faux groupe de variété, qui peut s’appuyer sur un trident majeur, Ric Ocasek (composition, guitare et chant),
son pote Ben Orr (parfois également auteur et chant lead) et Greg Hawkes
(sorcier des synthés). Les premiers albums, pleins de guitares, d’arrangements
de synthés, de jolies mélodies et de chœurs alambiqués, leur ont déjà valu de
jolis succès aux States. Rien cependant à côté de la déferlante « Hearbeat
City ». Là, ils vont carrément chasser sur les mêmes terres que Foreigner,
Toto, la Benatar, Van Halen, …, sortir des mélodies de derrière les fagots, qui
s’appuient sur des riffs de guitare d’une fulgurance et d’une évidence peu
communes. Faut dire que de ce côté ils ont mis le paquet, en recrutant le
producteur sud-africain Robert John « Mutt » Lange. Qui a un sacré pedigree, « Highway to hell » et « Back in
black » d’AC/DC, le « 4 » de Foreigner, « Pyromania » de Def Leppard. Lange est le maître des
guitares hard qui passent en boucle à la radio.
« Heartbeat City » n’est pas un album,
c’est une collection de titres appelés à devenir des hits. Six (sur dix, ça
fait une sacrée moyenne) se hisseront vers le haut des charts.
Aujourd’hui, que reste t-il de tout ceci ? Un
son tellement parfait et représentatif de son époque qu’il a quand même assez
mal vieilli (ces funestes synthés très années 80) et prête à sourire, voire
peut occasionner des rejets catégoriques chez certains plus les années passent.
D’un autre côté, il y a dans « Heartbeat City » quelques riffs
inoubliables (« Magic », « It’s not the night »), des
compositions malines d’une structure tellement classique qu’elles en sont
devenues intemporelles et n’ont pas pris une ride, une alternance de guitares
hardos et de ballades faussement sucrées, les textes d’Ocasek sont assez
vicieux, témoin « Drive » (… par les Cars, joke tordue) qui n’est pas
une ode aux joies du bitume, mais raconte la tristesse et les idées noires d’un
type largué par sa femme …
Les Cars, c’est du second degré tellement bien fait
que ça peut paraître du premier (je sais pas si je me fais bien comprendre,
là), ça a un côté malsain qui se planque derrière un aspect totalement
inoffensif … La discographie entière du groupe est un exercice de style
faussement naïf. A preuve la carrière hors Cars du leader Ric Ocasek,
responsable d’un inaugural disque solo sombre et froid
(« Beatitude »), pote du Presley radioactif Alan Vega (c’est Ocasek
qui a produit le second disque de Suicide, et il a été très recherché dans cet
exercice dans les années 80-90 par des gens qui faisaient pas vraiment dans la
soupe FM, genre Bad Brains, D Generation, Bad Religion, …).
Des mêmes sur ce blog :
The Cars
Des mêmes sur ce blog :
The Cars