Question de timing ...
Eddie & the Hot Rods,
c’est un peu l’histoire de la lose made in Angleterre. Apparus trop tard pour
être Dr Feelgood et trop tôt pour être les Pistols ou les Clash, Eddie &
the Hot Rods seront dans le ventre mou (comprenez les oubliés) du pub-rock, aux
côtés des Ducks Deluxe, Mickey Jupp ou Graham Parker.
Les Hot Rods, c’est une bande
de prolos soudards et fêtards, grands fans de rock, et d’autant plus fans que
ce rock est anglais. Eddie, c’est Barrie Masters, grande gueule et pilier de
bar, shouter énergique rarement braillard, en résumé un bon chanteur.
Apparus donc dans la seconde
moitié des seventies, on les croira promis à un bel avenir quand un de leurs
premiers simples en forme d’hymne, « Do anything you wanna do »
tutoiera en 77 les sommets des hit-parades britons. Las, l’(excellent) album
dont il est extrait (« Life on the line ») vendra peu, le suivant
(pourtant nommé « Thriller », quand je vous parlais de losers …)
encore moins, la major qui les avait signés (Island) les lâchera, ils s’accrocheront
pourtant, sortiront une paire de disques de plus, mais trop tard, la vague punk
était passée par là, les Hot Rods sont déjà des has-been, la séparation aura
lieu au début des 80’s, Barrie Masters ira rejoindre les excellents et
également peu reconnus Inmates, avant ces dernières années l’obligatoire
reformation …
« The end of the
beginning » est une compilation copieuse (un Cd plein à la gueule) des
premières (et meilleures) années du groupe. Qui s’ouvre évidemment par
« Do anything … » et quelques autres demi-classiques. Ça se complique
dès le cinquième titre (… sur vingt), une version live sympathique sans plus du
classique des Who « The kids are alright », à laquelle est enchaînée
celle du « Get out of Denver » de Bob Seger, avec un traitement qui n’est
pas sans rappeler le « Johnny B Goode » de Chuck Berry. Un peu comme
un refus de tracer sa propre route. Dorénavant, les Hot Rods vont peu à peu, et
de façon de plus en plus pathétique au fil des plages, essayer d’être
« dans le coup », le son qui marche … en misant sur les mauvais
canassons, alors que l’heure est au simplisme musical punk, eux vont partir
dans un rock assez heavy, quelquefois même carrément lourdingue, s’entêtant à
mettre en avant gros son, grosses guitares, et une technique assez grossière de
working class hero qui a bossé ses gammes.
Forcément, quand on n’est pas
capable de faire du AC/DC (ils ont tourné en première partie des
Australopithèques, ça a du leur donner des idées), on essaye de faire du Canned
Heat, ou pire, du Status Quo. Quelques boogies lourdingues (surtout en live)
sont donc de la revue, certains tutoyant les dix minutes ( ! ). Et les Hot
Rods finissent par jouer correctement un genre musical qui n’intéresse plus
personne en cette fin des années 70.
On en arrive même à regretter
leur incompétence technique, criante sur un medley live « Gloria /
Satisfaction » de leurs débuts, placé en dépit de tout bon sens
chronologique à la fin de cette compilation.
Les inconditionnels du
pub-rock vont hurler à la profanation des statuettes sacrées, mais bon, cette
compile en forme de Best of ne vaut pas un disque quelconque de Dr Feelgood (il
y en a eu, et comment ça, j’aggrave mon cas ?). Réservée aux amateurs du
genre et aux curieux …