EDDIE & THE HOT RODS - THE END OF THE BEGINING (1994)


Question de timing ...

Eddie & the Hot Rods, c’est un peu l’histoire de la lose made in Angleterre. Apparus trop tard pour être Dr Feelgood et trop tôt pour être les Pistols ou les Clash, Eddie & the Hot Rods seront dans le ventre mou (comprenez les oubliés) du pub-rock, aux côtés des Ducks Deluxe, Mickey Jupp ou Graham Parker.
Les Hot Rods, c’est une bande de prolos soudards et fêtards, grands fans de rock, et d’autant plus fans que ce rock est anglais. Eddie, c’est Barrie Masters, grande gueule et pilier de bar, shouter énergique rarement braillard, en résumé un bon chanteur.
Apparus donc dans la seconde moitié des seventies, on les croira promis à un bel avenir quand un de leurs premiers simples en forme d’hymne, « Do anything you wanna do » tutoiera en 77 les sommets des hit-parades britons. Las, l’(excellent) album dont il est extrait (« Life on the line ») vendra peu, le suivant (pourtant nommé « Thriller », quand je vous parlais de losers …) encore moins, la major qui les avait signés (Island) les lâchera, ils s’accrocheront pourtant, sortiront une paire de disques de plus, mais trop tard, la vague punk était passée par là, les Hot Rods sont déjà des has-been, la séparation aura lieu au début des 80’s, Barrie Masters ira rejoindre les excellents et également peu reconnus Inmates, avant ces dernières années l’obligatoire reformation …
« The end of the beginning » est une compilation copieuse (un Cd plein à la gueule) des premières (et meilleures) années du groupe. Qui s’ouvre évidemment par « Do anything … » et quelques autres demi-classiques. Ça se complique dès le cinquième titre (… sur vingt), une version live sympathique sans plus du classique des Who « The kids are alright », à laquelle est enchaînée celle du « Get out of Denver » de Bob Seger, avec un traitement qui n’est pas sans rappeler le « Johnny B Goode » de Chuck Berry. Un peu comme un refus de tracer sa propre route. Dorénavant, les Hot Rods vont peu à peu, et de façon de plus en plus pathétique au fil des plages, essayer d’être « dans le coup », le son qui marche … en misant sur les mauvais canassons, alors que l’heure est au simplisme musical punk, eux vont partir dans un rock assez heavy, quelquefois même carrément lourdingue, s’entêtant à mettre en avant gros son, grosses guitares, et une technique assez grossière de working class hero qui a bossé ses gammes.
Forcément, quand on n’est pas capable de faire du AC/DC (ils ont tourné en première partie des Australopithèques, ça a du leur donner des idées), on essaye de faire du Canned Heat, ou pire, du Status Quo. Quelques boogies lourdingues (surtout en live) sont donc de la revue, certains tutoyant les dix minutes ( ! ). Et les Hot Rods finissent par jouer correctement un genre musical qui n’intéresse plus personne en cette fin des années 70.
On en arrive même à regretter leur incompétence technique, criante sur un medley live « Gloria / Satisfaction » de leurs débuts, placé en dépit de tout bon sens chronologique à la fin de cette compilation.
Les inconditionnels du pub-rock vont hurler à la profanation des statuettes sacrées, mais bon, cette compile en forme de Best of ne vaut pas un disque quelconque de Dr Feelgood (il y en a eu, et comment ça, j’aggrave mon cas ?). Réservée aux amateurs du genre et aux curieux …