FATBOY SLIM - BETTER LIVING THROUGH CHEMISTRY (1996)


Joueur de disquettes ...

Et on pourra pas dire le contraire, y’en a une sur la pochette …
Bon sinon, lui c’est le Guetta des années nonante, à égalité avec Moby. Au moins en terme de popularité, le technoïde qui a vendu des millions de disques et drainé des milliers de personnes à ses … hum … concerts. La preuve que c’était un type qui comptait, c’est que Eminem (le grosse affaire du rap de l’époque, qui voyait en lui un rival commercial) en avait fait son ennemi et une de ses cibles privilégiées.
Pourtant il était plutôt cool, Grosgarçon Mince. Et c’était assez marrant de voir que la figure de proue de la musique des djeunes était un type à la trentaine bien sonnée, et qui venait de « chez l’ennemi ». Ce que n’ont pas manqué de lui reprocher les autres joueurs de disquettes, et aussi tous les pop-rockeux quand ils ont su que le Fatboy, dans une autre vie et sous un autre nom (Norman Cook) avait été le bassiste des Housemartins. Lesquels Housemartins (bon groupe au demeurant, leur « London 0 – Hull 4 », est un des bons disques ignorés des 80’s), depuis longtemps disparus, n’avaient jamais eu leur nom aussi souvent cité …
Fatboy Slim réinvente le mange-disques ...
« Better living … » est le premier disque de Fatboy Slim, qui grouillote dans le monde des machines depuis pas mal de temps, son plus haut fait d’armes étant jusque-là sa participation aux éphémères Beats International, une des météoriques figure de proue des années house …
Fatboy Slim a un gros avantage sur des condisciples techno, il vient du rock, en connaît parfaitement les rouages et grosses ficelles, et à l’heure où les joueurs de disquettes commencent à se tourner vers les rythmes binaires qui claquent (Prodigy, Chemical Brothers, …), qui d’autre que lui pouvait être mieux placé pour incarner la musique électronique recherchant la plue-value marchande en mettant dans sa poche le public « rock », et surtout son pognon …
Même si le premier single (« Everybody needs a 303 ») sorti de ce « Better living … » ressemble à une chanson ( ? ) d’amour ( ?? ) à un synthé (le Roland TB 303), ce qui fera la renommée et la fortune de Cook, c’est lorsque qu’il se tourne résolument et sans équivoque vers le « rock », ou du moins ses clichés … Comme sur « Going out of my head », basé sur un gros riff de guitare garage, voisin de celui de « Louie Louie » qu’il fait tourner en boucle. Et quand c’est pas des clins d’œil appuyés au rock, c’est à de vieilles choses de la même « famille », comme la country sur « The sound of Milwaukee », le hip-hop du début des 90’s (« Song for Lindy », agrémenté de piano house et d’une boucle de guitare filtrée), le groove psyché (« The weekend starts here » qui évoque les Beastie Boys guitare-basse-batterie-claviers de « Check your head »). On trouve aussi une sorte de jazz-funk électronique (« First down ») comme Herbie Hancock en faisait dans les 70’s, et quelque chose qui semble un hommage aux premiers disquette heroes du début des années 90 (Orbital, Shamen, …) « Give the po’ man a break ».
En fait, plus qu’un défricheur sonore, Fatboy Slim est plutôt un recycleur malin, piochant à droite à gauche des sons « nouveaux », des gimmicks « tendance », les assemblant dans un format radiophonique (pas de titres de vingt minutes). Même s’il se laisse aller à quelques facilités (le démonstratif « 10th & Crenshaw », aussi intéressant qu’un solo de guitare de Joe Bonamassa, le mal nommé « Punk to funk » sans rien de punky ou de funky), Fatboy Slim a réussi un disque bien foutu de techno centriste et commence à se positionner comme quelqu’un qui « compte » dans le milieu. Le jackpot viendra deux ans après « Better living … » avec un disque encore plus « facile » disent les puristes, en tout cas encore plus consensuel, « You’ve come a long way, Baby » …