Joueur de disquettes ...
Et on pourra pas dire le contraire, y’en a une sur
la pochette …
Bon sinon, lui c’est le Guetta des années nonante, à
égalité avec Moby. Au moins en terme de popularité, le technoïde qui a vendu
des millions de disques et drainé des milliers de personnes à ses … hum …
concerts. La preuve que c’était un type qui comptait, c’est que Eminem (le grosse
affaire du rap de l’époque, qui voyait en lui un rival commercial) en avait
fait son ennemi et une de ses cibles privilégiées.
Pourtant il était plutôt cool, Grosgarçon Mince. Et
c’était assez marrant de voir que la figure de proue de la musique des djeunes
était un type à la trentaine bien sonnée, et qui venait de « chez
l’ennemi ». Ce que n’ont pas manqué de lui reprocher les autres joueurs de
disquettes, et aussi tous les pop-rockeux quand ils ont su que le Fatboy, dans
une autre vie et sous un autre nom (Norman Cook) avait été le bassiste des
Housemartins. Lesquels Housemartins (bon groupe au demeurant, leur
« London 0 – Hull 4 », est un des bons disques ignorés des 80’s),
depuis longtemps disparus, n’avaient jamais eu leur nom aussi souvent cité …
Fatboy Slim réinvente le mange-disques ... |
« Better living … » est le premier disque
de Fatboy Slim, qui grouillote dans le monde des machines depuis pas mal de
temps, son plus haut fait d’armes étant jusque-là sa participation aux
éphémères Beats International, une des météoriques figure de proue des années
house …
Fatboy Slim a un gros avantage sur des condisciples
techno, il vient du rock, en connaît parfaitement les rouages et grosses
ficelles, et à l’heure où les joueurs de disquettes commencent à se tourner
vers les rythmes binaires qui claquent (Prodigy, Chemical Brothers, …), qui
d’autre que lui pouvait être mieux placé pour incarner la musique électronique
recherchant la plue-value marchande en mettant dans sa poche le public
« rock », et surtout son pognon …
Même si le premier single (« Everybody needs a
303 ») sorti de ce « Better living … » ressemble à une chanson
( ? ) d’amour ( ?? ) à un synthé (le Roland TB 303), ce qui fera la
renommée et la fortune de Cook, c’est lorsque qu’il se tourne résolument et
sans équivoque vers le « rock », ou du moins ses clichés … Comme sur
« Going out of my head », basé sur un gros riff de guitare garage,
voisin de celui de « Louie Louie » qu’il fait tourner en boucle. Et quand
c’est pas des clins d’œil appuyés au rock, c’est à de vieilles choses de la
même « famille », comme la country sur « The sound of
Milwaukee », le hip-hop du début des 90’s (« Song for Lindy »,
agrémenté de piano house et d’une boucle de guitare filtrée), le groove psyché
(« The weekend starts here » qui évoque les Beastie Boys guitare-basse-batterie-claviers
de « Check your head »). On trouve aussi une sorte de jazz-funk
électronique (« First down ») comme Herbie Hancock en faisait dans
les 70’s, et quelque chose qui semble un hommage aux premiers disquette heroes
du début des années 90 (Orbital, Shamen, …) « Give
the po’ man a break ».
En fait, plus qu’un défricheur sonore, Fatboy Slim
est plutôt un recycleur malin, piochant à droite à gauche des sons
« nouveaux », des gimmicks « tendance », les assemblant
dans un format radiophonique (pas de titres de vingt minutes). Même s’il se
laisse aller à quelques facilités (le démonstratif « 10th &
Crenshaw », aussi intéressant qu’un solo de guitare de Joe Bonamassa, le
mal nommé « Punk to funk » sans rien de punky ou de funky), Fatboy
Slim a réussi un disque bien foutu de techno centriste et commence à se
positionner comme quelqu’un qui « compte » dans le milieu. Le jackpot
viendra deux ans après « Better living … » avec un disque encore plus
« facile » disent les puristes, en tout cas encore plus consensuel,
« You’ve come a long way, Baby » …